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Typologie des stratégies d’alimentation des bovins laitiers dans la région semi-aride de Sétif

L M Mansour et K Abbas1

Université de Sétif, département d’agronomie, Sétif, Algeria
1 INRA. Algeria, Division des Agrosystèmes des régions Est, Sétif, Algeria
abbaskhal@yahoo.fr

Résumé

Certaines pratiques relatives à la conduite alimentaire d’élevages bovins laitiers ont été analysées à travers la typologie de 124 exploitations laitières en zone semi-aride algérienne (région d’Ain Arnet- Sétif). L’élevage est mené par des exploitants céréaliers dont le système est du type pluvial.

La typologie a révélé 6 classes d’élevages. Les principales sources de variation sont la part de paille dans la ration (qualité de la ration de base) et la surface des pâtures réservées aux animaux (disponibilité de ressources naturelles). Les stratégies font appel aux cultures fourragères, principalement du foin d’avoine utilisé surtout l’hiver et aux céréales (chaumes, jachères enherbées). Ceci est en relation avec la rentabilité de l’exploitation: plus la SAU est grande, moins l’élevage laitier est intensifié (avec usage de fourrages) et plus la surface est petite, plus un effort est fait pour intensifier l’élevage par des cultures de fourrages et l’exploitation de prairies. Ces pratiques sont aussi liées à la spécialisation des élevages. Malgré le prix assez bien payé pour le lait de vache par les laiteries et par le marché de vente directe, les éleveurs préféraient, avec des degrés divers, la vente du veau dont la marge permet de supporter le coût de l’aliment concentré, sur-utilisé dans la majorité des cas. Le revenu du lait, bien qu’il commence à attirer de nombreux éleveurs, reste principalement réservé à la trésorerie qui sert à payer les charges quotidiennes, alors que le veau constitue un gain net. Ainsi, l’alimentation constitue la pierre angulaire du fonctionnement des élevages laitiers. A travers cette typologie, les perspectives d’amélioration de l’élevage laitier dans la région d’étude sont discutées.

Mots-clés: Algérie, diversité, élevage bovin laitier, pratiques d’élevage, système



Typology of feeding strategies for dairy cattle in the semi-arid region of Setif

Abstract

Some practices related to feeding systems of dairy cattle were analyzed through the typology of 124 dairy farms in the Algerian semiarid area (area of Ain Arnet-Sétif). Livestock are kept by cereal -growing farmers whose system is rain-fed type.

The typology revealed 6 classes of farms. The main sources of variation were from the straw component in the ration (quality of basic ration) and from the area of pastures reserved for animals (natural feed resource availability). Feeding strategies are based on forage cultivation, mainly oat hay used especially in winter, and cereal crop exploitation (stubble and grass fallow grazing). This is related to the profitability of the operation: when UAS (Useable Agricultural Surface) is high, dairy farming is less intensive by mainly the resort to forage crops and when UAS is low, efforts of intensifying farming by fodder crops and grassland exploitation are done. These practices are also related to the specialization of farms. Despite the rather well-paid price for cow's milk by milk companies and the direct sales market, farmers prefer, with varying degrees, the sale of the calf whose margin allows bearing the cost of concentrate used in the majority of cases. Milk income, although it began to attract many breeders, is still mainly reserved for the cash used to pay for daily expenses, so that the calf is a net gain. Thus, feeding is the cornerstone of the operation of dairy farms. Through this typology, the prospects for improvement of dairy farming in the study area are discussed.

Key words: Algeria, diversity, economics, milk production, production system


Introduction

L’Algérie est le plus gros consommateur de lait et de produits laitiers au niveau maghrébin. Elle est aussi le deuxième importateur mondial après la chine (Kirat, 2007, Kacimi El Hassani, 2013). Dans le but de développer une base de production locale pouvant supporter la forte consommation en lait et diminuer les importations de ce produit, la production bovine laitière occupe un statut très particulier dans tous les plans de développement agricole des pouvoirs publics (Srairi et al., 2007; Srairi et al, 2013). L’élevage laitier moderne (races européennes introduites) s’est ainsi développé non seulement en zones humides favorables mais aussi en régions semi-arides à vocation céréalière et à faibles ressources, notamment hydriques. Selon la direction des services agricoles de Sétif (DSA), plus de 100 millions de litres de lait cru de vache ont été collectés en 2012. Un chiffre en hausse de 10% par rapport à l’année précédente. Avec ce niveau de collecte, la wilaya de Sétif se classe en première position à l’échelle nationale. Dans le but de définir des références de fonctionnement de l’élevage laitier, nous avons mené cette étude pour un premier diagnostic de la situation. Nous recherchons à travers ceci une meilleure caractérisation de la problématique de l’alimentation qui, au préalable, constitue une des plus grandes contraintes dans ces milieux où l’élevage est peu spécialisé (lait et veaux) et surtout souffre de mauvaise intégration spatiale (concurrence avec les cultures).

A ce sujet, jusqu’ici, rares sont les études actualisées qui ont essayé de caractériser, à l’échelle de la zone d’étude, la conduite de cet élevage. En effet, le faible niveau de connaissance de conduite de l’élevage bovin laitier représente une contrainte majeure pour le lancement des programmes de développement de cet élevage dans la région (Madani et Yakhlef, 2003).


Matériel et méthodes

Région d’étude

Notre choix a porté sur la région de Ain Arnet, qui dispose d’un bon potentiel laitier (cheptel, production, herbages naturels). L’enquête a été réalisée entre décembre et août, 2009 (Figure 1).

Figure 1. Zone couverte par les enquêtes

L’échantillonnage a été fait d’une manière aléatoire tout en respectant certains critères: i) l’acceptation de participer à l’étude; ii) facilité d’accès; iii) diversité préalable des conduites alimentaires.

L’enquête et les données recueillies

Le questionnaire utilisé a porté essentiellement sur deux aspects :

  1. Les variables de structures: les différentes surfaces agricoles, les ressources en eaux (forages, puits, …), les cultures végétales, les bâtiments d’élevage, l’effectif bovin, ovin, caprin et la composition des troupeaux.
  2. Les variables de la conduite alimentaire: les modes d’alimentation du cheptel; les quantités et les types de fourrage et de concentré consommés.
Traitement des données et analyse statistique

Sur plus de 100 variables que contient le questionnaire, 12 variables actives ont fait l’objet d’une analyse des correspondances multiples (ACM) suivie par une classification ascendante hiérarchique (CAH) à l’aide du logiciel SPAD v5.5. Les 12 variables actives ont été regroupées en 5 thèmes (Tableau 1).

Tableau 1. Thèmes abordés et nature des variables utilisées
Thèmes Nombre de variables Type d’information
Ration de base 3 Qualité de la ration de base et du pâturage, part de paille dans la ration
Ration complémentaire 2 Type et quantité de concentré distribué par jour et par vache
Taille 2 SAU et nombre de vaches laitières
Performance 1 Quantité de lait produite par jour et par vache
Ratios 4 Rapports de: surface fourragère, prairie, jachère et chaume par vache


Résultats et discussion

Description générale des élevages bovins laitiers dans la région de Sétif

Les vaches sont menées en stabulation entravée en hiver et en semi- stabulation au printemps, été et automne. La durée de pâturage dépend de la disponibilité de surfaces et du climat. Les pâturages sont très pauvres (jachères enherbées et chaumes de céréales, sauf pour certains élevages qui disposent de prairies naturelles permanentes, généralement en état de dégradation avancée). Les fourrages très peu diversifiées et occupant de très faibles surfaces sont distribuées le plus souvent secs (foin d’avoine dans la majorité des cas). Les élevages détenaient majoritairement de petits troupeaux (modules de 10 vaches laitières), distribuant des rations de bases insuffisantes (paille de céréales, foin de mauvaise qualité), disposant de surfaces limitées consacrées aux cultures fourragères et au pâturage et usant d’une forte complémentation alimentaire sous forme d’aliments concentrés. Il faut savoir que le lait est fortement subventionné par les pouvoirs publics (environ 0,4 euros/litre de lait fourni aux laiteries en plus des aides pour les cultures fourragères). Le prix du lait à la consommation est fixé par les laiteries à environ 0,45 euros/ litre et un peu plus par les commerçants de vente directe (crémiers vendant du lait de vache par circuit direct: producteur - commerce de détail). Ces prix ne sont pas encore côtés librement et sont toujours bloqués par le prix du lait en poudre importé et reconstitué, qui reste maintenu très bas (0,18 euros environ). En raison de cela, la vente de lait fournit le plus souvent la trésorerie de l’exploitation qui sert à l’achat des aliments et des produits vétérinaires, alors que celle du veau, engraissé et vendu à l’âge de 2 ans, ou vendu jeune (2 à 6 mois) contribue fortement au revenu des éleveurs, le marché de viande étant libre. Pour ces raisons, l’élevage reste peu spécialisé et les stratégies alimentaires sont souvent très portées sur l’emploi d’une forte complémentation en concentré, à prix élevé. Les investissements sur les fourrages verts ou l’amélioration pastorale des pâturages sont très minimes. Sur le plan de la structure des exploitations, une tendance de diminution des structures constitue un trait très fort (Abbas, 2013 et 2014). Le système céréales- mouton, jadis bien supporté par de grandes exploitations agropastorales est ébranlé et on assiste au développement de petites fermes diversifiées ou les cultures irriguées (maraîchage..) viennent en concurrence directe à l’élevage bovin (Abbas et al, 2011, Riahi et al, 2011).


Résultats de la typologie

Analyse des composantes multiples

L’analyse a permis d’identifier 29 axes factoriels dont les 8 premiers facteurs expliquent plus de 50 % de la variance (tableau 2). On s’est limité aux trois premiers axes qui expliquent 25.73 % de la variance (Figure 1, Figure 2).

Tableau 2. Valeurs propres des axes factorielles de l’ACM
Numéro Valeur propre Pourcentage Pourcentage cumulé
1 0,26 10,7 10,7
2 0,21 8,64 19,3
3 0,16 6,42 25,7
4 0,15 6,30 32,0
5 0,14 5,60 37,6
6 0,12 5,03 42,7
7 0,12 4,98 47,6
8 0,11 4,74 52,4

Le Tableau 3 décrit les axes factoriels (seuls les 3 premiers sont décrits). L’axe 1 qui totalise 10,67 % de l’inertie totale, oppose à gauche des élevages sans prairie, complémentant leur rations de base avec du concentré de mauvaise qualité et caractérisés par une faible production laitière. A droite, on retrouve des exploitations distribuant une bonne qualité de concentré, avec des performances laitières moyennes et ayant de bonnes surfaces de prairie. Cet axe décrit donc l’intégration herbagère de l’élevage. Le deuxième axe explique 8,64% de la variance. Il oppose en bas (côté négatif) des élevages importants (grands troupeaux), avec de faibles surfaces fourragères, et en haut (côté positif) des petits troupeaux ayant de bonnes surfaces de fourrage. Cet axe est relatif donc à la tendance d’intensification de l’élevage. Le troisième axe explique 6,42% de la variance totale. Il oppose au côté négatif une bonne qualité de la ration de base associée à de faibles ratios de pâturages à une mauvaise qualité la ration de base et des ratios de pâturages moyens. Cet axe représente donc la qualité de la ration de base.

Tableau 3. Caractérisation des axes (1, 2, 3)
positif négatif
axe modalité libellé modalité libellé
Axe 1 Rbmdcre Ration de base médiocre bnqlconc Bonne qualité de concentré
fblelait Faible production de lait moypat Moyenne surface de pâturage
moypail Moyenne quantité de paille grndjach Grande surface de jachères
mvqlconc Mauvaise qualité de concentré bonch Bonnesurface de chaume
sanspr Absence desurface prairie trgdesau Très grande surface agricole utile
fblefr Faible surface de fourrage moylait Moyenne production journalière de lait
fblejach Faible surface de jachère bnpr Bonne surface de prairie
fblech Faible surface de chaume moytrp Moyen troupeau
fblepat Faible surface de pâturage
Axe 2 bnqlconc Bonne qualité de concentre petitrp Petit troupeau
moypat Moyenne surface de pâturage bnfr Bonne surface fourragère
moych Moyenne surface de chaume bonch Bonne surface de chaume
fblepr Faible surface de prairie trgdesau Très grande surface agricole utile
fortpail Forte quantité de paille dans la ration de base mvqlconc Mauvaise qualité concentre
moylait Moyenne production journalière de lait sanspr Exploitations n’ayant pas de prairie
gdesau Grande surface agricole utile bnlait Bonne production journalière de lait
fblefr Faible surface fourragère
grdtrp Grand troupeau
Axe 3 fblepr Faible surface de prairie rbmdcre Ration de base médiocre
rbbne Bonne ration de base fblelait Faible production journalière de lait
moylait Moyenne production journalière de lait grndjach Grande surface de jachère
fblesau Faible surface agricole utile moych Moyenne surface de chaume
fblejach Faible surface de jachère moyfr Moyenne surface fourragère
fblech Faible surface de chaume moypr Moyenne surface de prairie
moysau Moyenne surface agricole utile
moytrp Moyen troupeau
moyjach Moyenne surface de jachère

Figure 2. Projection des individus sur les deux axes F1 et F2


Figure 3. Projection des individus sur les deux axes F1 et F3
Classification Ascendante Hiérarchique

Ce travail a été suivi d’une CAH sur les résultats de l’ACM. La Figure 3 différencie six types d’exploitation.

Figure 4. Dendrogramme de la classification automatique des exploitations

La typologie a permis ainsi de distinguer six groupes d’exploitations (Figure 4).

Figure 5. Les différents groupes typologiques identifiés dans la zone d’étude

Les caractéristiques générales des six groupes identifiés sont résumées dans le Tableau 4.

Tableau 4. Caractéristiques qualitatives et valeur moyenne des variables pour lesdifférents groupes identifiés (valeurs en gras: valeur ayant permis la caractérisation du groupe)
Groupe 1 Groupe 2 Groupe 3 Groupe 4 Groupe 5 Groupe 6
Nbre de vaches 10,0±2,33 11,2±19,7 10,2±3,49 18,8±15,4 9,3±2,99 9,1±1.19
Paille/RB 0,3±0,21 0,0±0 0,4±0,25 0,7±0,30 0,4±0,11 0,3±0.09
Conc/vache, kg 7,6±2,58 8,3±3,25 8,3±1,80 6,9±1,63 7,7±2,61 8,6±1.47
QL/J/vache, kg 10,3±1,90 9,8±3,29 9,5±1,60 9,6±1,17 9,8±1.77 9,1±1,39
SF/vache, ha 0,8±0,81 1,1±1,84 0,3±0,24 0,2±0,36 0,3±0,28 0,2±0.25
Prairie/vache, ha 0,3±0,37 0,2±0,13 0,1±0,12 0,8±1,83 0,0±0,16 0,0±0.1
Chaum/vache, ha 4,9±6,59 8,7±15,27 0,5±0,40 1,9±4,50 1,4±3.76 0,8±0,92
Jach/vache, ha 3,2±6,22 4,7±8,81 0,3±0,42 0,1±0,24 1,2±3.68 0,7±0,84
Orientation lait lait lait-viande lait-viande viande viande
paille/RB: part de paille dans la ration de base; Conc/vache: quantité de concentré distribué par vache et par jours; QL/J/vache: quantité de lait produite par jours et par vache; Nbre de vaches: nombre de vaches dans le troupeau; SF/vache: surface fourragère par vache; prairie/vache: surface de prairie par vache; Chaum/vache: surface des chaumes par vache; Jach/vache: surface de jachère par vache.
Groupe 1: Modules laitiers à intégration fourragère acceptable sur grandes unités céréalières

Ce groupe est constitué de 25 exploitations soit 20,2 % de l’échantillon enquêté. Il distribue une ration de base composée d’un mélange de foin et de paille où la part de paille est moyenne. Relativement à l’échantillon étudié, la complémentation en concentré, bien qu’importante, reste proche de la moyenne générale. Ces exploitations disposent de surfaces assez importantes de chaumes en été et de jachères au printemps. Ils disposent d’une superficie de prairies par vaches insuffisante mais assez importante relativement aux données de la zone d’étude. Ce groupe investit environ 0,8 ha par vache en cultures fourragères, ce qui constitue la particularité de ce groupe. Bien que la productivité journalière soit peu enseignante sur le potentiel productif, ce groupe apparaît comme assez productif en lait.

Groupe 2: Modules laitiers à forte intégration fourragère sut très grandes exploitations céréalières

Ce groupe est composé de 14 exploitations soit 11,3 % de l’échantillon. Ce sont des exploitations caractérisées par la distribution de bonnes rations de base sans paille. La ration est composée uniquement de foin. Elle est complétée avec des quantités assez élevées de concentré. Les surfaces de pâtures disponibles sont faibles et les cultures fourragères importantes. Les performances de production sont proches de la moyenne générale.

Groupe 3: Modules «lait –viande» à faible intégration fourragère et herbagère sur de petites unités céréalières

C’est le groupe le plus important en nombre d’exploitations (28, soit 22,6 %). Les exploitations sont caractérisées par la distribution d’une ration où la part de paille est assez élevée. La part de concentrés est forte. Les pâturages et les fourrages sont peu représentés. Le troupeau moyen aussi bien que la productivité sont représentatifs de l’ensemble de l’échantillon.

Groupe 4: Grands modules «lait et viande» à tendance hérbagère sur exploitations céralières de taille moyenne

Dix-huit exploitations font partie de ce groupe ce qui représente 14,5 %, avec un troupeau moyen de 18 vaches. Les éleveurs de ce groupe distribuent des rations composées de fortes parts de paille mélangées à du foin. La complémentation avec du concentré est la plus faible. Les surfaces fourragères et les pâturages sur jachères et sur chaumes sont limitées. La disponibilité de prairies caractérise par contre fortement ce groupe. La productivité laitière serait plutôt faible.

Groupe 5: Module «viande» hors-sol sur exploitations céréalières moyennes

Ce groupe est formé de 24 exploitations. A l’instar du type précédent, l’ensemble des exploitants de ce groupe distribue des rations de base à moyenne part de paille. La part de fourrages réservée aux vaches est faible. Les surfaces pâturables sont aussi assez limitées. La quantité de concentré est forte. La productivité est moyenne.

Groupe 6: modules «viande» hors-sol sur petites exploitations céréalières

Ce groupe est formé de 15 exploitations soit 12,1 % de l’échantillon. A la ration de base, qualifiée de mauvaise, ces élevages consomment les quantités les plus élevées de concentré. Les éleveurs ne disposent pas ou presque de surfaces pâturables ainsi que de prairies. Les performances de ce groupe sont aussi les plus faibles.


Discussion

Les principaux enseignements sont résumées au Tableau 5.

Tableau 5. Principales caractéristiques des élevages types: tendances des systèmes et stratégies alimentaires
Taille de SAU Type d’élevage Stratégie alimentaire Tendance du système de production Durabilité Classe (groupe)
Grande Lait fourage + Ration de base améliorée Intensif autonomie alimebtaire + (discrète) + 2
Lait fourrages ++ Ration de base bonne Intensif autonomie alimentaire ++ ++ 1
Moyenne Viande hors-sol Mauvaise ration de base, concentré + Intensif non autonome -- 5
Lait et viande herbages + Moyenne ration de base concentré - Extensif autonomie + + 4
Petite Lait et viande fourrage - Moyenne ration de base concentré + Intensif autonomie - 0 3
Viande sans fourrages Moyenne ration de base concentré + Intensif autonomie - - 6
Signes +, - et 0 sont utiliser pour désigner l’intensité du caractère: ++ forte, + positive, 0 neutre et - négatif

Il ressort de ce tableau qu’étant donné la tendance générale de réduction de la SAU moyenne des exploitations agricoles, les stratégies chez cette frange d’exploitations ne sont pas très solides. Dans le meilleur des cas les ateliers mixtes ( groupe 3, lait et viande) pourraient trouver une place à condition de développer des cultures fourragères peu coûteuses. Le développement de l’irrigation pourrait donner un élan à ces cultures mais il faut s’attendre à une forte concurrence du maraîchage. La libération totale du prix du lait de vache aiderait aussi ce type d’exploitations qui pourraient ainsi mieux valoriser les fourrages. Dans les exploitations de moyenne taille, les cultures fourragères, mieux économiquement supportées pourraient donner lieu à des systèmes plus spécialisées et durables surtout si ces derniers disposent de prairies naturelles (groupe 4). Les grandes exploitations, de moins en moins nombreuses, pourraient aussi supporter des systèmes laitiers durables même peu intensifs (cultures fourragères pluviales, parcours et prairies) mais avec une meilleure autonomie alimentaire. In fine, le développement des cultures fourragères les moins coûteuses possibles et l’amélioration des herbages constituent des gisements prométeurs pour tous les cas de figure, mais le lait le plus rentable ne serait l’apanage que d’exploitations de taille suffisante qui disposeraient des atouts économiques nécessaires leur permettant de le valoriser par une meilleure maîtrise des coûts notamment alimentaires.

L’analyse typologique des exploitations enquêtées fait ressortir aussi une diversité d’approches dans l’intégration de l’élevage au sein de l’exploitation céréalière. Bien que les différences en chiffres entre les différents groupes sont plutôt faibles du fait que les informations recueilles ne reflètent que tendancieusement la situation (sans suivi des exploitations, il reste difficile de faire des quantifications à dire d’éleveurs), nous pouvons donc, à travers la définition des groupes, faire les constats suivants:


Conclusion


Références bibliographiques

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Received 20 January 2015; Accepted 25 March 2015; Published 1 May 2015

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