Livestock Research for Rural Development 20 (12) 2008 | Guide for preparation of papers | LRRD News | Citation of this paper |
Les caractéristiques de production de l’élevage de la pintade ont été étudiées dans le département du Borgou situé dans la zone soudano-guinéenne au Nord-Est du Bénin. Des pintadeaux et des reproducteurs ont été élevés dans des conditions améliorées de station et en milieu rural. Dans ces dernières conditions, un lot témoin et un lot ayant reçu un traitement anti-parasitaire ont été suivis afin d’apprécier l’effet de ce traitement. En station, l’indice de consommation (IC) et le gain quotidien moyen (GQM) des pintadeaux ont été respectivement de 8,8 et 5,7g/jour.
Les poids vifs moyens à 6 mois d’âge ont été respectivement de 1151g et 1085g pour les mâles et les femelles. Chez les reproducteurs élevés en station, la maturité sexuelle a été atteinte à 36 semaines d’âge. L’intensité de ponte saisonnière chez ces dernières a eté de 37,2% avec un pic de 65% et un poids moyen des œufs de 41,1 ± 4,1g. Les contraintes liées au mode en claustration sont l’étouffement, le stress et le picage.
En milieu rural, le taux d’éclosion moyen est de 70%. Les taux de mortalité et les poids adultes n’ont pas montré de différences significatives entre les animaux traités et non traités. Le taux de mortalité moyen observé chez les pintades traitées ou non en milieu rural a été de 50%. En dehors des affections, de la pluie et du froid, les prédateurs ainsi que la fragilité des animaux se sont révélés être les principales causes de mortalité chez les pintadeaux. Le poids moyen des oiseaux à six mois a été plus élevé dans le milieu rural qu’en station.
Mots-clés: Croissance, éclosion, gain quotidien moyen, incubation, indice de consommation, mortalité, ponte
A survey on the production characteristics of guinea fowl (Meleagris numida) was carried out in the Borgou department located in the soudano-guinean zone North-Est of Benin. Chicks and reproductive groups were kept either on station under improved management conditions or in rural environment. In rural environment, the birds were divided in two groups. The birds pertaining to the first group were treated against parasitic diseases, whereas those in the second one (control group) received no treatment.
Under station conditions, the feed conversion ratio and the daily weight gain were 8.8 and 5.7 g/day respectively. Mean body weight at six months of age were 1151g and 1085g for males and females, respectively. Sexual maturity was reached at 36 weeks of age. For mature hens kept on station, laying rate and the mean egg weight were 37.2% (65% at the peak) and 41.1g respectively. Smothering, stress and pricking were the major constraints to the cloistering of guinea fowl.
In rural environment, the mean hatchability rate was 70%. Mortality rate and adult body weight were not significantly different between groups. Mortality rate observed in the rural environment was 50% for both treated or untreated birds. Apart from the parasitic affections, the main causes of mortality were the rain, the predators, the cold and the fragility of chicks. The mean body weight at six months of age is higher for the birds raised under village conditions in comparison to the birds kept on station.
Keywords: daily weight gain, feed conversion ratio, growth, hatchability, incubation, laying, mortality
L’élevage de la volaille occupe une place importante dans les systèmes traditionnels de production des régions sèches et sub-humides de l’Afrique. Cette spéculation est idéale pour les petits agriculteurs, eu égard aux faibles besoins individuels des animaux ainsi qu’au faible coût des investissements car l’élevage est souvent extensif (Guèye 1998). L’élevage de la pintade en particulier, est une activité importante en aviculture, surtout dans les régions sèches de l’Afrique (FAO 1992). En raison de la forte demande existant sur le marché, le prix de vente de cet animal est beaucoup plus élevé que celui du poulet. La pintade a aussi une meilleure capacité à digérer les fourrages verts et est très habile pour chasser des insectes et trouver des graines. Enfin, elle se protège mieux contre les prédateurs et résiste davantage aux maladies communes des volailles, telle que la maladie de Newcastle (Mishra et al 2002). Au Bénin, la plus grande partie de l’effectif national se trouve concentré au nord du pays, où la majorité des familles rurales possède en moyenne 18,2 têtes de pintades. Dans cette région, 32% des pintades et 25% des œufs produits sont vendus tandis que 33% et 30%, respectivement, sont consommés par le producteur et constituent ainsi une source protéinique et de revenus non négligeables pour la famille. Le reste des animaux est soit gardé pour la reproduction, soit mort (Laurenson 2002). La mortalité des pintadeaux dans les élevages ruraux est ainsi évaluée à 60 % des effectifs (Laurenson 2002). Le mode de conduite des animaux, l’alimentation et la mortalité juvénile sont des éléments déterminants qui influencent la productivité des pintades, d’où la nécessité d’améliorer les conditions d’élevage de cette espèce.
L’objectif de cette étude préliminaire est de décrire deux situations extrêmes : l’élevage extensif de la pintade en milieu rural et l’élevage en milieu contrôlé où les animaux bénéficient d’une alimentation équilibrée, d’un habitat adéquat et de soins vétérinaires.
Les études ont été réalisées à Parakou dans le Borgou, situé au Nord-Est du Bénin entre 8°45’ et 12°30’ de latitude Nord et 2° et 3°15’ de longitude Est. Le climat est du type continental soudano-guinéen avec alternance d’une saison sèche marquée par l’harmattan et une saison des pluies. La saison des pluies s’étale entre avril à octobre, avec des pluies torrentielles en août. La saison sèche couvre le reste de l’année. La pluviométrie annuelle est comprise entre 950 et 1200 mm. Au cours de l’année, la température varie entre 18 et 36 °C (moyenne annuelle 28 °C) et l’humidité relative entre 15 à 97 % (moyenne annuelle de 70 %).
Les essais en claustration ont été réalisés à la station expérimentale de l’Université de Parakou du 16 juin 2002 au 01 février 2003. Quarante pintadeaux non sexés ont été obtenus d’une incubation d’oeufs provenant d’un lot de femelles élevé en station. Ils ont été élevés sur une litière en copeaux de bois, à raison de 3 pintadeaux par m2. Les oiseaux ont été éjointés le 16ème jour. Ils disposent également d’un parc grillagé de 8m x 4 m, sur une hauteur de 2 m. Le local des pintadeaux a été chauffé par une éleveuse électrique de type radian jusqu’à ce que les animaux atteignent l’âge de 2 mois. Les compositions centésimales des aliments utilisés au cours de l’essai sont indiquées dans le tableau 1.
Tableau 1. Compositions centésimales et valeurs bromatologiques des aliments utilisés pour les animaux en croissance et les reproducteurs en station expérimentale |
||||
Matières premières |
Démarrage |
Croissance |
Finition |
Ponte |
Maïs |
37 |
55 |
61,55 |
47 |
Soja grillé |
14 |
12 |
8 |
8 |
Tourteaux d’arachide |
17 |
15 |
8 |
7 |
Lysine de synthèse |
0,45 |
- |
- |
- |
Méthionine de synthèse |
0,35 |
0,1 |
0,15 |
0,1 |
Farine de poisson |
10 |
8 |
5 |
6 |
Son de blé |
18,5 |
7,5 |
15 |
23 |
Coquilles d’huître |
1,25 |
0,9 |
1 |
6 |
Phosphate bicalcique |
0,9 |
0,7 |
0,5 |
2,1 |
Prémix 0,25% |
0,25 |
0,5 |
0,5 |
0,5 |
Sel de cuisine |
0,3 |
0,3 |
0,3 |
0,3 |
TOTAL |
100 |
100 |
100 |
100 |
Valeurs bromatologiques |
|
|
|
|
EM, kcal/kg |
2902 |
2914 |
2910 |
2604 |
PB, % |
23,3 |
20,3 |
16,3 |
16,1 |
Lysine, % |
1,53 |
1,11 |
0,81 |
0,83 |
Acides aminés soufrés, % |
1,04 |
0,76 |
0,69 |
0,64 |
Ca, % |
1,24 |
1,01 |
0,86 |
3,13 |
P, % |
0,53 |
0,41 |
0,32 |
0,67 |
Les valeurs bromatologiques des aliments ont été calculées à partir des recommandations de Sales et Du Preez (1997) et de la FAO (1992). Ces valeurs correspondent aux besoins de croissance des pintadeaux et des femelles en ponte. Les transitions alimentaires ont été réalisées sur des périodes de 2 jours. Les oiseaux ont été abreuvés ad libitum et nourris une fois par jour, à 9 heures. Les refus d’aliment et d’eau ont été pesés le lendemain avant le nouveau service. Le poids des pintadeaux en croissance a été déterminé individuellement à l’aide de pesons adaptés, (précision de 1% ou moins) à la naissance, à 15 jours, puis mensuellement jusqu’à 6 mois.
Les performances de ponte ont été enregistrées sur un lot de 20 reproducteurs (14 femelles et 6 mâles). Les reproducteurs ont été élevés dans un local séparé de celui des pintadeaux à raison de 3 reproducteurs par m2. Ils ont été pesés au début et à la fin de la ponte, soit aux 36ème et 62ème semaines. Les œufs du jour ont été systématiquement pesés. Les oiseaux ont été soumis à un programme sanitaire qui s’est déroulé comme suit: de la naissance à 5 jours, les pintadeaux reçoivent de l’eau contenant de l’Oxyfuran 4® (Laprovet France, 1 g/l). Aux jours 13, 44 et 89, un vaccin anti-Newcastle (Pestos®, Rhone-Mérieux) leur est administré via l’eau de boisson. Un anti-stress (Olivitasol®, Vetoquinol, 30g/100 pintadeaux pendant 5 j) leur est servi dans l’eau de boisson avant et après les manipulations (vaccinations, pesées). Des prélèvements hebdomadaires de matières fécales ont été effectués afin de décider ponctuellement des traitements anti-coccidiens (1ml/l d’eau de boisson de Baycox 2,5%®, Bayer Allemagne, pendant deux jours). Les traitements contre les parasites gastro-intestinaux ont été également administrés à raison de 1,2 g de Mébenvet 5%® (Laprovet) par kg d’aliment pendant 7 jours.
Parallèlement, 13 élevages traditionnels situés autour de Parakou ont fait l’objet d’un suivi pendant 14 mois, soit de février 2002 à mars 2003. Ces élevages ont été repartis en deux groupes : sept élevages ont reçu un traitement anthelminthique mensuel à base de chlorhydrate de lévamisole 20% (Levalap, 1g par litre d’eau de boisson). Les autres élevages n’ont reçu aucun déparasitant. Des prélèvements hebdomadaires de fientes ont été effectués afin de déterminer les fréquences d’occurrences des parasitoses chez les animaux élevés en divagation en milieu rural. Des pesées mensuelles individuelles ont été effectuées et les mortalités enregistrées au sein de chaque élevage. L’identification des oiseaux a été basée sur leur appartenance à une couvée. L’origine des œufs mis à la couvaison et le type de couvaison ont été notés. Les taux d’éclosion et les durées des incubations ont été également mesurés. L’alimentation des pintades élevées en divagation était constituée des compléments de céréales distribués par les éleveurs et de divers aliments consommés sur les parcours. Les pintades ont été suivies sur ces parcours pour identifier les principaux aliments consommés.
Les performances de croissance telles que le poids vif et le gain moyen quotidien (GMQ) des pintadeaux élevés en station ont été analysées à l’aide de la procédure MIXED du logiciel SAS (SAS 1999). Les facteurs considérés dans le modèle d’analyse statistique étaient : le sexe, le jour de pesée et l’interaction sexe x jour de pesée. Une structure de covariance autorégressive de type 1 a été utilisée pour les jours de pesées (les classes de jours de pesées). En outre, les poids des reproducteurs au début et à la fin de la période de ponte ont été comparés à l’aide du test de Student.
En milieu rural, les performances moyennes de croissance (GMQ) par couvée ont été analysées à l’aide de la procédure MIXED du logiciel SAS (SAS, 1999) en considérant comme facteur de variation : le traitement, la classe de jour de pesée, l’élevage niché au sein du traitement et l’interaction traitement x classe de jour de pesée. Une structure de covariance autorégressive de type 1 a été utilisée pour les jours de pesées. Les fréquences d’occurrences des parasitoses chez les jeunes et les adultes recevant ou non un traitement antiparasitaire ont été comparées à l’aide du test Chi carré. L’analyse par comparaison des courbes de survie chez les groupes traités et non traités en milieu rural a été réalisée à l’aide de la procédure PROC LIFEREG du logiciel SAS (SAS 1999).
Le taux de mortalité des pintadeaux a été de 12,5% en moyenne en station. Les causes de mortalité ont été l’étouffement (50%), la proventriculite (22%), le stress (5,6%), le picage (5,6%) et autres causes non identifiées. Le tableau 2 donne les poids vifs des pintades élevées en station, les GMQ, les consommations alimentaires et les indices de consommation au cours de l’essai.
Tableau 2. Performances de croissance en fonction du sexe, les gains quotidiens moyens, les indices de consommation et les consommations alimentaires individuelles des pintadeaux élevés en station |
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Âge |
Poids, g |
P>F |
GQM, g/j |
IC |
Consommations Individuelles, g/j |
|||
Nombre |
Mâles |
Nombre |
Femelles |
|||||
1 jour |
18 |
22,8±1,97a |
22 |
23,1±1,52a |
0,9890 |
|
|
|
15 jours |
18 |
66,7±17,78a |
22 |
59,5±11,40a |
0,8178 |
2,66 |
2,75 |
7,30 |
1 mois |
18 |
142±49,99a |
21 |
150±51,84a |
0,8965 |
5,45 |
4,81 |
21,2 |
2 mois |
18 |
440±120a |
19 |
400±118,9a |
0,0951 |
8,61 |
3,63 |
32,1 |
3 mois |
18 |
687±155,7a |
19 |
695±156,9a |
0,7455 |
8,81 |
4,69 |
41,4 |
4 mois |
18 |
846±146,7a |
18 |
831±141,5a |
0,6919 |
4,16 |
10,0 |
41,8 |
5 mois |
18 |
1107±104,6a |
17 |
1012±81,2b |
0,0149 |
6,43 |
8,06 |
51,8 |
6 mois |
18 |
1151±107,6a |
17 |
1085±73,9a |
0,0852 |
1,93 |
23,9 |
46,2 |
Les moyennes d’une même ligne surmontées de lettres distinctes, sont significativement différentes (P>0,05) |
La croissance des pintadeaux est similaire (P>0,05) du démarrage jusqu’à 4 mois d’âge entre les mâles et les femelles. Une différenciation des poids en faveur des mâles a été observée (P<0,05) au 5ème mois d’âge. A la fin de l’expérimentation, les poids des deux sexes ont été similaires (p>0,05). La vitesse de croissance moyenne pour les deux sexes a été de 2,66 g/j au cours des deux premières semaines de croissance pour atteindre sa valeur maximale à la fin du 3e mois d’âge, soit 8,81g/j. Un ralentissement important de la croissance a été observée au cours du 6e mois d’âge (1,93 g/j). La moyenne enregistrée sur toute la période de la croissance est de 5,68 g/j. Les consommations alimentaires ont évolué de 7,30 g/j à de 46,18 g/j par animal, respectivement pour les périodes de démarrage (0 et 15 jours d’âge) et de fin de croissance (entre 5 à 6 mois d’âge). L’indice de consommation moyen sur toute période de croissance a été de 8,85 et, les meilleurs indices de consommation ont été obtenus au cours des trois premiers mois de croissance. Après cette période, une augmentation assez importante de ce paramètre a été notée pour atteindre une valeur maximale au cours du 6ème mois d’âge. L’augmentation de cette valeur au 6ème mois serait la conséquence du ralentissement de la croissance au cours de cette période.
L’âge à la maturité sexuelle a été atteint à 36 semaines d’âge avec un poids moyen des femelles correspondant à 1220 ± 97g en début de ponte et de 1286 ± 140g en fin de ponte. Les évolutions des taux de ponte et de l’indice de consommation au cours de la période de ponte sont indiquées dans la figure 1.
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La ponte a été saisonnière et se limite exclusivement à période des pluies (mars à septembre). Les consommations d’aliments et d’eau durant la ponte ont été respectivement de 57 ± 5 g et de 157± 22 ml par jour. L’indice de consommation moyen enregistré sur toute la période de ponte a été de 5,3 ± 4,89 kg d’aliment /kg d’oeuf. Il a atteint 2,4 kg/kg durant les périodes de fortes intensité de ponte. Le taux moyen de ponte hebdomadaire durant cette période a été 37,2 % avec un pic de 65,3 % situé à la 9ème semaine de ponte. Une chute sensible a été observée après 19 semaines. La production d’œufs a été en moyenne de 67,8 ± 2,57 œufs par femelle, le poids moyen d’un œuf étant de 41,1 ± 4,1 g.
Les éleveurs suivis possédaient des poulets, parfois des canards ou des dindons, élevés en association avec les pintades. Certains éleveurs distribuaient en supplément des grains de céréales (mil, sorgho, maïs, riz etc.) ou laissaient à la disposition des animaux des fragments de termitières avant la divagation. Pendant la divagation, les animaux se nourrissaient de feuilles, de graines de végétaux divers, des graines de céréales, ainsi que de produits animaux divers (insectes, vers, etc..). Dans ces conditions, les poids vifs des pintades ont passé de 26,03 ± 27,36 g à la naissance à 1221,42 ± 106,55 g à six mois d’âge dans le groupe vermifugé et, de 21,15± 12,90g à l’éclosion à 1006,81±30,52g à six mois d’âge au niveau des animaux non traités. Le tableau 3 montre l’évolution du poids vif dans les deux groupes, les moyennes de groupes étant calculées à partir des moyennes des lots au sein de chaque exploitation.
Tableau 3. Performances de croissance chez les pintades traitées ou non dans le milieu rural |
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Ages |
Pintades déparasitées |
Pintades non déparasitées |
Probabilités P>F |
||
Poids, g |
SD |
Poids, g |
SD |
||
1 jour |
26,03a |
27,36 |
21,15a |
12,90 |
0,8721 |
1 mois |
56,03a |
27,97 |
49,98a |
14,21 |
0,2601 |
2 mois |
149,68a |
30,47 |
124,50b |
15,01 |
0,0002 |
3 mois |
417,19a |
29,50 |
333,49b |
16,59 |
0,0001 |
4 mois |
662,59a |
30,28 |
571,54b |
18,64 |
0,0001 |
5 mois |
936,52a |
36,15 |
826,73b |
22,68 |
0,0001 |
6 mois |
1221,42a |
59,44 |
1006,81b |
30,52 |
0,0001 |
Les moyennes d’une même ligne surmontées de lettres distinctes, sont significativement différentes (P>0,05) |
Une croissance similaire a été enregistrée entre les deux lots d’animaux au cours du premier mois de croissance, mais une différence significative (p< 0,05) a été observée entre les groupes à partir du 2ème mois d’âge jusqu’à la fin de 6ème mois d’âge. Dans les élevages ruraux, les coprologies ont révélé que l’ascaridiose (68%), la syngamose (47%) et la capillariose (40%) étaient les parasitoses dominantes chez les animaux non déparasités (Tableau 4).
Tableau 4. Les fréquences d’occurrence des parasitoses chez les pintades traitées ou non élevées dans le milieu rural |
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Parasites |
Fréquences d’infestation des pintades déparasitées |
Fréquences d’infestation des pintades non déparasitées |
Probabilités P>F |
Ascaridia |
18%a |
68%b |
0,0001 |
Syngamus |
23%a |
47%b |
0,001 |
Coccidies |
9%a |
23%b |
0,009 |
Capillaria |
28%a |
40%a |
0,083 |
Railletina |
2%a |
2%a |
0,9 |
Heterakis |
0%a |
3%a |
0,8 |
Les moyennes d’une même ligne surmontées de lettres distinctes, sont significativement différentes (P>0,05) |
Les fréquences d’infestation de ces parasites étaient significativement plus élevées dans les élevages non traités que dans les élevages traités (p<0,001). Par contre, aucune différence significative n’a été observée pour les autres espèces de parasites étudiées (Capillaria, Railletina et Heterakis). L’analyse des courbes de survie (Figure 2) n’a montré aucune différence significative entre les animaux traités et non traités dans le milieu rural (p<0,36).
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La probabilité de survie après un an a été d’environ 25%. La chute de la probabilité de survie a été la plus importante durant les 50 premiers jours de vie au cours desquels, un taux de mortalité de près de 50% a été observé. Au-delà de cette période critique, les chances de survie n’ont diminué que d’environ 2 % par mois. Si les cas de mortalité ont été enregistrés tout au long de l’année, ils ont cependant été plus fréquents en avril et entre août à octobre, un pic ayant été constaté aux mois d’avril (Figure 3).
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Figure 3. Evolution mensuelle des taux de mortalité des pintadeaux élevés dans le milieu rural |
Les causes de mortalité dans le système traditionnel étaient : la fragilité des pintadeaux (27,7 %), les pertes au cours de la divagation (19,3%), les tueries par les poules, les canards ou les accidents (16,8%), les prélèvements par les prédateurs (5,4%), la pluviosité excessive (7,2%), les intoxications (5,4%) et les autres causes non identifiées (18,1%).
Le nombre moyen d’œufs couvés par les femelles a été de 14 ± 4 œufs et, les incubations étaient réalisées généralement par les poules (95,5 %) ou rarement par les pintades (3,4%) ou les canes (1,1%). Le poids moyen des œufs des pintades du milieu rural a été de 37,7±5g. La durée moyenne d’incubation a été de 26 jours. Le taux global d’éclosion enregistré a été de 70%.
Les pathologies ont manifestement un effet significatif sur le peu de succès des élevages traditionnels de pintades, même s’il n’y a pas d’évidence montrant l’influence positive du traitement anti-parasitaire réalisé en milieu rural. Des prélèvements ponctuels ont révélé la présence de plusieurs agents pathogènes responsables des salmonelloses, des colibacilloses, de la syngamose, de l’ascaridiose, de la capillariose, etc. Ces mêmes pathogènes intestinaux avaient été également trouvés chez les pintades locales au Nigeria par Nwagu et Alawa (1995). Si les soins vétérinaires ont sans doute eu un effet bénéfique sur la survie des pintadeaux en station, on peut cependant s’étonner du fait que les oiseaux traités à l’aide d’anthelminthiques en milieu rural n’aient pas exprimé de meilleures chances de survie que les oiseaux non traités. On ne peut exclure un problème de résistance des parasites aux anthelminthiques utilisés dans le cadre de la présente étude. Toutefois, on peut supposer que les causes non infectieuses ont probablement joué un rôle majeur dans l’incidence des mortalités.
Les chances de survie dans l’environnement rural des oiseaux affaiblis par une pathologie ou se trouvant déjà dans un état fragile à l’éclosion, sont particulièrement compromises par les facteurs tels que les prédateurs, la rigueur du climat ou les intoxications, comme l’ont rapporté les éleveurs, particulièrement chez les oiseaux appartenant à la tranche d’âge de 0 à 1 mois. Les taux de mortalité ont effectivement été plus élevés pendant les mois les plus humides (avril et entre juin et octobre) qui sont aussi les plus froids. Des contraintes similaires ont été identifiées dans d’autres pays, par les éleveurs ruraux, par exemple au Ghana (Teye et Adam 2000), au Burkina Faso (Bessin et al 1998). La plupart des cas de mortalité enregistrés en milieu rural ont été observés durant les deux premiers mois de vie des animaux. Les pintadeaux sont plus fragiles et plus sensibles aux pathologies pendant cette période où des dispositions particulières doivent être prises pour leur élevage (un habitat adéquat, une alimentation équilibrée, un suivi sanitaire rigoureux et efficace etc.). Les mortalités dues aux autres causes inhérentes à l’élevage en libre divagation – pertes en divagation, … par les fortes pluies, prélèvement des prédateurs, tueries par les autres espèces, intoxications – restent importantes. Ceci explique sans doute la différence particulièrement marquée des taux de mortalité entre le milieu contrôlé (12%) et le milieu rural (40% et plus) de 0 à 6 mois d’âge. Le faible taux de mortalité en milieu contrôlé montre l’avantage de ce système d’élevage. Il convient toutefois de signaler, que les mortalités enregistrées dans le système d’élevage en claustration permanente, peuvent être engendrées par l’étouffement, le picage et le stress qui sont liés au confinement.
Des résultats des travaux, il ressort que les performances de croissance des oiseaux élevés en station n’ont pas été meilleures comparativement aux pintades du milieu rural, bien que les aliments utilisés en station soient conformes aux recommandations de Sales et Du Preez (1997), de la FAO (1992) et de Larbier et Leclercq (1992). Ceci pourrait s’expliquer par le faible potentiel de croissance du matériel animal utilisé en station ou probablement par la consanguinité, ou par le stress lié à la claustration et à la température trop élevée. Rappelons par ailleurs, que Ayorinde et Ayeni (1987) avaient aussi souligné que la croissance des pintades est perturbée dans les situations d’énervement, de stress et de confinement. D’autre part, les oiseaux élevés en milieu traditionnel ont le libre choix des aliments. En cas de disponibilité et de diversité alimentaire, le comportement sélectif des aliments chez les pintades en libre divagation, pourrait représenter un avantage comparatif par rapport aux oiseaux élevés en captivité étroite. Ce constat pourrait indiquer que l’optimisation de la ration chez la pintade, une espèce dont la domestication est plus récente selon l’horloge historique des animaux d’élevage, comparée aux espèces apparentées, n’est pas encore complètement maîtrisée. En effet, il est fort possible, que les pintades élevées en milieu traditionnel disposent d’autres ressources alimentaires animales ou végétales ou minérales encore non identifiées et dont les équivalents en termes de protéines, de vitamines et de sels minéraux soient absents ou insuffisants dans la ration administrée aux pintades élevées en station. Cette hypothèse évoque la nécessité de conduire des recherches complémentaires sur les besoins spécifiques de la pintade en matière d’alimentation. En attendant que cette hypothèse soit confirmée ou infirmée, l’élevage en semi liberté semble être un compromis entre les deux extrêmes (claustration versus libre divagation) décrites dans le cadre de la présente étude. Il permettrait une économie de nourriture et le respect de bien être des pintades. Les pintades sont en effet bien adaptées pour valoriser les ressources alimentaires, même limitées, dont elles disposent dans leur environnement (Agwunobi et Ekpenyong 1990). Les infrastructures leur laisseraient d’autre part une plus grande liberté de mouvement et contribueraient à mieux les protéger contre les prédateurs.
Une faible croissance pondérale est caractéristique de la pintade locale. Dans des conditions similaires de confinement et d’alimentation, un poids moyen identique, soit 1126,5 ± 148,1g a été obtenu pendant les mêmes périodes de croissance (Laurenson 2002). Cette performance est également en accord avec le poids obtenu par Ayeni (1983) qui est de 1,2 kg chez des pintades élevées en captivité. Des écarts de poids importants ont été observés au sein des groupes de pintades, ce qui dénote une forte variabilité individuelle au sein des pintades élevées en milieu traditionnel, mais aussi une diversité managériale au niveau des exploitations suivies dans le cadre de la présente étude. L’indice de consommation moyen et la vitesse de croissance enregistrés chez les pintades élevées en station sont proches des valeurs obtenues au Nigeria par Ayorinde et Ayeni (1987) chez des pintades âgés de 12 à 20 semaines d’âge.
La pintade étant réputée mauvaise couveuse, l’incubation et l’élevage des pintadeaux s’effectuent souvent par des poules dominantes (FAO 1992). La durée moyenne d’incubation de 26 jours observée dans le milieu rural a été plus courte que la valeur de 28 jours rapportée par Chrysostome (1993) en station. Cette différence pourrait être attribuée au fait que la durée d’incubation dans le milieu traditionnel ne tient pas compte de l’âge des œufs au ramassage tandis que en station, la durée d’incubation compte à partir du jour de ponte. Le taux d’éclosion moyen enregistré (70%) se situe dans le même ordre que celui trouvé (86,3%) par Obun (2004). La maturité sexuelle a été atteinte à 36 semaines d’âge en station avec un cycle de ponte de 25 semaines. Les résultats de la présente étude sont sensiblement proches des ceux obtenus au nord du Nigeria qui est de 32-36 semaines pour l’entrée en ponte des pintades. Les nombres moyens d’oeufs collectés (68 œufs/femelle/saison de ponte en station) se situent dans l’intervalle de 60 à 90 œufs par femelle indiqué par Ayorindé (1991), avec des femelles de race locale dans des conditions d’élevage intensif. Le taux de ponte obtenu présentement en station (37,2%), avec un pic de 65%, a été beaucoup plus élevé et justifie l’importance des conditions d’élevage améliorées dans le cadre de cet essai. En station et en milieu rural, les pontes ont été concentrées pendant la saison des pluies, conformément à ce qui est rapporté dans la littérature (Oguntona 1988, FAO 1992). Plus précisément, Ogwuegbu et Adeyemo (1988) ont trouvé dans une expérience réalisée au Nigeria, que la production mensuelle d’œufs est positivement corrélée avec la pluviométrie moyenne mensuelle et l’humidité relative mais négativement corrélée avec l’intensité de la lumière et la température moyenne.
L’élevage de la pintade, aussi bien en milieu rural qu’en station, pose de nombreuses contraintes auxquelles des solutions adéquates doivent être apportées. L’une des contraintes majeures de cet élevage est son mode de conduite. Les problèmes liés à l’élevage en claustration sont liés au stress et aux risques d’étouffement tandis que dans les élevages en liberté, des mortalités massives sont observées chez les jeunes de 0 à 2 mois, en raison des pluies intenses et du froid, des pathologies, essentiellement d’origine parasitaires, et probablement d’une alimentation inadéquate.
Du point de vue de la croissance pondérale, les pintades
élevées en milieu traditionnel ont été plus performantes que celles élevées en
station.
Ce résultat pourrait indiquer que la valorisation de la ration alimentaire des
pintades élevées en station n’est pas encore maîtrisée.
Nous tenons à adresser nos sincères remerciements à tous les éleveurs de pintade de la région de Parakou qui ont spontanément adhéré à cette étude et à la Coopération Technique Belge pour son soutien financier.
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Received 15 July 2008; Accepted 15 September 2008; Published 5 December 2008