Livestock Research for Rural Development 22 (5) 2010 | Notes to Authors | LRRD Newsletter | Citation of this paper |
Les performances actuelles de production laitière intensive en Tunisie ont été étudiées de 1997 à 2007 dans cinq exploitations bovines laitières du secteur organisé, dont deux complexes agro-industriel (CAI) et trois Unités Coopératives de Productions Agricoles (UCPA). Cette étude a permis de définir et d’évaluer l’effet des principaux systèmes d’alimentation et rations utilisés dans ces élevages sur les performances laitières.
La production laitière moyenne est en dessous des potentialités des vaches de race Holstein (5857 litres/vache en lactation/an et 4821 litres/vache présente/an). Le rapport lait/concentré moyen est assez faible (1,82). Nous avons pu définir 4 types de rations (minimum un mois de distribution) en fonction des fourrages utilisés dans les rations de base (R1 : Concentré CC + Fourrages secs FS + Ensilage E ; R2 : CC+FS+E+Verdure V ; R3 : CC+FS+E+Pulpes de betteraves PB ; R4 : CC+FS+E+V+PB). Le type de ration le plus fréquent est R2 avec une fréquence d’utilisation dans le temps de 57,29 %. Les rations du type R3, intégrant la PB ont permis de dégager les productions laitières les plus élevées (6028 litres/vache en lactation/an et 4922,1 litres/vache présente /an ; P<0,01). A partir des combinaisons de ces rations le long de l’année, 9 systèmes d’alimentation ont été définis, dont le plus fréquent est celui constitué de R1 et R2 (S2) avec une fréquence d’utilisation dans le temps de 54,17 %. Le système alimentaire combinant trois rations diversifiés (S6 : R1+R3+R4) a permis la production laitière la plus importante (6727,9 litres/vache en lactation/an et 5245,9 litres/vache présente/an).
Mots clés: Production laitière, système d’alimentation, ration
The current performances of intensive dairy production in Tunisia were studied in five dairy bovine public farms (two agro-industrial complexes: AIC, 3 Cooperative units of agricultural production: CUAP) during the period between 1997 and 2007. This study allowed to define and to evaluate the effect of the main rations and feeding systems used in these herds on dairy production.
The average dairy production is below the milky potentialities of the Holstein cows (5857 l/lactating cow/year and 4821 liter/present cow/year). The average of milk/concentrate ratio is low (1.82). We could define 4 types of rations (distributed during one month minimum) on the base of the roughages used in the basal ration (R1: Concentrate (CC) + dry forages (FS) + Silage (E); R2: CC+FS+E+V; R3: CC+F+E+ sugar beet pulp (PB); R4: CC+FS+E+V+PB). The most frequent type of ration was R2 with use frequency of 57.29 %. The R3 type rations, integrating the beet pulp, allowed to perform the highest productions (6028 liters / cow in lactation/year and 4922.1 liters/present cow/year; P<0.01). On the basis of combinations from these rations along the year, 9 feeding systems were defined. The most frequent one included R1 and R2 with a use frequency of 54.17 %. The feeding system combining three diversified rations (S6: R1+R3+R4) allowed the most important dairy production (6727.9 l / cow in lactation / year and 5245.9 liters / present cow /year).
Key-words: feeding system, milk production, ration
En Tunisie, la production laitière est un secteur stratégique de la politique agricole en raison notamment, de son rôle économique et social. Le développement de la production durant ces dernières années a été permis particulièrement par l’accroissement continu de l’effectif et l’introduction de races pures, notamment la Holstein (Rejeb et al 2007) qui représente 50 % de l’effectif bovin en Tunisie et contribue pour 73 % de la production nationale (Ben Salem et al 2006). Le secteur organisé de production agricole détient plus que 86 % de l’effectif bovin laitier et assure 82 % de la production nationale (OEP 2007). Cependant, les moyennes de production demeurent nettement en dessous du potentiel génétique de la race pour des facteurs principalement liés à la conduite du troupeau (Ajili et al 2007), plus particulièrement à la conduite alimentaire inadéquate des animaux et aux contraintes d'affouragement du cheptel bovin (Sraïri et Kessab 1998). En conséquence, afin d’appréhender le potentiel génétique de cette race et de maintenir une certaine durabilité de l’élevage, il est nécessaire de se pencher sur la conduite alimentaire en général à travers l’analyse des systèmes d’alimentation, notamment leur constitution, leur régularité, leur répartition et leur stabilité.
Le présent travail a pour objectif de caractériser les principaux systèmes adoptés dans les grandes exploitations du secteur organisé et d’analyser leur impact sur les paramètres de production chez la race Holstein dans les régions du nord de la Tunisie.
L’étude a concerné cinq exploitations bovines laitières du secteur organisé, représentant le système d’élevage intensif en Tunisie. Les données générales concernant ces exploitations sont présentées dans le tableau 1. Ces fermes ont été choisies sur la base de la stabilité de l’activité de la production laitière et de la disponibilité des données relatives au fonctionnement des ateliers laitiers au cours des dix campagnes agricoles successives de 1997 à 2007.
Tableau 1. Présentation des exploitations agricoles étudiées |
|||||
Catégories |
Ferme |
Localisation |
Précipitations, mm/an |
Superficie |
Effectif bovin laitier actuel |
Complexe agro industriel |
Badrouna |
Bou Salem |
597 |
1724 ha |
498 |
Complexe agro industriel |
Ghezela |
Mateur |
766.3 |
5572 ha |
999 |
UCPA |
Gnedil |
Béja |
684.1 |
827 ha |
89 |
UCPA |
El Montassar |
Béja |
684.1 |
759 ha |
89 |
UCPA |
El Kodya |
Mateur |
766.3 |
778 ha |
136 |
Les données ont été collectées à partir de la documentation de gestion disponible aux bureaux de gestion technique de chaque élevage. La nature des données collectées est résumée dans le tableau 2.
Tableau 2. La nature des données de l’enquête |
|
Type de données |
Paramètres |
Les éléments de structure de chaque exploitation
|
Statut de l’exploitation Délégation, Gouvernorat… Les superficies (SAT, SAU, SAI) Les occupations du sol (Cultures fourragères,…) |
La production laitière
|
Production laitière par vache présente par mois (PLVP). Production laitière par vache en lactation par mois (PLVL). Effectifs de vaches présentes. Effectif de vaches en lactation. |
Les types de rations utilisées pour l’alimentation de la vache laitière ont été définis sur la base de la combinaison des ingrédients utilisés dans les rations, à savoir les fourrages secs (FS), l’ensilage (E), les verdures (V) composées essentiellement de verdure de printemps (Bersim, Ray gras et Avoine) et de la verdure d’été (Luzerne, Maïs et Sorgho), la pulpe de betteraves (PB) et les concentrés (CC). Ainsi 4 types de ration ont été identifiés :
Type R1 : FS+E+CC
Type R2 : FS+E+V+CC
Type R3 : FS+E+PB+CC
Type R4 : FS+E+V+PB+CC
Les systèmes d’alimentation ont été définis sur la base de la combinaison de ces types d’alimentation le long d’une année, avec une durée minimale d’utilisation pour chaque ration de 1 mois.
Nous avons calculé le rapport lait/concentré mensuel moyen pour chaque ferme et année :
RLC = Quantité de lait produite (kg)/Quantité de concentré consommé (kg)
L’analyse des principaux facteurs de variation des paramètres relatifs aux performances de production (production laitière par vache présente : PLVP, production laitière par vache en lactation : PLVL, rapport lait/ concentré : RLC) a été réalisée moyennant une analyse de la variance à travers la procédure GLM du système SAS (1988), selon le modèle:
Yijkl= µ + FRi + ANj + TRk +Sl + (TRk*ANl) + (Sl*ANj)+Eijkl , avec:
µ : Moyenne générale,
FRi : Effet ferme (j = 1 à 5),
ANj : Effet année (k = 1997 à 2007),
TRk : Effet type de ration (l = 1 à 6),
Sl : Effet système d’alimentation (m = 1 à 9)
TRk*ANj : Effet interaction type de ration * année.
Sl*ANj : Effet interaction système d’alimentation * année.
Eijkl : Erreur résiduelle.
Les niveaux des facteurs ont été comparés deux à deux moyennant le test Duncan.
Le tableau 3 illustre la répartition des différents types de rations et systèmes d’alimentation. Le rationnement est basé à plus de 50 % sur le type R1 composé essentiellement de concentré, fourrages secs et verdure. Ceci nous a permis de définir neuf systèmes d’alimentation spécifiques aux fermes étudiées. Le système S3 issu de la combinaison de R1 et R2 représente plus de 54 % des systèmes d’alimentation définis. Ceci est dû au fait que les fermes étudiées sont caractérisées par des systèmes intégrés, où l’alimentation est basée sur des fourrages produits au niveau de l’exploitation à savoir le foin, l’ensilage et la verdure, avec une complémentation en concentré.
Tableau 3. Types de rations et systèmes d’alimentations identifiés |
||
Type de ration |
Composition |
Fréquence d’utilisation, %* |
FS+E+CC |
27,1 |
|
R2 |
FS+E+V+CC |
57,3 |
R3 |
FS+E+PB+CC |
6,25 |
R4 |
FS+E+V+PB+CC |
9,38 |
Système d’alimentation |
|
Fréquence d’utilisation, %* |
S1 |
R1 |
2,08 |
S2 |
R2 |
14,58 |
S3 |
R1+R2 |
54,17 |
S4 |
R1+R2+R3 |
2,08 |
S5 |
R1+R2+R3+R4 |
8,33 |
S6 |
R1+R3+R4 |
2,08 |
S7 |
R2+R3+R4 |
4,17 |
S8 |
R2+R4 |
8,33 |
S9 |
R3+R4 |
4,17 |
* : Fréquence : Le pourcentage de la durée d’utilisation CC : Concentré ; FS : Fourrages secs ; E : Ensilage ; V : Verdure ; PB : Pulpes de betterave |
Les résultats concernant les performances laitières moyennes des exploitations étudiées sont portés dans le tableau 4. La PLVP moyenne est de 4821 kg ; ce résultat rejoint celui de Rejeb et al (2007) qui ont trouvé que le niveau de production moyen par vache présente est de l’ordre de 4885 kg dans les régions de l’Ariana et Mahdia au cours des années 1998-2002. La PLVL moyenne est de 5857 kg similaire aux résultats de Ben Salem et al (2007) et Ajili et al (2007) qui l’ont estimé à 5900 kg dans les régions du Nord et centre de la Tunisie entre les années 1990 et 2004. Le RLC moyen (1,82) est faible, la valeur trouvée est nettement inférieure à celle (2,5 à 3) présenté par Reddy et al (1991) dans le cas de la paille de riz traitée à 4% d'urée distribuée à volonté. Nos valeurs traduisent une utilisation importante d’aliments concentrés, en rapport avec des fourrages grossiers souvent de mauvaise qualité. En effet, d’après Sraïri et al (2005) les rendements laitiers moyens par vache sont très en dessous des potentialités des vaches de la race Holstein et témoignent de défaillance de conduite, notamment en matière de rationnement et de déficit en fourrages de bonne qualité tout le long de l’année. Cette situation induit une importante incorporation de concentré utilisé en partie pour couvrir les besoins d’entretien des vaches, ce qui conduit à une production de lait à base de concentré, classiquement observée dans le Sud méditerranéen (Sraïri et al 2005).
Tableau 4. Performances moyennes de production laitière |
|
Performance |
Moyenne |
PLVP, kg |
4821 ± 716 |
PLVL, kg |
5857 ± 813 |
RLC |
1,82 ± 0,23 |
L’effet ferme sur les paramètres de production laitière est présenté dans le tableau 5. La PLVL varie de 6611 kg/vache/an dans le cas de l’UCP Gnédil à 5364 kg/vache en lactation/an chez le CAI Badrouna. En revanche cette dernière exploitation a enregistré le RLC le plus élevé (1,92) ; alors que le rapport le plus faible est enregistré au niveau de l’UCP Kdeya (1,52). Cet effet ferme sur la production laitière peut être expliqué par la présence de facteurs spécifiques à chaque exploitation (pluviométrie, technicité de la main d’œuvre, type de traite...) qui seraient à l’origine de la variabilité d’expression des potentiels génétiques des vaches d’une unité de production à une autre.
Tableau 5. Performances de production laitière par ferme |
|||
Ferme |
PLVP** |
PLVL** |
RLC** |
CAI Badrouna |
4409 d |
5364 d |
1,92a |
CAI GHZELA |
4846 c |
5822c |
1,83b |
UCP GNEDIL |
5333 a |
6611a |
1,9a |
UCP EL MONTASAR |
5127 b |
6068b |
1,9a |
UCP KDEYA |
4347 d |
5367d |
1,52c |
ESM |
204 |
223.8 |
0,12 |
,abcd :
des lettres différentes sur la même colonne indiquent des valeurs
statistiquement différentes; |
L’évolution de la production laitière par campagne est illustrée dans le tableau 6. La production la plus importante a été enregistrée durant la campagne 2006-2007 (6369,5 kg) alors que le minimum de production a été enregistré durant la campagne 2002-2003 (5343,8 kg). Les variations visibles sont certainement liées aux variations des conditions climatiques (Sraïri et al 2007). En fait une chute de production a été enregistrée (5673 kg/an) durant la campagne 1998-1999 où sévit une période de sécheresse. Par ailleurs, en 2001-2002 une période d’inondation a eu le même impact sur la production et l’utilisation des fourrages entrainant une diminution de la production laitière à 5343,8 kg/an. Au cours des trois dernières années de l’étude, une légère tendance significative (P<0,01) à la hausse de l’ordre de 9,7 % a été notée par rapport à la campagne 2003-2004. Cette augmentation pourrait résulter des programmes de sélection appliqués dans ces fermes et qui visent l’amélioration du niveau génétique des troupeaux pour la production laitière (Sraïri et El Khattabi 2001 ; Brisson 2003 ; Ben Salem et al 2006).
Entre 1997 et 2001, le RLC a présenté des valeurs élevées avec un maximum de 1,96 durant la campagne 1998-1999. Ultérieurement, ce taux a progressivement diminué pour atteindre une valeur minimale de 1,68 en 2006-2007. Cette différence serait probablement due à l’utilisation dans les années 90 de la pulpe de betterave ayant induit une amélioration de la qualité de la ration de base.
Tableau 6. Evolution des performances de production |
|||
Campagne |
PLVP** |
PLVL** |
RLC** |
1997-1998 |
4695 bc |
5850 cd |
1,81b |
1998-1999 |
4631 bc |
5673 de |
1,96 a |
1999-2000 |
4512 c |
5548e |
1,93 a |
2000-2001 |
5045 a |
6126b |
1,92 a |
2001-2002 |
4624 bc |
5725 de |
1,83 b |
2002-2003 |
4495 c |
5344f |
1,71 c |
2003-2004 |
4737 b |
5664de |
1,69 c |
2004-2005 |
5105 a |
6052 bc |
1,83 b |
2005-2006 |
51523 a |
6224ab |
1,85 b |
2006-2007 |
5237 a |
6369 a |
1,68 c |
ESM |
145 |
158 |
0,08 |
abcd :
des lettres différentes sur la même colonne indiquent une différence
significative ; |
L’analyse de la conduite alimentaire des cinq fermes étudiées est illustrée dans le tableau 7. La PLVL est plus importante pour le type R1 (5922,21 kg) basé sur le concentré, les fourrages secs et l’ensilage. L’incorporation de la verdure (R2) aurait réduit la PLVL à 5853 kg alors que l’incorporation de pulpe de betteraves à cette même ration (R3) aurait permis une augmentation de 106 kg/lactation. Ainsi le type R3 a enregistré les meilleures performances aussi bien pour la PLVP (4922,1kg, P<0,01) que pour la PLVL (6028,28 kg, P<0,05). Deux éléments pourraient être à l’origine de ce résultat, d’une part la stabilité de la conduite de cette ration qui est basée uniquement sur des fourrages conservés et d’autre part l’atténuation de la contrainte énergétique par la présence de la pulpe de betterave, sachant que l’énergie représente le facteur le plus limitant dans l’alimentation de la vache laitière particulièrement en début de lactation (Brisson 2003).
Ces résultats rejoignent ceux avancés par Hoden et al (1988) et Sansoucy (1991) qui confirment que les pulpes de betteraves sucrières constituent un aliment équivalent à un aliment concentré et son incorporation dans la ration permet en général une augmentation significative de la production. En effet la richesse de la pulpe de betterave en parois végétales non lignifiées et digestibles fait qu’elle peut être distribuée à volonté chez les animaux à viande ou limitée à 7-8 kg de MS/j chez les vaches laitières (Jarrige 1999). D’ailleurs, les RLC les plus élevés (P<0,05) sont notés dans le cas des deux rations intégrant les PB (1,94 et 1,95 respectivement chez R3 et R4). Il est à noter que les performances de production les plus faibles sont notées pour le type R4 (5688,75 kg) malgré la diversité des constituants et la présence d’aliments de bonne qualité à savoir la verdure et la pulpe de betterave. Cette situation pourrait être expliquée par un manque de stabilité et de régularité de distribution des fourrages notamment de la verdure d’été ainsi que les difficultés de maitrise des stades de coupe. En effet dans les régions du Nord les précipitations fréquentes rendent souvent l’accès à l’affouragement difficile voire même impossible (Haddad 2001). Il est intéressant de signaler que le RLC noté dans le cas de R4 est élevé ; ainsi, malgré sa relative faible production, cela indique clairement que l’incorporation des pulpes de betterave a permis une amélioration de la qualité de la ration de base et une diminution d’utilisation du concentré.
Tableau 7. Effet de type de ration sur les paramètres de production |
|||
Ration |
PLVP** |
PLVL* |
RLC* |
R1 : CC+FS+E |
4743 b |
5922 a |
1,71 c |
R2 : CC+FS+E+V |
4868 ab |
5836 bc |
1,84 b |
R3 : CC+FS+E+PB |
4922 a |
6028 a |
1,95 a |
R4 : CC+FS+E+V+PB |
4697 b |
5689 c |
1,96 a |
ESM |
229 |
250 |
0,14 |
abc :
des lettres différentes sur la même colonne indiquent une différence
significative ; |
L’effet du système d’alimentation sur les performances de production laitière est illustré dans le tableau 8. Les deux systèmes S5 et S6 semblent induire les meilleures performances de PLVL (6727,9 kg/an pour S6) et de RLC (2,1 pour S5). Ces systèmes combinent trois types de rations (R1, R3 et R4) à base de CC de FS et d’E (R1) auxquelles sont ajouté les PB seules (R3) ou associées à la V (R4). Ces résultats rejoignent ceux avancées par Skaff (2001) qui a trouvé que l’introduction des pulpes de betterave dans une ration s’accompagne en général d’améliorations de la production laitière chez les bovins. L’utilisation de la verdure ou des PB toute l’année (S7) permet de garder un bon niveau du RLC (2,05 ) mais entraine une moindre production (4979,5 kg) comparativement avec S5 et S6. D’après l’enquête effectuée, on a observé que l’incorporation de pulpes de betterave durant la période estivale a entrainé une chute de production; ce qui nous amène à déduire que durant certaines périodes de l’année une détérioration de la qualité de la verdure et la substitution d’une partie du concentré par ces aliments ne se répercute pas par un effet visible sur la production laitière, ceci à cause de la persistance d’une température élevée et d’une variation brusque de l’humidité relative pendant les périodes estivales (Skaff 2001).
Le système S5 basé sur une combinaison de plusieurs rations diversifiées tout au long de l’année permet un RLC assez élevé indiquant une limitation d’incorporation du concentré dans la ration alors que l’utilisation d’une ration basée uniquement sur le concentré, les fourrages sec et l’ensilage (S1) durant toute l’année présente un RLC plus faible de l’ordre de 1.5 traduisant l’aspect général de la production laitière à coup de concentré dans la plupart des fermes tunisiennes (Sraïri et al 2005).
Tableau 8. Effet du système d’alimentation sur les paramètres de production |
|||
Système |
PLVP** |
PLVL** |
RLC** |
S1 |
4207 de |
5458 c |
1,50 d |
S2 |
4623 c |
5523 c |
1,89 b |
S3 |
4951 b |
5997 b |
1,74 c |
S4 |
3941 |
4900 d |
1,53 d |
S5 |
5417 a |
6475 a |
2,11 a |
S6 |
5246 a |
6728 a |
2,09 a |
S7 |
3985e |
4979 d |
2,05 a |
S8 |
4480 cd |
5516 c |
1,88 b |
S9 |
4696 bc |
5787 bc |
1,87 b |
ESM |
153 |
167 |
0,09 |
S1 :R1 ; S2 : R 2 ; S3 : R 1+ R 2 ; S4 : R1+ R 2+ R 3 ; S5 : R1+ R 2+ R 3+ R 4 ; S6 : R 1+ R 3+ R 4 ; S7 : R2+ R 3+ R 4 ;S8 : R 2+ R4 ; S9 : R3+ R 4. abcd : des lettres différentes sur la même colonne indiquent une différence significative ; ESM : erreur standard de la moyenne ; * : P<0,05 ; ** : P<0,01. |
Il nous est permis de conclure que les performances de production laitières moyennes dans les exploitations étudiées restent faibles par rapport au potentiel de la race malgré une tendance nette à l’augmentation durant les dernières années. Ces performances restent dépendantes des conditions climatiques mais aussi des incidences directes des pratiques d’élevage notamment en matière de rationnement et de déficit en fourrages de bonne qualité tout le long de l’année.
La verdure d’hiver semble particulièrement poser certaines difficultés d’ordre pratique (stabilité quotidienne de la ration, accessibilité des parcelles et maîtrise du stade de coupe) qui se répercute négativement sur le maintien et la stabilité de la production laitière. Cette situation induit une importante incorporation de concentré utilisé en partie pour couvrir les besoins d’entretien des vaches et pour une production de lait à base de concentré, classiquement observée dans le Sud méditerranéen.
L’incorporation des pulpes de betterave durant certaines périodes de l’année permet une atténuation de la contrainte énergétique et une meilleure production en plus de la possibilité de son stockage. Ceci pourrait constituer un élément de base lors de l’élaboration des stratégies d’avenir concernant les systèmes de culture et d’élevage dans les régions du Nord.
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Received 28 January 2010; Accepted 8 March 2010; Published 1 May 2010