Livestock Research for Rural Development 12 (4) 2000

Citation of this paper

Réforme des reproducteurs caprins 
en zone périurbaine de N'Djaména, Tchad

L Y Mopate et M Imadine

Laboratoire de Recherches Vétérinaires et Zootechniques de Farcha 
B.P. 433 N'Djaména Tchad. Tel (235) 52 74 75 ; Fax (235) 52 74 76
cnaruser@sdntcd.undp.org

 

Résumé

Cette étude sur la réforme dans les élevages caprins en zone périurbaine de N'Djaména, a porté sur 12 villages et 53 agro-éleveurs. Les résultats montrent que les mâles présentant des défauts sont réformés à un âge moyen de 2.1 + 0.7 ans, contre 7.2 + 1.9 ans pour ceux qui sont aptes (P < 0.0001). Les mauvaises laitières et mauvaises mères (89%) sont réformées aux 2ème et 3ème rang de mises-bas (RMB). Le rang moyen est de 2.59 + 0.69. La plupart (94 p.100) des femelles malades (stérilité, avortements répétés et complications de mise-bas) sont réformées aux mêmes RMB (2ème et 3ème). Le rang moyen est de 2.64 + 0.59.  Le 3ème RMB est décisif pour prononcer la réforme des femelles défectueuses. Quant aux vieilles femelles, 87% sont réformées pour épuisement physiologique et rajeunissement des effectifs au RMB moyen de 10.15 + 2.02. La vente est l'issue principale pour les animaux réformés.

Mots clés : Réforme, Mâles, Femelles, Caprins, Zone périurbaine, N'Djaména, Tchad.  


Abstract: 

Culling of breeding goats in the peri-urban area of N’Djamena, Chad 

The present study on culling of goats in villages of the peri-urban area of N’Djamena involved twelve villages and fifty three farms. Results show that bucks with defects are culled at an average age of 2.1 + 0.7 years old versus 7.2 + 1.9 years old. Among females, for those with no defects, poor milkers and bad mothers (89 %) are culled after the second and third parturition (RMB). The average number of parturitions is 2.59 + 0.69. Most (94% ) of sick females (sterility, repeated abortion and difficult parturition) are culled in the 2nd and 3rd parturition. The average number of parturitions is 2.64 + 0.59. The third parturition is critical to determine the culling of breeding females presenting defects. Most (87%) of the old females are culled due to either physiological fatigue or the desire of introducing younger animals, mean number of parturitions of this culled group is10.2 + 2.02. Culled animals are mostly sold.  

Key words : Culling, reproduction, goats, peri-urban area, N’Djamena, Chad


Introduction

L’élevage des petits ruminants contribue avec celui des bovins et des camélidés à assurer la vocation pastorale du Tchad. Selon la Division Statistique du Ministère de l’Elevage (1997), le Tchad compte environ 7.2 millions de petits ruminants dont 67% sont des caprins. Les 3 grandes zones climatiques du pays (zone saharienne, zone sahélienne et zone soudanienne) déterminent trois modes d’élevage : le nomadisme, la transhumance et le sédentarisme. Les caprins se composent principalement de deux races: la chèvre du Sahel ou la chèvre sahélienne et la chèvre soudanienne, appelée parfois chèvre Kirdi ou Kirdimi. Pour les ovins, on observe le mouton du Sahel ou mouton arabe, le mouton peul bicolore «Oudah» et blanc «Waïla» et le mouton du Sud appelé aussi mouton Kirdi ou Kirdimi (Receveur 1943, Dumas 1977, Zeuh et Bourzat 1993). La zone de séparation entre la race caprine du Sahel, qui fait l’objet de notre étude et celle du Sud se situe au niveau du 12e parallèle de latitude Nord.

Les petits ruminants, particulièrement les caprins, sont omniprésents dans les systèmes de production agricole ruraux, périurbains et parfois urbains. Ils sont surtout sollicités par les producteurs pour la satisfaction de besoins monétaires et alimentaires. En plus de la vente des animaux, leur viande et leur lait représentent une source de protéine essentielle en milieu paysan. Les agro-éleveurs de la zone périurbaine de N’Djaména vendent le lait de chèvre aux collecteurs de la capitale. Compte tenu des avantages que leur procurent ces animaux, les propriétaires leur portent une attention particulière. Elle se  manifeste par un suivi plus ou moins régulier et une meilleure gestion de la carrière des différents animaux qui composent le troupeau. Il en résulte un accroissement numérique des effectifs et une amélioration des performances. Parmi les mesures d’amélioration de la productivité du troupeau, figure la réforme des mâles et des femelles (élimination du troupeau, des animaux présentant des défauts pouvant être un obstacle à une meilleure extériorisation du potentiel génétique, ou ceux en fin de carrière).

Les études spécifiques sur les stratégies des éleveurs en matière de réforme des animaux dans les systèmes d’élevage Tchadiens en particulier et Africains en général sont rares.

L’enquête fait le point sur les pratiques de réforme des mâles et femelles reproducteurs caprins développées par les éleveurs pour éliminer les sujets non productifs. Elle identifie les principaux motifs et modes de réforme dans les élevages sédentaires de la périphérie de N’Djaména en zone sahélienne.


Matériel et Méthodes

L’étude sur la réforme des reproducteurs caprins, a porté sur 12 villages situés dans un rayon de 5 à 55 km autour de la ville de N’Djaména, dans le quart Nord-Est. L’enquête transversale rétrospective a duré 30 jours et a concerné 53 agro-éleveurs de caprins. Ces élevages sont composés d’environ 2800 animaux qui font l’objet d’un suivi zootechnique et sanitaire mensuel. Ils ont été choisis sur la base d’une typologie réalisée pour la mise en place d’une enquête écopathologique sur les pneumopathies des caprins en saison fraîche (Lancelot et Mopate 1991). Ce groupe renfermait des éleveurs d’un âge moyen de 40 ans ne possédant pas de bovins et qui tirent une part importante de leur élevage, par la vente des produits laitiers et de 5 caprins sur pied par an. Ces élevages comportaient au moins une vingtaine d’animaux, dont en général un mâle reproducteur par troupeau. La conduite au pâturage est assurée par un berger salarié.

Le questionnaire a été testé en pré-enquête dans 5 villages et sur 25 éleveurs avant d'être appliqué en phase d'enquête proprement dite. Les différents points du questionnaire abordés dans l’entretien oral ont porté sur les principales sources de revenus (notamment celles extra agricoles) des éleveurs afin d’apprécier leur importance et leur influence sur la réforme, les motifs de réforme, l'âge des animaux en fonction des motifs et les modes de réforme, les périodes favorables à la vente des animaux réformés, l'utilisation des recettes de la vente (afin de voir s’il y a renouvellement des effectifs sortis) et la nature de l'autoconsommation pour ceux qui n’ont pas été vendus. Pour les femelles, outre les points ci-dessus cités, les motifs de réforme se rapportant au caractère ou au comportement et ceux relatifs à la pathologie de la reproduction ont été spécifiés. De plus, il a semblé judicieux d’exprimer l'âge de réforme pour chaque cause en rang de mise-bas (RMB), qui est facilement perceptible par l'éleveur. Les informations orales ont été collectées lors des visites matinales des élevages. Il a été demandé à l’éleveur de se référer uniquement aux réformes des mâles et femelles qu’il a eu effectivement à opérer dans son troupeau.

La saisie et les traitements des données ont été faits avec le logiciel "Epi-info" (Dean et al 1990). Le test de Mann-Whitney a été appliqué après le test d’homogéneité des variances avec 95% de degré de confiance, pour comparer les moyennes.


Résultats  

Les sources de revenus 

Les principales sources de revenus des éleveurs enquêtés découlent des activités exercées par ces derniers. Ces activités sont principalement les cultures et l'élevage. La majorité des éleveurs - 83% - ont déclaré avoir l'agriculture comme première activité, 15% en deuxième activité et 2% en troisième activité. Quant à l'élevage, 15% le pratiquent comme activité principale, 76% en 2ème activité et 9% en 3ème activité. Une minorité exerce la contrebande (proximité de la frontière camerounaise). On n’a pas observé de différences significatives dans les pratiques de réforme en fonction des sources de revenus des éleveurs.  

Réforme des mâles : 

Les causes de réforme des mâles sont représentées au tableau 1.  

Tableau 1: Causes de réforme des mâles et âges moyens correspondants (en années)

Cause

Fréquence (%)

Age moyen de réforme

Manque de vigueur dans la lutte

39.6  (n = 21)

1.9 + 0.86

Produits non viables

34.0  (n = 18)

2.3 + 0.69

Age (trop vieux)

18.9  (n = 10)

7.2 + 1.93

Testicules peu développés

07.5  (n = 04)

2.0 + 0.00

Total

100   (n = 53)

 

L'âge moyen de réforme des mâles, tous motifs confondus, est de 3.09 + 2.26 ans. Ceux présentant des défauts ont un âge moyen de réforme qui est de 2.1 + 0.7 ans.

La vente et la consommation ont été les 2 destinations des mâles réformés: Environ 94% sont vendus et le reste est consommé. Les motifs de consommation se sont répartis entre l'accueil d'un hôte (80%) et les cérémonies de baptême d’enfants (20%). Les recettes de la vente des caprins réformés ont été utilisées pour 49% à l'achat des céréales, 45% à l'achat des jeunes animaux et 6% pour l'acquisition d'autres biens de consommation

Les jeunes animaux achetés ont été exclusivement des petits ruminants dont l’âge moyen est de 10.3 + 2.8 mois et 96% d'entre eux ont un âge inférieur ou égal à 12 mois. Ces jeunes animaux sont des mâles (26.40%) et des femelles (18.90%) qui ont respectivement 8.6 et 12.2 mois d'âge.  

Réforme des femelles sur les qualités laitières et maternelles : 

Elle a concerné principalement les mauvaises laitières (68%) et les mauvaises mères c'est à dire celles qui ne prennent pas soin de leurs petits (32%). Pour ces causes, 89% des réformes sont intervenues au 2ème rang (42%) et au 3ème rang (47%) de mise-bas (RMB). Le RMB moyen correspondant a été de 2.58 + 0.69.  

Réforme des femelles atteintes des maladies de la reproduction

Les principaux problèmes pathologiques à l'origine des réformes des femelles ont été ceux relatifs à la stérilité, aux avortements et aux complications des mises-bas et de la lactation (les mammites et métrites répétées). Ces causes d'origine pathologique (tableau 2) montrent que les avortements ont constitué le motif dominant des réformes suivi de la stérilité et des complications de mises-bas.  

Tableau 2 : Causes de réforme des femelles atteintes des pathologies génitales et rangs moyens de mises-bas correspondants

Cause

Fréquence (%)

Rang moyen de mises-bas

Avortement

56.60  (n = 30)

3.00 + 0.45

Stérilité

34.00  (n = 18)

2.11 + 0.32

Complications de mise-bas

09.40  (n = 05)

2.40 + 0.54

Total

100  (n = 53)

 

La différence entre les RMB moyens est significative (P < 0.001). Les éleveurs apprécient la stérilité d’une femelle à partir de ses soeurs d’âge. Une femelle qui n’a toujours pas mis-bas, alors que ses contemporaines en sont à leur 2ème e ou 3ème mise-bas est considérée comme étant stérile. Concernant les réformes pour cause de pathologie de la sphère génitale, le RMB moyen de réforme a été de 2.64 + 0.59. Cependant 53% des réformes sont intervenues au 3ème RMB.

Hormis les femelles réformées pour complication de mise-bas dont la décision est prise à tout moment, 90% des ventes interviennent entre le mois d’août et de novembre qui correspond à la période de soudure dans la zone.  

Réforme des femelles trop âgées: 

Environ 13.20% des éleveurs n’ont pas reformé les vieilles femelles encore présentes dans le troupeau. Cette catégorie d’éleveurs les ont considérés comme hors d'âge au RMB moyen de 11.70 + 1.80. Ceux qui ont pratiqué la réforme des vieilles femelles le font selon 2 stratégies: la majorité (63%) le font pour cause d'épuisement physiologique et les autres (37%) pour rajeunir le troupeau. Les RMB moyens pour ces 2 types de réforme sont respectivement de 10.80 + 1.60 et 8.20 + 1.20. On observe une différence hautement significative (P < 0.001) entre les RMB moyens. Les femelles réformées pour le rajeunissement des effectifs ont un RMB moyen moins élevé que les femelles réformées pour d’autres causes. Pour l’ensemble de ces vieilles femelles réformées, le RMB moyen a été de 10.15 + 2.02.

La vente a été l'issue exclusive des femelles réformées (99%). Pour celles réformées sur l'âge, la saison post-pluviale a constitué le moment favorable pour la vente aux bouchers qui sillonnent les différents villages et marchés ruraux de la zone.

Les recettes provenant de la vente des femelles réformées ont servi à l'achat d'autres jeunes femelles (59%), de jeunes mâles (2%), de céréales (30%) et autres biens de consommation courante (9%).

La majorité (81%) des petits ruminants ont été achetés entre 10 à 12 mois d'âge, la moyenne étant de 11.15 + 2.21 mois. On a observé que la plupart des animaux achetés ont été des femelles âgées de 10 mois environ.


Discussion

Les éleveurs enquêtés sont des agro-éleveurs qui tirent leurs revenus des principales spéculations agricoles et pastorales. Les résultats montrent que la majorité (83%) ont comme première activité l'agriculture et que 76% pratiquent l'élevage en seconde activité. Les sources de revenus substantiels extra agricoles et pastorales sont pratiquement inexistantes, hormis quelques éleveurs qui s'adonnent à la contrebande du fait de la proximité de la frontière camerounaise. Ces activités n’ont pas d’influence particulière sur la reforme des animaux dans les élevages.

Il est difficile d'identifier formellement un reproducteur comme père de produits non viables dans le contexte d'élevage traditionnel africain. La conduite des petits ruminants est caractérisée par une monte libre, qui a lieu le plus souvent au cours de la pâture. Par ailleurs, plusieurs troupeaux de concession sont regroupés en un troupeau de jour (troupeau collectif) pour la conduite au pâturage. Toutefois le faible effectif des reproducteurs aussi bien dans le troupeau de concession que dans le troupeau du jour, plus les ressemblances des petits à la mise-bas, notamment par la robe à certains reproducteurs, peuvent amener les éleveurs à incriminer tel ou tel reproducteur.

Concernant les testicules, les éleveurs font une liaison entre le volume de sperme produit et le développement de ces organes. Cela les amène à en faire un critère de réforme pour les mâles aux testicules moins développés.

La destination des fonds de vente des reproducteurs reformés va à l'achat des jeunes mâles et femelles de remplacement et à l'achat des céréales, pour compléter le déficit en année de mauvaise campagne agricole. Les animaux achetés par le produit de la vente aussi bien des mâles que des femelles ont un âge moyen inférieur à 12 mois pour la grande majorité. Il n’y a pas de différence significative sur les moyennes d'âge entre les animaux achetés par le produit de la vente des mâles et des femelles. Cependant, dans certaines régions du Sud du Tchad, les jeunes femelles caprines sont achetées à un âge inférieur à six mois pour la reproduction (Mopate 1991). On constate aussi que les éleveurs ont tendance à remplacer les mâles réformés par d'autres jeunes mâles et les femelles par d'autres jeunes femelles. Les observations montrent que les effectifs des femelles achetées avec les recettes de la vente des femelles réformées sont élevés par rapport aux mâles. En effet, le renouvellement des effectifs et la pérennisation de l'élevage se jouent beaucoup plus sur les qualités des femelles reproductrices (Lancelot et al 1992). Les éleveurs portent une grande attention à ce noyau par une alimentation et une surveillance particulière des femelles à terme (Mopate et Koussou 1998).

L'étude montre que la destination la plus fréquente après la réforme des femelles est la vente (99%). L'autoconsommation constitue la seconde issue, mais avec un très faible pourcentage. Ces deux destinations des femelles réformées sont également signalées comme étant les principales par Hendrikx et al (1996).

Le maximum des ventes d'animaux réformés intervient pendant la période de soudure et permet à certains éleveurs déficitaires de s'approvisionner en céréales. En revanche, pour les vieilles femelles réformées, c'est exclusivement pendant la période post-pluviale que les ventes ont lieu. Les animaux ayant pris du poids pendant la saison pluvieuse caractérisée par une abondance en ressource alimentaire, les éleveurs peuvent espérer gagner d'avantage sur leur vente à l’issue de cette saison.

Sans toutefois mentionner les pourcentages, ni l’espèce et l'âge, Coulomb et al (1980) ont noté que les réformes des femelles en élevage traditionnel portent sur: les femelles stériles, les mauvaises laitières, les rétives difficiles à traire et celles qui sont épuisées physiologiquement. Chez les mâles par contre, ils précisent que d'après les enquêtes sur la structure des troupeaux de petits ruminants l'âge moyen de réforme pour vieillesse est de 7 ans ; ce qui est conforme aux résultats de cette étude (7.2 + 1.9 ans). Compte tenu de l'intense exploitation des mâles entre 0 et 1 an, tous ceux qui sont encore dans le troupeau au-delà de cet âge sont des reproducteurs. Par la suite, ceux qui présentent de mauvaises aptitudes sont éliminés, et tout mâle présent après la 2e année est un reproducteur répondant aux critères de choix de l'éleveur et apte à la lutte. On rappelle que l'âge moyen de réforme des mâles présentant des défauts est de 2.1 + 0.7 ans.

Selon Lancelot et al (1992), l'âge moyen à la 1e mise-bas (MB) chez les caprins est de 19 mois et l'intervalle entre mise-bas (IMB) moyen de 9 mois. Il est possible d'établir les correspondances suivantes entre le RMB et l'âge moyen: la 2ème MB intervient à 28 mois; la 3ème MB à 37 mois et la 4ème MB à 46 mois. On remarque que, le 3ème RMB qui correspond à un âge de 37 mois, semble être décisif pour prononcer la réforme d'une femelle mauvaise laitière et mauvaise mère. Il en est de même de celles qui sont toujours stériles lorsque leurs contemporaines en sont à leur 3ème MB, de celles qui ont connu 3 avortements répétés ou des métrites et mammites successives. Pour ces femelles, l'espoir d'une amélioration n'est plus possible et la seule solution est la sortie du troupeau. Toutes les réformes de femelles pour manque d'aptitude ne dépassent pas le 3ème RMB. Hendrikx et al (1996) ont observé un âge moyen de sortie volontaire (réforme) des femelles reproductrices du troupeau égal à 35 mois.

Sur 194 femelles en suivi laitier et qui ont été réformées dans les mêmes élevages enquêtés, Koussou (communication personnelle) a observé que 5% l'ont été au 8ème RMB, 3% au 9ème RMB, 2% au 10ème RMB et seulement 1% au 11ème RMB. Les résultats de cette étude montrent que les réformes pour rajeunissement des effectifs s'opèrent au 8ème RMB, alors que les femelles considérées comme épuisées sont réformées plus tardivement au 10ème RMB. La proportion des femelles au-delà du 11ème RMB est très faible dans les troupeaux caprins. Les éleveurs (13%) qui ne réforment pas pour des raisons «sentimentales» admettent que ces vieilles femelles sont en fin de carrière au 11ème RMB. Ils prétendent que ces femelles sont «l'âme» du troupeau et doivent y demeurer pendant toute leur vie.


Conclusion

Contrairement au stéréotype largement diffusé sur l’élevage traditionnel africain, les résultats de cette étude ont mis en évidence un souci des éleveurs de sortir de leur troupeau des animaux non productifs. Les mâles présentant des défauts sont réformés en moyenne vers l'âge de 2 ans, alors que ceux qui sont aptes et performants restent jusqu'à l'âge d'environ 7 ans dans les élevages. Chez les femelles, à l’exception des réformes prononcées sur l'âge, le troisième rang de mise-bas qui correspond à un âge de trois ans environ semble être le délai maximum d'attente pour évaluer leur productivité. Les vieilles femelles ne sont pas toutes réformées en fin de carrière. L'étude met en évidence l'absence de réforme de vieilles femelles dans certains élevages pour des raisons purement affectives. Les animaux réformés sont presque exclusivement vendus. Les recettes de cette vente, qui à lieu dans la majorité des cas en période de soudure, permettent de renouveler les effectifs avec des animaux jeunes et/ou de pallier au déficit céréalier du ménage. Une sensibilisation doit être menée auprès de certains éleveurs afin de les persuader de pratiquer systématiquement la réforme des vieilles femelles. L’étude doit être étendue à d’autres espèces animales afin de mettre en évidence les pratiques des éleveurs.  


Références bibliographiques

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Coulomb J, Serres H et Tacher G 1980 L'élevage en pays sahélien. Collection "Technique vivante" ACCT. PUF. Paris (France), 192 pages.  

Hendrikx P, Comizzoli P et Mopate L Y, 1996 Bilan de quatre années de suivi de petits ruminants en zone périurbaine de N'Djaména (01/91 à 01/96). Rapport Technique, Laboratoire de Farcha, N'Djaména (Tchad). 19 pages. + annexes.  

Lancelot R, Mopate L Y, Imadine M, Ickowicz A et Faye B 1992 Utilisation d’une enquête écopathologique pour l’aide au choix des mesures d’amélioration de la productivité des chèvres en zone sahélienne du Tchad. Rapport technique, Laboratoire de Farcha, N’Djamena  (Tchad). 25 pages. 

Lancelot R et Mopate L Y 1991 Typologie opérationnelle des éleveurs de petits ruminants en zone sahélienne du Tchad. Rapport technique, Laboratoire de Farcha, N’Djaména, Tchad. 119 pages.  

Mopate L Y 1991 Observations sur l’élevage des petits ruminants en zone Sud-Ouest du Tchad. Laboratoire de Farcha. Rapport de mission. N’Djaména, Tchad, 13 p. + annexes  

Mopate L Y et Koussou M 1998 Pratiques d’allaitement et de sevrage des chevreaux en zone périurbaine de N’Djaména (Tchad). Accepté pour publication dans La Revue les Actes Editions, Rabat (MAROC)  

Receveur P 1943 Tchad et élevage. Projet d’organisation et d’orientation de l’élevage au Tchad (AOF). 136 pages.  

Zeuh V et Bourzat D 1993 Caractérisation génétique des populations caprines au Tchad: résultats préliminaires des caractères phénotypiques et biométriques. In : les Actes du Comité Scientifique de Garoua, session  du 15 au 20 Février 1993. pp. 51-72


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