Livestock Research for Rural Development 23 (7) 2011 | Notes to Authors | LRRD Newsletter | Citation of this paper |
L’élevage ovin, en zone semi-aride de Tunisie, constitue la principale richesse et la principale ressource renouvelable des exploitations familiales. Outre sa contribution à la subsistance du groupe familial, il participe également à la pérennité de ces exploitations et à la valorisation des ressources naturelles (parcours, jachère, chaumes,……). Les principaux objectifs accordés à la production ovine sont l’obtention d’un revenu monétaire très recherché par les exploitants sans ou avec peu de revenu extérieur, dans des zones marquées par la dominance des cultures pluviales, la rareté et l’irrégularité des précipitations. Mais les élevages ovins ont connu, au cours de ces dernières années, des changements relativement importants provoqués par de nombreux évènements comme la réduction des terres de parcours, la succession de plusieurs années de sécheresse, la libéralisation du prix de la viande ovine et l’intensification des relations des éleveurs avec leur environnement commercial, institutionnel,… suite à la sédentarisation de la plupart des troupeaux ovins.
Mots clés: Changement, parcours, pérennité, sécheresse, sédentarisation
Sheep farming in the Tunisian semi- arid regions is the main wealth and sustainable resources of familial farms. In addition to its contribution to the subsistence and viability of communities, sheep rearing participates in maintaining social and moral values in these regions. The main objectives of sheep management are getting monetary income required for farmers who have no external resources, supplying the family treasury when necessary and an accumulation spot. However, sheep farming has been thoroughly changing over the last decades because of the reduction in grass-land areas, consecutive droughts, a free market for sheep meat, the intervention of the state in promoting this type of activity and intensification of farmers’ relations with their institutional and commercial environments (market and sellers of animals’ feed resources).
Key words: change, drought, grass-land, income, sheep rearing (farming), semi-arid, Tunisia
L’élevage ovin est l’une des principales composantes, à côté de l’olivier, de l’économie de la région de l’étude (Hammami et al 2007, Rouissi et al 2008). En plus de sa contribution à la vie de nombreuses familles rurales, il constitue une source de revenu monétaire indispensable pour la survie et la reproduction des unités de production paysannes où la rareté de la terre cultivable (Ben Dhia 1996), la qualité médiocre du sol et l’irrégularité des précipitations rendent l’agriculture pluviale très aléatoire (Selmi et al 2010).
Dans le présent travail, nous allons présenter, dans un premier paragraphe, un aperçu général sur l’élevage ovin en Tunisie puis l’accent sera mis sur l’importance de ce type d’élevage dans le fonctionnement et la reproduction des petites et moyennes exploitations familiales et ce à travers l’étude d’un échantillon d’exploitations. Ainsi l’analyse des informations collectées doit nous permettre d’identifier les stratégies adoptées par les éleveurs en vue d’adapter leurs systèmes de production aux nouvelles conjonctures écologiques, institutionnelles et socio-économiques afin d’essayer de maintenir un équilibre, déjà fragile et d’assurer la durabilité de leur élevage (Amri 1992).
Le cheptel ovin tunisien compte actuellement près de 6,9 millions de têtes réparties entre des brebis mères (57 %) et autres ovins (43 %). Cet effectif a connu, au cours des dernières décennies, une augmentation régulière comme le montre le Tableau 1.
Tableau 1. Evolution de l’effectif des ovins (unités : 1000 têtes ovines) |
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Périodes |
1961/1962 |
1994/1995 |
2004/2005 |
Nombre de têtes ovines |
2349 |
6221 |
6955 |
Enquête de structure – Ministère de l’agriculture 2005 |
Les données du Tableau 1 confirment une tendance globale à la croissance des effectifs ovins, mais cette tendance ne doit pas cacher l’apparition de certaines évolutions négatives à la suite de la succession de deux ou trois années de sécheresse comme c’était le cas à la fin des années 1980 et au début des années 2000. Ces deux évènements ont gravement touchés les troupeaux ovins surtout dans les petites et moyennes exploitations familiales dépourvues de ressources fourragères suffisantes et des moyens financiers pour les acheter à des prix très élevés. Ceci montre que l’élevage ovin, conduit en extensif, reste tributaire des précipitations marquées par leur faiblesse et leur irrégularité inter et intra annuelle. En effet, l’élevage ovin tunisien se caractérise par sa forte concentration dans les étages bioclimatiques semi-aride et désertiques au centre et au nord comme le montre le Tableau 2.
Tableau 2. Répartition géographique de l’élevage ovin selon les régions (en %) |
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Régions |
1994/1995 |
2004/2005 |
Variation |
Nord |
36,8 |
37,2 |
+ 2,4 |
Centre |
41,4 |
39,2 |
- 2,2 |
Sud |
21,8 |
23,6 |
+ 1,8 |
Total |
100,0 |
100,0 |
- |
Enquête de structure (1994/95 et 2004/05) |
Il ressort de ce tableau que l’élevage ovin est pratiqué sur tout le territoire tunisien mais une forte concentration se distingue nettement au centre et au sud. Ces deux grandes régions qui regroupent ensemble 62,8 % des effectifs sont marquées par des précipitations insuffisantes et irrégulières et par la faiblesse des ressources hydriques pour l’irrigation. Les disponibilités fourragères proviennent essentiellement des parcours naturels, le plus souvent dégradés, et des résidus des cultures. D’où l’émergence d’un déséquilibre chronique entre les besoins des animaux évalués à 4,4 milliards d’unités fourragères (UF) et les ressources estimées à 1,2 milliards d’UF. Ce déséquilibre explique les achats du foin, de la paille et des concentrés de l’extérieur. On compte entre 2,5 et 3 milliards d’UF achetées chaque année tout dépend du prix de ces aliments et des disponibilités financières des éleveurs. Mais malgré ces achats, le déséquilibre dont on parle persiste encore d’où baisse de la productivité des animaux induite de leur sous-alimentation.
Dans ce type de régions, la mutation la plus marquante de l’agriculture de façon générale et de l’élevage ovin en particulier, apparaît à plusieurs niveaux tels que l’extension des plantations et du maraîchage sur les terres de parcours dont la superficie est passée de 696 000 hectares à 524 000 hectares au cours des quarante dernières années (soit une régression de 25 %) et la sédentarisation de la plupart des éleveurs. La transhumance est devenue rare et limitée géographiquement. Il découle de cette situation une surcharge localisée, entraînant le surpâturage de ces parcours.
Le reste du cheptel (37,2 %) est localisé au nord, la zone la plus arrosée du pays. On y distingue deux grands types de systèmes d’élevage:
Ainsi, malgré le potentiel fourrager existant, l’élevage ovin reste mal intégré à l’agriculture. Les résultats des enquêtes de structure (Tableau 3) montrent une forte concentration de l’élevage ovin dans les petites et moyennes exploitations familiales dont la taille ne dépasse pas les 50 hectares. Elles détiennent près de 82 % de l’effectif total.
Tableau 3. Evolution de la répartition des ovins selon la taille de ’exploitation (en %) |
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Strate de superficie |
1980 |
1993 |
1995 |
2005 |
≤ 20ha |
49,9 |
54,0 |
57,5 |
62,8 |
20 à 50 ha |
22,4 |
19,9 |
20,0 |
19,0 |
≥ 50 ha |
27,7 |
26,1 |
22,5 |
18,2 |
Total |
100,0 |
100,0 |
100,0 |
100,0 |
O.E.P. et enquête de structure |
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Il ressort du Tableau 3 que la concentration dont nous parlons est en progression continue. Par contre, dans les grandes exploitations, dotées de grandes ressources fourragères et des possibilités d’intensification de l’élevage ovin, la tendance est à la régression.Ainsi, la plupart des troupeaux ovins sont à la fois nombreux et de faible taille conduits par des éleveurs sans terre ou avec de faibles superficies occupées par des cultures vivrières autres que les fourrages.
Le travail que nous menons, dans la délégation de Zaghouan, essaye d’apporter des réponses à des interrogations relatives à:
L’importance de l’élevage ovin et son poids dans le fonctionnement et la reproduction de l’exploitation familiale;
Les comportements des éleveurs dans les conduites (alimentaire, sanitaire,….) de leur troupeau;
La contribution de la composante ovine dans la formation du revenu des éleveurs;
Les difficultés rencontrées par les éleveurs dans la gestion de leur élevage.
La réponse à ces interrogations nécessite la connaissance des situations dans lesquelles se pratique l’élevage ovin. Elle nécessite également la compréhension des pratiques paysannes en matière de conduite de ce type d’élevage, des stratégies liées à ces pratiques et des conséquences de celles-ci sur le revenu agricole. Ceci nous conduit à étudier les facteurs structurels, écologiques, techniques et socio-économiques qui ont une influence sur le fonctionnement des différents types d’élevage et leurs résultats technico-économiques (Alary et Boutonnet 2006).
Nous considérons, dans notre analyse de ces stratégies, que le comportement de l’éleveur est rationnel c’est-à-dire qu’il y a cohérence entre les objectifs qu’il cherche à atteindre et les moyens mis en œuvre pour les atteindre.
La zone de l’étude (figure 1) appartient au gouvernorat de Zaghouan. Elle est située au Nord-Est de la Tunisie juste sur la dorsale, est considéré comme un carrefour qui relie le sud et le centre du pays avec le nord.
Figure 1. Localisation de la zone d'étude |
Il était toujours un lieu de transhumance et de passage vers le nord des grands troupeaux ovins provenant du sud de la dorsale tunisienne (Chiche 1992). La région appartient à l’étage bioclimatique semi-aride supérieur marqué par une pluviométrie moyenne de 300 à 400 mm/an et une forte variabilité inter et intra annuelle des précipitations, ce qui rend l’agriculture aléatoire. L’économie régionale reste essentiellement agricole et ce malgré la création de quelques unités industrielles dans les délégations de Zaghouan, Fahs et Nadhour.
Le paysage agricole est dominé par les cultures céréalières pluviales (orge grain et blé dur) associées à l’olivier à huile en extension sur les terres de parcours qui ne représentent que 20 % de la surface totale. Les rendements des céréales sont relativement faibles (10 à 15 quintaux par hectare) surtout dans les petites et moyennes exploitations qui dominent le paysage agraire (96 % des exploitations ont moins de 50 hectares). L’irrégularité des précipitations et l’absence de l’irrigation, conjuguées avec la médiocrité du sol, constituent les contraintes majeures pour le développement agricole dans notre zone d’étude.
L’élevage constitue une des principales composantes de l’activité agricole de la zone d’étude. Il est présent dans 80 % des exploitations. L’élevage des petits ruminants domine avec 34400 têtes ovines et 3950 têtes caprines. Les bovins (1560unités femelles), dominés par la race locale croisée, sont beaucoup plus présents dans les exploitations de taille moyenne à grande que dans celles de petite taille.
Le mode de conduite de ces types d’élevage reste extensif. Les ressources fourragères de la zone proviennent essentiellement des parcours naturels souvent sursaturés, de la jachère, des chaumes et des cultures fourragères dont la surface est très limitée (13 % de la surface cultivée). Ainsi, la réduction des terres de parcours, le peu de cultures fourragères, la sédentarisation de la plupart des troupeaux ovins et l’absence des réserves fourragères ont rendu ces troupeaux plus fragiles et plus sensibles à la sécheresse qui les décime périodiquement.
Notre travail d’identification et de caractérisation des systèmes d’élevage, en zone semi-aride, avait pour objectif de saisir et d’analyser les différents types de stratégies des éleveurs dans la conduite et la gestion de leur troupeau ovin dans une situation contraignante. Pour ce faire, nous avons adopté, dans notre démarche, une méthode axée sur deux phases complémentaires:
Une lecture de la documentation disponible (cartes, rapports, thèses, projets de fin d’études,…);
Des visites de terrain permettant d’observer de près l’espace support de l’activité humaine, et de prendre connaissance de la situation réelle de la zone de l’étude;
Des entretiens non directifs auprès des personnes ressources (les responsables locaux et régionaux, des agents de développement, et certaines personnes âgées de la zone).
Ce diagnostic a pour objectif de caractériser l’agriculture locale (l’implantation des unités de production, l’occupation du sol, les activités pratiquées, les relations de la zone avec son environnement, etc.) et d’identifier les contraintes et les potentialités de son développement. Il constitue une phase préparatoire pour la réalisation des enquêtes.
Les critères retenus sont essentiellement structurels:
Eleveurs avec ou sans terre;
La taille du troupeau ovin;
Présence ou non d’un revenu extérieur.
Un questionnaire détaillé, sur les exploitations (nature et taille des productions, ressource en terre, autres moyens de production, les pratiques des éleveurs, les résultats technico-économiques,…..), a abouti à la collecte d’une diversité d’informations. Les informations, ainsi collectées, ont été traitées et analysées de façon à dégager des variables explicatives de la diversité des exploitations enquêtées. Le croisement de ces variables nous a permis d’identifier deux grandes catégories d’exploitations qui se différencient par la présence ou non du foncier. Dans ces 2 catégories émergent différents types d’unités de production repérés à l’aide des critères liés à la nature des productions pratiquées (animales et végétales), aux performances zootechniques de l’élevage ovin et à leurs répercussions sur ses résultats économiques, et enfin à l’importance du revenu extérieur et par conséquent aux stratégies développées par les différents types d’éleveurs.
La caractérisation et le regroupement des exploitations au sein des types de fonctionnements plus ou moins homogènes sont synthétisés dans le Tableau 4.
Tableau 4. Caractérisation et regroupement des exploitations enquêtées |
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Catégories |
Types |
Caractéristiques |
Objectif |
Choix en matière d’élevage |
GI |
Type I-1 Eleveurs dont le troupeau ovin constitue la principale source du revenu total disponible |
- ovin : 25 unités femelles |
Assurer un revenu suffisant pour la famille |
Essai d’amélioration de la conduite alimentaire et de la reproduction |
Type I-2 Petits éleveurs avec élevage ovin non performant |
- ovin : 10 unités femelles |
Recherche d’un RTD plus stable et plus élevé en développant d’autres activités non agricoles |
Début d’application du Flushing et du Steaming |
|
GII Eleveurs avec terre
|
Type II-1 Micro exploitation avec élevage ovin dominant |
- SAU moyenne : 2,5 ha |
Essai de diversification des sources de revenu extérieur |
Début d’application du flushing, du steaming et de la prophylaxie |
Type II – 2 Micro exploitation avec élevage ovin non dominant |
- SAU moyenne: 3 ha |
Recherche d’un revenu total disponible suffisant et régulier |
La pratique du flushing et du steaming n’est ni généralisée ni régulière |
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Type II- 3 Petite exploitation avec élevage ovin moyennement performant et sans revenu extérieur |
- SAU moyenne : 9 ha |
Essai de diversification et d’augmentation du revenu agricole |
Tendance vers l’amélioration de la conduite alimentaire des ovins et des bovins |
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Type II – 4 Exploitation de taille moyenne avec élevage ovin non performant.
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-SAU moyenne: 32 ha |
Recherche d’un revenu agricole important pour investir dans de nouvelles productions agricoles |
Elevage ovin relativement marginalisé |
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MB : Marge Brute ; RTD : Revenu Total Disponible; SAU : Surface Agricole Utile |
Les résultats de notre enquête sont présentés et discutés en examinant successivement le choix des productions, la part du revenu extérieur et celui issu de l’élevage ovin dans la formation du revenu total disponible, les pratiques de l’élevage et leurs répercussions sur les résultats technico-économiques des troupeaux ovin en particulier. Cela permet d’identifier les éléments de blocage des systèmes de production et de repérer les stratégies adoptées par les exploitants dans chaque type pour tenter de surmonter leurs difficultés. Les stratégies développées sont différentes (Hajji 2000; Boutonnet 2004). Elles sont liées à la fois aux objectifs de l’exploitant et de son groupe familial et à la situation de l’exploitation. Ainsi, on a distingué six types regroupés dans deux catégories différentes.
Cette catégorie, qui regroupe 10 % de l’échantillon enquêté, est constituée des agriculteurs ne pratiquant que l’élevage ovin mais sans aucune assise foncière. On y distingue deux types qui se différencient par la taille du troupeau ovin, les pratiques et les résultats technico-économiques de ce type d’élevage et l’importance du revenu extérieur.
L’élevage ovin représente la principale activité dans ce type, du fait qu’il assure 92 % du revenu total disponible des familles. Le revenu extérieur est faible et irrégulier. La taille moyenne du troupeau ovin (25 unités femelles) est relativement importante et ce malgré l’absence du foncier (Snoussi 2003). Les ovins sont conduits en mode sédentaire ou migratoire pour les plus grands troupeaux. Leur alimentation est basée sur les chaumes des céréales, et les pousses d’herbes sur les parcelles gardées en jachère (achaba) (1). La forêt voisine et les bordures des oueds et des routes constituent des ressources fourragères non négligeables qui allègent les dépenses alimentaires (Landais 1992; Nasr et al 2000). Mais toutes ces ressources sont le plus souvent insuffisantes. Le déficit fourrager augmente avec l’allongement de la période de sécheresse d’où le recours, plus fréquent, à l’achat des aliments de bétail. C’est ainsi que la sédentarisation et la diminution des apports de parcours ont entraîné l’émergence de nouvelles stratégies de pratique de l’élevage des ovins et de gestion des risques fondées sur un apport complémentaire de plus en plus important de foin, d’orge grain et de sous produits de l’olivier (Naggar 2002).
Progressivement, les rapports des éleveurs avec leur environnement commercial, institutionnel, … ont beaucoup changé. En effet, leurs relations avec les fournisseurs d’aliments de bétail et les marchands de bestiaux se sont très vite intensifiées d’où le développement d’un réseau d’intermédiaires (Boutonnet 2004). Les élevages dans ce type, sont marqués par des taux de fertilité (7), de prolificité (8) et de fécondité (9) supérieurs aux normes régionales. Mais la productivité numérique est insuffisante (94,5 %). Elle est handicapée par des taux de mortalité des jeunes et d’avortement élevés. Ces faiblesses s’expliquent surtout par :
des problèmes alimentaires; en effet, aucun des éleveurs n’applique le Steaming (5) et seuls 50 % appliquent le Flushing (6)
des problèmes sanitaires du fait que peu d’agriculteurs pratiquent des mesures prophylactiques sur leurs animaux.
La marge brute varie de 68 à 105dt soit une moyenne de 87dt/brebis ; elle est fonction de la productivité numérique, des charges d’élevage dominées par les dépenses alimentaires (85 à 95 % des charges d’élevage totales) et de la valeur de la production qui est elle-même liée au prix de vente des agneaux. Les éleveurs, dans ce type, essaient d’augmenter et de diversifier les sources de revenu agricole et ce par l’amélioration des conduites (alimentaire et sanitaire) de l’élevage ovin et l’introduction de celui des bovins. Ils sont certes handicapés par l’absence des ressources fourragères autoproduites mais ils comptent beaucoup sur la location des surfaces de pâture et des achats des aliments des marchés extérieurs.
(1) Achaba: Location des parcelles gardées en jachère ou après récolte des fourrages et des céréales chez les cultivateurs sans élevages pour une période qui va de 1 à 4 mois.
(2) TPN: Taux de productivité numérique = (nombre d’agneaux sevrés/nombre de femelles mises à la lutte) x 100. Il inclut tous les autres paramètres.
(3) Marge brute = Production brute en valeur – coûts variables totaux (ou coûts proportionnels). Elle est utilisée comme indicateur d’efficacité dans l’évaluation de la performance des activités (marge brute/hectare de SAU, marge brute/ unité de bétail,…….)
(4) Revenu agricole: Somme des marges brutes – coûts fixes totaux. C’est un outil qui sert à évaluer la gestion de l’exploitation agricole
(5) Steaming: c'est une complémentation alimentaire pour les brebis à base d'aliment concentré pendant les deux derniers mois de gestation
(6) Flushing: c'est une supplémentation alimentaire pour les brebis et les béliers à base d'aliment concentré ou de fourrage de bonne qualité pendant trois mois avant la lutte
(7) Taux de fertilité: C'est le rapport entre le nombre des femelles agnelantes et le nombre de brebis mise à la lutte
(8) Taux de prolificité: C'est le rapport entre le nombre des agneaux nés et le nombre des brebis mises bas
(9) Taux de fécondité: C'est le résultat de la multiplication des taux de fertilité et de prolificité divisé par 100
Ce type est constitué par des familles généralement pauvres. Certains de leurs chefs étaient des ouvriers (coopérateurs) dans les unités de production agricole (domaine de l’Etat) avant leur dissolution et leur location à des promoteurs privés. L’élevage ovin représente la seule activité agricole pratiquée par ces éleveurs, mais elle est très secondaire du fait que sa part dans la formation de revenu total disponible est très faible (27,5 %). La pluriactivité constitue une constante obligatoire dans la vie de ces familles. En effet, la quasi-totalité de ces dernières ont recours à plusieurs sources de revenu extérieur (travail dans le secteur des bâtiments, dans les chantiers publics,…..). Cette pluriactivité concerne aussi bien le chef de famille que d’autres actifs de son groupe familial. La taille du troupeau ovin est réduite : on enregistre une moyenne de 10 brebis par éleveur. La surveillance des animaux incombe aux vieux et aux femmes. Ils sont aidés par leurs enfants pendant les vacances et en dehors des heures de classe. Ce type d’élevage est maintenu grâce au pâturage sur les collines et la forêt avoisinantes des foyers et à un emploi irrégulier d’aliments achetés (orge grain, branchettes feuillues de taille, son du blé) à l’extérieur. Les quantités achetées sont généralement faibles; elles sont fonction de la disponibilité de ces aliments chez les vendeurs, en particulier pendant les périodes de forte demande, de leur prix et de la situation financière des éleveurs.
Les mauvaises conduites alimentaires et sanitaires ont provoqué une baisse de la fertilité des brebis et une augmentation de la mortalité des jeunes. La marge brute moyenne dégagée est faible 59dt/brebis avec une variation relativement forte (35 à 65dt). Ceci explique le peu d’intérêt qu’on accorde à l’élevage ovin dans la formation du revenu et ce bien qu’il demeure toujours un lieu privilégié de capitalisation (en cas de revenu supplémentaire disponible) et de régulation de la trésorerie de la famille. Sans fourrages autoproduits, l’élevage ovin dans les deux types de la première catégorie, est très dépendant de l’extérieur. Mais malgré cette dépendance, le premier type est plus performant que le second dont la marge brute dégagée et la participation dans la formation du revenu total disponible du ménage sont faibles. Ainsi l’élevage ovin, dans le second type, risque de disparaître avec l’augmentation du coût d’alimentation et les possibilités de développement d’autres activités génératrices d’un revenu plus stable et plus important.
Les exploitations, formant cette catégorie,
représentent 90 % de l’échantillon enquêté. Elles se différencient par la taille
de l’exploitation et celle du troupeau ovin, la présence ou non d’autres
élevages, l’importance du revenu extérieur,…..
Ainsi, on distingue quatre types :
Les exploitations, dans ce type, sont marquées par la présence des grands troupeaux ovins (10 à 85 unités femelles) élevés sur de faibles superficies ne dépassant pas les 5 hectares (soit une moyenne de 2,5 ha). Les céréales (blé et orge grain) dont la production est destinée à l’autoconsommation humaine et animale, dominent l’espace cultivé. Les fourrages sont cultivés par la plupart des exploitants mais sur de faible superficie ne dépassant pas les 10 % de la SAU. L’inadéquation entre les disponibilités fourragères et les besoins des troupeaux pousse les éleveurs à la recherche d’autres alternatives. Ainsi les petits éleveurs font recours à l’achaba, dans la zone, et aux aliments achetés surtout en période de sécheresse. Quant aux éleveurs dont la taille du troupeau ovin est plus grande, ils combinent l’achat des aliments et le déplacement à l’intérieur et à l’extérieur de la zone à la recherche de l’herbe au printemps et des chaumes des céréales en été pour leurs bêtes. Nous avons constaté que certains éleveurs (des voisins ou des parents) regroupent leurs troupeaux en un seul et ce pour minimiser les dépenses d’achaba et les frais de déplacement et d’abreuvement par unité ovine. La stratégie adoptée par ces éleveurs ne se limite donc pas à l’achat des aliments, mais également à la mobilité des troupeaux.
On enregistre, au niveau de ce type, un début d’amélioration des conduites alimentaire et sanitaire (54 % pratiquent la prophylaxie de façon régulière, le Flushing et le Steaming sont appliqués respectivement par 54 et 31 % des éleveurs). Mais la productivité numérique est encore inférieure à la norme (94 %), (Norme: = 100%) et ce malgré des taux de fécondité et de prolificité relativement élevés (105,5 et 128 %). Elle est négativement influencée par des problèmes d’avortement (13 %) et de mortalité des jeunes (11 %). La marge brute moyenne de 92 dt/brebis (avec une grande variation allant du simple au double: 87 à 160dt), dégagée au cours d’une année moyenne, est jugée acceptable. Mais la part du revenu ovin (71,5 % du revenu total disponible) est inférieure à celle enregistrée dans le type I-1. Nous avons constaté une tendance à la diversification des sources de revenu agricole et ce à travers l’introduction, dans le système de production, de nouvelles espèces animales (caprine et bovine).
L’extension de l’olivier à huile (60 % de la SAU) et la présence d’un revenu extérieur, le plus souvent permanent, ont fait de l’élevage ovin une activité secondaire dans les exploitations de ce type dont la taille est comprise entre 3 et 5 ha (soit une moyenne de 3 ha), elle a pour but de résoudre un problème de trésorerie en cas de besoin très urgent en liquidité (vente d’un agneau) et de valoriser certains sous produits de l’exploitation. Le reste de la SAU est occupé par les céréales dont la faible production est destinée à l’autoconsommation. Le troupeau ovin est de taille réduite (12 unités femelles par exploitation). Sa participation dans la formation du revenu total est certes faible (20 %) mais très utile pour résoudre des problèmes de trésorerie notamment pendant les périodes de fortes dépenses familiales (rentrée scolaire, mois de ramadan,…). Son alimentation est basée sur des ressources internes (chaumes, rameaux feuillus issus de la taille des oliviers) et de l’orge grain acheté. Mais ces achats sont limités aux périodes très critiques. La marge brute moyenne est de 71 avec une variation relativement faible (56 à 90dt). Elle est inférieure à celle dégagée dans le type précédent (92dt). Cette différence s’explique par :
une faible productivité numérique (87 %). Elle est influencée par un faible taux de fertilité 80 %);
une charge d’élevage relativement élevée (49dt/brebis contre 39dt dans le type précédent).
On constate, dans ce type, une orientation des systèmes de production vers l’olivier à huile. Cette orientation se justifie par :
la valorisation des terres de qualité souvent médiocre;
la forte augmentation, au cours de ces dernières années, du prix des olives et de celui de l’huile d’olive;
le faible coût d’entretien des oliviers;
les encouragements de l’Etat accordés aux planteurs de cette espèce
Ce type regroupe des exploitations de petite taille (6 à 15 ha avec une moyenne de 9 ha) à vocation céréaliculture élevage. Le système de culture, dominé par les céréales (50 à 60 % de la SAU) est en voie de diversification avec l’augmentation de la surface fourragère et l’introduction de l’olivier à huile. Cette diversification est en train de se faire au détriment de la jachère. La plupart des exploitations, dans le type, pratique un élevage mixte (ovin, caprin et bovin de race locale ou croisée) mais dominé par les ovins dont la taille du troupeau varie de 22 à 38 unités femelles (soit une moyenne de 32 brebis). Cet élevage est nourri à partir des ressources de l’exploitation (parcours, jachère, foin et orge grain).
La recherche de l’autonomie de l’exploitation se fait par l’introduction des arbustes fourragers (amélioration des parcours individuels), l’augmentation de la surface de l’orge (double production: verdure et grains) et l’intensification des cultures pratiquées (épandages des engrais achetés et du fumier autoproduit). Mais ces efforts d’intensification et de diversification des ressources fourragères n’ont pas encore donné les résultats technico-économiques attendus. En effet, la productivité numérique est relativement faible (84 %); elle est négativement influencée par un taux de fertilité faible (85 %) et des taux d’avortement (8,5 %) et de mortalité des jeunes (8 %) encore élevés. La marge brute dégagée varie de 75 à 104 dt par brebis (soit une moyenne de88dt); elle est jugée encourageante et pourrait être améliorée avec plus de maîtrise des conduites alimentaire et sanitaire des troupeaux.
La part du revenu ovin varie d’une exploitation à une autre de 35 à 65 % tout dépend de l’importance des autres productions agricoles pratiquées. La tendance, dans ce type, est le développement d’un élevage mixte, car seul ce dernier est capable d’assurer la stabilité économique notamment dans les zones où l’irrégularité des précipitations réduit la garantie du rendement des cultures pluviales.
Les exploitations, dans ce type, sont marquées par leur taille qui varie de 16 à 50 ha (soit une moyenne de 32 ha), la présence d’un parcours naturel et d’un système de culture relativement diversifié sans dominance des céréales (45 % de la SAU). L’élevage des petits ruminants est pratiqué par la quasi-totalité des exploitants, celui des bovins n’est présent que dans 50 % des unités de production. L’effectif moyen du cheptel s’élève à 54 brebis, 15 chèvres et 6 vaches. On note également la présence des ateliers d’engraissement chez 40 % des exploitants. Le nombre de têtes engraissées par an varie de 15 à 20 agneaux et de 2 à 4 veaux. Tous ces animaux sont autoproduits et vendus pendant l'Aïd el kébir (fête religieuse). La pratique de l’engraissement a pour but de profiter de l’augmentation des prix des moutons engraissés (Selmi et al 2002). Le troupeau ovin, malgré son importance, est conduit extensivement. Son alimentation est basée sur les parcours, la jachère et les résidus des cultures. Il est très concurrencé par les bovins et les animaux mis à l’engraissement et ne reçoit des compléments (foin et orge grain le plus souvent autoproduits) que pendant les périodes très critiques. Seuls 43 % des éleveurs pratiquent le Steaming et aucun ne pratique ni le Flushing ni la prophylaxie. Les mauvaises conduites alimentaire et sanitaire ont abouti à de mauvais résultats technico-économiques. En effet, on enregistre, dans ce type, la plus faible productivité numérique (76 %). Cette faiblesse se justifie par un taux de fertilité (84 %) inférieur à la norme et de très forts taux d’avortement (14 %) et de mortalité des jeunes (14,7 %). Avec une marge brute variant de 15 à 60dt soit une moyenne de 45dt/brebis (la plus faible de tous les types), la participation de l’élevage ovin, dans la formation du revenu agricole total est très modeste (20 %).
Les efforts d’intensification sont centrés sur les cultures, les bovins et les ateliers d’engraissement. De nombreux agriculteurs, dans ce type, se trouvent dans une logique d’accumulation. Ils parviennent à dégager un surplus de revenu monétaire qui leur permet d’autofinancer des investissements (agricoles et non agricoles) et de sortir d’une logique de subsistance. Dans la deuxième catégorie (GII), les micro-exploitations se différencient presque à tous les niveaux. Le seul point commun est celui de la faible pratique du Steaming et du Flushing. Dans les types 3 et 4 de la même catégorie, la présence des fourrages autoproduits et des parcours a permis la pratique d’un élevage mixte mais les élevages ovins les plus performants se distinguent dans le typa II-3 et ce grâce à une conduite alimentaire relativement bonne. Le développement de l’élevage ovin, notamment les types avec des ressources fourragères relativement diversifiées et suffisantes (types 3 et 4 en particulier), est fort possible avec une bonne maîtrise des conduites alimentaire, sanitaire et de reproduction.
L’analyse de la typologie des éleveurs d’ovin, dans une région semi-aride, montre une diversité relativement importante. Elle porte sur plusieurs aspects tels que la taille du troupeau ovin et celle du foncier, la nature du système de production et la présence ou non des ressources extérieures.
Les choix et les stratégies adoptés par les différents types d’éleveurs ont ici toujours pour but d’atténuer les effets de la sécheresse, de la diminution des terres de pâture et de l’augmentation du prix des aliments de bétail (orge grain, son du blé, concentré, foin). La possibilité de diversification et d’intensification du système de production est certes capitale à la survie de l’exploitation et du groupe familial mais elle n’est pas à la portée de tous les producteurs. Celle-ci dépend non seulement de la surface disponible mais également de l’emplacement de l’exploitation (par rapport à la forêt et aux parcours) et de la capacité financière de l’exploitant.
Devant l’absence du foncier ou l’étroitesse de la surface, les exploitations sans terre et celles de petite taille cherchent à maximiser la marge brute par brebis et à introduire d’autres activités comme l’olivier à huile (moins exigeant, facile à conduire et les produits de sa taille constituent une source d’alimentation pour les ovins) ; ceci répond à un objectif de diversification des sources du revenu agricole.
L’élevage ovin, dans ces types d’exploitations, est possible même en l’absence de la terre et peut aboutir, dans certains cas, à des résultats économiques satisfaisants. Cependant c’est le système d’élevage le plus fragile, surtout avec la sédentarisation des troupeaux, la réduction des terres de parcours et l’augmentation spectaculaire des prix des aliments achetés à l’extérieur.
Dans les exploitations de taille moyenne (15 à 50 ha), les ovins sont moins dépendants du marché et moins menacés par la sécheresse. Leurs performances et l’importance de leur revenu varient d’un type à un autre selon le degré de leur intégration dans l’agriculture qui lui-même dépend des intérêts qu’on accorde à l’élevage ovin. Ainsi les orientations des systèmes de production se sont traduites par la diversité des productions (animales et végétales), dans certains types, et par le maintien d’un système moins diversifié mais avec un élevage ovin plus intensif et plus performant dans d’autres.
Si les premiers cherchent à mieux répartir les risques de sécheresse et les fluctuations des prix, les seconds essaient de valoriser leur savoir faire, dans la pratique de l’élevage ovin, et leur maîtrise des circuits de commercialisation.
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Received 11 May 2010; Accepted 11 April 2011; Published 1 July 2011