Livestock Research for Rural Development 31 (9) 2019 | Guide for preparation of papers | LRRD Newsletter | Citation of this paper |
La présente étude évalue la production de Clarias gariepinus et Oreochromis niloticus élevés durant 120 jours en cages et en enclos dans la retenue d’eau de Batran située dans le bassin cotonnier et celle de Songhaï hors du bassin cotonnier au nord du Bénin. Pour C. gariepinus, les valeurs de la biomasse finale et de la production sont significativement plus élevées chez les poissons produits en cages à Batran alors que les plus faibles valeurs sont obtenues avec la même infrastructure à Songhaï. Les différences sont significatives entre les deux infrastructures seulement à Batran. En ce qui concerne O. niloticus, les valeurs obtenues pour ces deux paramètres sont de l’ordre de deux fois plus élevées à Songhaï comparativement à Batran aussi bien en cages qu’en enclos. Elles sont similaires entre les deux infrastructures dans chaque retenue d’eau. Toutefois, les cages ne favorisant pas le contact des poissons avec le sédiment aquatique conviendraient mieux pour éviter les risques sanitaires liés aux pesticides agricoles dans la retenue d’eau située dans le bassin cotonnier.
Mots clés: Bénin, cages et enclos, poisson-chat africain, retenues d’eau, tilapia du Nil
This study aims at assessing the production of Clarias gariepinus and Oreochromis niloticus reared for 120 days in cages and pens installed in the Batran water reservoir in the cotton basin and Songhaï water reservoir outside the cotton basin in northern Benin. For C. gariepinus, the final biomass and the production values are significantly higher in Batran-caged fish while the lowest values are obtained with the same infrastructure in Songhaï. Differences are significant between the two infrastructures only in Batran. With regard to O. niloticus, values obtained for these two parameters are about twice as high in Songhaï compared to Batran in both cages and pens. They are similar between the two infrastructures in each water reservoir. However, cages that do not promote fish contact with aquatic sediment would be more appropriate to avoid the health risks associated with agricultural pesticides in the water reservoir located at the cotton basin.
Keywords: African catfish, Benin, cages and pens, Nile tilapia, water reservoirs
Au Bénin, le poisson joue un rôle nutritionnel crucial dans la nutrition de la population ayant un régime essentiellement basé sur les aliments riches en hydrates de carbone et à faibles teneurs protéiniques tels que les céréales et les racines/tubercules (FAO 2018 a). Malgré cette importante contribution nutritionnelle, la production halieutique du pays permet de couvrir moins de 35% des besoins annuels du pays estimés à plus de 113 000 tonnes (DPH 2013; Rurangwa et al 2014; MAEP 2017; FAO 2018 a). Ce déficit risque de se creuser davantage étant donné que le niveau de forte exploitation actuelle des pêcheries continentales et l’exploitation des ressources maritimes à leur plein potentiel ne permettent plus aujourd’hui de croire à une augmentation de la production halieutique nationale par les pêches de capture de poissons (COMHAFAT 2014). Le recours aux importations qui est la solution la plus utilisée actuellement (MAEP-DPP 2014) pèse négativement aussi bien sur l’économie du pays (INSAE 2016) que sur la sécurité sanitaire des populations (Wabi et al 2012). Dans ce contexte, l’aquaculture des poissons reste l’alternative durable à promouvoir. C’est d’ailleurs ce que prévoient les documents stratégiques de politique agricole au niveau national tels que le Programme d’Actions du Gouvernement 2016-2021, le Plan Stratégique de Développement du Secteur Agricole 2025 et le Plan National d’Investissements Agricoles et de Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle 2017-2021 (MAEP 2017). Pour arriver à relever ce défi, les efforts conséquents sont nécessaires en vue de la valorisation efficace des potentialités piscicoles de chaque région du pays. A cet effet, plusieurs travaux scientifiques avaient été réalisés pour évaluer le potentiel aquacole de certaines ressources aquatiques notamment les trous traditionnels à poissons (whédos) du bas delta de l’Ouémé (Imorou Toko 2007), les whédos du haut delta de l’Ouémé (Elègbè 2017) et les trous à poissons de la vallée du Niger dans la région de Malanville (Hauber 2011).
Par ailleurs, le Bénin dispose de près de 250 retenues d’eau dont les 86% sont dans les quatre départements de la région nord du pays (Azonsi et al 2008). Elles constituent les plus nombreux écosystèmes aquatiques de cette région et sont d’importantes pêcheries dans l’approvisionnement des populations en poissons frais (Imorou Toko et al 2011). Dans ces retenues d’eau, les autorités communales et divers projets font des empoissonnements directement en eau libre pour supporter les pêches de capture (Imorou Toko et al 2011). Ce mode d’exploitation semble être inefficace au vu des résultats qu’il procure (Pèlèbè et al non publié). Or, il existe, plusieurs infrastructures d’élevage notamment les cages et enclos piscicoles introduites au Bénin dans les années 80 (Lazard et al 1988), qui permettent de mieux rentabiliser la production piscicole dans les eaux continentales (Otubusin 1993). Ce sont des systèmes de pisciculture en enceinte qui demandent que l'organisme soit retenu captif dans un espace clôturé tout en maintenant un échange d'eau permanent (Beveridge 1985). Ils ont plusieurs avantages par rapport aux autres moyens de culture notamment la relative modestie des capitaux qu’ils nécessitent, leur simplicité en technologie et leur grand succès auprès des vulgarisateurs et des programmes de développement dans plusieurs pays (Beveridge 1985).
La présente étude a été donc initiée pour évaluer la production de O. niloticus et de C. gariepinus en conditions d’élevage expérimental dans les cages installées dans les retenues d’eau du nord du Bénin en comparaison aux enclos choisis pour représenter la pratique actuelle.
Les expérimentations ont été conduites simultanément dans deux retenues d’eau. Elles ont été choisies dans deux zones différentes du nord du Bénin. Il s’agit de la retenue d’eau de Batran située dans le bassin cotonnier et plus précisément dans la commune de Banikoara (département de l’Alibori) et de la retenue d’eau du centre Songhaï d’Atagara localisée dans la commune de N’Dali (département du Borgou) hors du bassin cotonnier (Figure 1). Les deux retenues d’eau choisies sont fonctionnelles et gardent suffisamment d’eau en saison sèche. Cependant, leur exposition aux effets des produits phytosanitaires utilisés dans les champs et qui contaminent les milieux aquatiques dans le nord du Bénin est différente. La retenue d’eau de Batran est plus exposée comparativement à celle de Songhaï (Gouda 2018; Zoumenou et al 2019). La retenue d’eau de Batran est située dans le village qui lui a donné son nom. Elle a une digue et un déversoir en béton et est alimentée principalement par un affluent de la rivière Mékrou. La retenue d’eau du centre Songhaï est munie d’un petit déversoir et d’une digue en terre compactée, elle est alimentée principalement par la rivière Okpara.
Figure 1. Réseau hydrographique du nord du Bénin montrant les deux retenues d’eau utilisées pour les expérimentations |
Le poisson-chat africain C. gariepinus et le tilapia du Nil O. niloticus ont été choisis pour cette étude. Ces deux espèces sont les plus rencontrées dans les retenues d’eau du nord du Bénin (Imorou Toko et al 2011; Pèlèbè et al non publié). Elles ont une grande valeur marchande, un marché de commercialisation facile (Honfoga et al 2017) et font partie intégrante des habitudes alimentaires des béninois (Kpenavoun et al 2017).
Dans chaque retenue d’eau et pour chaque espèce, les élevages ont été conduits en triplicat dans les cages et les enclos. Une variante des enclos piscicoles notamment la cage-enclos et une forme des cages piscicoles à savoir la cage fixe ont été installées dans chaque retenue d’eau. Ce sont des structures relativement simples en technologie de fabrication (Coche 1978; Beveridge 1996; Legendre 1986). Les mailles des filets utilisés sont de 1 cm x 0,5 cm et de 1 cm x 1 cm respectivement pour les cages et les enclos. Les poches de filets des enclos ont une superficie de 1 m² et une hauteur de 3 m alors que celles des cages ont une superficie de 1 m² et une hauteur de 1,70 m (Figure 2). Au niveau des cages, une distance de 1 m sépare la base de la poche du sédiment aquatique (Figure 2). La poche en filet de chaque infrastructure est maintenue aux quatre côtés par des tubes métalliques solidement enfoncés dans la vase. Ces poches sont couvertes avec des filets pour empêcher les poissons surtout le silure, de s’échapper par saut ou en période de crue d’une part et d’autre part pour éviter les prises des oiseaux piscivores et des cas de vols (Figure 2). Signalons qu’au lancement des expérimentions, les infrastructures ont été installées de sorte à avoir 1 m³ « utiles en eau »; toutefois au cours de l’essai, le niveau d’eau dans les retenues a varié en fonction des apports d’eau liés aux pluies. Une clôture solide a été installée autour du dispositif expérimental afin d’empêcher d’éventuels dégâts qui pourraient être causés par les autres animaux vivant dans les retenues d’eau à l’instar des crocodiles. La figure 3 est une vue du dispositif expérimental.
Figure 2. Schéma du dispositif expérimental dans chaque retenue d’eau |
Figure 3. Photographie du dispositif expérimental installé dans la retenue d’eau de Batran (Pèlèbè 2017) |
Les expérimentations ont été conduites durant 120 jours de mai à octobre 2017. Les juvéniles de C. gariepinus (22,09 ± 0,2 g) et de O. niloticus sexes mélangés (7 ± 0,05 g) ont été achetés à Béniel Fish à Abomey-Calavi et acclimatés aux conditions du milieu durant quatorze jours avant le début des élevages expérimentaux. Quelles que soient l’espèce et l’infrastructure, cent juvéniles ont été empoissonnés par réplicat au début des essais. Durant les expérimentations, les poissons ont été manuellement alimentés deux fois par jour et six jours sur sept avec des granulés extrudés flottants de marque « Le Gouessant » (France) dosant 42% de protéines brutes pour C. gariepinus et 30 et 32% de protéines brutes pour O. niloticus. Les ingrédients utilisés dans la fabrication de ces aliments sont le tourteau de soja, le blé, la protéine hydrolysée de plume, la féverole, la farine de poisson, le concentré protéique de soja, le gluten de blé, l’huile de colza, l’huile de poisson et un pré mélange d’additifs.
Le nourrissage était à satiété apparente et les rations journalières à ne pas dépasser ont été fixées selon Hetch et al (1988) pour C. gariepinus et Mélard (1986) pour O. niloticus. Les quantités moyennes d’aliments distribués aux poissons durant toute la période des expérimentations ont été aussi déterminées. A la fin des essais, le poids moyen final a été déterminé par réplicat d’infrastructure à partir de la biomasse de trente individus.
La température, °C, l’oxygène dissous, mg/l et le pH de l’eau des retenues lors des expérimentations étaient de 28,57 ± 0,13; 3,15 ± 0,03; 7,08 ± 0,39 et de 28,4 ± 0,34; 4,88 ± 0,14; 6,70 ± 0,12 à Batran et à Songhaï respectivement. Ces valeurs sont dans la gamme des valeurs tolérées par C. gariepinus (Degani et al 1989; Viveen et al 1985; Uzoka et al 2015) et O. niloticus (Balarin et Hatton 1979; Mélard 1986; Kestemont et al 1989).
La biomasse initiale (Bi) et la biomasse finale (Bf) ont été calculées en appliquant les formules suivantes:
L’incrément de biomasse qui équivaut à la production (Bf-Bi) a été aussi calculé. Par ailleurs, l’indice de consommation des aliments (IC = Quantité d’aliments distribués/Gain de biomasse) a été déterminé
Traitées par espèce, les données collectées ont fait l’objet d’une analyse statistique descriptive à travers le calcul de la moyenne et de l’erreur standard de la moyenne au moyen du tableur Excel 2013. L’Analyse de variance (ANOVA) à deux facteurs (retenue d’eau et infrastructure) a été utilisée pour comparer les différents paramètres en utilisant le logiciel STATISTICA 6.1. En cas d’influence significative d’un seul facteur après ANOVA 2, un test d’ANOVA 1 a été repris avec ce facteur. Les comparaisons multiples ont été effectuées au moyen du test HSD de Tukey en cas de différence significative globale. Le seuil de significativité était de 5%.
Les nombres finaux de poissons récoltés sont très élevés (93-99). La retenue d’eau, l’infrastructure et leur interaction ont une influence sur la biomasse finale et la production des poissons (Tableau 1). Pour ces deux paramètres, les valeurs les plus élevées sont observées chez les poissons produits en cages à Batran alors que les plus faibles valeurs ont été obtenues avec la même infrastructure dans la retenue d’eau de Songhaï (Tableau 1). Les différences sont significatives entre enclos de Songhaï et cages de Batran, entre les deux retenues d’eau pour la cage, entre les deux infrastructures dans la retenue d’eau de Batran (Tableau 1). Il n’y a pas de différences significatives pour les valeurs moyennes de la biomasse finale et de la production entre les deux infrastructures dans la retenue d’eau de Songhaï (Tableau 1). Seule la retenue d’eau a une influence significative sur la quantité d’aliment distribuée. Les valeurs de l’indice de consommation alimentaire obtenues sont intéressantes et ne varient pas significativement au seuil de 5%.
Les nombres finaux de poissons récoltés sont aussi assez élevés (75-96). La biomasse finale, la production et la quantité d’aliment distribuée sont influencées significativement par la retenue d’eau. Quelle que soit l’infrastructure, les valeurs moyennes de ces trois paramètres sont de l’ordre de deux fois plus élevées dans la retenue d’eau de Songhaï comparativement à la retenue d’eau de Batran (Tableau 2). Elles sont statistiquement similaires entre les deux infrastructures dans chacune des deux retenues d’eau (Tableau 2). Les valeurs des indices de consommation d’aliment par les poissons sont globalement bons et statistiquement similaires.
Tableau 1. Valeurs moyennes des
paramètres de productivité de C. gariepinus dans les retenues d’eau Batran et Songhaï du nord du Bénin (en 120 jours d’élevage) |
||||||
Paramètres | Batran | Songhaï | ESM | p | ||
Enclos | Cages | Enclos | Cages | |||
Nombre initial | 100 | 100 | 100 | 100 | ||
Nombre final | 93a | 99a | 99a | 99a | 1,44 | 0,124 |
Biomasse, kg | ||||||
Initiale | 2, 19a | 2, 20a | 2, 23a | 2,21a | 0,011 | 0,282 |
Finale | 39,1a | 69,2b | 37,5a | 29,4a | 2,71 | <0,001 |
Incrément | 36,9a | 67,0b | 35,3a | 27,2a | 2,59 | <0,001 |
Aliments distribués, kg | 22,9a | 24,9a | 16,4b | 11,8b | 3,40 | 0,038 |
Indice de consommation | 0,64a | 0,38a | 0,48a | 0,43a | 0,10 | 0,385 |
ab Les valeurs d’une ligne portant la même lettre ne sont pas différentes au seuil p<0,05 |
Tableau 2. Valeurs moyennes des
paramètres de productivité de O. niloticus dans les retenues d’eau Batran et Songhaï du nord du Bénin (en 120 jours d’élevage) |
||||||
Paramètres | Batran | Songhaï | ESM | p | ||
Enclos | Cages | Enclos | Cages | |||
Nombre initial | 100 | 100 | 100 | 100 | ||
Nombre final | 84a | 75a | 99b | 96b | 1,59 | <0,001 |
Biomasse, kg | ||||||
Initiale | 0, 697a | 0, 702a | 0, 7a | 0, 699a | 0,003 | 0,993 |
Finale | 3,85a | 3,65a | 6,99b | 6,21b | 0,59 | <0,001 |
Incrément | 3,15a | 2,95a | 6,30b | 5,51b | 0,59 | <0,001 |
Aliments distribués, kg | 1,53a | 1,31a | 3,87b | 3,54b | 0,16 | <0,001 |
Indice de consommation | 0,49a | 0,47a | 0,63a | 0,69a | 0,08 | 0,097 |
ab Les valeurs d’une ligne portant la même lettre ne sont pas différentes au seuil p<0,05 |
Au Bénin, toutes les évidences les plus actuelles ressortent que l’aquaculture est l’unique alternative à promouvoir pour espérer satisfaire durablement les besoins de la population. L’étude présentée dans cet article a été entreprise pour évaluer la production de l’aquaculture de C. gariepinus et de O. niloticus, deux espèces les plus connues en pisciculture béninoise (FAO 2018 b), en cages et en enclos installés dans les retenues d’eau du nord du Bénin. Ce sont de nombreux milieux aquatiques assurant par pêches de capture l’approvisionnement en poissons frais aux populations du nord du Bénin (Imorou Toko et al 2011; Pèlèbè et al non publié). D’une façon globale, les résultats témoignent d’une possibilité d’utiliser les retenues d’eau de la région nord du Bénin pour l’élevage des poissons aussi bien en cages qu’en enclos. Les valeurs obtenues de la production sont assez intéressantes. Cette bonne performance s’attribue non seulement à la bonne qualité de l’eau et de l’aliment mais aussi à la forte densité d’élevage utilisée qui a conduit à un gain de biomasse élevée (Osofero et al 2009). En effet, la densité d’élevage est l’une des plus importantes variables en aquaculture. Elle influence la survie, la croissance, le comportement, la santé, la qualité de l’eau, le nourrissage et la production des poissons en élevage (de Oliveira et al 2012). En absence d’une étude comparant différentes densités d’élevage dans ces retenues d’eau, 100 individus par infrastructure d’élevage conviennent pour la pisciculture dans les retenues d’eau du nord du Bénin au regard de la qualité des résultats obtenus.
Pour le poisson-chat africain élevé dans la retenue d’eau de Batran localisée dans la zone par excellence de production cotonnière au Bénin, les valeurs significativement plus élevées de la biomasse finale et de la production sont obtenues en cages alors que c’est les enclos qui donnent les meilleures valeurs dans la retenue d’eau de Songhaï sans qu’elles ne soient significativement différentes de celles obtenues avec les cages. Les conditions dans les enclos au niveau des retenues d’eau situées dans le bassin cotonnier ne semblent pas favorisées C. gariepinus qui est connu être une espèce préférant les zones benthiques où les plus dangereux pesticides s’accumulent (Agbohessi 2014) d’une part et l’environnement est plus turbide agissant sur les prises d’aliments d’autre part. Cette production des cages dans la retenue d’eau de Batran est la plus élevée parmi toutes les valeurs obtenues avec cette espèce; cependant cette valeur est faible en comparaison à la valeur de 76,54 kg m-3 obtenue au Nigéria chez la même espèce nourrie en cages avec la provende extrudée flottante de marque « Coppens » ayant les mêmes teneurs en protéines que « Le Gouessant » (42% de protéines) (Umaru et al 2016). La différence proviendrait du fait que ce dernier a utilisé des poissons initiaux plus gros (135 g) et sa durée d’essai est plus longue (six mois) comparés à notre étude.
Chez le tilapia du Nil, les conditions aussi bien en enclos qu’en cages conviennent à l’espèce qui a une préférence pour les zones pélagiques. De ce fait, elle fréquenterait rarement les zones benthiques des enclos. Quelle que soit l’infrastructure, les valeurs obtenues pour la biomasse finale et la production sont significativement plus élevées dans la retenue d’eau de Songhaï située hors du bassin cotonnier. La production moyenne en cages de O. niloticus dans la retenue d’eau de Batran est comparable à celles obtenues par Parrel et al (1986) durant 117 jours d’essais en cages au Niger (2,7 kg m-³ pour les poissons de poids moyen initial 35,5 g stockés à 85 sujets m-³ et 3 kg m-³ pour les poissons de poids moyen initial 35,7 g stockés à 135 sujets m-³). Elle est toutefois inférieure à la valeur rapportée (3,91 kg m-³) par Otubusin et Opeloye (1984) au Nigéria chez les juvéniles de la même espèce de poids moyen initial 3,8 g, élevés durant 120 jours en cages avec un aliment de fabrication locale moins riche. La production du tilapia du Nil au niveau des enclos à Batran est aussi comparable aux valeurs comprises entre 2,5 et 3,62 kg m-² obtenues chez O. niloticus nourri avec différents aliments dans les enclos installés dans le lac Nokoué au sud du Bénin (Morissens et al 1986). Aussi bien à Batran qu’à Songhaï, les productions obtenues sont inférieures à celles rapportées par Begum et al (2017) (6,25 à 8,75 kg m-³) qui a nourri durant 120 jours les juvéniles de O. niloticus (3 g) stockés à une densité de 35 m-³ avec des aliments contenant différents probiotiques.
Avec les deux espèces, la non significativité statistique des différences pour l’indice de consommation étroitement dépendant des charges alimentaires s’expliquerait par la différence entre les quantités d’aliments distribués. En effet, dans les deux retenues d’eau, c’est les lots des poissons ayant consommé plus d’aliments qui ont exprimé une production plus élevée de biomasse. Les poissons ont donc grandi proportionnellement à leur consommation en aliments. Ces différences de prises alimentaires pourraient être liées aux conditions environnementales des retenues d’eau autres que celles mesurées dans la présente étude.
Ce travail a été réalisé dans le cadre des travaux de thèse de doctorat du premier auteur. Ce dernier remercie d’une part le projet AquaTox-Bénin pour les facilités techniques et d’autre part le Service de Coopération et d’Action Culturelle de l’Ambassade de France au Bénin (SCAC, Dossier 0185BENB170012), la Commission de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA, Programme de soutien à la formation et à la recherche de l'Excellence, édition 2018-2019) et la Fondation Internationale pour la Science (FIS, Projet de recherche N° A_6207-1) pour leurs appuis financiers.
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Received 7 August 2019; Accepted 22 August 2019; Published 1 September 2019