Livestock Research for Rural Development 22 (5) 2010 | Notes to Authors | LRRD Newsletter | Citation of this paper |
Les performances actuelles de reproduction en Tunisie ont été étudiées dans cinq exploitations bovines laitières du secteur organisé (deux Complexes Agro-industriels et 3 unités Coopératives de Production Agricoles) à travers dix campagnes successives (de 1997 à 2007). Cette étude a permis de définir et d’évaluer l’effet des principaux systèmes d’alimentation utilisés dans ces élevages sur les principales performances de reproduction.
Les moyennes globales des paramètres de reproduction ont montré qu’en général les résultats sont marqués par des insuffisances par rapport aux normes courantes et aux objectifs des différentes exploitations. En effet, les valeurs moyennes trouvées pour l’IVV, IV1I, IVIF, TR1I, TR3I et indice coïtal (IC) sont respectivement de 415 jours ; 78 jours, 136 jours ; 34 % ; 33% et 2,27. Les UCPA étudiées semblent présenter des résultats assez rapprochés et ont une tendance à une meilleure (P< 0,05 pour tous les paramètres) maîtrise de la conduite de la reproduction en comparaison avec les CAI (IVV : 409 ; 423, 498 et IC : 2,24 ; 2,29 respectivement pour les UCPA et les CAI). A partir des combinaisons de rations le long de l’année, 9 systèmes d’alimentation ont été définis, dont le plus fréquent (S2) est celui constitué de R1 (fourrages secs + ensilage + concentré) et R2 (R1+verdure) avec une fréquence d’utilisation dans le temps de 54,17 %. Globalement le système S6 basé sur la combinaison des trois rations : R1, R3 (R1 + pulpe de betterave (PB)), et R4 (R1+ PB + verdure) permet les meilleurs (P<0,01) résultats de reproduction avec un IC de 2,02 et un IVV de 393 jours. Il est intéressant de noter que le système S1 basé simplement sur R1 a permis de bonnes performances de reproduction, avec une remise à la reproduction suffisamment précoce (IV1I : 60 jours) permettant ainsi le plus faible IVV (390 jours) en comparaison avec les autres systèmes.
Mots clés: bovin, performances, reproduction, système d’alimentation
The current performances of reproduction in Tunisia were studied in five dairy bovine farms from the organized sector (two agro-industrial complexes: AIC, 3 Cooperative units of agricultural production: CUAP) through ten successive years (of 1997 to 2007). This allowed to identify and to evaluate the effects of the main feeding systems used in these farms on the performances of reproduction.
The overall averages of reproduction parameters showed that, generally the reproduction results were deficient comparatively to usual standards and the objectives of the management. Indeed, the average values found for the calving interval (CI), calving to first service interval (CFSI), calving to pregnancy interval (CPI), conception rate at first service (CRFS) , conception rate at 3rd service (CR3S) and services per conception (SC) are respectively 415 days ; 78 days; 136 days; 34 %; 33% and 2. 27. The studied CUAP seemed to have approximately closed results and tended to present the best performances (P<0.05 for all the parameters) comparatively to the others farms (CI: 409; 423. 498 and SC: 2.24; 2.29 respectively for the CUAP and AIC). Based on the different ration (R) combinations used along the year, 9 feeding systems (S) were defined. The feeding system (S2) including R1 (dry forages + silage + concentrate) and R2 (R1+green forages) was the most frequently used (54.17% of time). Generally, S6 based on the combination of the three rations: R1, R3 (R1 + sugar beet pulp: SBP), and R4 (R1 + SBP + green forages) allowed the best (P<0.01) results of reproduction (2. 02 and 393 days, respectively for SC and CI). It is worthy to note that S1, based simply on R1 allowed acceptable reproduction performances, with a sufficiently early return of cows to reproduction (CFSI: 60days) allowing, thereby, the lowest CI (390 j) comparatively to the other systems.
Keywords: cattle, feeding systems, performances, reproduction
L’élevage bovin constitue une source de revenus importante pour les éleveurs tunisiens mais sa rentabilité au cours de ces dernières années est de plus en plus discutée. Les causes à l’origine de ce problème sont multiples, mais les pertes associées aux faibles performances de reproduction dans des troupeaux laitiers occupent une place prépondérante (Ben Salem et al 2007). Par conséquent l'amélioration de la productivité et de la rentabilité des troupeaux laitiers en Tunisie passe par l’augmentation de l'efficacité de la reproduction des exploitations laitières et nécessite une réduction du temps improductif et l’augmentation de la carrière des animaux (Ben Salem et al 2006).
Les causes de variation des performances de reproduction sont multifactorielles et peuvent être liées soit à l'animal lui-même soit à l’environnement. Certains de ces facteurs peuvent être maîtrisés parce qu'ils se trouvent liés à la conduite, et se résument essentiellement dans la faible maîtrise de la conduite technique du troupeau laitier (Lucy 2001), l'état sanitaire du troupeau et surtout à l'alimentation (Bouzebda et al 2006). Plusieurs travaux de recherche ont été entrepris en Tunisie sur l’impact des facteurs de conduite sur les performances de reproduction (Ben Salem et al 2009, Ben Salem et al 2007, Ajili et al 2007). Cependant des études intégrant l’impact direct de l’alimentation sur la reproduction sont presque inexistantes. A cet effet, le présent travail tente de définir les systèmes d’alimentation (rations ou ensemble de rations) sur une durée de dix ans dans cinq exploitations appartenant aux domaines publics et d’évaluer leurs impacts sur les performances de reproduction.
L’étude a concerné cinq exploitations bovines laitières du secteur organisé, représentant le système d’élevage intensif en Tunisie. Les données générales concernant ces exploitations sont présentées dans le Tableau 1.
Tableau 1. Présentation des exploitations agricoles étudiées |
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Catégorie |
Ferme |
Localisation |
Précipitations, mm/an |
Superficie |
Effectif bovin laitier actuel |
Effectif bovin laitier minimum |
Effectif bovin laitier maximum |
Complexe agroindustriel |
Badrouna |
Bou Salem |
597 |
1723 ha |
498 |
296 |
662 |
Complexe agroindustriel |
Ghezela |
Mateur |
766 |
5572 ha |
1267 |
1107 |
1366 |
*UCPA |
Gnedil |
Béja |
684 |
827 ha |
89 |
75 |
98 |
UCPA |
El Montassar |
Béja |
684 |
759 ha |
89 |
86 |
113 |
UCPA |
El Kodya |
Mateur |
766 |
778 ha |
136 |
110 |
192 |
*UCPA : Unité Coopérative de Production Agricole |
Ces fermes ont été choisies sur la base de la stabilité de l’activité de la production laitière et de la disponibilité des données relatives au fonctionnement des ateliers au cours de dix campagnes agricoles successives (de 1997 à 2007).
Les données ont été collectées par des entretiens avec les responsables d’élevage et à partir de la documentation disponible aux bureaux d’élevage (cahiers d’inventaire et de production, cahiers des charges, cahiers des cultures). Parallèlement, nous avons procédé à une enquête dont les composantes sont présentées dans le tableau 2.
Tableau 2. La nature des données de l’enquête |
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Type de données |
Paramètres |
Les éléments de structure de chaque exploitation
|
Statut de l’exploitation Délégation, Gouvernorat… Les superficies (SAT, SAU, SAI) Les occupations du sol (cultures fourragères.…) |
La production laitière
|
Production laitière par vache présente par mois (PLVP). Production laitière par vache en lactation par mois (PLVL). Effectifs des vaches présentes. Effectif des vaches en lactation. |
Les paramètres de reproduction |
L’intervalle vêlage-vêlage (IVV) L’intervalle vêlage-1ère insémination (IV1I) Indice coïtal : nombre de services par conception (IC) L’intervalle vêlage-insémination fécondante (IVIF) Taux de réussite de la première insémination (TR1I) Taux de réussite au-delà de la 3ème insémination (TR3I) |
Les types de rations utilisées pour l’alimentation de la vache laitière ont été définis sur la base de la combinaison des ingrédients utilisés dans les rations, à savoir les fourrages secs (FS), l’ensilage (E), les verdures (V) composées essentiellement de verdure de printemps (Bersim, Ray gras et Avoine) et de la verdure d’été (Luzerne, Maïs et Sorgho) la pulpe de betterave (PB) et les aliments concentrés (CC). Ainsi 4 types de ration ont été définis :
Type R1 : FS+E + CC
Type R2 : FS+E+V+ CC
Type R3 : FS+E+PB+ CC
Type R4 : FS+E+V+PB+ CC
Les systèmes d’alimentation ont été définis sur la base de la combinaison de ces types d’alimentation le long d’une année, avec une durée minimale d’utilisation pour chaque ration de 1 mois.
L’analyse des principaux facteurs de variation des paramètres relatifs à la reproduction (Indice coïtal : IC, intervalle vêlage-vêlage : IVV; intervalle vêlage-1ère insémination : IV1I, intervalle vêlage-insémination fécondante : IVIF ; taux de réussite à la première insémination : TR1I et le taux de réussite au-delà de la 3ème insémination : TR3I) a été réalisée moyennant une analyse de la variance à travers la procédure GLM du système SAS (1988), selon le modèle:
Yijk= µ + Fri + ANj +Sk + ( Sk*ANj) + Eijkl, avec :
µ : Moyenne générale.
Fri : Effet ferme (i = 1,2, 3,4, 5).
ANj : Effet année (j = 1997,1998, 1999, 2000, 2001, 2002, 2003, 2004, 2005, 2006).
Sk : Effet du système d’alimentation (l = 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9).
Sk*ANj : Effet interaction système d’alimentation * année.
Eijkl : Erreur résiduelle.
Les niveaux des facteurs ont été comparés deux à deux moyennant le test Duncan.
Les performances moyennes de reproduction sont présentées dans le Tableau 3.
Tableau 3. Performances de reproduction moyennes |
|
Paramètres |
Moyenne |
IC |
2,27±0,26 |
IVV, jours |
414,8±20 |
IV1I, jours |
78±13 |
IVIF, jours |
136±20 |
TR1I, % |
34,3±7 |
TR3I, % |
33±14 |
L’IV1I varie entre 55 et 117 jours avec une moyenne de 78 jours. Ces valeurs sont plus élevées que celles présentés par Rejeb et al (2007) qui ont trouvé que dans la plupart des exploitations Tunisiennes, cet intervalle est compris entre 45 et 60 jours, alors que d’après Ben Salem et al (2007), l’IV1I est de l’ordre de 89 jours. L’IVIF est de 136 jours et est plus faible que l’intervalle présentée par Ajili et al (2007) et Ben Salem et al (2009) qui sont respectivement de 149 et 144 jours. Le TR1I moyen n’est que de 34 %, valeur inférieure à celle avancée par Ben Salem et al (2007) et qui est de l’ordre de 40 %. Le TR3I est de 33 % et l’IC est de 2,27. Ces valeurs sont plus élevées que celles avancées par Ben Salem et al (2007) et qui sont respectivement de l’ordre de 31,5 % et 2,18. L’IVV moyen est relativement élevé (en moyenne 414 jours) ce qui se rapproche des résultats avancés par Ben Salem et al (2007) et Ajili et al (2007) qui sont respectivement de 422 et 428 jours. En revanche cet IVV est bien inférieur à l’intervalle présenté par Ben Salem et al (2009).
Nos valeurs ainsi que celles présentées par les différentes études sont au delà des normes d’élevage relatives à une reproduction bien maitrisée dans un troupeau laitier intensif. Pour ne citer que l’IVV, ces valeurs sont supérieures à la durée optimale en termes de production et de rentabilité (Sraïri et El Khattabi 2001). Bien que les vaches soient mises à la reproduction dans un délai post partum acceptable (79 jours), la fécondité est faible en raison d’une fertilité insuffisante en 1ère et en 2ème inséminations et d’un délai prolongé entre deux inséminations. En effet, l’IVV est surtout influencé par le délai à la mise à la reproduction, qui laisse suggérer une reprise tardive de l’activité ovarienne, due à des déséquilibres en début de lactation, des métrites et des carences minérales aussi exacerbée par les chaleurs silencieuses et par des insuffisance au niveau de la détection des chaleurs (Randel 1990). L’alimentation pourrait jouer un rôle important dans l’explication de ces résultats (Poncet 2002), surtout si on considère certaines anomalies que nous avons pu constater au niveau de la conduite dans ces troupeaux (qualité des fourrages grossiers, irrégularité de la distribution des composantes des rations à cause surtout des conditions climatiques, mauvaise adaptation des types de complémentation avec concentrés, …).
Les paramètres de reproduction dans les cinq fermes étudiées sont présentés dans le Tableau 4.
Tableau 4. Variation de production laitière et des paramètres de reproduction selon les fermes |
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Ferme |
IC* |
IVV, j* |
IV1I, j* |
IVIF, j* |
TR1I, %* |
TR3I, %* |
PLVL, kg* |
CAI Badrouna |
2,23c |
413 b |
77 b |
134 c |
39 a |
37 a |
5364d |
CAI Ghzela |
2,34b |
435 a |
97 a |
151 a |
36 b |
35 a |
5822c |
UCP Gnedil |
2,4a |
408 c |
68e |
131 c |
28 d |
34 a |
6611a |
UCPA El Montasar |
|
407 c |
75 c |
128 d |
|
|
6068b |
UCPA Kdeya |
2,05d |
410bc |
72 d |
137 b |
35 c |
16 b |
5367d |
ESM |
0,001 |
0,11 |
0,053 |
0,102 |
0,03 |
0,09 |
2,59 |
abcd : des lettres différentes sur la même colonne indiquent des valeurs statistiquement différentes; ESM : erreur standard de la moyenne ;* : P<0,01. |
En général, les UCPA étudiés semblent présenter des résultats assez rapprochés et ont une tendance à une meilleure maitrise de la conduite de la reproduction. Si on considère, à titre d’exemple, l’UCPA Kdeya, elle se caractérise par une mise à la reproduction assez précoce (IV1I : 71,8) et l’IC le plus faible (P<0,001) parmi toutes les fermes (2,05). Il est à remarquer que cette UCPA présente un TR3I de 16,25 %, valeur assez proche des normes courantes (Poncet 2002) certainement en rapport avec une mise à la reproduction post partum relativement précoce (IV1I : 410 jours). En revanche, pour le CAI Ghzela qui semble présenter les performances de reproduction les plus faibles, la mise en reproduction est relativement tardive (IV1I : 97,19 jours) avec un IVV élevé (435 j) et un IC élevé (2,34).
L’UCPA Gnédil pratique une mise à la reproduction précoce (IV1I : 68 j) qui semble en rapport avec des performances de reproduction satisfaisantes (IVV de l’ordre de 408 jours ; IVIF de 131.41). De plus, cette UCPA a enregistré les meilleures performances de production laitière (PLVL : 6611 kg). Ceci serait probablement en rapport avec une meilleure politique de réforme des vaches problématiques, associé à une bonne complémentation énergétique en début de lactation (Barbat et al 2005). Il est à noter que si on examine les moyennes des performances sur l’ensemble des fermes (ex. IVV moyen : 415 jours) on constate que la situation de la reproduction ne semble ni alarmante ni désespérée si on considère certaines limites du milieu environnant telles que les fortes chaleurs et la valeur alimentaire non maîtrisée des fourrages conservés et même des fourrages verts qui subissent en outre de fortes variations en quantité et en qualité liées à l’alternance saison sèche-saison des pluies. En comparaison avec d’autres résultats dans des pays limitrophes, Bouzebda et al (2006) rapportent des valeurs de l’IVV allant jusqu’à 464 jours dans le nord de l’Algérie. De plus l’étude menée par Lucy (2001) sur l’évolution des performances de reproduction a montré que l’IVV atteint une moyenne de 416 en 2000. En outre, un manque à gagner et des progrès substantiels pourraient être obtenus rien qu’en améliorant les conditions sanitaires et la prophylaxie ainsi qu’en maîtrisant les cycles sexuels et le déroulement des inséminations (Ponsart et al 2007 ; Lucy 2001).
Nous avons tenté d’analyser l’effet année en rapport avec l’évolution de la production laitière au cours de la période de l’étude. Cependant, et bien que l’effet année était significatif (P<0,01), il n’a pas été possible d’établir un lien direct entre l’IVV et la PLVL à cause des fortes variations entre fermes et entre années. En effet, deux années ont marqué l’évolution des performances de production et de reproduction, à savoir la campagne 1998-1999, où le déficit pluviométrique a limité les disponibilités fourragères, ce qui explique un IVV (422 jours) et un IVIF (140 jours) significativement (P< 0,01) plus élevés que ceux enregistrés durant les campagnes 1997-1998 (IVV:406 j et IVIF : 130 j) et 1999-2000 (IVV:410 j et IVIF : 129 j) et la campagne 2002-2003 marquée par des inondations qui auraient induit une chute de production laitière et une chute des performances de reproduction qui pourraient être liées à la détérioration de l’état corporel des vaches qui se serait répercuté sur leur fertilité au cours de la campagne d’après (2003-2004) avec un TR1I de 27,53%.
Toutefois on observe une évolution générale qui tend vers un accroissement parallèle de la PLVL et de l’IVV (Figure 1) bien que les coefficients de détermination de ces droites de tendance sont faibles (R² =0,27 et 0,23 respectivement pour la PLVL et l’IVV). En effet, la PLVL et l’IVV ont augmenté respectivement de 8,8 et 6 %. Cette tendance confirme celles de plusieurs autres études ultérieures (Butler et Smith 1989, Lucy 2001, Brisson 2003 et Barbat et al 2005). Ces auteurs ont constaté une diminution des performances de reproduction parallèlement à l’amélioration des performances laitières chez la race Holstein. Les vaches étant plus hautes productrices suite à l’amélioration génétique, les dépenses énergétiques sont plus importantes avec des risques de déficit, surtout en début de lactation. Dans notre étude une telle hypothèse pourrait être envisagée surtout que, s’agissant d’animaux nés et élevés en Tunisie dans le secteur organisé, on a tendance à importer de la semence amélioratrice.
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|
L’effet système d’alimentation sur les performances de reproduction est consigné dans le Tableau 5.
Tableau 5. Effet du système d’alimentation sur les paramètres de reproduction et la production laitière. |
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Systèmes |
IC* |
IVV, j* |
IV1I, j* |
IVIF, j* |
TR1I, %* |
TR3I, %* |
PLVL, kg* |
S1 |
1,9g |
390d |
60e |
120e |
30e |
15d |
5458c |
S2 |
2,20d |
413bc |
83a |
139b |
39b |
39a |
5523c |
S3 |
2,29c |
416bc |
80ab |
139b |
32d |
31bc |
5997b |
S4 |
2,2d |
441a |
83a |
172a |
34cd |
28c |
4900d |
S5 |
2,86a |
411c |
67d |
133bc |
21f |
|
6475a |
S6 |
2,02f |
393d |
72c |
112f |
36c |
|
6728a |
S7 |
2,11e |
421b |
77b |
128cd |
43a |
30c |
4979d |
S8 |
2,38b |
417bc |
74c |
123de |
34cd |
35ab |
5516c |
S9 |
2,21d |
409c |
70cd |
129cd |
28e |
|
5787bc |
ESM |
0,0006 |
0,061 |
0,029 |
0,056 |
0,018 |
0,054 |
2,59 |
S1 :R1 ; S2 : R 2 ; S3 : R 1+ R 2 ; S4 : R1+ R 2+ R 3 ; S5 : R1+ R 2+ R 3+ R 4 ; S6 : R 1+ R 3+ R 4 ; S7 : R2+ R 3+ R 4 ;S8 : R 2+ R4 ; S9 : R3+ R 4. abcd : des lettres différentes sur la même colonne indiquent une différence significative ; ESM : erreur standard de la moyenne ;* : P<0,01. |
Le système S6 basé sur la combinaison des trois rations : R1, R3 (R1 + pulpe de betterave) et R4 (R1+ PB+ verdure) permet les meilleures performances qui sont les plus proches de certaines normes européennes (Poncet 2002) avec un IC de 2,02 et un IVV de 393 jours. Dans ce système la PB est utilisée pendant une longue période de l’année (en moyenne 8,5 mois par an) et en quantités non négligeables (en moyenne 9 kg par VP). L’incorporation de betterave dans la ration permet de combler relativement le déficit énergétique surtout au début de la lactation et améliore les performances de reproduction. Elle permet aussi d’atténuer les interactions digestives habituellement observées entre les concentrés et les fourrages en apportant des glucides du type paroi moins rapidement fermentescibles, notamment la cellulose peu lignifiée et les substances pectiques (Journet 1988). Alors que le système S4 basé sur la combinaison des trois rations R1 à laquelle on incorpore soit la PB (R3) ou la V (R2) a permis les performances de reproduction les plus faibles (IVV: 441 jours ; IVIF : 172 jours). Ce système fortement dominé par la présence de verdure (65 %), notamment en cas de substitution de la PB par la verdure d’hiver (février, mars et avril) traduit d’une part les problèmes d’irrégularité des affouragements en hiver, associés à la présence de taux élevés d’azote non protéique (ANP) ou rapidement fermentescible, présent surtout dans le bersim (Mezni et al 2000). En effet, d’après Brisson (2003), les fortes teneurs en ANP dans la ration, surtout en présence d’un déficit énergétique, engendrent une élévation du taux d’urée dans le sang qui peut entraîner une altération de l’environnement utérin provoquant ainsi des mortalités embryonnaires, une baisse de l’efficacité de l’insémination ainsi qu’une augmentation du déficit énergétique.
En effet, le déficit alimentaire, principalement la carence en énergie due essentiellement à une mauvaise qualité des fourrages, associée à une complémentation insuffisante de la ration, entraîne le plus souvent un état corporel médiocre (Bouzebda et al 2006 ; Ben Salem et al 2006) qui se répercute sur la manifestation des chaleurs et entraîne notamment plus de la moitié des échecs à l’insémination artificielle (Roche 2006 ; Courtois 2005).
Il est intéressant de noter que le système S1 basé simplement sur le type de ration R1 constituée uniquement de fourrages secs, d’ensilage et de concentré a permis de bonnes performances de reproduction, avec une remise à la reproduction précoce (IV1I : 60 jours) qui permet un IVV le plus réduit (390 jours) et un TR3I dans les normes (15 %). Cependant ce système a enregistré un très faible TR1I (30%) qui pourrait être dû à la distribution de taux élevés de concentré dans les rations (45 %), directement après le vêlage. Ce résultat rejoint celui de Poncet (2002) qui avance que le taux de réussite de l’insémination diminue lorsque la proportion de concentré augmente au-delà de 40 %. Wolter (1992) recommande une ration contenant au maximum 40 % de glucides fermentescibles pour une reproduction efficace ; au-delà de cette proportion, le risque d’acidose est important pouvant entraîner des endométrites ainsi que des mortalités embryonnaires. D’autre part, s’agissant dans ce système, de rations distribuées le long de l’année sans grandes interruptions ni variations (fourrages conservés), cela offre une certaine stabilité et continuité des apports alimentaires intégrant des quantités suffisantes de concentré, contribuant ainsi à des résultats acceptables de la reproduction. Les systèmes alimentaires S5 et S6 caractérisés par l’introduction de la pulpe de betterave durant quelques périodes de l’année permettent d’optimiser les performances que ce soit sur le plan production (respectivement 6475 et 6728 kg pour la production laitière) ou au niveau de la reproduction (respectivement 411 et 394 jours pour l’IVV).
Cette étude nous a permis de conclure que les performances de reproduction dans les fermes étudiées sont faibles par rapport aux normes d’élevage dans un troupeau laitier intensif, notamment dans les pays d’origine de la race Holstein. Cependant, la situation de la reproduction ne semble pas critique si on considère certaines limites du milieu environnant telles que les fortes chaleurs et la faible valeur alimentaire de la plupart des fourrages conservés qui sont distribués au cours d’une longue période de l’année et aussi certaines difficultés d’utilisation des fourrages verts notamment lors de la saison des pluies. Dans notre étude, les animaux étaient nés et élevés dans le secteur organisé, où de la semence amélioratrice est importée. Une légère tendance à la baisse des performances de la reproduction a été notée parallèlement à une légère tendance d’amélioration des performances laitières au cours de la période de l’étude. L’effet des systèmes d’alimentation tels que nous les avons définis était significatif sur les paramètres de reproduction. Le système S6 caractérisé par l’incorporation de pulpe de betterave durant une longue période de l’année permet les meilleures performances de reproduction alors que la substitution de cet aliment par de la verdure d’hiver (S4) entraîne une chute de ces dernières. Par ailleurs, il faut souligner que le système S1 basé simplement sur R1 a permis de bonnes performances de reproduction, en rapport semble t-il avec la stabilité de l’alimentation sur de longues périodes.
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Received 28 January 2010; Accepted 8 March 2010; Published 1 May 2010