Livestock Research for Rural Development 28 (1) 2016 Guide for preparation of papers LRRD Newsletter

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Ingestion et digestibilité de Pennisetum purpureum associé à une légumineuse (Arachis glabrata, Calliandra calothyrsus ou Desmodium intortum) comme source de protéines chez le cobaye

E Miégoué, F Tendonkeng, J Lemoufouet, N Mweugang Ngouopo, M N B Noumbissi, M D Fongang, G Zougou Tovignon, F Matumuini Ndzani Essie1, A V Mboko1, B Boukila1 and E Pamo Tedonkeng

Laboratoire de Nutrition et Alimentation Animales, Département des Productions Animales, FASA, Université de Dschang, B.P. 222 Dschang, Cameroun
f.tendonkeng@univ-dschang.org   /   pamo_te@yahoo.fr
1 Institut National Supérieur d’Agronomie et de Biotechnologies (INSAB), Université des Sciences et Techniques de Masuku, B.P. 941 Franceville, Gabon.

Resume

L’étude de l’ingestion alimentaire et de la digestibilité in vivo de Pennisetum purpureum associé à une légumineuse fourragère (Arachis glabrata, Calliandra calothyrsus ou Desmodium intortum) comme source de protéines chez le cobaye a été menée entre février et mai 2014 à la Ferme d’Application et de Recherche et au laboratoire de nutrition et d’alimentation animale de l’Université de Dschang, Cameroun, selon un dispositif factoriel (ration et sexe) en quatre lots de 5 mâles et 5 femelles chacun, soit 40 cobayes pesant 450±50 g et âgés de 5 mois, soumis à des rations isoazotées de 16% de protéines associées au Pennisetum purpureum. Le lot témoin (PP) a reçu 250 g de matières fraîches de Pennisetum purpureum associées à 60 g/jour/animal d’un aliment  composé simple. Les lots PP-AG, PP-CC et PP-DI ont reçu en plus de Pennisetum purpureum, 60 g/jour/animal d’un aliment  composé contenant respectivement comme source de protéines Arachis glabrata, Calliandra calothyrsus ou Desmodium intortum.

Il ressort des résultats que la variation des sources de protéines n’a eu aucun effet sur l’ingestion et la digestibilité de la graminée, de la MS, de la MO et de la PB aussi bien chez les mâles que chez les femelles. Les rations PP-CC ont eu les valeurs de l’ingestion de l’aliment composé (23,0 g MS/jour/animal), des matières sèches (46,9 g MS/jour/animal) et des protéines brutes (7,3 g MS/jour/animal) les plus élevées et, la ration PP-AG quant à elle a eu celle de Pennisetum purpureum (24,6 g MS/jour/animal), des matières organiques (41,0 g MS/jour/animal) et de la cellulose brute (12,9 g MS/jour/animal). Les valeurs les plus élevées des CUDa ont été obtenues avec les animaux du lot PP-AG pour la MS (55,6%), la PB (74,9%) et la CB (58,0%) et, avec ceux du lot PP-CC pour le CUDa MO (57,2%). Les mâles ont mieux ingéré la MS, la MO, la PB et la CB comparés aux femelles, pour le traitement PP-AG. En outre, aucune différence n’a été observée entre les deux sexes pour les autres traitements ainsi que pour les CUDa. Pour ce qui est du gain de poids et de la composition de la flore caecale, aucune différence n’a été observée entre les traitements. Ces légumineuses peuvent donc être utilisées comme sources de protéines dans la ration des cobayes sans que leur ingestion et leur digestibilité ne soient affectées.

Mots-clés: aliment composé, coefficient d’utilisation digestive, flore caecale



Voluntary intake and digestibility of Pennisetum purpureum associated to one legume forage (Arachis glabrata, Calliandra calothyrsus or Desmodium intortum) as protein source for guinea pigs

Abstract

A study of voluntary intake and the in vivo digestibility of Pennisetum purpureum associate to one legume forage (A. glabrata, C. calothyrsus or D. intortum) as protein source for guinea pigs was conducted between February and May 2014 at the Teaching and Experimental Farm and, Animal feeding and nutrition laboratory of University of Dschang. To evaluate the feed intake and in vivo digestibility of nutrients, the trial was organized according to factorial design (diet and animal sex) into four groups of 5 males and 5 females each for a total of 40 guinea pigs aged of 5 months and weighing averagely 450±50 g. The control group PP received P. purpureum ad libitum associated to 60g/day/animal of mixed food only and animals of groups PP-AG, PP-CC and PP-DI received 60g/day/animal of a mixed food containing respectively Arachis glabrata, Calliandra calothyrsus or Desmodium intortum.

 

The results of this study showed that protein source has no effect on food intake and digestibility of P. purpureum, dry matter (DM), organic matter (OM) and crude protein (CP) no matter the sex. The highest values of food intake were obtained from animals of the group PP-AG for P. purpureum (24.6g MS/day/animal), organic matter (41.0gMS/day/animal) and crude fiber (12.9gMS/day/animal) and, those of group PP-CC for mixed food (23.0gMS/day/animal), dry matter (46.9gMS/day/animal) and crude protein (7.32gMS/day/animal). The highest values of apparent digestibility of the DM (55.6%), CP (74.9%) and CF (58.0%) were obtained from animals of group PP-AG; the diet containing C. calothyrsus permitted to obtain the highest value of organic matter digestibility (0M) (57.2%). Males had higher intakes of DM, OM, CP and CF compared to females with the treatment PP-AG. For the other treatments there were no differences between males and females for  DM intake and apparent digestibility. For weight gain and caecal flora composition, no difference was observed among different treatments. Legumes forages of this trial can then be used as protein sources to improve feed intake and digestibility in guinea pigs fed Pennisetum purpureum as the basal diet.

Key words: caecal flora, digestibility index


Introduction

L’alimentation représente le principal facteur limitant l’expression du potentiel de production des animaux en milieu tropical (Pamo et al 2007; Tendonkeng et al 2011). Selon Meyer et al (2010), les animaux ingèrent les aliments pour combler leur besoin en énergie et en nutriments. Ainsi, plus l’aliment est capable de libérer ses nutriments, mieux il permet d’obtenir de bonnes performances chez l’animal à moindre coût suite à la réduction de la consommation. Par ailleurs, selon Niraj et Vardhan (2012), la consommation des aliments entièrement d’origine végétale par des herbivores ralentit la digestion, permet une bonne absorption des aliments et un équilibre plus favorable des nutriments par calories dus à une bonne gestion de la croissance cellulaire. Ainsi, l'amélioration de la productivité des herbivores monogastriques peut se faire entre autres, par l'amélioration de leur alimentation et surtout, par la mise à leur disposition d'un aliment équilibré.

 

Parmi ces herbivores monogastriques, le cobaye a une forte capacité de consommation de fourrages (Dikko et al 2009). Selon Bindelle et Picron (2013), pour minimiser les coûts liés à l’alimentation des cobayes d’élevage, il faut maximiser l’ingestion de fourrages disponibles et procéder à une distribution rationnée de concentrés et de compléments minéraux vitaminés (CMV). Quelques légumineuses fourragères (Fabaceae) dont Desmodium intortum, Calliandra calothyrsus (arbre à houpettes), Leucaena leucocephala (faux mimosa) et Arachis glabrata (arachide fourragère) sont réputées pour leur excellent potentiel de croissance en Afrique tropicale (Pamo et al 2003). Leurs feuilles, riches en protéines végétales (Pamo et al 2004), peuvent être utilisées comme supplément alimentaire pour les cobayes.

Cependant, les données sur l’alimentation des cobayes en tant qu’animal d’intérêt zootechnique sont très éparses et, restent limitées à certains pays d’Amérique latine où l’élevage des cobayes entre dans la tradition (Ngou Ngoupayou et al 1995; Quijandra 1988). La présente étude se propose de contribuer à l’amélioration de l’alimentation des cochons d’Inde à travers la valorisation des sources de protéines végétales locales au Cameroun par l’étude de l’ingestion alimentaire et de la digestibilité in vivo de Pennisetum purpureum associé à une légumineuse fourragère (Arachis glabrata, Calliandra calothyrsus ou Desmodium intortum).


Matériel et méthodes

Site expérimental

 

L’étude s’est déroulée entre février et mai 2014 à la Ferme d’Application et de Recherche (FAR) de l’Université de Dschang, située à 5° 26’ de latitude Nord, à 10° 26’ de longitude Est et à une altitude d’environ 1 420 m dans l’Ouest Cameroun. Le climat de la région est équatorial de type camerounien d’altitude, avec une température moyenne annuelle de 20°C. La saison sèche va de mi-novembre à mi-mars, et la saison des pluies de mi-mars à mi-novembre et correspond à la principale période des cultures (Pamo et al 2005). Les mois de février et mars sont généralement les plus chauds (25°C en moyenne), et les mois de juillet et août les plus froids (10°C en moyenne). Les précipitations moyennes annuelles varient entre 1 500 et 2 000 mm, avec une humidité relative oscillant entre 40% (en pleine saison sèche) et 97% (durant les grandes pluies).

 

Matériel animal et logement

 

Quarante cobayes (Cavia porcellus), 20 mâles et 20 femelles, de race anglaise de poids moyen 450 ± 50 g et âgés de 5 mois ont été utilisés dans cet essai. Tous ces animaux étaient nés à la Ferme d’Application et de Recherche (FAR) de l’Université de Dschang, Cameroun. Ils  ont été placés dans des cages de digestibilité individuelles grillagées de 10,6 dm3 (76 cm x 46,5 cm x 30 cm) munies chacune d’une mangeoire en plastique d’une contenance de 100 g et d’un abreuvoir en béton de 0,5 l. Pour parer à une déficience éventuelle en vitamine C, cette dernière (1 comprimé de 240 mg dans 1,5 litre d’eau) a été distribuée quotidiennement à tous les animaux via l’eau de boisson servie ad libitum. Pour ce qui est de l’évaluation de la variation de la flore caecale, 24 jeunes animaux dont 12 mâles et 12 femelles ont été sacrifiés, à raison de 3 cobayes par lot.

 

Matériel végétal

 

La graminée (Pennisetum purpureum, l’herbe à éléphant) était fauchée dans le champ fourrager de la ferme la veille et pré-fanée dans l’un des logis du bâtiment d’élevage avant d’être servie le lendemain aux animaux. Les feuilles de légumineuses (Arachis glabrata, Desmodium intortum ou Calliandra colothyrsus) quant à elles étaient récoltées avant floraison, séchées, broyées et incorporées dans la provende. Un échantillon de chaque fourrage a été analysé au préalable avant le début des essais (Tableau 1).

Tableau 1: Composition chimique des différents fourrages (%MS)

Composition

fourrages

P. purpureum

A. glabrata

C. calothyrsus

D. intortum

Matière sèche (%)

94,8

90,9

93,3

92,4

% dans la MS

Matière organique (%MS)

86,0

88,0

90,2

89,7

Protéine brute (%MS)

14,9

20,0

24,0

23,8

Lipides (%MS)

3,0

3,0

5,6

3,5

Cellulose brute (%MS)

34,8

26,3

31,6

29,6

Cendre (%MS)

14,0

12,0

9,78

10,4

Conduite des essais

 

Fabrication des différentes rations

 

Les ingrédients utilisés pour chaque ration (Tableau 2) ont été achetés dans des provenderies de la ville de Dschang. Un échantillon de chacune d’elles a été utilisé pour la détermination de la composition chimique et les différentes rations ainsi préparées ont servi à la fabrication de granulés à l’aide d’une granuleuse mécanique de fabrication traditionnelle.

Tableau 2: Composition en pourcentage et composition chimique des différents
ingrédients des rations expérimentales

Ingrédient

PP

PP-AG

PP-CC

PP-DI

Remoulage

31

25

25,5

26

Maïs

30

24

25

25

Tourteau de coton

5

4

4

4

Tourteau de palmiste

25

20

21

21

Tourteau de soja

2

1,5

1,5

1,5

Farine de poisson

3

2,5

2,5

2,5

Poudre de coquille

2

1

1,5

1,5

Prémix

1

1

1

1

Sel de cuisine

1

1

1

1

A. glabrata

0

20

0

0

C. calothyrsus

0

0

17

0

D. intortum

0

0

0

16,5

Total

100

100

100

100

Composition chimique

Matière sèche (%)

92,0

92,1

92,5

92,9

% dans la MS



Matière organique

89,8

90,8

87,3

89,8

Protéine brute

15,8

16,2

16,4

16,1

Lipides

08,7

04,8

06,7

06,3

Cellulose brute

17,5

19,9

13,0

15,4

Cendres

10,2

09,2

12,7

10,2

PP : Pennisetum purpureum associé à la ration sans légumineuse ; PP-AG : Pennisetum
purpureum associé à la ration contenant A. glabrata ; PP-CC : Pennisetum purpureum
associé à la ration contenant C. calothyrsus ; PP-DI : Pennisetum purpureum associé à
la ration contenant D. intortum.

Evaluation de l’ingestion et de la digestibilité in vivo de P. purpureum associé aux différentes rations

 

Les animaux (5 par sexe et par traitement) ont été répartis de façon aléatoire dans des cages individuelles dans un dispositif factoriel (sexes et rations). L’essai de digestibilité a été précédé d’une période d’adaptation des animaux à la cage de digestibilité et à l’aliment expérimental qui a duré 10 jours. Pendant la période de digestibilité, d’une durée de 7 jours, les refus et les fèces ont été collectés quotidiennement et pesés avant une nouvelle distribution. La ration journalière servie à chaque animal était constituée de 250 g de matière fraîche de Pennisetum purpureum + 60 g de supplément.

Les aliments étaient servis chaque jour entre 8 et 9 heures. Au début et à la fin de chacune des deux périodes de l’essai, les animaux étaient pesés à jeun pour la détermination de leur gain de poids. Le gain moyen quotidien était obtenu en faisant la différence entre le poids vif de l’animal au début et à la fin de la période de collecte de données. Au terme de l’essai, trois animaux de chaque lot choisis au hasard ont été sacrifiés en vue de l’évaluation de la flore caecale (lactobacilles et entérobactéries) selon la méthode décrite par Benson (2002).

 

Durant la période de collecte des données, chaque matin (pendant les 7 jours de la durée de l’essai) avant la distribution des aliments, les fèces de chaque animal étaient collectées et pesées et un échantillon représentatif était ensuite prélevé et séché à 60°C jusqu’à poids constant dans une étuve ventilée. Par la suite, les fèces sèches ont été broyées et conservées dans des sachets en plastique pour l’évaluation de leur composition chimique (AOAC 1990) en vue de l’estimation des quantités excrétées dans les fèces. Les pesées des animaux, des fèces et des aliments expérimentaux ont été effectuées avec une balance digitale de capacité 3 kg et de précision 1 g. Celles des échantillons broyés se faisaient à l’aide d’une balance électronique de marque ACCULAB VIC – 123 de portée 120 g et de précision 10-3 g.

 

Analyse des données

 

Les données ont été soumises à l’analyse de la variance à 2 facteurs (ration alimentaire et sexe de l’animal) suivant le modèle linéaire général (MLG). Lorsque des différences significatives existaient entre les traitements, la séparation des moyennes a été faite par le test de Waller Dunkan au seuil de signification 5% (Steel et Torrie 1980). Le logiciel d’analyse utilisé a été SPSS 19.0.


Résultats

Effet des sources d’azote de la ration sur l’ingestion et la digestibilité in vivo des différentes rations chez le cobaye

 

L’ingestion de P. purpureum a été plus élevée avec la ration contenant A. glabrata. Cependant, aucune différence significative (P > 0,05) n’a été observée entre les traitements (Tableau 3).

Tableau 3: Ingestion et digestibilité in vivo des différentes rations en fonction des traitements chez les cobayes nourris au P. purpureum

Traitements

ESM

p

PP

PP-AG

PP-CC

PP-DI

Ingestion de P. purpureum

g MS/j/animal

22,7

24,6

23,9

22,3

0,61

0,56

g MS/j/kgPV0,75

37,2

40,2

39,2

36,5

1,00

0,85

Ingestion d’aliment composé

g MS/j/animal

19,56

21,9

23,0

19,6

1,45

0,82

g MS/j/kgPV0,75

32,07

35,9

37,7

32,2

2,37

0,50

Ingestion totale de Matière sèche (MS)

g MS/j/animal

42,3

46,4

46,9

41,9

1,36

0,44

g MS/j/kgPV0,75

69,3

76,1

76,9

68,7

2,23

0,44

Ingestion totale de Matière organique (MO)

g MS/j/animal

37,1

41,0

40,6

36,8

1,20

0,49

g MS/j/kgPV0,75

60,8

67,2

66,6

60,3

1,97

0,49

Ingestion de Protéine totale brute (PB)

g MS/j/animal

6,46

7,20

7,32

6,46

0,22

0,38

g MS/j/kgPV0,75

10,6

11,8

12,0

10,6

0,36

0,38

Ingestion totale de Cellulose brute (CB)

g MS/j/animal

11,3b

12,9a

11,3b

10,8b

0,29

0,05

g MS/j/kgPV0,75

18,6b

21,1a

18,5b

17,7b

0,48

0,05

Coefficient de digestibilité apparente (%)

Matière sèche

54,2

55,6

54,5

51,1

1,50

0,78

Matière organique

51,9

54,3

57,2

48,3

2,45

0,66

Protéine brute

71,8

74,9

73,9

71,4

0,96

0,34

Cellulose brute

54,3

58,0

49,8

47,3

0,29

0,23

a,b: Les moyennes portant les mêmes lettres sur la même ligne ne sont pas significativement différentes
au seuil de 5% ;

L’aliment composé contenant C. calothyrsus a été mieux ingéré que les autres rations. Il en a été de même de l’ingestion de la MS  et de la MO, mais la valeur la plus faible (41,9 g MS/j/animal pour la MS et 36,8 g MS/j/animal pour la MO) a été obtenue avec la ration PP-DI. L’ingestion de la protéine brute de la ration PP (6,46 g MS/j/animal) a été identique à celle contenant D. intortum. Par ailleurs, la valeur la plus élevée a été obtenue avec la ration PP-CC (7,32 g MS/j/animal). L’ingestion de la CB significativement (P < 0,05)  la plus élevée (12,9 g MS/j/animal) a été obtenue avec la ration PP-AG. Cependant, aucune différence significative (P > 0,05) n’a été observée entre les valeurs enregistrées chez les animaux des trois autres lots.

 

Pour ce qui est des coefficients de l’utilisation digestive, aucune différence significative (P > 0,05) n’a été observée entre les différentes rations. En effet, la valeur de la digestibilité de la MS obtenue chez les animaux du lot PP-DI a été plus faible (51,1%) que celles enregistrées chez les animaux des autres lots. La valeur la plus élevée a été observée plutôt chez les animaux du lot PP-AG. La valeur du CUDaMO observée chez les animaux du lot PP-DI a été plus faible (48,3%) que celles observées chez ceux des autres lots ; la plus grande valeur (57,2%) ayant été observée chez les animaux du lot PP-CC. Cependant, les valeurs du CUDaMO sont restées statistiquement comparables (P > 0,05) entre elles quel que soit le traitement. La valeur du CUDaPB la plus forte a été obtenue chez les animaux du lot PP-AG (74,9%), et la plus faible (71,4%) chez ceux du lot PP-DI. La même tendance a été observée avec le CUDa CB.

 

Ingestion alimentaire comparée entre le mâle et la femelle, en fonction des sources d’azote de la ration

 

Les mâles ont significativement (P < 0,05) mieux ingéré la MS, la MO, la PB et la CB avec la ration PP-AG contenant A. glabrata (Figure 1).

Figure 1: Ingestion comparée de la MS, de la MO, de la PB et de la CB entre le mâle et la femelle en
fonction des rations alimentaires chez les cobayes nourris au
Pennisetum purpureum

Pour toutes les autres rations, l’ingestion alimentaire a été comparable (P > 0,05) entre les animaux des deux sexes, bien que les mâles aient présenté les plus grandes valeurs pour les traitements PP et PP-CC et les femelles pour le traitement PP-DI.

 

Les plus fortes valeurs d’ingestion de la MS (88,8 g MS/j/kgPV0,75), de la PB (13,9 g MS/j/kgPV0,75), de la MO (78,7 g MS/j/kgPV0,75) et de la CB (23,7 g MS/j/kgPV0,75) ont été observées chez les mâles du lot PP-AG contenant A. glabrata. Cependant chez les femelles, les plus fortes ingestions de la MS (74,1 g MS/j/kgPV0,75), de la MO (64,1 g MS/j/kgPV0,75) et de la PB (11,5 g MS/j/kgPV0,75) ont été observées avec la ration PP-CC contenant C. calothyrsus et celle de la CB (18,6 g MS/j/kgPV0,75) avec la ration PP-AG contenant A. glabrata.

 

Coefficient d’utilisation digestive apparent (CUDa) comparé des nutriments entre le mâle et la femelle en fonction de la source de l’azote de la ration

 

L’utilisation digestive de la MS, de la MO, de la PB et de la CB a varié très peu aussi bien chez les mâles que chez les femelles, avec la source d’azote de leur ration (Figure 2).

Figure 2: Coefficient d’utilisation digestive apparent (CUDa) comparé de la MS, de la MO, de la PB et de la CB entre le mâle et la femelle en fonction des rations alimentaires pour les cobayes nourris au Pennisetum purpureum

La MO et la PB de la ration PP ont été mieux digérées par les mâles que par les femelles, bien qu’aucune différence significative (P > 0,05) n’ait été observée. Les femelles soumises à la ration PP-AG ont significativement (P < 0,05) mieux digéré la PB que les mâles du même lot (79,1 contre 70,6 g MS/j/animal). Il en est de même pour celles du lot PP-DI pour ce qui est de la CB (52,58 contre 41,6g MS/j/animal). Les femelles ont également mieux digéré les rations PP-AG, PP-CC et PP-DI que les mâles, bien que les valeurs soient statistiquement comparables (P > 0,05). Les plus grandes valeurs du CUDaMS ont été observées chez les mâles du lot PP-AG d’une part, et chez les femelles du lot PP-CC d’autre part. Mais, dans l’ensemble, la valeur du CUDaMS a été plus élevée avec les femelles que les mâles quel que soit le traitement considéré. Cependant, aucune différence significative (P < 0,05) n’a été observée entre les animaux des deux sexes quel que soit le traitement.

 

Le CUDa de la MO et de la PB a été plus élevé chez les femelles que chez les mâles des lots PP-AG, PP-CC et PP-DI. La tendance inverse a été observée avec le traitement PP bien qu’aucune différence significative (P > 0,05) n’ait été observée quel que soit le traitement considéré. Les plus grandes valeurs du CUDaPB ont été observées chez les mâles du lot PP et les femelles du lot PP-AG. Les femelles ont en général mieux digéré la CB que les mâles. La valeur du CUDaCB obtenue chez les femelles du lot PP-DIa été significativement (P < 0,05) plus élevée que celle obtenue chez les mâles du même lot. Par contre, il n’y a pas eu de différence  significative (P > 0,05) entre les valeurs du CUDaCB enregistrées chez les mâles et les femelles des lots PP, PP-AG et PP-CC. Les plus grandes valeurs du CUDaCB ont été enregistrées pour la ration PP-AG autant chez les mâles que chez les femelles.

 

Effet des sources de protéine de la ration sur les gains moyens quotidiens (GMQ) chez les cobayes au cours de l’essai de digestibilité in vivo

 

Les GMQ n’ont pas significativement (P > 0,05) été influencés par la source de protéines au cours de l’essai de digestibilité bien que les meilleurs valeurs aient été observés chez les animaux du lot PP-CC (4,23 g/j) chez les mâles et ceux du lot PP-DI (3,20 g/j) chez les femelles (Tableau 4). Indépendamment du sexe, le traitement PP a permis d’obtenir de meilleurs gains (3,10 g/j).

Tableau 4: Gains moyen quotidien (GMQ) chez les cobayes nourris au Pennisetum purpureum au cours de l’essai de digestibilité in vivo en fonction des différents traitements

GMQ
(g/j)

Sexe

Traitements

ESM

p

PP

PP-AG

PP-CC

PP-DI

4,17A

2,66A

4,23A

2,49 A

3,30

0,42

2,03B

1,97A

1,57B

3,20 A

3,19

0,66

♂♀

3,10

2,31

2,90

2,84

1,73

0,74

A,B: Les moyennes portant les mêmes lettres en exposant minuscules sur la même colonne sont statistiquement identiques ; GMQ: Gain moyen quotidien ; ESM : Erreur Standard sur la Moyenne; p : Probabilité

Les mâles ont eu les gains moyens quotidiens les plus élevés quels que soient les traitements sauf avec la ration PP-DI. Cependant, aucune différence significative (P > 0,05) n’a été observée entre les deux sexes pour ce qui est des traitements PP-AG et PP-DI. Par ailleurs,  pour les traitements PP et PP-CC, les mâles ont obtenu des GMQ significativement (P < 0,05) supérieurs à ceux des femelles.

 

Effet des sources de protéine de la ration, sur le taux caecal de la flore bactérienne de type Lactobacille ou Entérobacille chez les cobayes au cours de l’essai de digestibilité in vivo

 

Quel que soit le sexe ou indépendamment du sexe, aucune différence significative (P > 0,05) n’as été observée entre les différents traitements pour ce qui est du taux d’entérobactéries ou de lactobacilles (Tableau 5).

Tableau 5: Variation du taux de bactéries de la flore caecale de types Enterobacterie et Lactobacille chez les cobayes nourris au Pennisetum purpureum au cours de l’essai de digestibilité in vivo en fonction des différents traitements

Sexe

Traitements

ESM

p

PP

PP-AG

PP-CC

PP-DI

Entérobactérie (CFU/ml)

3,34.1011

5,67.1011

4,00.1011

2,68.105

1,42.1011

0,63

1,33.107

5,67.105

1,01.107

3,35.105

3,32.106

0,44

♂♀

1,67.1011

2,83.1011

2,00.1011

3,01.105

7,10.1010

0,62

Lactobacille (CFU/ml)

3,37.1011

4,00.1011

4,00.1011

5,67.105

1,49.1011

0,80

5,00.1011

7,00.105

4,00.1011

5,33.105

1,33.1011

0,46

♂♀

4,18.1011

2,00.1011

4,00.1011

5,50.105

1,31.1011

0,70

ESM : Erreur Standard sur la Moyenne; p : Probabilité

En effet, le taux d’entérobactéries le plus élevé chez les mâles a été obtenu avec la ration PP-AG et le plus faible avec la ration PP-DI contenant D. intortum.  Chez les femelles, la valeur la plus élevée a été obtenue avec les animaux du lot PP et la moins élevée avec ceux du lot PP-DI. Le taux d’entérobactéries dans l’ensemble était plus élevé chez les mâles que chez les femelles à l’exception des animaux du lot PP-DI nourris à la ration où l’inverse a été constaté. Indépendamment du sexe, le taux d’entérobactéries caecales le plus élevé a été obtenu avec la ration PP-AG et le plus faible avec la ration PP-DI.

Les rations PP-AG et PP-CC ont permis d’obtenir les mêmes taux de lactobacilles chez les mâles et, ce taux a été supérieur à ceux des autres lots. Le taux le plus faible a été obtenu avec les mâles du lot PP-DI. Chez la femelle, le taux de lactobacilles le plus élevé a été obtenu avec la ration PP  et le plus faible avec la ration PP-DI. Cependant, aucune différence significative (P > 0,05) n’existait entre les deux sexes quel que soit le traitement. Indépendamment du sexe, la ration PP a permis d’obtenir  le taux de lactobacilles le plus élevé et la ration PP-DI le taux le plus faible.

 

Comparé aux entérobactéries, le taux de lactobacilles chez les mâles a été plus élevé avec les rations PP et PP-DI, plus faible avec la ration PP-AG et identique pour la ration PP-CC. Chez les femelles, le taux de lactobacilles a été supérieur à celui des entérobactéries quel que soit le traitement. Indépendamment du sexe, en dehors du traitement PP-AG, le taux de lactobacilles était supérieur à celui des entérobactéries pour tous les autres traitements.


Discussion

L’ingestion totale journalière de P. purpureum, de l’aliment concentré, de la MS, de la MO et des PB n’a pas significativement (P > 0,05) varié avec la source de protéines. Ceci montre que les légumineuses utilisées dans cette étude peuvent être utilisées dans la ration des cobayes comme source de protéines. En effet, selon Tchoumboué et al (2001) les légumineuses riches en protéines comme Desmodium intortum, Arachis glabrata et Calliandra calothyrsus peuvent être utilisées à juste titre pour rehausser l’ingestion et la digestion des graminées tropicales plutôt pauvres en protéines. Par ailleurs, l’ingestion de la cellulose brute significativement (P <0,05) la plus élevée a été obtenue avec les rations contenant les légumineuses. Ceci serait dû à la teneur en cellulose des légumineuses utilisées dans cet essai.

 

L’ingestion des nutriments était dans l’ensemble plus élevée chez les animaux supplémentés avec la ration contenant A. glabrata (PP-AG). Ce résultat traduit une bonne appétence de cette ration. Par ailleurs, les animaux du lot PP-DI, ayant reçu comme complément la ration contenant la poudre de feuilles de D. intortum ont moins ingéré les aliments expérimentaux et même les nutriments. Cette baisse de l’ingestion de la MS et des nutriments chez les animaux de ce lot pourrait s’expliquer par une forte concentration de facteurs antinutritionnels. En effet, les feuilles de D. intortum contiennent 8,5% de phénols totaux, 7,6% de tanins totaux et 10,7% de tanins condensés (Getachew et al 2000).

 

Le niveau d’ingestion de la MS le plus élevé obtenu dans cet essai (46,9 g MS/j/animal) est inférieur à celui obtenu par Noumbissi et al (2014) (50,6±8,58 g MS/jour/animal) et Kouakou et al (2010) (74,3±12,9 g MS/jour/animal). Cette différence peut s’expliquer par une teneur plus élevée en énergie des différentes rations utilisées dans cette étude qui limiterait sa consommation par les animaux. En effet, Jurgens (2002), Numbela et Valencia (2003) et Eugena et al (2010) ont rapporté que l’ingestion alimentaire chez les animaux nourris aux aliments contenant un niveau d’énergie faible tend à être élevée alors que celle des animaux nourris à une ration à forte concentration d’énergie tend à être plus faible. Cette valeur est supérieure aux 21,2 g MS/jour/animal rapportés par Niba et al (2004) chez des cobayes supplémentés au tourteau de coton. Ceci pourrait signifier que nos rations contenaient cependant moins de facteurs antinutritionnels que le tourteau de coton utilisé par ces auteurs. En effet, le séchage et l’incorporation des différentes légumineuses dans l’aliment composé auraient atténué l’effet des facteurs antinutritionnels et favorisé l’ingestion des aliments.

 

L’absence de différence significative (P > 0,05) observée entre les ingestions des différentes rations est vraisemblablement liée à la faible variation des proportions entre les ingrédients des différentes rations, ce qui rend compte de l’étroitesse des intervalles de variation des caractéristiques bromatologiques entre les différentes rations. Des résultats semblables ont été observés par Kenfack et al (2006).

Dans la présente étude, aucune différence significative (P > 0,05) n’a été observée entre les différents traitements pour ce qui est des CUDa de la MS, la MO, la PB et de la CB. L’absence de différence significative observée serait liée à la faible variation des proportions entre ingrédients des différentes rations. Des résultats semblables ont été observés par Kenfack et al 2006. En effet, les différentes rations étaient iso-azotées. Notre étude montre par ailleurs qu’associé au P. purpureum, les différentes légumineuses de ce travail peuvent être utilisées comme source de protéines alternative avec de bons résultats. Les valeurs du CUDa MS, du CUDa MO et du CUDa CB sont restées comparables (P > 0,05) à celles obtenues par Noumbissi et al (2014). Ces résultats épousent les observations de Rivière (1991) qui stipulent qu’un complément azoté améliore la digestibilité de la MO d’à peu près 5 points et par conséquent améliore le niveau d’ingestion de la MS. En effet, selon Ramirez-Rivera et al (2010) et Kouakou et al (2010), une augmentation même faible, de l’apport azoté dans une ration pauvre en protéines améliore la digestibilité de la cellulose (Chesworth, 1996 ; Rivière, 1991). En fait, la complémentation protéique des fourrages pauvres assure dans le tube digestif des conditions favorables à la prolifération de la microflore cellulolytique. La fermentation en est accélérée, améliorant ainsi la digestibilité de la cellulose. Par ailleurs, l’efficacité des bactéries intestinales optimiserait aussi le rendement de la digestion de la cellulose à travers la caecotrophie observée chez les cobayes (Boussarie 2000 ; Bindelle et al 2007 ; Noad 2008). Les rations expérimentales ont eu la particularité d’apporter de l’azote de bonne qualité et de l’énergie aux micro-organismes du tube digestif (Wambui et al 2006), favorisant ainsi leur prolifération et par là leur production de protéines digestibles dans l’intestin (cæcum). Le cobaye, à travers la cæcotrophie, capte ces protéines, optimisant ainsi l’utilisation digestive des protéines ingérées (Bindelle et al 2007 ; Noad 2008).

 

L’ingestion totale journalière de la MS et des autres nutriments a été plus élevée chez le mâle que chez la femelle, à l’exception de la ration contenant D. intortum. Ceci pourrait s’expliquer entre autres par le fait qu’en général à l’âge adulte, les mâles ont un poids plus élevé que celui des femelles et sont par conséquent plus vigoureux. Ils pourraient donc mieux ingérer. Aussi, l’ingestion alimentaire est corrélée au poids de l’animal. En effet, certains travaux montrent que les mâles ingèrent plus que les femelles chez les cobayes (Noumbissi et al 2014 et Niba et al 2004).

 

La variation de la source d’azote n’a pas influencé les GMQ chez les cobayes lors de l’essai de digestibilité in vivo. Néanmoins, le gain le plus élevé (3,10 g/j) a été enregistré chez les animaux ayant reçu la ration PP. Cette valeur est supérieure à celle obtenue par Kouakou et al (2010), soit 1,2±1,2 g/jour chez les cobayes supplémentés avec le tourteau de Jatropha curcas. Elle est par ailleurs comparable aux 3,1±0,6 g/jour rapportées par les mêmes auteurs chez les cobayes supplémentés respectivement avec le tourteau de Gossypium hirsutum et avec Euphorbia heterophylla. Dans l’ensemble, les mâles ont eu de meilleurs GMQ par rapport aux femelles. Ceci suggère que les mâles ont été de meilleurs utilisateurs digestifs que ces dernières. Ce constat corrobore les resultats obtenus par Noumbissi et al (2014) et  par Niba et al (2004).

 

La variation de la source d’azote n’a eu aucun effet significatif sur la variation du taux de bactéries de la flore caecale des types entérobactéries et lactobacilles. En effet, Selon Cheeke (1987), l’équilibre de cette flore est instable, facilement altéré par un changement alimentaire brusque ou l’administration d’un antibiotique  à spectre étroit Gram (+), tout déséquilibre pouvant conduire à des entéropathies. L’absence de variation de la flore signifie donc que les légumineuses peuvent être utilisées comme source de protéines dans l’alimentation des cobayes sans altérer la composition de cette flore et par conséquent de l’utilisation digestive. Comparé au taux des entérobactéries Gram-, les lactobacilles Gram+ ont été les plus nombreux. Ce résultat témoigne de la qualité des aliments expérimentaux. En effet, selon Cheeke (1987), la population  microbienne cæcale est majoritairement constituée de germes à Gram + et d’anaérobies, les Gram – étant présents en moindre quantité.


Conclusion


Références

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Received 16 September 2015; Accepted 19 December 2015; Published 2 January 2016

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