Livestock Research for Rural Development 28 (5) 2016 Guide for preparation of papers LRRD Newsletter

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Pratiques de l’aviculture familiale au Sénégal oriental et en Haute-Casamance

G Nahimana, A Missohou1, S B Ayssiwede1, P Cissé2, J Butore et A Touré2

Faculté d’Agronomie et de Bio Ingénierie, Université du Burundi, BP 1550 Bujumbura, Burundi
gregoirenahi@yahoo.fr
1 Service de Zootechnie-Alimentation, Ecole Inter-Etats des Sciences et Médecine Vétérinaires de Dakar (EISMV), BP 5077 Dakar, Sénégal
2 Projet de Développement de l’Elevage au Sénégal oriental et en Haute Casamance (PDESOC), BP 176 Tambacounda, Sénégal

Résumé

Dans le but d’évaluer la structure et la gestion du cheptel en aviculture familiale, une enquête transversale portant sur 600 exploitations avicoles a été menée au Sénégal oriental et en Haute-Casamance.

Les aviculteurs enquêtés étaient en majorité des agroéleveurs (64,7%) et des femmes (68,2%). Leurs objectifs principaux étaient la vente de volailles (51,7%) et l’autoconsommation (38,8%). L’élevage de poules était presque mono-spécifique ; il était conduit en général en divagation (67%). Sa taille moyenne était de 21,9±18 avec une domination très significative (p=0,00) de la race locale (84,7%). Les céréales et les restes de cuisine étaient les plus utilisées (60,1%) dans la complémentation. 99,2% des aviculteurs abreuvaient leurs oiseaux avec surtout du matériel localement disponible. Le poulailler traditionnel était le plus courant (62%). Deux maladies infectieuses (Newcastle, variole aviaire), des maladies parasitaires (punaises, gales, vers), et les diarrhées étaient les plus fréquentes. Le taux de déparasitage était faible (16,2%) contrairement à la vaccination contre la maladie de Newcastle (97,2%). Les aviculteurs utilisaient la pharmacopée traditionnelle (49,9%) ou les traitements modernes (26,1%) en cas de maladies. Les différentes décisions et responsabilités en rapport avec la conduite et l’exploitation des poulets revenaient majoritairement aux femmes à l’exception des décisions de vente et de consommation. Les principales contraintes relevées ont été les faibles performances zootechniques des poules, les maladies et la prédation. Les paramètres de productivité (âge d’entrée en ponte, œufs pondus, intervalle entre pontes, couvées/an) de la poule métisse comparés à la locale ont été améliorés sauf le taux d’éclosion et le taux de survie. Il ressort de cette étude que les paramètres de productivité en aviculture familiale peuvent être améliorés à travers l’amélioration génétique, la maîtrise des techniques d’élevage et le maintien des volailles en bonne santé.

Mots-clés: Afrique subsaharienne, paramètre de productivité, performance zootechnique



Family poultry practices in Eastern Senegal and Haute-Casamance

Abstract

To investigate the structure and management of the family poultry flock, a crosscutting survey of 600 poultry farmers was conducted in eastern Senegal and Haute-Casamance.

The results showed that family poultry is practiced mostly by agropastoralists (64.7%) and women (68.2%). The main objectives are selling (51.7%) and consumption (38.8%). Chicken farming is almost mono -specific and usually kept under free-range system (67%). Its average size is 21.9 ± 18. It is dominated very significantly (p=0.00) by the local breed (84.7%). Household refuse and cereals and their products are the most used for complementation (60.1%). Almost all poultry farmers (99.2%) water their birds with mostly locally available material. The traditional chicken coop is the most common (62%). Two infectious diseases (Newcastle, fowl pox), parasitic diseases (bedbugs, scabies, worms) and diarrhea are most frequently encountered. Deworming is low (16.2%) contrary to the vaccination against the Newcastle disease (97.2%). In case of illness, 49.9% of poultry farmers use traditional treatments and 26.1% modern ones. The different decisions and responsibilities of chicken management practices are made by women except the sale and consumption decisions. The main constraints identified are the weak growth performance of chickens, disease and predation. The productivity parameters (first laying age, eggs laid, laying interval, production cycles) of the crossbred compared to the local chicken were improved except hatching and survival rates. It appears from this study that the parameters of family poultry productivity can be improved through genetic, mastery of farming techniques and maintaining healthy poultry.

Keywords: indigenous, productivity parameters, scavenging, sub-saharan Africa


Introduction

En Afrique subsaharienne, l’aviculture familiale reste la plus répandue malgré le développement remarquable de l’aviculture industrielle ces dernières années (Missohou et al 2002 ; Fotsa et al 2007). Conduite sous un système extensif, elle est l’une des composantes principales de l’économie des ménages en tant que source de revenus (Aklilu et al 2007) et des états à travers les taxes perçues lors des transactions et de la commercialisation des poules locales (Alders, 2005). L’aviculture familiale est fréquemment considérée comme capital de départ dans les activités d’élevage permettant de se lancer dans l’élevage d’autres espèces (Kondombo et al 2003).

Elle constitue aussi un moyen d’accumulation de capital et représente pour les ménages démunis et éloignés des villes une sorte de caisse d’épargne et d’investissement sur pied rapidement mobilisable en cas de besoin (Sonaiya et Swan, 2004 ; Aboe et al 2006 ; Fasina et al 2007). D’après Buldgen et al (1992) et Alders (2005), les poules locales jouent un rôle important dans la consolidation des relations sociales et dans diverses cérémonies religieuses ou familiales (baptêmes, circoncisions, mariages, rituels et fêtes diverses). Elles sont les plus faciles à mobiliser lors de la réception d’un hôte de marque ou à offrir comme cadeaux aux parents et amis lors de visites ou de fêtes.

Malgré cette multifonctionnalité, l’aviculture familiale est confrontée à diverses contraintes dont une technicité sommaire et des maladies qui limitent son développement et sa productivité (Hofman, 2000). Selon Ayssiwede et al (2013), ces contraintes sont souvent liées au mode d’élevage, à l’irrégularité des ressources alimentaires picorables, à l’insuffisance d’aliments et d’eau, au manque d’habitats, au faible potentiel génétique et aux difficultés socio- économiques.

Pour pouvoir accroître la productivité en aviculture familiale, il faut faire face à ces diverses contraintes à travers une bonne maîtrise des techniques d’élevage et de la santé des volailles. C’est dans cette logique que cette étude a été réalisée dans le but d’évaluer la structure du troupeau, sa gestion du point de vue de l’alimentation, de l’abreuvement, du logement et de la santé et d’identifier enfin les contraintes ainsi que les potentialités de cet élevage.


Méthodologie

L’étude a été menée pendant trois mois (décembre 2013 à février 2014) dans trois régions (Kédougou, Tambacounda et Kolda) du Sénégal oriental et de la Haute-Casamance. Le climat est de type soudano-guinéen en Haute-Casamance (région de Kolda) et sahélo-soudanien au Sénégal oriental (régions de Tambacounda et Kédougou). Il est caractérisé par une saison des pluies unique et courte (mai à octobre) et une saison sèche longue. La température moyenne est de 28°C avec des précipitations annuelles variant de 600 à 1 500 mm de pluies.

L’enquête a porté sur un échantillon de 200 aviculteurs choisis au hasard par région, soit un total de 600 enquêtés, auxquels un questionnaire préétabli, testé et évalué a été soumis. Les informations collectées au cours de cette enquête transversale comprenaient:

-les caractéristiques socioéconomiques de l’éleveur (sexe, âge, niveau de scolarisation, situation matrimoniale, objectifs visés, sources de revenus, structure familiale).

-les caractéristiques et la description de l’exploitation (composition du cheptel avicole, conduite de l’élevage avicole, performances de production et de la productivité, exploitation du cheptel).

Les données recueillies ont été saisies sur une feuille de Microsoft Office Excel avant d’être importées dans le logiciel Statistical Package for the Social Science (SPSS 16.0) pour analyse.


Résultats

Statut socioéconomique des aviculteurs

Les aviculteurs enquêtés sont en majorité des femmes (68,2%) avec une représentation plus élevée à Kolda (90,5%) que dans les autres régions. Ils sont de différentes classes d’âge mais en majorité compris entre 31 et 49 ans (47,5%). Ils sont en majorité musulmans (98,2%) avec un niveau d’instruction assez bas (42,8% d’analphabètes et 29,8% d’alphabétisés). Les objectifs principaux des aviculteurs enquêtés sont la vente (51,7%) et l’autoconsommation (38,8%) d’oiseaux. Même si différentes activités sont pratiquées par les enquêtés, la quasi-totalité d’entre eux (64,7%) sont des agro- éleveurs (tableau 1).

Tableau 1. Statut socio économique des enquêtés

Paramètres et caractéristiques

Régions

Moy.

Kolda

Tambacounda

Kédougou

Sexe (%)

Femme

90,5

55,5

58,5

68,2

Homme

9,5

44,5

41,5

31,8

Age (années) (%)

<31

19,5

12,0

19,5

17,0

31-49

47 ,0

44 ,0

51,5

47,5

50-69

31,0

37,5

27,5

32,0

>69

2,5

6,5

1,5

3,5

Religion (%)

Chrétien

0,5

0,5

3,5

1,5

Musulman

99,5

98,5

96,5

98,2

Animiste

0,0

1,0

0,0

0,3

Niveau d’instruction (%)

Aucun

39,5

41,5

47,5

42,8

Alphabétisé

41,0

25,0

23,5

29,8

Primaire

11,0

23,0

20,0

18,0

Secondaire

7,5

8,0

8,5

8,0

Supérieur (universitaire)

1,0

2,5

0,5

1,3

Objectif de la production (%)

Autoconsommation

4,5

48 ,0

64 ,0

38,8

Vente d’oiseaux

88,5

37,5

29,0

51,6

Autres (passion, échange, héritage)

7,0

14,5

7,0

9,5

Activités principales (%)

Aviculture

3,5

3,5

1,5

2,7

Elevage au sens large

2,5

3,5

8,5

4,8

Agro-éleveur

77 ,0

49,5

67,5

64,7

Commerçant

9,5

33,5

6,5

16,5

Autres (salarié du privé, artisan, profession libérale, ouvrier, retraité, fonctionnaire)

7,5

1,5

16,0

7,6

Cheptel et sa conduite
Cheptel

Dans l’enquête, l’élevage de poules dans les trois régions est presque mono spécifique étant donné qu’il est peu associé à celui d’autres oiseaux (canards, pintades, pigeons, dindons). La taille moyenne du cheptel de poules est de 21,9±18,0 et se compose de 3,51±4,28 de mâles, 6,76±6,94 de femelles (p=0,03) et de 11,6±10,8 poussins avec une domination très significative (p=0,00) de la race locale (84,7%). Le sex ratio (mâle/femelle) est d’un coq pour 1,9 poule. La région de Kolda avec 28,1±19,0 sujets par concession est la plus importante zone d’aviculture familiale de la Casamance et du Sénégal oriental devant Tambacounda et Kédougou avec 21,8 ± 19,9 et 15,6 ± 12,1 sujets par concession, respectivement (tableau 2).

Tableau 2. Espèces et catégories d’oiseaux élevés

Espèce par ménage

Régions

Moyenne

Sign.

Kolda

Tambacounda

Kédougou

Canards

0,06

0,40

0,65

0,37

0,16

Pintades

0,08

0,21

0,39

0,23

0,13

Pigeons

0,00

0,57

0,02

0,20

0,40

Dindons

0,00

0,02

0,00

0,01

0,42

Poules

Mâles adultes

Femelles adultes

Poussins

Mâle/femelle

Race locale (%)

Race exotique# (%)

Croisés (%)

28,1±19,0

4,75±5,18

8,97±7,69

14,0±10,6

1/1,9

84,9

1,2

13,9

21,8±19,9

3,00±4,21

6,02±6,87

13,1±12,8

1/2,0

79,6

5,5

14,9

15,6±12,1

2,57±2,70

5,25±5,60

7,8±7,5

1/2,0

91,8

1,7

6,6

21,9±18,0

3,51±4,28

6,76±6,94*

11,6±10,8

1/1,9

84,7**

2,7

12,5*

0,26

0,36

0,03

0,26

0,00

0,18

0,04

Des moyennes avec astérix indiquent des différences significatives (* : p<0,05 ; ** : p<0,01)
# : Rhode Island Red, Cou nu, Bleu de Hollande, Brahma, Nègre-soie, Jupiter, Orpington et Cobb 500

Conduite

Les caractéristiques de la conduite de l’élevage sont présentées au tableau 3. Le système de divagation dans la conduite des volailles domine en général dans notre zone d’étude (67,0%) suivi du mode de semi-claustration (31,8%). Le système de divagation est le plus pratiqué dans les régions de Kolda (97,0%) et de Kédougou (99,5%) contrairement à Tambacounda où le mode de claustration partielle est fortement dominant (93,5%). 79,8% des enquêtés complémentent leurs volailles mais cette pratique est plus élevée à Kédougou (96,0%). La complémentation avec le mélange des matières premières (céréales et leurs sous-produits, restes de cuisine) est la pratique la plus utilisée (60,1%). Presque tous les aviculteurs (99,2%) abreuvent leurs oiseaux avec la plupart du matériel localement disponible. Les casseroles/pots semblent être le matériel d’abreuvement le plus utilisé dans les trois régions (55,0%). Le puits constitue la principale source d’eau d’abreuvement pour les oiseaux (62,9%) sauf à Tambacounda où le réseau urbain est prépondérant (72,2%).

Le poulailler traditionnel est le plus courant (62,0%) même si les éleveurs de Kolda ont fait d’importants efforts en matière de construction de poulaillers modernes/améliorés (45,5%).

Tableau 3. Conduite de l’élevage

Paramètres et caractéristiques

Régions

Moyenne

Kolda

Tambacounda

Kédougou

Systèmes de conduite (%)

Divagation

97,0

4,5

99,5

67,0

Claustration totale

1,5

2,0

0,0

1,2

Claustration partielle

1,5

93,5

0,5

31,8

Alimentation (%)

Pas de complément

47,5

5,5

4,0

19,0

Apport de complément

51,0

92,5

96,0

79,8

En claustration

1,5

2,0

0,0

1,2

Aliments de complémentation (%)

Céréales (mil, maïs, sorgho) et sous- produits

19,6

13,5

81,8

38,3

Son de céréales

3,9

1,6

38,0

14,5

Aliments volailles

1,0

3,8

0,0

1,6

Mélange de matières premières

79,4

82,7

18,2

60,1

Abreuvement (%)

Oui

99,0

98,5

100,0

99,2

Non

1,0

1,5

0,0

0,8

Matériel d’abreuvement (%)

Casserole/pot

36,9

57,0

71,0

55,0

Seau

28,3

12,2

1,0

13,8

Bol

22,2

19,3

11,0

17,5

Matériel moderne

3,5

7,6

1,5

4,2

Autres (pierres taillées, petit canaris, bidon/bois/pneu coupé, plateau)

9,1

5,1

15,5

9,9

Source d’abreuvement (%)

Réseau urbain

1,0

72,2

6,5

26,6

Puits

96,5

27,8

64,5

62,9

Eau de surface

0,5

0,0

2,0

0,8

Forage

0,0

0,0

22,5

7,5

2 sources

2,0

0,0

4,5

2,2

Habitat (%)

Pas de poulailler

8,5

3,0

4,5

5,3

Poulailler traditionnel

22,0

83,5

80,5

62,0

Poulailler moderne/amélioré

45,5

8,5

2,5

18,8

Autres (grenier, véranda/case, baril coupé, cuisine)

24,0

5,0

12,5

13,8

Gestion sanitaire

La majorité des aviculteurs enquêtés à Kédougou (71,5%) et à Tambacounda (69,0%) sont encadrés par un service vétérinaire contrairement à Kolda (35,5%). Deux maladies infectieuses (Newcastle, variole aviaire) et 4 maladies parasitaires (punaises, gales, vers, diarrhées) sont, d’après les aviculteurs, les plus fréquentes. Le taux de déparasitage est faible (16,2%) alors que le taux vaccinal contre la maladie de Newcastle connue en moyenne par 98,5% des enquêtés est très élevé (97,2%). Même si la maladie de la variole est connue par 60,2% des enquêtés, sa couverture vaccinale est faible (2,8%). Pour faire face à ces maladies, 49,9% des éleveurs font recours à la pharmacopée traditionnelle, 26,1% au traitement moderne tandis que 24% ne font aucun traitement. En cas de maladie, le coût moyen du traitement par sujet malade est de 20 FCA, soit 438 FCFA pour tout le cheptel (tableau 4).

Tableau 4. Contrôle et traitement des maladies

Contrôle et
traitements

Maladies
infectieuses

Parasitoses
externes

Parasitoses
internes

Moy

MNC

Variole

Punaise

Gale

Vers

Diarrhée

Connaissance de la maladie/parasitose (%)

98,5

60,2

49,7

10,3

5,0

4,3

38,0

Vaccination (%)

97,2

2,8

-

-

-

-

50,6

Déparasitage (%)

-

-

16,2

16,2

15,8

15,8

16,0

Traitement :

Traditionnel (%)

24,9

43,0

63,2

68,5

100,0

0,0

49,9

Moderne (%)

29,2

0,0

24,8

2,9

0,0

100,0

26,1

Aucun (%)

46,1

57,1

12,1

28,6

0,0

0,0

24,0

Coût (FCFA)

279

234

910

417

313

477

438

Produits/techniques utilisés:

Traitement traditionnel:

-maladies infectieuses: huile de palme (Elaeis guineensis Jacq., jus de citron (Citrus limon), beurre de karité(Vitellaria paradoxa), piment (Capsicum sp.), tabac (Nicotiana tabacum), neem (Melia azedarach)

-parasitoses externes: brûler les herbes dans le poulailler, cendre, sable chaud

-parasitoses internes: neem, écorce de caïlcédrat(Khaya senegalensis)

Traitement moderne :

- maladies infectieuses: antibiotique

- parasitoses externes: Virunet® (sulfate et persulfate de potassium 50 g, acide sulfamique 5 g, acide malique 10 g, dodécyl benzène sulfonate 15 g par 100 g), acaricides, Carbalap (Carbryl insecticide)

- parasitoses internes: antibiotique, anticoccidien

La figure 1 indique que les différentes décisions et responsabilités en rapport avec la conduite et l’exploitation des poules reviennent majoritairement aux femmes. Elles sont aidées en grande partie par les enfants à Tambacounda et à Kédougou sauf pour les décisions de vente et de consommation. Néanmoins à Tambacounda, ce sont les enfants qui prennent le devant dans le nettoyage du poulailler. L’intervention des chefs de famille se remarque dans la vente et la consommation des oiseaux ainsi que dans la construction du poulailler dans cette zone de travail.

Figure 1 . Conduite et exploitation des poules : décisions et responsabilités

La figure 2 montre que la mortalité est élevée pour les maladies de Newcastle et les diarrhées d’après 97,1% et 66,7% des aviculteurs enquêtés, respectivement. Cette mortalité est élevée hors hivernage (98,7%) et pendant l’hivernage (100%) selon ces mêmes enquêtés. Par contre, la fréquence respective d’apparition de ces deux maladies est de 89,3% et 60%. Tous les enquêtés qui ont déclaré avoir observé chez eux des vers dans les fientes ont affirmé que cette nématodose se manifeste uniquement pendant la saison pluvieuse et qu’elle occasionne une faible mortalité. Pour les autres maladies (gales, punaises, variole), les mortalités sont moyennes et non saisonnières selon les aviculteurs enquêtés.

Figure 2. Caractéristiques des maladies
Contraintes

Les principales contraintes relevées sont les faibles performances zootechniques des poules (tableau 7), les maladies (figure 2) et la prédation (tableau 5). La prédation des œufs (35,5% d’enquêtés) est très marquée à Kolda (77%) et les prédateurs les plus redoutables sont les mammifères carnivores (chiens et chats) (51,1%) et les reptiles (varans et serpents) (48,9%). 87,8% des enquêtés ont signalé que la prédation des poussins constitue également un sérieux problème même si elle diminue à l’âge adulte d’après 53,2% des ces mêmes enquêtés. Les prédateurs au nombre desquels figurent en bonne place les éperviers, les reptiles (serpents et varans) et les mammifères carnivores (chiens, chacals, civettes et chats) semblent jouer un rôle non négligeable dans la mortalité des poussins et des adultes. Le vol n’est pas très fréquent dans notre zone selon 11,7% des enquêtés.

Tableau 5. Prédation et prédateurs des œufs et des oiseaux

Prédation et prédateurs

Régions

Moy.

Kolda

Tambacounda

Kédougou

Existence de prédation des œufs,%

77,0

18,0

11,5

35,5

Prédateurs des œufs :

Reptiles (varans, serpents)

18,5

69,4

58,7

48,9

Carnivores (chats, chiens)

81,5

30,6

41,3

51,1

Prédation et prédateurs des adultes,%

Oui

65,0

34,5

60,0

53,2

Serpent

6,0

8,7

51,3

22,0

Carnivores (chiens, chats, chacals, civettes)

94,0

91,3

48,7

78,0

Prédation et prédateurs des poussins, %

Oui

89,0

77,0

97,5

87,8

Reptiles (serpents, varans)

1,7

0,6

1,0

1,1

Eperviers

94,1

24,4

47,2

55,2

Chats

4,2

75,0

51,8

43,7

Vol (%)

15,0

15,0

5,0

11,7

Pour faire face à cette prédation, plusieurs techniques sont utilisées séparément ou conjointement par les aviculteurs enquêtés (tableau 6). Le redoublement de la vigilance (couvrir/déplacer le nid, crézyl autour du nid, chasser les prédateurs) (75%) et l’utilisation des pièges et des poisons (67,4%) ont constitué les stratégies utilisées contre les prédateurs des œufs. Les pièges et l’empoisonnement de cadavres de poulet sont les techniques les plus utilisées contre la prédation des adultes (97%) suivies de la sécurisation du poulailler (45,9%) et de la surveillance renforcée (45,6%). Les stratégies les plus utilisées pour la protection des poussins sont l’alimentation des poussins en claustration (74,7%), la libération retardée (68,4%) ainsi que la chasse des prédateurs (62,1%). Une faible proportion des enquêtés (20,4%) attachent la mère au piquet. Les enquêtés (75,6%) essaient d’éviter le vol par le renforcement des mesures de sécurité.

Tableau 6. Techniques utilisées par les aviculteurs contre les prédateurs et le vol

Techniques de précaution

I

II

III

Moyenne

Précaution contre la prédation des œufs (%)

Redoubler de vigilance (couvrir/déplacer le nid, crézyl autour du nid, chasser les prédateurs)

63,9

61,1

100,0

75,0

Pièges et poisons sur un appât (œuf, riz, viande, ...)

4,9

97,2

100,0

67,4

Précautions contre la prédation des adultes (%)

Renforcer la surveillance (utilisation des chiens, les mettre dans la chambre à coucher pendant la nuit, chasse des prédateurs)

26,9

53,3

56,7

45,6

Pièges et empoisonnement des cadavres de poulet

100,0

90,9

100,0

97,0

Sécuriser le poulailler (utilisation des fers/du crézyl, aménager le pourtour du poulailler, bien le fermer)

20,0

90,9

26,7

45,9

Précautions contre la prédation des poussins (%)

Alimentation des poussins en claustration (pneu, les enfermer dans la case/poulailler, abri à base de linge/moustiquaire)

24,2

100,0

100,0

74,7

Chasser les prédateurs

29,8

72,9

83,6

62,1

Attacher la mère au piquet

28,1

32,6

0,5

20,4

Retarder la libération des poussins

5,1

100,0

100,0

68,4

Précautions contre le vol (%)

Renforcer les mesures de sécurité (alerte des voisins, chien de garde, crier au secours, cloche à côté du poulailler, surveillance renforcée)

100,0

86,7

40,0

75,6

I : Région de Kolda ; II : Région de Tambacounda ; III : Région de Kédougou

Performances de reproduction

Les paramètres de productivité de la poule locale et de la poule métisse sont consignés dans le tableau 7. L’âge moyen d’entrée en ponte déclaré par les éleveurs a été de 6,09 ± 1,55 et 5,13 ± 0,83 mois, respectivement, pour les poules locale et métisse. L’effectif moyen des œufs pondus a été de 13,30 ± 4,43 œufs pour la poule locale et de 16,90 ± 4,60 œufs pour les métis. La quasi totalité des œufs pondus sont couvés avec un taux d’éclosion de 68,60% soit 11,30 ± 4,20 poussins par couvée (poule métisse) et de 79,4% soit 10,20 ± 4,13 poussins (poule locale). Cette différence de nombre de poussins éclos a été significative (p=0,03). L’intervalle entre couvées a été de 77,20 ± 19,90 jours pour la poule locale et de 64,30 ± 14,30 jours pour la métisse soit un nombre annuel de couvées significativement plus faible (p=0,02) chez la première (3,38) que chez la seconde (3,64). Le nombre de poussins sevrés par couvée (7,13 ± 4,43) et leur taux de survie au sevrage (70,00%) (poule locale) ont été différents significativement (p=0,01 et p=0,02) de 7,40 ± 3,43 et de 65,40% rapportés chez la poule métisse.

Tableau 7. Productivité des poules locale et métisse

Paramètres

Locales

Métisse

Signification

Age entrée en ponte (mois)

6,09±1,55a

5,13±0,83a

0,05

Œufs pondus

13,30±4,14a

16,90±4,60a

0,07

Œufs couvés

12,80±4,15a

16,50±4,14a

0,08

Poussins éclos

10,20±4,13a

11,30±4,20b

0,03

Taux d’éclosion (%)

79,40a

68,60a

0,07

Intervalle entre ponte (jours)

77,20±19,90a

64,30±14,30a

0,06

Poussins sevrés

7,13±4,43a

7,40±3,43b

0,01

Taux de survie des poussins (%)

70,00a

65,40b

0,02

Couvées/an

3,38±1,57a

3,64±1,80b

0,02

ab: des exposants différents sur une même ligne indiquent des différences significatives (p<0,05)


Discussion

Il ressort de cette étude que l’aviculture traditionnelle est pratiquée en majorité par les femmes. Les mêmes observations ont été observées au Cameroun (Agbédé et al 1995) et au Ghana (Aboe et al 2006). D’après ces auteurs et en accord avec Missohou et al (2002), l’aviculture familiale est pratiquée dans les zones rurales dans la plupart des cas par des couches rurales les plus vulnérables dont les femmes et les enfants. Néanmoins, nos constats sont contraires à ceux rapportés au Niger (Prost 1987 ; Moussa Amadou et al 2010), en RD Congo (Moula et al 2012), en Gambie (Bonfoh et al 1997), au Nigéria (Fasina et al 2007), en Ethiopie (Dinka et al 2010a ; Zewdu et al 2013) et au Cameroun (Djitie et al 2015) où les hommes sont prépondérants. Selon Guèye (1998), Moula et al (2012) et Moussa Amadou et al (2010), cette prédominance des hommes dans ces pays serait liée aux contraintes socioculturelles qui donnent aux hommes le droit de s’approprier des biens de la famille au détriment de la femme. D’après ces mêmes auteurs, elle serait également due au fait que les hommes avaient toujours pris le devant pour se présenter lors des enquêtes dans le but d’éviter tout contact de la femme avec un étranger, ce qui n’a pas été le cas dans la présente étude.

L’objectif principal de production (consommation et vente) dans notre cas est en accord avec les observations faites par Badubi et al (2006), Guèye (1988), Moreki et al (2010), Mushi et al (2006), Moula et al (2012) et Dinka et al (2010a).

L’analyse des différentes activités pratiquées par les enquêtés montre que l’élevage avicole au sein du ménage est toujours associé à d’autres activités. L’agro-élevage comme activité de la majorité des enquêtés corrobore les constats faits par Moula et al (2012). Selon ces auteurs, l’élevage familial au sein du ménage est toujours associé à d’autres activités surtout agricoles dont les cultures vivrières et de rente. Ces cultures constituent, d’après ces mêmes auteurs, la première occupation des paysans, répondent aux besoins alimentaires quotidiens de la famille et génèrent également des revenus monétaires.

La taille moyenne du cheptel dans la présente étude est comprise dans l’intervalle de 9 à 23 rapportée par certains auteurs en Afrique de l’ouest (Van Veluw 1987; Aklobessi et al 1992 ; Buldgen et al 1992 ; Kitalyi and Mayer 1998 ; Missohou et al 2002) et dans d’autres pays d’Afrique (Dessie et Ogle 2001 ; Mwalusanya et al 2001 ; Ekue et al 2002 ; Tadelle et al 2003 ; Maphosa et al 2004 ; Swai et al 2007 ; Mushi et al 2006 ; Leta et Bekana 2010 ; Mailu et al 2012). Néanmoins, dans la région de Kolda, la taille du cheptel est supérieure à cet intervalle et à celle (22,7 ± 8,6) observée par Missohou et al (2002) dans la même région. Ce constat serait dû à l’intervention de plusieurs projets dans cette région en matière d’aviculture familiale dans le cadre de la lutte contre la pauvreté. Il pourrait aussi résulter, en accord avec les résultats rapportés par Muchadeyi et al (2007) et Gunaratne et al (1993), du niveau d’abondance des ressources résiduelles picorables entre régions. Le cheptel en majorité composé de poussins corrobore les observations rapportées par Maphosa et al (2004) et Muchadeyi et al (2004).

Le système de conduite en divagation qui domine dans notre zone d’étude est typique de celui observé en Afrique sub-saharienne et dans la plupart des pays en voie de développement (Mwalusanya et al 2002 ; Mcainish et al 2004 ; Aboe et al 2006 ; Abdelqader et al 2007 ; Halima et al 2007 ; Fotsa et al 2007).

Les types et les matériaux de construction des abris de nuit rencontrés dans cette étude confirment les observations faites au Botswana (Aganga et al 2000), au Bas Congo (Moula et al 2012), au Sénégal (Ndélédjé 2000), en Gambie (Bonfoh et al 1997), au Cameroun (Djitie et al 2015), en Ethiopie (Zewdu et al 2013 ; Tadesse et al 2014) et en Tanzanie (Swai et al 2007). En effet, chez ces différents auteurs, les poulaillers étaient de types traditionnels construits à base de matériaux localement disponibles ou des locaux sommaires (case, cuisine, baril coupé, grenier, véranda).

Les systèmes d’abreuvement et de complémentation adopté par la plupart des aviculteurs enquêtés sont les mêmes que ceux rapportés par Bonfoh et al (1997) en Gambie et par Agbédé et al (1995) au Cameroun. Ces auteurs avaient constaté que les éleveurs utilisaient du matériel de récupération de type traditionnel sous forme d’abreuvoirs et de mangeoires respectivement pour abreuver et complémenter leurs poules avec surtout des céréales, leurs sous-produits ou avec un mélange de matières premières. Cette même observation a été faite en RDC (Moula et al 2012), en Ethiopie (Tadesse et al 2014 ; Dinka et al 2010a), au Cameroun (Djitie et al 2015) et au Nigéria (Dipeolu et al 1998 ; Garba et al 2014) concernant la complémentation des oiseaux. Néanmoins, en accord avec Maphosa et al (2004) et Moussa Amadou et al (2010), il n’est pas facile de déterminer les quantités distribuées d’aliments par sujet étant donné, d’après Muchadeyi et al (2004) et Halima et al. (2007), que le type et la quantité d’aliments apportés dépendent de beaucoup de facteurs (rendement de la récolte, saison, période de l’année, ménages) et que l’aliment est distribué à tout le groupe sans distinction d’âge.

La présence importante des hommes dans la prise de certaines décisions comme la vente et la consommation des poulets serait liée, en accord avec Guèye (1998), Moula et al (2012) et Moussa Amadou et al (2010), aux contraintes socioculturelles qui donnent aux hommes le droit de s’approprier des biens de la famille au détriment de la femme en Afrique. La participation importante des hommes dans la construction des poulaillers confirme les observations faites par Zewdu et al (2013).

L’âge d’entrée en ponte, l’intervalle entre couvées, le nombre d’œufs pondus et le nombre annuel de couvées sont améliorés chez la poule métisse comparés à ceux de la poule locale contrairement aux taux d’éclosion (différence non significative) et de survie des poussins. Ndeledje (2000) avait également fait le même constat au Sénégal.

L’âge d’entrée en ponte dans notre cas se situe dans les intervalles de 4 à 7 mois rapporté par Leta et Bekana (2010) et Dinka et al (2010a) en Ethiopie et de 16 à 36 semaines rapporté par Moula et al (2012) et dans la limite inférieure de la plupart des résultats bibliographiques (tableau 8). Cette différence peut être due, en accord avec Mourad et al (1997), à des différences génétiques entre les races de poules des différents pays africains, aux conditions environnementales et aux pratiques d’élevages adoptées.

La précocité de la métisse à entrer en ponte, le raccourcissement de l’intervalle entre pontes de même que le nombre élevé d’œufs pondus sont liés sans doute à la vigueur hybride. En effet, selon Sonaiya et Swan (2004) et Van Eekeren et al (2004), la première génération (F1) d’animaux croisés a un potentiel génétique théorique plus élevé que la moyenne des deux races parentales (moyenne qui est supérieure au potentiel de la race locale). Ershad (2005) avait fait le même constat au Bangladesh. Néanmoins, l’âge d’entrée en ponte de la métisse que nous avons trouvé est très élevé comparé à ceux (133 et 140 jours) rapportés par Ershad (2005) pour les métisses aux œufs bruns et blancs, respectivement. Cette différence serait due au mode de conduite de ces métisses. En effet, chez cet auteur, la poule métisse aux œufs bruns était conduite en système intensif et celle aux œufs blancs en semi-intensif, ce qui n’est pas le cas dans la présente étude. Cependant, Sonaiya et Swan (2004) et Van Eekeren et al (2004) ont suggéré qu’il faut éviter que les sujets croisés se reproduisent entre eux. En effet, d’après ces auteurs, le potentiel de production diminue dans les générations suivantes pour revenir à la moyenne des productions des deux races de départ et avec de grandes disparités. C’est pourquoi en Algérie, l’intensification de l’élevage des souches hybrides a occasionné une érosion génétique, une destruction des structures de l’aviculture familiale (Bessadok et al 2003).

Le nombre moyen d’œufs par couvée se situe dans l’intervalle des valeurs (8-19 oeufs) observées dans quelques pays en voie de développement (tableau 8). D’après Mourad et al (1997), cette différence peut être liée à la race exploitée, aux conditions du milieu et aux pratiques d’élevage adoptées dans ces différents pays.

Tous les œufs pondus sont couvés en quasi totalité. Cela confirme le constat de Sonaiya et Swan (2004) et de van Eekeren et al (2004). Ces auteurs avaient rapporté que presque tous les œufs sont quasiment destinés à la reproduction dans le but de renouveler le cheptel étant donné les taux de mortalité très élevés observés pendant la période d’élevage en aviculture familiale.

Les taux d’éclosion obtenus dans notre étude se situent dans l’intervalle énoncé par Mourad et al (1997), Halima (2007) et par Akouango et al (2004) et autour de ceux trouvés dans quelques pays de l’Afrique sub-saharienne (tableau 8).

La diminution du taux d’éclosion chez la métisse est la conséquence de l’utilisation de souches hybrides pour augmenter la production d’œufs. En effet, d’après Sonaiya et Swan (2004), le grand inconvénient des souches hybrides pour accroître la production d’oeufs réside dans la diminution de l’instinct de couvaison étant donné qu’il existe une corrélation génétique négative entre ces deux facteurs. Dinka et al (2010b) et Beugre Grah et al (2007) avaient fait le même constat, respectivement, en Ethiopie et en Côté d’Ivoire. Par ailleurs, Kabatange et Katule (1989) avaient signalé qu’en aviculture familiale où la poule couve ses œufs, une importante amélioration du nombre d’œufs peut rapidement conduire à un dépassement de ses capacités de couvaison et entraîner une baisse du taux d’éclosion.

Le taux de survie des poussins d’au moins 65% est élevé si nous le comparons aux valeurs du tableau 8 et au taux de mortalité des poussins pouvant atteindre 60-85% observé par certains auteurs (Missohou et al 2010 ; Traoré 1985 ; Kondombo et al 2003 ; Sarkar et Bell 2006). Cela pourrait s’expliquer par les différentes précautions prises par les aviculteurs pour protéger les poussins et les adultes.

Le taux de survie des poussins métis a diminué alors que la poule métisse avait couvé plus d’œufs et éclos plus de poussins comparés à la locale. Akouango et al (2004) avaient fait la même observation au Congo chez des poules de différents génotypes. En effet, ces auteurs avaient constaté que les populations ayant couvé un nombre d’œufs élevés avaient tendance à montrer aussi un taux de mortalité des poussins le plus élevé. Cela a également été confirmé par Richard (1970) et Pirchnier (1983). D’après Akouango et al (2004), cette diminution pourrait être due aux facteurs qui peuvent influencer la reproduction dont les variations climatiques et les insuffisances alimentaires chez les mères, avant et pendant la couvaison et chez les poussins.

Il en résulte un taux de poussins sevrés statistiquement supérieur chez les poules métisses : 7,40 ± 3,43.

Tableau 8. Performances de reproduction de la poule locale en Afrique

Auteurs

Pays

Oeufs/
couvée

Couvées/
an

Taux
éclosion

Age entrée en ponte
(semaines)

Poussins
sevrés/couvée ou
taux de survie

Kugonza et al (2008)

Ouganda

9-19

3-4

90,0

23,7-30

7-15

Mourad et al (1997)

Guinée

10,1

3-4

42-100

-

89,3 %

Halima (2007)

Ethiopie

9-19

2-3

50-82

20-32

6-12

Tadele et Ogle (2001)

Ethiopie

13,0

3-4

80,9

26-30

-

Talaki (2000)

Sénégal

9,3

-

71,5

24,5

-

Wilson (1979)

Soudan

10,9

4,5

90,0

32,0

-

Buldgen et al (1992)

Sénégal

8-10

3-4

77-80

25,0

-

Mwalusanya et al (2002)

Tanzanie

11,8

3

83,6

24-34

-

Ndeledje (2000)

Sénégal

12,1

-

94,9

23,5

7,7

Akouango et al (2004)

Congo

11,8 -13,4

-

62,7-83,5

26,3 -27,2

-

Moula et al (2012)

RDC

8-18

2-4

85,0

16-36

61,3 %

Zewdu et al (2013)

Ethiopie

13,6

4,3

81,7

20,8

-

Le taux moyen d’éclosion dans notre étude se situe dans l’intervalle observé par Akouango et al (2004), Halima (2007) et Mourad et al (1997) (tableau 8).

Le sex ratio de 1/2 observé dans la présente étude, le même que celui constaté par Hien et al (2005) dans certaines localités au Burkina Faso, semble donc adéquat pour un maximum de fertilité. Il est supérieur à celui (38%) trouvé par Mourad et al (1997) et au 1/10 recommandé par French et Ritter (1981) et van Eekeren et al (2004). Le fait que les éleveurs aient un effectif élevé de coqs dans leur cheptel est, en accord avec Mourad et al (1997), en rapport avec la tradition villageoise de garder un bon nombre de coqs pour les dons, les sacrifices et la vente. Néanmoins, cette pratique diminue la productivité de la poule par manque de sélection raisonnée qui permettrait une amélioration des caractères chair, ponte et de reproduction en milieu villageois (Mourad et al 1997). Par ailleurs, la reproduction devient incontrôlée (Hien et al 2005). En effet, d’après ces auteurs, tous les éleveurs ignorent le rôle négatif des croisements consanguins sur le troupeau étant donné que les reproducteurs sont choisis généralement dans le troupeau familial. Ce phénomène entraîne une forte dégénérescence du potentiel génétique et une faible résistance aux maladies. C’est pourquoi dans les zones éloignées en milieu rural, Mcardle (1972) et Mourad et al (1997) affirment que la seule amélioration logique et possible à court terme est l’utilisation des coqs de race améliorée. Néanmoins, ces auteurs recommandent, au même titre que Guèye et Bessei (1995) et Moula et al (2009), une amélioration parallèle aussi des facteurs environnementaux (logement, ration équilibrée, soins vétérinaires et vaccinations). Ainsi, en Ethiopie, 37,5% des ménages qui n’ont pas tenu en considération cette recommandation n’ont pas eu de bons résultats techniques (Zewdu et al 2013).

Les contraintes rencontrées dans cette étude (faibles productivité de la poule et taux de survie des poussins, maladies, prédation, vols) sont les mêmes que celles observées dans d’autres pays en voie de développement comme la RDC (Moula et al 2012), l’Ouganda (Kugonza et al 2008), le Malawi (Safalaoh 1997), le Kenya (Bett et al 2012), le Cameroun, le Centrafrique et le Tchad (Logtene et Awa 2010), le Zimbabwe (Kusina et al 2001), l’Ethiopie (Dinka et al 2010a). Par ailleurs, dans le système de conduite en divagation, les maladies constituent le principal facteur limitant le développement de l’aviculture familiale dans les pays en voie de développement (Aini 1990 ; Agbédé et al 1995 ; Fotsa et al 2007 ; Ekué et al 2002 ; Haoua et al 2015). En accord avec les résultats d’Ali (2012) et d’Adebayo et al (2013), la maladie de Newcastle prend le devant à cause des mortalités très élevées qu’elle engendre en période chaude.

Pour faire face à certaines de ces contraintes, certains auteurs (Roberts et Guranatne 1992 ; Tadele et Ogle 2001 ; Ogle et al 2004) ont proposé une bonne complémentation des poules. En effet, d’après ces auteurs, les poulets bien nourris sont moins sujets à des maladies et de parasites et leurs taux de croissance et de fécondité augmentent ainsi que les effectifs. Quant à Ndengwa et al (2005), ils ont suggéré une bonne gestion de la santé qui impliquerait une meilleure hygiène, la propreté des poulaillers, la vaccination surtout contre la maladie de Newcastle et le déparasitage des poules. Par ailleurs, Nawarthe et Lamonde (1982), Woolcock et al (2004) et Maho et al (2004) ont rapporté que la lutte contre la maladie de Newcastle a été la principale voie pour augmenter la production avicole villageoise.

C’est pourquoi l’association de la complémentation et de la vaccination des poulets locaux est économiquement rentable (Njue et al 2004). Par ailleurs au Bangladesh, Sumy et al (2010) ont rapporté que les vaccinations et des régimes alimentaires équilibrés ont un effet déterminant sur l'élevage des poulets et la qualité des produits pour la consommation humaine.

Le faible pourcentage des aviculteurs enquêtés qui utilisent les traitements modernes des maladies (26,14%) serait dû, en accord avec Hien et al (2005), non seulement au faible pouvoir d’achat des ménages et de leur éloignement des centres urbains mais aussi aux insuffisances des services vétérinaires (Leta et Bekana 2010). Ainsi, ces contraintes les inciteraient à avoir recours aux pratiques séculaires relatives à l’usage de la pharmacopée traditionnelle. Par ailleurs, Tabuki et al (2003), Jabbar et al (2005) et Njoroge et Bussmann (2006) ont rapporté que la pharmacopée traditionnelle, dans les pays en voie de développement en général et chez les éleveurs à faible revenu en particulier, est une pratique couramment utilisée. D’après ces auteurs, elle est rapidement accessible, facile à préparer et à administrer et exige peu ou pas de moyens. Cela confirme les faibles coûts relatifs aux dépenses engagées dans le présent cas. Néanmoins, les thérapies proposées présentent dans la plupart des cas des inconvénients étant donné l’imprécision du diagnostic et la posologie des médicaments (Hien et al 2005).

Les prédateurs ainsi que les techniques de contrôle utilisées dans la présente étude sont semblables à ceux rapportés par Sonaiya et Swan (2004) et Mapiye et al (2008). Etant donné que ce sont les poussins qui sont les plus vulnérables, certains auteurs (Aklobessi et al 1992 ; Farrell 2000 ; Talaki 2000 ; Sarkar et Bell 2006 ; Mapiye et al 2008) ont proposé la solution de les élever en claustration comme nous l’avons constaté chez 74,72% d’enquêtés dans la présente étude. Par ailleurs, les recherches faites par certains auteurs (Lwesya et al 2004 ; Soumboundou 2010 ; Sarkar et Bell 2006 ; Hossen 2010 ; Amin et al 2009 ; Huque et al 1990 ; Kouadio et al 2010 ; Kouadio et al 2013 ; Nahimana et al 2015) sur l’élevage en claustration des poussins ont montré des résultats intéressants pour l’amélioration de la survie des poussins.


Conclusion


Remerciements

Les auteurs remercient le Projet de Développement de l’Elevage au Sénégal Oriental et en Haute-Casamance (PDESOC) pour avoir mis à leur disposition les moyens nécessaires pour faciliter et mener à terme les enquêtes.


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Received 23 December 2015; Accepted 5 April 2016; Published 1 May 2016

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