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Typologie des élevages sédentaires en zone semi-aride: cas du Cameroun

Y Blama, R Ziebe et C Rigolot1

Institut Supérieur du Sahel, Université de Maroua, Cameroun, B.P. 46 Maroua-Cameroun
blama_yakouba@yahoo.com
Enseignant chercheur, Institut Supérieur du Sahel, Université de Maroua
1 INRA, UMR 1273 Metafort, F-63122 Saint-Genès-Champanelle, France

Résumé

Pour réduire l’insécurité alimentaire et la pauvreté dans les pays en voie de développement une analyse des activités agropastorales en milieu rural est nécessaire. La typologie est à la base de cette analyse. Ainsi une étude typologique des élevages sédentaires en zone semi-aride du Cameroun a été menée entre janvier et mai 2014. Pour cela, 400 éleveurs sédentaires ont été enquêtés dans 4 communes dont celles de Mindif, Doukoula, Koza et la communauté de Maroua.

Les statistiques descriptives ont montré que 100% des éleveurs sédentaires pratiquent l’agriculture. L’engraissement des ruminants est une activité qui recrute de plus en plus les éleveurs sédentaires. C’est le cas à Mindif où la quasi-totalité des éleveurs sédentaires pratique l’embouche des ruminants.  L’analyse factorielle fait ressortir deux composantes principales des variables caractérisant les éleveurs étudiés. La classification two-step a été utilisée à et effet. Le groupe des élevages sédentaires  extensifs englobe 66% des producteurs de la zone. Dans le groupe des élevages sédentaires semi-intensifs les producteurs font de plus en plus de l’élevage unvéritable business. Ce groupe pourrait constituer un socle pour le développement des productions animales de deuxième génération.

Mots-clés: embouche, engraissement, produit carné, fourrage



Typology of sedentary farmers in semi-arid area of Cameroon

Abstract

The desire to reduce food insecurity and poverty in developing countries is the essential justification to take into consideration rural agro-pastoral activities.  Thus this paper proposes a typological study of sedentary farmers in the semi-arid zone of Cameroon which was conducted between January and May 2014. 400 sedentary farmers were surveyed in four cities including Mindif, Doukoula, Koza and Maroua.

Descriptive statistics helped to highlight that 100% of sedentary farmers practice agriculture. The fattening of ruminants is an activity that increasingly recruits sedentary farmers. This applies to Mindif where virtually all farmers practice sedentary fattening of ruminants. The factor analysis revealed two main components of variables characterizing the sedentaryfarmers. The extensive sedentary farming group is made up of 66% of producers in the area. The extensive sedentary farming group is made up of 66% of producers in the area. In the group of semi-intensive sedentary farmers, producers are increasingly farming a real business. This group could be a base for the development of animal production of second generation.

Key words: meat products, fattening, fodder


Introduction

L’élevage est une source importante de revenus, de moyens de subsistance, de nutrition et de sécurité alimentaire, ainsi que de résilience dans une grande partie de l’Afrique (Herrero 2014). Le Cameroun est un pays à vocation agricole et le secteur contribuait à hauteur de 19,9% au PIB total en 2011 et occupait plus de 50% de la population active. Le nombre de ménages agricoles au Cameroun était de près de 2 millions en 2009 dont 550 vivant exclusivement de l’élevage et des pêches (Ondoa et Ayong 2013).

Les filières d’élevage disposent d’un important potentiel de développement, limitées toutefois par des contraintes persistantes d’ordre alimentaire, sanitaire et de gestion. On distingue quatre filières principales dont le rôle est essentiel pour l’alimentation des populations et comme source de revenus pour les producteurs ruraux. La filière bovine, avec environ 4 millions de têtes élevées dans les régions septentrionales et dans la Région du Nord-Ouest, fournit annuellement environ 110 000 tonnes de viande et 184 000 tonnes de lait. La filière « petits ruminants » avec environ 7 millions de têtes, dont deux tiers dans les trois régions septentrionales a une production annuelle actuelle estimée à 22 500 tonnes de viande (Ondoa et Ayong 2013).

Dans les régions septentrionales du Cameroun, les bovins étaient entretenus par les sociétés pastorales, détentrices de la majorité du cheptel bovin, et par certains groupes d’agriculteurs qui en faisaient un usage sacrificiel et culturel (embouche du taureau abattu lors de la fête du Maray dans les Monts Mandara ; moyen de paiement de la dot chez les Toupouri, les Massa et les Moundang). Il s’est étendu à d’autres groupes d’agriculteurs suite à l’adoption de la culture attelée bovine dans les années 70, ou au contact d’éleveurs sédentarisés à proximité de leurs villages (Dongmo et Lhoste 2009). Ces agroéleveurs et les pasteurs sédentarisés pratiquent un système d’élevage semi-extensif, en dehors des éleveurs laitiers et des emboucheurs qui émergent en zone périurbaine en développant un système orienté vers le marché. Ces systèmes semi-extensifs reposent essentiellement sur l’exploitation libre des ressources naturelles (fourrages, eau), ce qui ne permet pas d’atteindre l’expression optimale des performances zootechniques. Fort de ce potentiel, l’élevage ne comble pas encore les besoins nationaux en produits carnés. Il est donc capital d’évaluer le potentiel productif de ces systèmes semi-intensifs à travers un diagnostic des élevages sédentaires. La typologie est le point de départ de ce diagnostic.

Face à l'extrême diversité des situations à décrire, les typologies ont l'ambition de simplifier la réalité tout en respectant les particularités principales (Perrot et Landais 1993a ; Djenontin et al 2004). Les typologies d’exploitations agricoles permettent de comparer des groupes d’exploitations entre elles, de juger de leur fonctionnement, d’identifier des solutions éventuelles aux problèmes rencontrés et d’élaborer des recommandations adaptées (Perrot et Landais 1993b ; Djenontin et al 2004). L’objectif des typologies est donc de fournir à l’usage des décideurs une image de l’activité agricole locale pour orienter les actions de développement (Roybin 1987).


Objectif

Cette étude a pour but d’établir par le biais d’enquêtes socio-économiques et zootechniques, une typologie des élevages sédentaires en zone semi-aride du Cameroun. Cette typologie permettra de mettre en évidence les différents modes de fonctionnement de ces élevages, leurs trajectoires d’évolution, les objectifs visés et les principaux facteurs limitants.


Matériel et méthodes

Zone d’étude

Le travail s’est déroulé entre janvier et mai 2014 dans la zone semi-aride du Cameroun qui correspond à la région de l’Extrême Nord. La figure 1 présente la zone d’étude. L’altitude varie de 338 à 621 m, avec la plus basse altitude à Doukoula et la plus haute à Koza. Le climat est de type soudano-sahélien, caractérisé par une saison sèche de novembre à mai suivie d’une saison humide de juin à septembre. Les précipitations annuelles sont inférieures à 900 mm et les températures moyennes journalières varient de 20 °C en janvier à 32 °C en avril, avec des extrêmes de 12 °C à 46 °C.

Figure 1. Localisation de la zone d’étude
Déroulement des enquêtes

La méthode d’enquête utilisée a été adaptée de celle mise au point par l’ancien Institut d’Elevage et de Médecine vétérinaire des pays Tropicaux (IEMVT du Cirad). Elle a été utilisée pour faire la typologie des systèmes d’élevage bovin dans de nombreux pays tropicaux, notamment en Guadeloupe (Salas et al 1986), au Mexique (Cervantes et al 1986), au Burkina-Faso (Bourzat 1986), en Guinée (Lhoste et al 1993), aux Philippines (Duval 2001), et au Maroc (Sraïri 2004).

Les enquêtes ont été menées à l’aide d’un guide d’entretien et la technique d’entretien semi-structuré a été adoptée. Les questions ont concerné l’éleveur (localisation, groupe socio-culturel, âge, niveau de scolarisation, taille du ménage, superficies emblavées, main-d’œuvre utilisée, lieu de vente du lait frais), les animaux (effectifs de bovins, ovins, caprins et volailles, races et origine des animaux) et les pratiques d’élevage (mode d’élevage, suivi sanitaire et complémentation alimentaire et minérale).

Analyses statistiques

L’analyse des données d’enquête a été réalisée à l’aide du logiciel SPSS 20. Les statistiques descriptives ont permis de montrer les caractéristiques de l’échantillon. Le test de Duncan a, dans certains cas, été utilisé pour faire ressortir les différences significatives entre les sites d’étude et les groupes d’échantillon. La typologie a été faite en deux étapes :

- Une Analyse Factorielle des Correspondances (AFC) qui a permis d’obtenir une représentation des élevages sous forme de projection sur des plans définis par les premiers axes factoriels (Escofier et Pages, 1990).

- Une classification Two-Step qui a permis de faire ressortir les caractéristiques des groupes.


Résultats

Description de l’échantillon
Caractéristiques socio-économiques des éleveurs

L’ensemble des caractéristiques socio-économiques des éleveurs sédentaires sont regroupées dans le tableau 1.

L'élevage sédentaire est une activité socio-économique existant en milieu rural et périurbain. Il permet non seulement de diversifier les sources des revenus des populations rurales mais aussi de mettre en exergue un système intégré agriculture-élevage. Les sous-produits agricoles sont valorisés dans l'alimentation animale, la traction animale est une force de travail indispensable et la fumure organique permet d'amender les surfaces arables qui sont pour la plupart dégradées en zone soudano-sahélienne du Cameroun.

Le tableau 1 montre que 100% des éleveurs sédentaires dans l'arrondissement de Doukoula appartiennent au genre masculin. Dans cette zone, l'élevage des bovins est l'apanage des hommes. Par contre dans le Diamaré, 30,1% des éleveurs sédentaires des bovins sont des femmes. Ceci serait lié à l'urbanisation qui amène les femmes à diversifier leurs sources de revenus.

Les éleveurs sédentaires sans aucune instruction représentent 71,8%, 49,3% et 33,3% de l'échantillon respectivement dans les arrondissements de Mindif, de Koza et de Maroua. Trois grandes religions sont présentes dans la zone d’étude : les religions chrétienne, musulmane et animiste. À Doukoula, 63,1% sont des animistes ; à Koza 49,6% sont des chrétiens. Par contre 81,4% sont des musulmans à Mindif.

Les célibataires s'intéressent très peu à l'élevage des bovins. Seulement 6,3% et 0,7% sont célibataires respectivement à Mindif et à Koza. Tandis qu'aucun célibataire n'élève les bovins à Doukoula. Le nombre d'enfants inscrits à l'école est plus élevé à Koza avec 49,6% des ménages qui ont inscrit tous les enfants à l'école. Par contre à Maroua et à Mindif, 21,8% et 13,4% des ménages respectivement ont inscrit la totalité des enfants à l'école.

L'agriculture au sens strict est de loin l'activité principale dans la zone d'étude. L'élevage est principalement pratiqué par 2,8% de la population à Mindif et Doukoula et 3,6% à Koza. L'embouche comme activité principale est pratiquée par seulement 2,8% de la population à Mindif et 5,6% à Maroua. Les revenus proviennent essentiellement de la vente des produits agricoles. Les résultats montrent que très peu d’éleveurs s’intéressent à la culture fourragère, activité pourtant incontournable pour la modernisation et le développement de l’élevage en zone semi-aride. Seulement 11,3% et 7,1% des éleveurs respectivement à Mindif et à Koza pratiquent la culture fourragère.

Tableau 1. Caractéristiques socio-économiques des éleveurs sédentaires

Variables

Modalités

Maroua

Mindif

Doukoula

Koza

Moyenne

Sexe

(%)

Masculin

69,9

88,0

100,0

94,3

88,1

Féminin

30,1

12,0

0,0

5,7

12,0

Niveau
d’instruction

(%)

Aucun

33,3

71,8

27,5

49,3

45,5

Primaire

31,9

20,4

40,1

27,9

30,1

Secondaire 1er

26,8

7,7

18,3

22,1

18,7

Secondaire 2e

1,4

0,0

9,9

0,7

3,0

Supérieur

1,4

0,0

0,0

0,0

0,4

École coranique

3,6

0,0

0,0

0,0

0,9

Alphabétisation villageoise

1,4

0,0

4,2

0,0

1,4

Religion

(%)

Chrétien

43,4

12,1

36,9

49,6

35,5

Musulman

52,4

81,4

0,0

7,2

35,3

Animiste

4,2

6,4

63,1

43,2

29,2

Situation matrimoniale

(%)

Marié (e)

88,7

93,7

100,0

91,4

93,5

Célibataire

9,9

6,3

0,0

0,7

4,2

Divorcé (e)

0,0

0,0

0,0

2,9

0,7

Veuf (ve)

1,4

0,0

0,0

5,0

1,6

Enfants inscris à l’école

(%)

Tous

21,8

13,4

30,0

69,6

33,7

Quelques-uns

62,9

73,2

67,9

24,8

57,2

Aucun

15,3

13,4

2,1

5,6

9,1

Activités
principales

(%)

Agriculture

42,0

94,4

91,5

92,9

80,2

Élevage

11,2

2,8

2,8

3,6

5,1

Embouche

5,6

2,8

0,0

0,0

2,1

Commerce

19,6

0,0

0,0

0,0

4,9

Salarié

7,7

0,0

3,5

3,6

3,7

Artisanat

7,0

0,0

0,0

0,0

1,8

Autres

7,0

0,0

2,1

0,0

2,3

Principales sources de revenu

(%)

Vente produits agricoles

81,5

91,5

97,8

97,9

92,2

Vente produits animaux

7,8

7,7

2,2

2,1

5,0

Activités extra agricoles

7,1

0,7

0,0

0,0

2,0

Culture fourragère

(%)

Oui

0,9

11,3

3,5

7,1

5,7

Non

99,1

88,7

96,5

92,9

94,3

Objectif principal de l’élevage des bovins

(%)

Accroître le cheptel
Vente

77,8
22,2

47,0
53,0

97,1
2,9

14,2
85,2

59,0
40,8

Pratique de l’embouche

(%)

Oui
Non

37,6
62,4

100,0
0,0

23,4
76,6

92,8
7,2

63,5
36,6

Objectif principal de l’élevage des bovins

Les bovins sont élevés soit pour accroitre le cheptel soit pour la vente. Dans le premier cas, il s’agit des élevages naisseurs et de la constitution de réserves financières. Le cheptel est constitué comme un capital qu’on peut utiliser en cas de besoin. Par contre, pour le deuxième objectif, les bovins sont élevés pour être conduits au marché après qu’ils aient atteints une certaine masse corporelle évaluée arbitrairement par l’éleveur. Pendant cet élevage, les bovins peuvent être utilisés à d’autres fins comme le travail. On peut regrouper dans cette catégorie l’embouche herbagère et l’embouche de finition. 97,1% et 77,8% des élevages sédentaires respectivement à Doukoula et dans le Diamaré ont élevé les bovins pour accroitre leur cheptel alors qu’à Koza 85,2% des élevages ont possédé les bovins pour les apprêter à la vente. C’est ce qui explique le pourcentage élevé des ménages qui pratiquent l’embouche des ruminants à Koza et à Mindif. 100,0% et 92,8% des élevages sédentaires respectivement à Mindif et à Koza pratiquent l’embouche des ruminants.

Espèces animales élevées

La figure 2 présente les espèces et la combinaison des espèces des ruminants élevées. Chez les éleveurs l’on trouve majoritairement la combinaison de bovins-ovins-caprins et d’ovins- caprins. À Doukoula, Mindif et Koza, 80,3%, 50,0% et 42,1% des populations détiennent à la fois les bovins, ovins et caprins. Par contre 33,6% des éleveurs dans les périphéries de Maroua élèvent à la fois les ovins et les caprins. Les éleveurs possédant une seule espèce de ruminants sont minoritaires, mais il faut remarquer que 10,5% des éleveurs à Maroua possèdent uniquement des ovins et 16,4% des éleveurs à Koza possèdent des caprins uniquement. Le cas de Koza pourrait s’expliquer par l’impact d’un projet mené dans la zone par Plan Cameroun. Ce projet a doté certains ménages de caprins afin d’améliorer significativement leurs revenus.

La poule est l’espèce la plus répandue dans la zone d’étude. À Koza et à Maroua et à Mindif, 70,8%, 63,8% et 60,0% des éleveurs sédentaires respectivement, élèvent des poules dans la basse-cour. Les pintades et les porcins sont majoritairement élevés dans l’arrondissement de Doukoula avec respectivement 17,3% et 22,2% des éleveurs sédentaires. Les Asins, force de travail indispensable dans l’arrondissement de Mindif sont élevés par 34,7% des éleveurs sédentaires. Seulement 0,4% des sédentaires dans le Diamaré s’intéressent à l’élevage non conventionnel principalement les lapins (figure 3). Il est important de considérer l’influence notoire de la religion pratiquée sur les espèces animales élevées. C’est ce qui explique une faible fréquence des ménages qui élèvent du porc dans les zones fortement islamisées.

Figure 2. Espèces de ruminants élevées

Figure 3. Autres espèces animales élevées

Les bovins sont principalement élevés pour leur viande. Bien que dans certains élevages les productions sont mixtes (lait et viande), dans la majorité des élevages sédentaires, la production attendue des bovins est la viande. Les résultats montrent que 79,9% et 66,7% des élevages respectivement à Doukoula et à Mindif ont élevé les bovins pour leur viande (figure 4). Il est donc important de se pencher sur ces systèmes sédentaires de production de viande bovine pour pouvoir combler les besoins nationaux. En effet la productivité de ces systèmes est médiocre.

Figure 4. Productions principales des bovins
Pratiques d’élevage sédentaire

Les ingrédients majoritairement utilisés dans l’alimentation des ruminants sont le foin naturel et les sous-produits agricoles. Le pâturage naturel constitue la source principale de l’alimentation. Les autres ingrédients sont apportés en complémentation aux animaux. Le foin naturel est plus utilisé à Doukoula et à Koza avec des fréquences d’utilisation respectives de 21,5% et 21,2%. Les tiges de sorgho sont quant à elles plus utilisées à Doukoula et à Mindif avec respectivement 34,2% et 24,9% (tableau 2). Globalement, il est important de remarquer que l’utilisation des sous-produits agricoles est liée aux spéculations agricoles qui sévissent dans les différents sites d’étude. Il s’agit de la valorisation des produits agricoles en alimentation animale, gage d’un système intégré agriculture-élevage. Les sous-produits agro-industriels et principalement le tourteau et la coque de coton sont également des ingrédients communément utilisés par les éleveurs sédentaires pour complémenter l’alimentation du bétail surtout en période de crises alimentaires. Le tourteau de coton est plus utilisé dans la zone de Doukoula avec une fréquence de 17,4%. Cette utilisation est également liée à la culture de coton dans cette zone. La fréquence d’utilisation du foin cultivé est plus élevée dans la zone de Koza.

Tableau 2. Ingrédients alimentaires utilisés par les éleveurs

Ingrédients/sites

Maroua

Mindif

Doukoula

Koza

Moyenne

Fréquence d’utilisation (%)

Pâturage

13,0

23,1

37,8

20,2

23,5

Foin naturel

9,6

18,1

21,5

21,2

17,6

Tiges de sorgho

13,5

24,9

34,2

1,3

18,5

Paille de riz

2,3

0,8

-

10,6

3,4

Fane de niébé

3,4

28,8

34,2

20,5

21,7

Fane d’arachide

2,3

31,9

33,7

20,7

22,2

Son de riz

0,3

-

0,3

9,6

2,5

Son de maïs

3,1

6,2

12,4

15,0

9,2

Son de sorgho

9,3

22,8

8,3

1,0

10,4

Graine de coton

1,0

11,1

3,4

7,0

5,6

Coque de coton

14,5

7,0

1,8

13,5

9,2

Tourteau de coton

13,5

10,4

17,4

9,1

12,6

Tourteau d'arachide

0,5

-

-

0,3

0,2

Tourteau de soja

-

0,5

-

-

0,1

Aliment complet

-

2,1

-

-

0,5

Drèche artisanale

-

0,3

-

1,0

0,3

Foin fourrage cultivé

0,8

1,3

0,3

3,6

1,5

Le tableau 3 montre que 88,7% et 75,4% des éleveurs sédentaires achètent des ingrédients alimentaires respectivement à Mindif et dans le Diamaré. Il s’agit des sous-produits agro-industriels à savoir le tourteau et coque de coton, les sons de maïs, de sorgho et de riz. Bien que 58,2% des éleveurs sédentaires à Doukoula achètent des aliments à bétail, il est important de préciser que le tourteau de coton est le principal ingrédient acheté. Par contre, à Mindif et dans le Diamaré, à part le tourteau de coton, la coque, la graine de coton et les sons de céréales sont également achetés. C’est ce qui explique d’ailleurs leurs fréquences d’utilisation relativement élevées. Bien que la relation soit faible (v = 0,276), il existe une différence significative entre l’achat d’aliments et les sites d’étude. Les éleveurs sédentaires achètent plus de fourrages à Maroua et à Mindif par rapport à Doukoula et Koza. La proximité avec la ville influencerait l’achat des aliments.

Tableau 3. Autres variables des pratiques d’élevage

Variables

Modalités

Sites d’étude

p

V

Maroua

Mindif

Doukoula

Koza

Moyenne

Stockage des SPAI

Oui

(%)

97,1

100

99,3

97,9

98,6

0,162

0,096

Non

2,9

0

0,7

2,1

1,4

Achat d’aliments

Oui

(%)

75,4

88,7

58,2

59,3

70,4

<0,000

0,276

Non

24,6

11,3

41,8

40,7

29,6

Perception du prix
des SPAI

Abordable

5,7

7,1

61,8

16,4

22,8

<0,000

0,365

Cher

(%)

87,7

67,3

34,3

82,4

67,9

Très cher

6,6

25,6

3,9

1,2

9,3

Connaissance du bloc
à lécher

Oui

(%)

15

14,8

4,4

40

18,5

<0,000

0,336

Non

85

85,2

95,6

60

81,5

Achat de produits
vétérinaires

Oui

(%)

90,8

99,3

97,2

97,8

96,3

<0,001

0,172

Non

9,2

0,7

2,8

2,2

3,7

SPAI = sous-produits agro-industriels ; P = degré de signification ; V = force de relation

Le stockage de fourrages est une pratique importante dans les élevages sédentaires. En zone semi-aride, avec la dégradation des pâturages et la diminution des aires pâturages, les agro-éleveurs ont compris la nécessité de stocker les fourrages. Il s’agit essentiellement des résidus de récolte. En effet les fourrages constituent la porte d’entrée pour toutes les productions des ruminants. Le tableau 3 montre que plus de 97% des élevages sédentaires en zone semi-aride du Cameroun font des stocks fourragers. L’effet site n’influence pas le stockage des fourrages (p = 0,162). Ceci implique que, dans le Mayo-Danay, le Mayo-Kani, le Mayo-Tsanaga ou le Diamaré, le souci premier de tout agro-éleveur est de stocker au maximum les résidus de récolte et quelquefois les foins naturels.

L’achat des SPAI varie en fonction des sites d’études. Il ressort de ces résultats que 88,7% et 75,4% des éleveurs sédentaires respectivement à Mindif et à Maroua achètent des SPAI pourtant à Doukoula et à Koza, seulement 58,2% et 59,3% respectivement achètent des SPAI. Bien que la signification soit élevée (p = 0,00), la force de relation entre l’achat des fourrages et les sites d’étude est faible (v = 0,276). 87,7% et 67,3% des agro-éleveurs respectivement à Maroua et Mindif trouvent que les prix des SPAI sur le marché sont élevés alors que 61,8% à Doukoula pensent que les prix des SPAI sont abordables.

Les maladies animales constituent aujourd’hui une contrainte pour le développement des productions animales. Conscients des dégâts causés dans leurs élevages, les sédentaires ont comprit la nécessité des traitements vétérinaires. Dans tous les sites d’étude, les résultats montrent que plus de 90% des éleveurs se procurent des produits vétérinaires pour faire face aux différentes pathologies émergentes et réémergentes dans leur ferme. Bien que l’influence des sites sur l’achat des produits vétérinaires soit significative (p = 0,001), cette relation est très faible (v = 0,172). En effet, les 9,2% des élevages sédentaires à Maroua qui n’achètent pas les produits vétérinaires sont en majorité constitués des petits élevages de petits ruminants composés de 2 à 3 têtes.

Typologie des élevages sédentaires

La typologie des élevages sédentaires dans la zone d’étude a été conçue à titre descriptif, mais surtout afin de fournir une base d’échantillonnage pour le suivi ultérieur des élevages qui pratiquent l’embouche des ruminants. Il faut rappeler que le site de Doukoula est à majorité constitué des Toupouris, celui de Mindif des Peuls sédentaires. La population du site de Koza est principalement composée des Matakam tandis que dans le site de Maroua, il y a un mélange entre les Guiziga, les Peuls et les autres ethnies de la région. L’élevage sédentaire est la forme la plus pratiquée dans ces zones. Vu les mutations que connaissent les systèmes de production actuellement, et la nécessité de développer ces systèmes pour pouvoir combler les besoins nationaux en produits locaux, une typologie de ces systèmes serait incontournable. Nous sommes partis de l’hypothèse selon laquelle les différents groupes des élevages sédentaires n’ont pas les mêmes pratiques.

Composantes factorielles

L’objectif de l’analyse en composantes principales est la réduction de l’information sans trop modifier le sens. La réduction des données par l’analyse factorielle nous permet de passer d’un grand nombre d’items à un nombre plus restreint, en regroupant ensemble les items qui mesurent une même dimension, obtenant ainsi un certain nombre de facteurs représentant chacun une dimension d’une variable étudiée.

La matrice de variation totale fait voir deux facteurs qui expliquent 35,1 % de la variance. En examinant la matrice après rotation (tableau 4), on remarque que la première composante comprend l’objectif principal de l’élevage des bovins (Op), l’embouche des ruminants (Er), l’achat des aliments à bétail (Aa) et la culture fourragère (Cf). La deuxième composante regroupe le sexe (Sx) et l’âge (Ag) de l’enquêté, le stockage des fourrages (Sf) et l’activité principale de l’éleveur (Ap).

Pour définir les différents pôles de l’axe F1 par les variables qui leurs sont associées, nous avons recherché celles qui contribuent le plus à ces axes. Les variables cultures fourragères, achat des aliments à bétail et embouche des ruminants expliquent la variance de la composante 1 (20,5 %). Le pôle négatif de cette composante est représenté par la variable objectif principal de l’élevage des bovins. La variance de la composante 2 (14,6%) est formée par les variables sexe, âge, activité principale, stockage de fourrage et enfants inscrits. Cette disposition des variables permet de dire que la composante 1 représente les activités de l’éleveur qui conduisent vers une production intensive alors que la composante 2 fait voir les activités habituelles de l’enquêté.

Tableau 4. Matrice des composantes après rotation #

Variables

Composantes

1

2

Embouche des ruminants

0,832

Achat d'aliments à bétail

0,705

Objectif principal élevage bovin

-0,667

Culture fourragère

0,388

Sexe

0,798

Classe d’âge

0,453

Stockage de fourrages

0,418

Activité principale

0,333

Enfants inscrits

Méthode d'extraction: Analyse en composantes principales.
Méthode de rotation : Varimax avec normalisation de Kaiser.

# La rotation a convergé en 3 itérations.

Caractéristiques des groupes des agro-éleveurs

La classification Two-Step à partir des variables analysées en composantes factorielles permet de dégager les caractéristiques des groupes des agro-éleveurs.

Groupe 1 : constitué de 114 producteurs soit 33,4%, ce groupe rassemble les agro-éleveurs qui ont un objectif d’élevage orienté vers le marché. Pour cette catégorie d’agro-éleveurs, l’élevage n’a de sens que s’il arrive à procurer un revenu au producteur. D’où la forte proportion des emboucheurs dans ce groupe (93,0%). L’embouche des ruminants est une activité socio-économique qui permet d’améliorer significativement le revenu des producteurs ruraux et semi-urbains. Elle permet également de constituer une réserve financière après la vente des produits vivriers comme le coton pour attendre la prochaine saison. Dans cette classe, 93,9% des producteurs achètent des aliments à bétail (principalement des sous-produits agro-industriels) et 7,5% pratiquent une culture fourragère. Bien que la nécessité de se procurer des fourrages soit perçue dans les deux classes, les agro-éleveurs de cette catégorie sont également préoccupés par la qualité des fourrages à fournir à leur bétail. Ceci se justifie par leur intérêt à pratiquer la culture fourragère et à acheter des sous-produits agro-industriels. En effet, l’objectif de production orienté vers le marché, leur impose un élevage avec une contrainte de temps : vite engraisser pour rencontrer les besoins des consommateurs sur le marché. Ici les concentrés achetés sont plus utilisés pour les animaux en embouche. Nous pouvons parler d’un élevage sédentaire semi-intensif.

Groupe 2 : cette catégorie est formée par 227 soit 66,6% des agro-éleveurs de la zone d’étude. Elle rassemble les éleveurs sédentaires qui ont pour souci principal d’accroître leur cheptel. Pour cette classe, est considéré éleveur, toute personne qui détient un nombre considérable de bétail. Ici l’élevage est beaucoup plus considéré sous son angle social. Dans ce groupe, seulement 55,5% pratiquent l’embouche de ruminants. Il s’agit principalement de l’embouche de réforme et des animaux affaiblis dans le troupeau pendant les périodes de crises alimentaires. Comparativement à la première classe, ici la culture fourragère est négligeable et seulement 71,4% achètent des aliments à bétail. Ces aliments achetés permettent de rétablir les animaux affaiblis et soutenir les vaches allaitantes pendant les périodes crise alimentaires (février à mai). Ce groupe pourrait être qualifié de système d’élevage sédentaire extensif ou encore traditionnel.

Dans les deux systèmes, il faut noter une importante intégration agriculture-élevage à travers la valorisation des sous-produits agricoles dans l’alimentation des animaux, l’utilisation des matières fécales pour amender les surfaces arables et la culture attelée. Cette intégration va même au-delà de ces activités pour atteindre la balance financière entre les activités d’élevage et des cultures. À l’approche des saisons de culture, les animaux sont vendus pour l’achat des intrants (semences, engrais, pesticides). Après la vente des produits des cultures, l’excédent brut est utilisé pour l’achat des animaux (accroître le troupeau) ou l’entretien des animaux en embouche.

Figure 5. Disposition des variables sur le système d’axe Composante 1 × Composante 2


Discussion

Le continuum agropastoral n’est pas une réalité nouvelle dans la zone. Contrairement à nos observations où la culture reste l’activité majoritaire, Gagneron (2013) a constaté qu’en zone semi-aride du Burkina Fasso, l’élevage semble prendre plus d’importance chez les agriculteurs de tradition tandis que l’agriculture s’impose de plus en plus chez les groupes peuls locaux. La pérennisation de modes de production mêlant les deux activités implique dans tous les cas une régulation des ressources. Les trois espèces de ruminants intéressent les agroéleveurs périurbains tandis que ceux situés dans la zone urbaine élèvent plus des petits ruminants. Ceci s’explique en grande partie par les défis d’accès aux ressources en eau et en pâturage. L’élevage sédentaire est grandement limité par l’accès aux ressources alimentaires. L’accès aux ressources fourragères gratuites que sont les parcours naturels est limité (Kanoun et al 2015) et la variation du prix des aliments à bétail sur le marché local est un facteur non maîtrisé par les éleveurs sédentaires et pourtant influence grandement l’extériorisation des potentialités génétiques des races locales. En effet la complémentation alimentaire surtout en période de soudure a un impact considérable sur la croissance pondérale, la fécondité et la susceptibilité aux germes pathogènes. Les pratiques d’apports de concentrés sont devenues une des options les plus rependues pour lutter contre la raréfaction des ressources pastorales (Daoudi et al 2013). Nos travaux ont permis de percevoir une diversité des systèmes d’élevage dans la zone semi-aride orientée vers la sédentarité. Khlij et al (2011) ont également observé une tendance caractérisée par une forte sédentarisation des éleveurs steppiques. Contrairement aux résultats de Kanoun et al (2015) qui montrent que la mobilité des troupeaux continue de caractériser encore les systèmes d’élevage.

Les analyses typologiques font ressortir deux grandes catégories d’éleveurs sédentaires en zone semi-aride du Cameroun. Une catégorie qualifiée de système semi-intensif avec une production orientée vers le marché et une autre catégorie où les producteurs s’intéressent plus à accroître le nombre de têtes des ruminants. C’est le système extensif d’élevage sédentaire. Ce type d’élevage domine dans les zones soudano-sahéliennes des pays en développement où les ressources sont limitées. Cette classe a été constatée également par Dao (2013) au Togo qui la qualifie de système d’élevage de type traditionnel extensif axé sur l’exploitation des parcours naturels et des jachères, et des eaux de surface pour l’abreuvement des animaux. Les élevages, tenus par des exploitants agricoles, sont de petits effectifs. Les interventions sanitaires au bénéfice de l’ensemble des espèces sont de très faible niveau. De manière générale, l’élevage est caractérisé par une utilisation faible des facteurs de production et par sa cohabitation conflictuelle avec la principale activité de l’exploitant qui est avant tout la culture. Kanoun et al (2015) se sont principalement basés sur les productions principales des élevages agropastoraux en Algérie pour décrire les systèmes existants. Par contre Awa et al (2004) avaient considéré plusieurs facteurs pour décrire les types de producteurs en Afrique Subsaharienne. Ils ont pu mettre en évidence six types: agropasteurs semi-sédentaires, agroéleveurs semi-sédentaires, jeunes agroéleveurs peu scolarisés, éleveurs transhumants ou nomades, et éleveurs entrepreneurs.


Conclusion


Références

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Received 16 January 2016; Accepted 3 April 2016; Published 1 May 2016

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