 |
| Figure 1. Evolution de la fertilite' (%) selon les mois de luttes chez lé races Ouled Djellal et Taâdmit |
| Livestock Research for Rural Development 25 (11) 2013 | Guide for preparation of papers | LRRD Newsletter | Citation of this paper |
L’étude a pour objectif d’évaluer le rendement reproductif des brebis Ouled Djellal et Tâadmit. Elle s’est déroulée dans la région nord-est d’Algérie -36˚ 14΄ latitude Nord et 7˚ 10΄ longitude Est-. Un effectif de 256 brebis dont 176 Ouled Djellal et 80 Taâdmit a été utilisé. Elles ont été mises à la reproduction et luttées librement, entre les 01 mai et 30 septembre, par 8 béliers Ouled Djellal, préalablement séparés par simple grillage. Les animaux sont élevés en semi-intensif et alimentés selon les disponibilités fourragères saisonnières, complétées par l’orge en grains pendant la lutte et la fin de gestation. Des travaux d’observation et d’enregistrement des événements liés à la gestation et à l’agnelage, survenu entre les 07 octobre et 28 février, ont été réalisés.
Bien que les deux races aient répondu favorablement à l’effet mâle, le rendement reproductif à travers ses composantes de fertilité, prolificité et fécondité a été globalement satisfaisant chez la race Ouled Djellal.
Mots clés: fertilité, prolificité
The objective of this work was to evaluate the reproductive performance of Ouled Djellal and Taâdmit ewes. The study was conducted in the northeast of Algeria -36 ° 14 'north latitude and 10 ° 7 'east longitude-. A total of 256 ewes including 176 Ouled Djellal and 80 Taâdmit was used. They were put to the reproduction and freely coupled by eight Ouled Djellal rams, between May 1 and September 30, previously separated by a simple fence. The animals are kept in semi-intensive and their diet is based on seasonal forage availability, complemented by a barley grain during the breeding and the end of pregnancy. Observation and recording of events related to pregnancy and parturition, which occurred between October 7 and February 28 have been completed.
The two breeds have responded favorably to the male effect on reproductive performance through its components of fertility, prolificacy and fecundity which were generally satisfactory in the Ouled Djellal breed.
Key words: fertility, prolificacy
En Algérie, l’élevage ovin localisé majoritairement dans les régions arides et semi-arides, constitue une source importante de protéines animales. Cependant malgré son importance socio-économique, sa productivité reste toujours faible. Elle est dépendante des races exploitées, jusque-là mal connues, et des systèmes d’élevage (conditions du milieu et modalités de conduites) adoptés. Sa principale cause, est la mauvaise maîtrise de sa reproduction. Celle-ci se caractérise par de faibles taux de fertilité et de prolificité à cause d’une mauvaise préparation des femelles à la lutte, sur les plans alimentaire et condition corporelle (Lamrani 2008). En effet la reproduction et la survie des espèces, dépendent étroitement de la coordination des mécanismes qui permettent la mise en œuvre du comportement sexuel conduisant à l’accouplement, la production et la rencontre des gamètes, ainsi que le développement de l’embryon (Benyounes et al 2006 ; Benyounes 2007 ; Lamrani 2008). En conséquence, l'amélioration des performances de reproduction des brebis serait une des voies d’amélioration importantes de la productivité des troupeaux ovins. Certains auteurs (Bodin et al 1999) préconisent la voie génétique et soutiennent qu’elle peut être obtenue par sélection ou par croisement. D’autres travaux indiquent les conditions d’alimentation et recommandent l’ajustement du niveau nutritionnel avant, pendant et juste après la lutte comme en fin de gestation (Khaldi 1984 ; Baril et al 1993). Ce qui pourrait affecter le taux d'ovulation (Edey 1968) et la survie embryonnaire, et permettrait d'augmenter le nombre d'agneaux sevrés par brebis et par an. Ainsi l’objectif de la présente étude, a été d’évaluer les performances de reproduction selon les mois de luttes, à travers ses composantes de fertilité, prolificité et fécondité, chez les brebis Ouled Djellal et Taâdmit.
L’étude a été effectuée au niveau de la wilaya de Souk-Ahras, région Nord-Est d’Algérie -36˚ 14΄ latitude Nord et 7˚ 10΄ longitude Est-. Elle a concerné 256 brebis élevées dans un même troupeau, dont 176 de race Ouled Djellal et 80 de race Taâdmit. Elles ont été mises à la reproduction entre le 01 mai et le 30 septembre, après leur tondaison et déparasitage à l’Ivomec. Cette période s’étend entre le printemps à cyclicité faible des animaux, et l’été, saison de redémarrage de l’activité sexuelle de ces derniers (Benyounes 2007 ; Benyounes et Lamrani 2013) ; dont la première est caractérisé par un climat doux et des pâturages en vert, et la seconde par un climat chaux et des pâturages en sec. Leur lutte libre a été effectuée en un seul lot de femelles par 8 béliers Ouled Djellal, préalablement séparés à ces dernières par simple grillage, sans contact physique uniquement, depuis 7 mois.
Les animaux sont élevés en semi-intensif, au pâturage le jour et en stabulation le soir, et leur régime alimentaire est basé sur les disponibilités fourragères de la saison, complété par l’orge en grains à raison de 250 à 300 g/tête/j, lors de la préparation de la lutte et durant le dernier mois de gestation. Des opérations de suivi et d’enregistrement des différents événements visés que ce soit pendant ou après la gestation ont été effectuées. Elles ont concerné les dates et les causes des avortements ; et les dates, la taille de portée et le sexe pour les agnelages survenus entre les 07 octobre et 28 février pour la race Ouled Djellal, et les 08 octobre et 28 février pour celle de Taâdmit.
Le logiciel utilisé pour le traitement et l’analyse statistiques des résultats de la présente étude est le Minitab, release 13.31 for Windows PA State College (X [2000]). L’analyse des résultats de fertilité, prolificité et fécondité obtenus selon les races et les mois de luttes et de mises bas, et exprimés en pourcentage (%), a été réalisée suivant le test de Khi-Carré (χ2) avec ou sans la correction Fisher-yates, basé sur le travail de Brown (1988). Toutes les moyennes des résultats ont été calculées avec leur erreur standard (moyenne±s.e). La différence statistique a été déclarée à P < 0,05.
Les effectifs mis à la reproduction au départ au mois de mai (tableau 1), se voient être réduits au fil des mois de luttes, conséquence des brebis ayant été fécondées. Ces dernières ont été confirmées par les résultats des agnelages enregistrés, après une durée moyenne de gestation de 5 mois comme indiquée chez la race Ouled Djellal par Benyounes (2007) et Benyounes et al (2006). Ainsi sur un total de 176 brebis Ouled Djellal et 80 brebis Taâdmit mises à la reproduction, 174 brebis Ouled Djellal contre seulement 60 brebis Taâdmit ont mis bas. Par conséquent, les écarts de 2 et 20 brebis respectivement observés sont assimilés aux nombres de brebis non fécondées ou ayant perdu leurs gestations par suite uniquement de pertes embryonnaires. Ceci, étant donné qu’aucun avortement n’a été enregistré pour chacune des deux races.
|
Tableau 1 : Répartition des effectifs de brebis mises à la reproduction et des agnelages observés au cours de l’année chez les races Ouled Djellal et Taâdmit. |
|||||
|
Mois de lutte |
Mai |
Juin |
Juillet |
Août |
Septembre |
|
Race Ouled Djellal |
176 |
97 |
87 |
27 |
11 |
|
Race Taâdmit |
80 |
35 |
35 |
31 |
25 |
|
Mois d’agnelage |
Octobre |
Novembre |
Décembre |
Janvier |
Février |
|
Race Ouled Djellal |
79 |
10 |
60 |
16 |
09 |
|
Race Taâdmit |
45 |
00 |
04 |
06 |
05 |
S’agissant de la fertilité, définie par le nombre de femelles ayant mis bas et avorté rapporté au nombre de femelles mises à la reproduction, indépendamment du mois de mai dont les résultats ont été identiques (P > 0,05), tous les résultats mensuels (P < 0,01) comme global (P < 0,0001), ont été en faveur de la race Ouled Djellal (Figure 1).
|
| Figure 1. Evolution de la fertilite' (%) selon les mois de luttes chez lé races Ouled Djellal et Taâdmit |
Les résultats de prolificité, définie par le nombre de petits nés rapporté au nombre de femelles ayant mis bas, bien que légèrement supérieurs pour la race Ouled Djellal, restent cependant statistiquement identiques entre les deux races, que ce soit pour le taux global (P > 0,05) ou pour ceux observés durant les différents mois de lutte (P > 0,05) (Figure 2). En effet, les deux races ne sont pas génétiquement reconnues comme prolifiques (Mamou 1986 ; IANOR 2007 ; Lamrani 2008 ; Lamrani et al 2008).
 |
| Figure 2. Evolution de la prolificite' (%) selon les mois de luttes chez lé races Ouled Djellal et Taâdmit |
Quant à la fécondité, définie par le nombre de petits nés rapporté au nombre de femelles mises à la reproduction, ses résultats vont dans le même sens que ceux enregistrés pour la fertilité, dont les meilleurs taux ont été observés chez la race Ouled Djellal (P < 0,0001 pour le taux global et P < 0,01 pour les taux mensuels) (Figure 3).
 |
| Figure 3. Evolution de la fe'condite' (%) selon les mois de luttes chez lé races Ouled Djellal et Taâdmit |
Pour les trois paramètres évalués, leurs résultats sont dans leur ensemble globalement similaires et en accord avec ceux rapportés par d’autres auteurs chez les mêmes races (Mamou 1986 ; Fakhet 2006 ; IANOR 2007 ; Lamrani 2008 ; Lamrani et al 2008). Ils sont la conséquence du comportement et réaction physiologiques développés par chacune des deux races, sous l’influence de la saison de lutte et de l’effet bélier auxquels elles ont été soumises. Ainsi selon la distribution mensuelle des agnelages enregistrés, il est clair que ces derniers ont été plus importants pour la race Ouled Djellal (98,9 vs 75% de brebis). Cependant pour la race Taâdmit, cet échelonnement pourrait être plus allongé, étant donné que les 20 brebis n’ayant pas mis bas, l’auraient pu l’être postérieurement, si leur période de lutte entreprise entre mai et septembre a été prolongée au-delà. En conséquence pour cette race Taâdmit, qui semble être d’un anœstrus saisonnier profond pour une bonne proportion de son effectif (25%), la reprise de sa cyclicité semble être retardée et son activité sexuelle paraît être favorable surtout pendant l’automne, soit jusqu’à la fin de novembre. Pendant que la brebis Ouled Djellal semble être moins saisonnée, et la reprise de son activité sexuelle est plus précoce. Ce qui est en adéquation avec les résultats et les conclusions avancés dans ce sens par Benyounes (2007). En parallèle, la reprise retardée pour 25% des brebis Taâdmit ne peut être expliquée que par l’effet race, qui n’est autre que le résultat d’un croisement entre les races Ouled Djellal et Mérinos. Ainsi la présence du sang Mérinos est sans doute à l’origine de ce comportement. En effet selon Cognie et al (1974) la race Mérinos est caractérisée par un anœstrus saisonnier plus profond, une reprise retardée de son activité sexuelle et un taux d’ovulation limité si elle est mise à la reproduction pendant le printemps. Ce qui est en accord avec ce qui a été déjà observé par Prud’hon et al (1966), indiquant l’apparition tardive des chaleurs et la faiblesse des taux de gestation après la lutte de printemps sous une autre latitude chez la même race.
Enfin il est remarqué, que les deux races ont répondu favorablement à l’effet mâle après isolement simple des béliers, comme a été signalé chez la race Ouled Djellal (Benyounes et al 2011). Ce qui est confirmé par les agnelages d’octobre, suite à l’état d’anœstrus faible pour les femelles ayant répondu favorablement aux béliers au moment de leur introduction en mai (Khaldi 1984 ; Chemineau 1989 ; Thimonier et al 2000 ; Lamrani 2008 ; Lamrani et al 2008).
Ainsi comme perspectives, ces résultats aideront les éleveurs à mieux connaitre ces races pour leur procurer les techniques et moyens de maitrise nécessaires à la réussite de leur conduite reproductive, en vue d’un rendement repro-productif meilleur.
Baril G, Chemineau P, Cognie Y, Guerin Y, Lebœuf B, Orgeur P et Vallet J C 1993 Manuel de formation pratique pour la transplantation embryonnaire chez la brebis et la chèvre. Etude F.A.O. Production et santé animales, 115. Rome. 231p.
Benyounes A, Lamrani F, Melo De Sousa N, Sulon J, Folch J, Beckers J F et Guellati M A 2006 Suivi de la gravidité chez la brebis Ouled Djellal par dosage de la protéine associée à la gestation et de la progestérone. Revue Elevage et Médecine Vétérinaire des Pays Tropicaux, 59 (1-4) : 65-73. http://remvt.cirad.fr/cd/derniers_num/2006/EMVT06_065_073.pdf.
Benyounes A 2007 Caractérisation de l’activité sexuelle et suivi de la gestation chez la brebis Ouled Djellal. Thèse de Doctorat ès Sciences, Département de Biologie, Faculté des Sciences, Université Badji Mokhtar, Annaba –Algérie- 189p.
Benyounes A, Lamrani F, Fakhet S et Khaldi G 2011 Comportement reproductif des brebis Ouled Djellal soumises à deux luttes naturelles par an après isolement simple des béliers. 6èmes journées de recherches sur les productions animales, Université Mouloud Mammeri, Tizi-Ouzou, les 9 et 10 mai.
Benyounes A et Lamrani F 2013 Anœstrus saisonnier et activité sexuelle chez la brebis Ouled Djellal. Livestock Research for Rural Development. 25(8), from http://www.lrrd.org/lrrd25/8/beny25141.htm
Bodin L, Elsen J M, Hanocq E, François D, Lajous D, Manfredi E, Mialon M M, Boichard D, Foulley J L, Sancristobal- Gaudy M, Teyssier J, Thimonier J et Chemineau P 1999 Génétique de la reproduction chez les ruminants. Production Animale, 12: 87-100
Brown G H 1988 The statistical comparison of reproduction rats for groups of sheep. Australian Journal Agricultural Research, 39 : 899-905. http:// dx.doi.org/10.1071/AR9880899
Chemineau P 1989 L’effet bouc : mode d’action et efficacité pour stimuler la reproduction des chèvres en anoestrus. INRA Production Animale, 2 : 97–104.
Cognie Y, Cornu C and Mauléon P 1974 Proc. Int. Symp. On physiopathology of reproduction and AI in small ruminants. Thessaloniki, 17-19 may.
Edey I N 1968 Body weight and ovulation rate in sheep. proc australian society animal production , 7: 188 – 191.
Fakhet S 2006 Evaluation du comportement reproductif d’un troupeau de race Ouled Djellal soumis à deux luttes naturelles par an après isolement simple des béliers. Mémoire d’Ingéniorat, Institut d’Agronomie, Centre Universitaire d’El Tarf, Algérie, 79p.
Institut Algérien de Normalisation I.A.N.O.R 2007 Standard de la race ovine Ouled Djellal, NA 15457- 2007.
Khaldi G 1984 Variations saisonnières de l’activité ovarienne du comportement de l’œstrus et de la durée de l’anœstrus post–partum des femelles de race Barbarine : influence du niveau alimentaire et de la présence du mâle. Thèse de doctorat d’état. Université du Languedoc, Montpellier, France, 188p.
Lamrani F 2008 Etude de la cyclicité des agnelles et des possibilités de maîtrise de la reproduction des femelles Ouled Djellal combinées à l’effet de l’emploi répété de la PMSG sur leurs aptitudes reproductives. Thèse de Doctorat ès Sciences, Département de Biologie, Faculté des Sciences, Université Badji Mokhtar, Annaba –Algérie- 179p.
Lamrani F, Benyounes A, El Bouyahiaoui R, Toumi Feddaoui K et Sebbagh L 2008 Effet du mode d’induction et de synchronisation des chaleurs sur le rendement reproductif des brebis Ouled Djellal. Revue Recherche Agronomique, INRA Algérie, N° 21, Avril : 59-71.
Mamou M 1986 Contribution à la connaissance des races ovines algériennes : cas de la race Taâdmit. Morphologie, Caractères de production et de la reproduction. Mémoire d’Ingéniorat, INA d’El Harrach, Alger, Algérie.
Minitab X 2000 reference manual, release 13.31 for Windowx. P.A. state college, Minitab, 1047 p.
Prud’hon M, Denoy I, Dauzier I et Desvignes A 1966 Etudes des résultats des six années d’élevage des brebis Mérinos d’Arles du domaine du Merle. I. Le contrôle des ruts et sa validité. Annales de Zootechnie, 15 : 123-133.
Thimonier J, Cognie Y, Lassoued N et Khaldi G 2000 L’effet mâle chez les ovins : une technique actuelle de maîtrise de la reproduction. INRA. Production Animale, 13 (4) : 223-231.
Received 7 August 2013; Accepted 7 October 2013; Published 1 November 2013