Livestock Research for Rural Development 26 (1) 2014 Guide for preparation of papers LRRD Newsletter

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Enquête sur l’alimentation d’ovins villageois au Sud du Mali

H Nantoumé, M S Traoré et J Bonneville*

IER/CRRA de Sotuba, BP 262 Bamako, Mali,
hamidou.nantoume@yahoo.fr
* Université Laval de Québec, Canada

Résumé

L’alimentation constitue une des contraintes majeures au développement des productions animales au Mali. Dans le but de mettre au point des rations de production de viande et d’amélioration de la productivité ovine, une étude a été menée dans la commune rurale de Zan Coulibaly, région de Koulikoro au Mali. Elle avait pour objectif principal de déterminer les espèces locales de ligneux fourragers offrant un grand potentiel d’utilisation dans l’alimentation des ovins. Les objectifs spécifiques sont de déterminer l’importance de l’élevage, les pratiques d’alimentation, les contraintes et propositions de solutions aux problèmes d’alimentation des animaux, l’importance des ligneux dans l’exploitation agricole et l’identification des villages qui abriteront les études futures de recherche. L’étude a été conduite dans 9 villages et 2 hameaux de culture en deux étapes successives: l’une en groupe et l’autre par des interviews individuelles.

Les résultats de l’étude ont permis d’approfondir les connaissances du milieu en général, d’identifier l’alimentation animale comme la principale contrainte de l’élevage en saison sèche, et de déterminer les différentes fonctions des ligneux dans l’exploitation agricole. Ils ont aussi montré qu’aux ressources alimentaires utilisées pendant la saison sèche figurait une multitude d’espèces de ligneux fourragers. Selon la perception des agropasteurs, cinq (5) de ces espèces offraient un grand potentiel d’utilisation dans l’alimentation des ovins. Il s’agit de: Pterocarpus erinaceus, Ficus gnaphalocarpa, Pterocarpus lucens, Khaya senegalensis, et Terminalia macroptera. Quatre villages: Dangakoro, Dogoni, Socouna et Wolodo ont été identifiés comme des sites appropriés pour la conduite des tests d’alimentation des ovins. Ces principaux résultats ont servi à la mise en œuvre des études de préférence des ovins pour les espèces de ligneux fourragers.

Mots-clés: agropasteurs, alimentation des moutons, fonctions des ligneux, Mali, saison sèche



Survey on village sheep feeding in southern Mali

Abstract

Feeding constitutes one of the major constraints for the development of animal productions in Mali. In the aim of developing meat production rations and improving sheep productivity, a study has been conducted in the rural community of Zan Coulibaly, Region of Dioila in Mali. The main objective of the study was to determine the local species of trees/browses forages having an important potential as sheep feeds. The specific objectives were to determine livestock importance, animal feeding practices, the constraints and solutions to the animal feeding problems, the importance of trees/browses in the farming and the identification of the villages that will be used as research sites. The study has been conducted in 9 villages and 2 towns in two steps: the first in group and the second one as individual interviews.

The results of the study allowed an in-depth knowledge of the area in general, to identify animal feeding as the major constraint during the dry season, and to determine the different functions of trees/browses in the farming systems. They also showed that a large number of tree/browse species was included among the feed resources used during the dry season. From the farmers’ perception, five of the species offer a large potential of use as sheep feeds. They include Pterocarpus erinaceus, Ficus gnaphalocarpa, Pterocarpus lucens, Khaya senegalensis and Terminalia macroptera. Four villages: Dangakoro, Dogoni, Socouna et Wolodo were identified as appropriate sites to conduct the sheep feeding trials. These main results served as the basis to conduct the sheep preference study for the five plant species as forages.

Key-words: dry season, farmers, Mali, sheep feeding, tree/browse functions


Introduction

Le cheptel malien est estimé à 9 163 000 bovins, 11 865 000 ovins, 16 522 000 caprins (DNPIA 2011). L’alimentation apparaît comme la contrainte majeure au développement des productions animales au Mali (IER 1993). Cette contrainte se manifeste par des pertes de productions et de performances reproductives pendant la saison sèche chez la plupart des ruminants. Il devient alors nécessaire de combler ces pertes par un apport d’aliments couvrant les besoins d’entretien et de productions des animaux.

Au Mali, les pâturages constituent la base de l’alimentation des animaux. Le disponible fourrager de ces pâturages est soumis à une double fluctuation (qualitative et quantitative) au cours des 3 saisons qui caractérisent l’année et dont la durée et les caractéristiques varient en fonction des zones bioclimatiques (figure 1).

Ainsi, en zone soudanienne, la saison pluvieuse qui dure de juin à octobre est caractérisée par des pâturages offrant des fourrages abondants et de bonne qualité. En saison sèche froide (novembre à février), les fourrages restent disponibles en quantité suffisante mais leur valeur alimentaire devient faible à cause de la lignification rapide des herbacées. Pendant la saison sèche chaude (mars à mai), la quantité et la qualité des fourrages deviennent faibles.

En saison sèche, la plupart des pailles de graminées des pâturages tropicaux et certains résidus de céréales étant trop pauvres en protéines, les ressources fourragères ligneuses occupent une place essentielle dans l’alimentation des ruminants. La plupart des espèces fourragères ligneuses conservent des feuilles vertes pendant une bonne partie ou toute la saison sèche (Hiernaux et al 1994). De plus, ces feuilles vertes et d’autres organes comme les jeunes rameaux, les inflorescences et les fruits également prélevés par le bétail disposent durant la saison sèche de fortes teneurs en nutriments, particulièrement l’azote (Sangaré 2005). Cependant, des études ont montré que plusieurs de ces fourrages ligneux contiennent des substances anti nutritionnelles qui affectent la préférence, l’ingestion et la digestibilité et par conséquent les performances des animaux qui les ingèrent.

La présente étude a pour objectif principal de déterminer les espèces de ligneux fourragers offrant un grand potentiel d’utilisation dans l’alimentation des ovins. Les objectifs spécifiques sont de déterminer l’importance des espèces animales élevées, les pratiques d’alimentation (ressources alimentaires disponible et leurs périodes d’utilisation), les contraintes et propositions de solutions aux problèmes d’alimentation des animaux, l’importance des ligneux dans l’exploitation agricole et la contribution actuelle des ligneux dans l’alimentation du bétail.


Matériel et méthodes

Présentation de la zone d’étude

L’étude a été effectuée au Mali (figure 1), dans la commune rurale de Zan Coulibaly, dans le cercle de Dioila, région de Koulikoro. Elle est composée de 9 villages (figure 2) selon Fox media (1990).

Vaste de 387 km², la commune rurale de Zan Coulibaly est limitée au Nord par la commune de Méguétan, Cercle de Koulikoro, au Nord-Est par celle de Dénandougou, Cercle de Koulikoro, au Sud par celle de Diouman, à l’Est par celle de Binko et à l’Ouest par celle de Baguineda, Cercle de Kati (PDSEC 2010). Les principales organisations mises en place au niveau de la commune sont le comité de suivi-évaluation et l’assemblée générale. Le comité de suivi-évaluation, composé de 12 personnes regroupe les représentants des services techniques, des autorités municipales et des producteurs et est responsable de l’orientation du projet au niveau de la commune. Quant à l’assemblée générale, elle est constituée des bénéficiaires en raison de 2 personnes (un homme et une femme) par village.

Figure 1. Carte bioclimatique du Mali Figure 2. Carte de la commune rurale de Zan Coulibaly,
Cercle de Dioila, (Fox media, 1990)
Méthodes

Une étude a été effectuée dans 9 villages et 2 hameaux de culture de la commune rurale de Zan Coulibaly du 19 au 27 avril 2012 en deux étapes successives. La première a été réalisée en groupe (figure 3) et portait sur la sensibilisation des membres du comité de suivi-évaluation, de l’assemblée générale et de l’assemblée villageoise. La deuxième a été organisée sous forme d’interviews individuelles (figure 4) en administrant des questionnaires aussi bien aux hommes qu’aux femmes à l’aide d’un guide d’entretien.

Figure 3. Assemblée générale Figure 4. Enquête individuelle

La sensibilisation consistait à échanger sur l’objet et le contenu des travaux de recherche. Le questionnaire comprenait 5 points essentiels qui sont l’identification de la concession, les occupations de l’enquêté, l’élevage, l’agroforesterie, la contribution des ligneux dans l’alimentation animale, les contraintes et solutions proposées dans l’élevage.

Le nombre de concessions enquêtées a été de 4 pour les villages dont la population est inférieure ou égale à 1000 habitants, 8 pour les villages dont la population est comprise entre 1001 et 2000 et 12 pour les villages de taille de population comprise entre 2001 et 3000 personnes. Ainsi, le nombre de concessions retenues a été de 4 pour chacun des villages de Dogoni, Fadiola, Ngolobala, Socouna, Wolodo et Zantiguila, 8 pour Nianina et 12 pour Korokoro et Marakocoungo. Les 12 concessions de Korokoro ont été répartis entre le village de Korokoro (4), et 2 hameaux de culture Dangakoro (4) et Sougoubou (4).

Un échantillon total de 56 exploitations a été obtenu à partir d’un choix raisonné et correspondant à 5,8% des concessions totales de la commune rurale de Zan Coulibaly qui en comptait 966 (RGPH 1998). Cet échantillon est suffisamment représentatif des exploitations pour permettre de conduire cette étude.

L’enquête a été précédée d’une formation de 6 enquêteurs de 2 organisations non gouvernementales (ONG) dont l’une, internationale CECI (Centre d’Etude et de Coopération Internationale) et l’autre nationale KILABO aux outils (traduction en langue locale Bambara du contenu, test de remplissage de fiche d’enquête). Les répondants aux questionnaires étaient des hommes ou des femmes provenant des concessions sélectionnées. Cette démarche permettait de prendre en compte le rôle principal joué par les femmes dans l’activité d’élevage des petits ruminants, mais aussi les problèmes qu’elles rencontrent dans l’identification des fourrages ligneux. Le choix des répondants a été effectué sous le contrôle effectif et la supervision totale des membres de l’assemblé générale (fédération).

A la fin de l’enquête, un dépouillement des données a été fait et l’analyse par les statistiques descriptives a permis de rédiger un rapport qui a été restitué aux membres du comité de suivi-évaluation et de l’assemblée générale.


Résultats et discussions

Caractéristiques des concessions

Au total, 56 concessions appartenant à 11 entités (9 villages et 2 hameaux de culture) ont fait l’objet de cette enquête. Le nombre d’hommes concernés (59 %) est légèrement supérieur à celui des femmes (41, %), tableau 1. En référence avec l’objectif principal de cette recherche qui est de déterminer les espèces de ligneux fourragers ayant un potentiel élevé dans l’élevage des petits ruminants, le choix raisonné de l’échantillonnage procédait de deux soucis majeurs. Le premier est que l’élevage des petits ruminants est populaire et fait intervenir femmes, hommes et jeunes d’où un échantillon comprenant un nombre important de femmes. Le deuxième souci est que les espèces ligneuses sont moins connues des femmes d’où un échantillon faisant intervenir un peu plus d’hommes. L’âge des femmes enquêtées variait entre 40 et 70 ans avec une moyenne de 54 ans. Celui des hommes variait entre 33 et 78 ans avec une moyenne de 55 ans.

Tableau 1. Répartition des concessions enquêtées par village et sexe
Villages Hommes Femmes Total
Dogoni 4 0 4
Socouna 3 1 4
Nianina 6 2 8
Fadiola 2 2 4
N'golobala 2 2 4
Marka-coungo 6 6 12
Wolodo 2 2 4
Zantiguila 2 2 4
Dangakoro 2 2 4
Sougoubou 2 2 4
Korokoro 2 2 4
Effectif 33 23 56
% 58,9 41,1 100

La diversité ethnique a été plus faible chez les hommes (figure 5) avec 3 ethnies et plus grande chez les femmes (figure 6), constituée de 5 ethnies. La majorité des personnes enquêtées étaient des bambaras (76% des hommes et 65% des femmes). La taille moyenne de la concession (tout âge et sexe confondus) a varié de 12 (Sougoubou) à 48 personnes (Fadiola). Ces moyennes sont très proches de celle rapportées par RGPH (1998) et qui variaient de 8 à 37 personnes par concession en fonction des villages. Les maxima ont varié de 20 (Socouna et Soubougou) à 120 personnes (Fadiola). Les minima ont varié de 5 (Fadiola et Soubougou) à 30 personnes (Dogoni et N’golobala)

Figure 5. Répartition ethnique des hommes enquêtés Figure 6. Répartition ethnique des femmes enquêtées
Occupations des personnes enquêtées

Les principales activités de subsistance des personnes enquêtées sont l’agriculture, l’élevage, le commerce, l’artisanat, la transformation des produits agricoles, la main d’œuvre salariée, la cueillette y l’embouche. (Figure 7). Il est important ici de considérer l’élevage et l’embouche comme deux activités séparées car une personne peut bien pratiquer l’une sans l’autre. L’élevage qui regroupe les techniques d’entretien des animaux (reproduction, développement) dans de bonnes conditions de manière à obtenir un résultat économique est pratiqué pendant une longue durée. L’embouche ne concerne que l’engraissement des animaux et s’étend sur une période plus ou moins courte. Les activités des personnes enquêtées peuvent être réparties en 2 grandes catégories qui sont celles de subsistance et celles de sources de revenus monétaires.

Figure 7. Principales activités des personnes enquêtées par sexe

Les moyens de subsistance sont essentiellement composés, de produits agricoles, d’élevage, de petit commerce, d’artisanat, du salaire de la main d’œuvre, de transformateurs etc. Hommes et femmes participent aux activités de subsistance. Cependant les hommes (64 %) sont plus représentés que les femmes (36 %) aux activités d’agriculture, d’élevage (80 vs 20%), de revenu de main d’œuvre(91 vs 9%) alors que les femmes dominent dans le petit commerce (77 vs 23%) et la transformation des produits agricoles (100%).

Une analyse plus approfondie indique que les céréales produites par les hommes, sont principalement destinées à l’autoconsommation alors que les légumineuses alimentaires et les animaux sont produits pour la génération de revenu. Par contre, les femmes entreprennent les activités de production (riz, légumineuses alimentaires, petits ruminants), de commerce et de transformation principalement pour les revenus monétaires qui peuvent constituer un appoint appréciable aux moyens de subsistance de la famille qui relèvent en grande partie de la responsabilité des hommes.

Importance de l’élevage des ruminants

L’inventaire des troupeaux (bovins, ovins et caprins) de ruminants par concession de la commune rurale de Zan Coulibaly présenté à la figure 8, indique que les effectifs moyens de bovins sont plus élevés pour les villages de N’golobala, Dogoni et Wolodo.

Figure 8. Importance de l'élevage des ruminants dans la commune de Zan Coulibaly

Les plus faibles effectifs ont été obtenus dans les villages de Socouna et de Sougoubou. Quant aux caprins, les plus grands effectifs ont été obtenus à Dogoni Korokoro et N’golobala tandis que le plus petit effectif est obtenu à Sougoubou. S’agissant des ovins, il ressort de la figure 8 que Dogoni détient le nombre le plus élevé de moutons, alors que Fadiola et Nianina ont l’effectif le plus bas. Il ressort de cette analyse que les 3 premiers villages en effectifs d’ovins sont Dogoni, N’golobala et Dangakoro et la quatrième place est occupé par par Markacoungo, Zantiguila, Sougoubou et Korokoro.

Utilisation de compléments alimentaires pour les ovins

L’utilisation de compléments alimentaires est bien connue car 100% des hommes et 91,6% des femmes l’ont déjà pratiqué selon les résultats des enquêtes.

Les compléments alimentaires répartis en 8 groupes (tableau 2) ont fait l’objet de questionnaires. La plupart de ces compléments sont bien connus des personnes enquêtées mais la pratique est peu courante chez certaines. Divers compléments alimentaires des fourrages comme des concentrés ont été utilisés. La complémentation minérale est pratiquée par 67% des répondants à l’enquête. Elle est une pratique très ancienne et connue de tout le monde. Viennent ensuite les ligneux fourragers qui ont été utilisés comme compléments alimentaires par 66% des agropasteurs interviewés. Quant aux sous produits agro-industriels (SPAI), seulement 24% des concessions l’ont utilisé.

Tableau 2. Pourcentage de personnes utilisant des compléments alimentaires pour les ovins dans la commune de Zan Coulibaly
Eléments Dogoni Socouna Nianina Fadiola N'golobala Marcacoungo Wolodo Zantiguila Dangakoro Sougoubou Korokoro Moy
Paille de brousse 25 0 25 25 25 67 25 0 0 25 25 22
Fourrages ligneux 75 50 88 50 75 67 25 50 75 100 75 66
Pailles de céréales 50 50 25 25 25 67 25 0 25 50 75 38
Fanes légumineuses 75 50 75 25 50 67 25 50 75 100 100 63
Fourrages cultivés 0 75 13 0 0 25 0 0 0 0 25 13
SPAI* 50 25 13 25 25 50 0 25 25 25 0 24
Sels minéraux 100 75 88 25 75 75 25 50 50 100 75 67
Sons Résidus ménage 25 5 38 25 50 25 0 0 50 50 75 35
Moyenne 50 47 46 25 41 55 16 22 38 56 56 41
*SPAI: sous produits agroindustriels

L’utilisation de compléments alimentaires a varié aussi bien en fonction de la nature du complément qu’en fonction du village. Les sous produits agro-industriels n’ont pas été utilisés comme compléments alimentaires à Wolodo et Korokoro. Cependant, l’enquête révèle la pratique de la complémentation alimentaire avec les SPAI par 50% des répondants des villages de Markacoungo et Dogoni. En moyenne, le plus faible niveau d’utilisation de compléments alimentaires a été obtenu avec les agropasteurs de Wolodo.

Plusieurs raisons relatives à l’alimentation des ovins ont été évoquées. L’administration du questionnaire relatif aux contraintes d’alimentation du bétail a permis de les regrouper en 9 rubriques. Des moyennes ont été calculées à partir des contraintes citées et de leur importance relative entre elles (pondérées) puis hiérarchisées (tableau 3). Il ressort de ce tableau que les plus grandes contraintes sont les coûts élevés des sous produits agro-industriels, la pauvreté et la rareté des arbres fourragers. Cette rareté des arbres fourragers est favorisée par les effets conjugués des feux de brousse, de l’insuffisance des pâturages herbacées, de la coupe abusive des ligneux, etc.

Tableau 3. Importance relative (fréquence) des contraintes à l’alimentation des ovins
Contraintes recensées Dogoni Socouna Nianina Fadiola N'golobala Marka-coungo Wolodo Zantiguila Dangakoro Sougoubou Korokoro Moy Rang
Pauvreté 1 1 2 1 1 2 0 0 1 3 1 18,31 2
Coûts élevés des SPAI 2 2 6 3 2 7 0 1 2 0 2 38,03 1
Non disponibilité des SPAI 0 0 1 1 1 0 1 0 0 0 1 7,0 4
Rareté des arbres fourragers 1 0 3 0 1 0 1 0 0 0 1 9,86 3
Feux de brousse 0 1 2 0 0 1 0 0 1 0 0 7,04 4
Insuffisance pâturage 0 0 1 1 0 0 0 0 0 0 0 2,82 9
Réduction pâturage par champs 0 0 0 1 0 2 0 0 1 0 1 7,04 4
Tarissement des puits 0 0 0 0 0 1 0 0 0 2 0 4,23 8
Coupes abusives d’arbres 0 0 0 0 0 2 0 1 0 0 1 5,63 7

Les propositions de solutions aux contraintes d’alimentation ont été formulées par les agropasteurs. Une méthode similaire à celle utilisée pour la rubrique «contraintes» a permis d’obtenir et d’hiérarchiser les solutions proposées (tableau 4). Les principales solutions proposées ont été la plantation d’arbres dans les champs, la mise à disposition et la subvention des SPAI, la protection de l’environnement, les cultures fourragères et la gestion des espèces fourragères.

Tableau 4. Importance relative (fréquence) des solutions proposées aux contraintes d’alimentation des ovins
Solutions recensées Dogoni Socouna Nianina Fadiola N'golobala Marka-coungo Wolodo Zantiguila Dangakoro Sougoubou Korokoro Total Moy Rang
Mise à disposition, subvention SPAI 1 0 0 3 3 3 1 1 3 0 1 16 24,24 2
Plantation d'arbres fourragers 3 2 3 1 0 4 1 1 2 0 1 18 27,27 1
Protection de l'environnement 1 1 4 1 1 2 2 1 1 0 0 14 21,21 3
Cultures fourragères 1 2 0 0 0 1 0 1 0 0 1 6 9,09 4
Gestion des espèces fourragères 0 0 0 0 0 2 1 1 1 0 0 5 7,58 5
Réduire la divagation des animaux 0 0 0 0 0 1 0 0 0 0 0 1 1,52 8
Stock suffisant d’aliments du bétail 0 0 0 1 0 1 1 0 0 0 0 3 4,55 6
Accès aux points d'eau 0 0   0 0 0 1 0 0 2 0 3 4,55 6
Fonctions des arbres et arbustes

La multifonctionnalité des arbres et des arbustes est bien perçue par les agropasteurs. Mais la perception a varié en fonction des villages qui ont fait l’objet de l’enquête. Le nombre et l’importance des fonctions que jouent les arbres et arbustes ont varié en fonction des villages. Six fonctions ont été citées à Socouna alors 3 ont été mentionnées à Sougoubou par exemple (figure 9). La fonction de restauration des sols dominent dans plusieurs villages (Fadiola, Zantiguila, etc.) celle de fourrage est plus marquée à Sougoubou (figure 9).

Figure 9. Fonctions des arbres et arbustes dans les villages de la commune de Zan Coulibaly au Mali

L’analyse globale des fonctions au niveau de la commune montre que les arbres et arbustes sont principalement utilisés comme facteurs de restauration des sols (33,1%), comme fourrage (27,9%) et comme produits de pharmacopée (22,7%). En plus de ces fonctions principales, arbres et arbustes sont utilisés (figure 10) comme bois de chauffe, bois d’œuvre et aussi dans l’alimentation humaine (fruits et même feuilles). Compte tenu de la pauvreté des sols qui est bien perçue par la population, il n’est pas étonnant que la restauration des sols soit évoquée comme la première fonction.

Figure 10. Fonctions des arbres et arbustes dans la commune de Zan Coulibaly

Faye et al (2011) ont effectué une étude de préférence paysanne sur les fonctions et les espèces des arbres dans le Sahel de l’Afrique de l’Ouest au niveau de 45 pays. Les résultats donnent comme principales fonctions des arbres par ordre d’importance l’alimentation humaine, la pharmacopée, la source d’énergie, le fourrage et la restauration de la fertilité des sols. La production de fourrage est bien perçue surtout pendant la saison sèche où le besoin est très élevé.

Importance des ligneux dans l’alimentation des ovins

Diverses espèces de ligneux fourragers ont été citées et sont disponibles dans les terroirs de la commune rurale de Zan Coulibaly. Le nombre d’espèces disponibles a varié de 8 à 15 selon les villages (tableau 5). Quant au nombre de répondants utilisant une espèce donnée comme fourrage, il a varié de 0 à 100% en fonction du village et de l’espèce fourragère (tableau 5). A Dogoni par exemple, 25% des personnes enquêtés ont cité Acacia albida comme ressource fourragère pendant que 100% des agropasteurs utilisent Pterocarpus erinaceus ou Ficus gnaphalocarpa. Les espèces fourragères citées une seule fois en considérant la totalité des villages sont considérées de faible importance fourragère. Ces espèces sont accompagnées d’une étoile (*) dans le tableau 5. D’autres espèces citées par les agropasteurs comme fourragères sont protégées et ne peuvent faire l’objet d’exploitation à titre d’aliments du bétail compte tenu de leur importance économique. Dans le tableau 5, les noms de ces espèces sont accompagnés de 2 étoiles (**). C’est le cas de Tamarindus indica par exemple.

Tableau 5. Espèces et taux d’utilisation (%) des fourrages ligneux par village dans la commune de Zan Coulibaly
Espèces Dogoni Socouna Nianina Fadiola N'golobala Marka-coungo Wolodo Zantiguila Dangakoro Sougoubou Korokoro
Pterocarpus lucens 75 100 88 100 100 25 25 25 75 50
Pterocarpus erinaceus 100 100 75 100 100 58 100 75 50 75 100
Crataeva religiosa 75 25 50 17 25 50
Ficus iteophylla 50 50 75 25 25
Ficus polita* 25
Terminalia macroptera 50 25 38 100 25 33 25
Acacia albida 25 25 25
Grewia bicolor 75 8
Ficus gnaphalocarpa 100 100 100 100 50 33 75 50 75 50 50
Khaya senegalensis 75 50 50 75 50 17 75 25 50 50
Securidaca longepedunculata 75 50 17 25
Entada African 75 100 25 58 25 25
Vitex doniana 25 8
Ziziphus mauritiana 50 88 50 25 42 25 25 100 75
Ficus platyphylla 25 13
Sclerocarya birrea* 25
Dichrostachys cinerea 25 25 25
Balanites aegyptiaca 13 25
Mitragina inermis 28
Tamarindus indica** 38 8
Guiera senegalensis* 25
Anogeissus leiocarpus 75 50 8 25
Bombax costatum* 25
Acacia pennata 25 25
Vitellaria paradoxa** 25 25 50 25
Piliostigma reticulatum 25 25
Acacia radiana 25 25
Combretum micranthum* 25
Detarium microcarpum* 25
Afzelia africana 25 50 25
Feretia apodanthera* 25
Gui de karite 25 25 25 25
Londolphia senegalensis* 25
Annona senegalensis* 25
Ficus platiphyla* 25
Nombre total d’espèces citées 10 11 14 15 15 14 8 8 10 11 11
* espèce citées une seule fois donc d’importance fourragère négligeable
** espèces protégées à cause de leur valeur économique

A l’aide du tableau 5, une liste courte des espèces ligneuses les plus utilisées a été établie en fonction du pourcentage des répondants les utilisant comme fourrage dans les 11 localités. L’ordre d’importance ainsi établi pour les espèces de ligneux fourragers a été le suivant: Pterocarpus erinaceus [11/11], Ficus gnaphalocarpa [11/11], Pterocarpus lucens [8/11], Khaya senegalensis [5/11], Zyzyphus mauriciana [4/11], Entada africana [3/11], Terminalia macroptera [2/11], Crataeva religiosa [2/11], Anogeissus leiocarpus [2/11].

Le pourcentage moyen résultant des utilisateurs comme fourrages des différentes espèces ligneuses ainsi obtenue en fonction des villages a été pondéré en fonction du nombre d’apparition de l’espèce dans la commune pour permettre une classification générale et par la suite un ordre (tableau 6).

Tableau 6. Importance relative (%) des principales espèces fourragères dans la commune rurale de Zan Coulibaly
Espèces Dogoni Socouna Nianina Fadiola N'golobala Marka-coungo Wolodo Zantiguila Dangakoro Sougoubou Korokoro Nbre Moy Moy*Nbe Ordre
Pterocarpus erinaceus 100 100 75 100 100 58 100 75 50 75 100 11 85 933 1
Ficus gnaphalocarpa 100 100 100 100 50 33 75 50 75 50 50 11 71 783 2
Pterocarpus lucens 75 100 88 100 100 25 25 0 25 75 50 8 60 482 3
Khaya senegalensis 75 50 50 75 50 17 75 25 0 50 50 5 47 235 4
Ziziphus mauritiana 0 50 88 50 25 42 0 25 25 100 75 4 44 175 5
Entada Africana 0 75 100 25 0 58 0 0 25 25 0 3 28 84 6
Terminalia macroptera 50 25 38 100 25 33 0 0 0 25 0 2 27 54 7
Crataeva religiosa 75 0 25 50 0 17 0 0 25 50 0 2 24 48 8
Anogeissus leiocarpus 0 0 0 75 50 8 25 0 0 0 0 2 14 29 9

La restitution des résultats de recherche a permis d’échanger avec les bénéficiaires (comité de suivi évaluation, assemblée communale) sur trois points principaux dont le premier est le choix des espèces de ligneux fourragers pour la conduite des tests futurs. Le deuxième point est le choix des villages où seront conduits les prochains tests sur la préférence des animaux pour les espèces de ligneux fourragers. Le troisième point est le choix des agropasteurs collaborateurs au niveau des villages sites des tests. La démarche participative utilisée tout au long des activités de recherche a permis d’obtenir des échanges fructueux sur les 3 points.

La liste des espèces de ligneux fourragers a permis de retenir 5 espèces dans l’ordre. Cependant cet ordre a été perturbé à 2 niveaux pour les raisons suivantes. La première est que Ziziphus mauritiana bien que appété est épineux et est rarement coupé et emporté à la maison comme fourrage. La deuxième réside dans le fait qu’Entada africana pose un problème de disponibilité en quantité suffisante pour la conduite de test. La liste a ainsi été révisée en fonction de ces raisons et celle définitivement retenue est la suivante: Pterocarpus erinaceus, Ficus gnaphalocarpa, Pterocarpus lucens, Khaya senegalensis, et Terminalia macroptera.

Concernant les villages, en tenant compte des critères établis, le choix a porté sur 3 villages (Wolodo, Dogoni, Sokouna) et un hameau de culture (Dangakoro) comme sites des tests. Pour la conduite des tests, il a été convenu de retenir 5 agropasteurs (3 femmes et 2 hommes) par village choisi. Chaque agropasteur aura à alimenter un bélier avec les 5 espèces fourrages choisis dans un dispositif dit de «cafétéria».


Conclusion


Remerciements

Ces travaux ont été réalisés grâce à une subvention du Centre de recherches pour le développement international (CRDI), établi à Ottawa, au Canada (www.crdi.ca), et à l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise d’Affaires étrangères, Commerce et Développement Canada (le MAECD) (www.international.gc.ca). Nous remercions tous ceux qui ont contribué à la réussite de ce travail, plus spécifiquement les agents de terrain du CECI et du KILABO et les agropasteurs collaborateurs et leurs familles. 


Références

Fox media 1999 Cartographie du Mali.

DNPIA 2011 Direction Nationale des Productions et Insdustries Animales. P. 152.

Faye M D, Weber J C, Abasse T A, Boureima M, Larwanou M, Bationo A B, Diallo B O, Sigué H, Dakouo J M, Samaké O et Diaité D S 2011 Farmers’ preferences for tree functions and species in the West African Sahel. Forests, Trees and Livelihoods 20:113-136.

Hiernaux P H Y, Cissé M I, Diarra L and de Leeuw P N 1994 Fluctuations saisonnières de la feuillaison des arbres et des buissons sahéliens. Conséquences pour la quantification des ressources fourragères. Revue d’Elevage et de Médecine vétérinaire des Pays tropicaux, 47: 117-125.

PDSEC 2010 Programme de développement économique social et culturel. Document synthétique. Commune Rurale de Zan Coulibaly. p. 31.

RGPH 1998 3º Recensement général de la population et de l’habitat du Mali. Institut National de la Statistique. Bureau central du recensement. p. 112.

Sangaré M 2005 Synthèse des résultats acquis sur l’élevage des petits ruminants dans les systèmes de production animale d’Afrique de l’Ouest. Procordel URPAN, CIRDES 176p.


Received 25 August 2013; Accepted 1 December 2013; Published 1 January 2014

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