Livestock Research for Rural Development 28 (9) 2016 | Guide for preparation of papers | LRRD Newsletter | Citation of this paper |
Contribuer à la sécurité alimentaire du pays, c’est valoriser toutes ses ressources à des fins d’utilisation rationnelle directe et indirecte. Les parcours connaissent une dégradation continue, ce qui est en défaveur d’une disponibilité alimentaire au cheptel. Dans les régions oasiennes, cette contrainte se trouve atténuée par l’utilisation systématique des divers éléments de la palmeraie.
Les investigations, durant trois 3 ans sur tout le bassin du Bas Sahara en Algérie et l’étude analytique révèlent une richesse certaine par les différents éléments de la palmeraie destinés à l’alimentation de bétail : palmes sèches, pédicelles, noyaux de dattes, déchets de la pâte de dattes, rebuts des dattes et dattes incomestibles. Les éleveurs oasiens confirment, à travers les diverses utilisations traditionnelles de ces éléments « déchets » dans l’alimentation du bétail, qu’ils sont valorisables par tout type de cheptel et toute catégorie d’âge. En effet, on recense les deux types d’aliments (grossier et concentré) représentés respectivement par les pédicelles et les rebuts des dattes. La composition chimique des pédicelles est comparable à celle de la paille, avec une MAT de 4,5% MS et une CB de 40,1% MS pendant que les rebuts de dattes présentent 2 278 kcal/kg MS.La récupération/valorisation de ces éléments issus de la palmeraie revêt aussi des dimensions environnementale, socioculturelle et économique. Elle permet de nettoyer les exploitations phoenicicoles et donc améliorer les vues paysagères. Elle génère de l’emploi et des richesses et enfin elle valorise des déchets par une plus-value en production de viandes notamment.
Mots-clés: alimentation, bétail, palmier-dattier, sécurité alimentaire
Contributing to the food safety of the country, is developing all its resources for direct and indirect rational use. The courses know a continuous degradation, which is not in favour of food availability for the livestock. In the oasis areas, this constraint is attenuated by the systematic use of the various elements of the palm plantation. The investigations, during 3 years on all the basin of Bas Sahara in Algeria and the analytical study reveal an unquestionable wealth by the various elements of the palm plantation intended for the food of cattle: dry palm, pedicels, core of dates, waste of the date paste, reject of dates and inedible dates.
The stock breeders of oasis confirm, through the various traditional uses of these elements “waste” in the animal feed, that they are useful to all types of livestock and any categories of age. Indeed, the two types of food (coarse and concentrate) are represented respectively by the pedicels and the rejects of dates. The chemical composition of the pedicels is comparable with that of the straw, whose Protein is 4.53% DM and the CB is 40.11% DM while the date rejects present 2278 Kcal/kg DM. Recovery/valorization of these elements result from the palm plantation covers dimensions environmental, sociocultural and economic. It makes then possible to clean the phoenicicoles exploitations and thus to improve the landscape sights. It generates employment and wealth and and converts waste into a more valuable product in the form of meat.
Key words: cattle, food safety, palm plantations
Contribuer à la sécurité alimentaire du pays, c’est valoriser toutes ses ressources à des fins d’utilisation rationnelle, directe et indirecte, pour couvrir au maximum les besoins alimentaires d’une population sans cesse croissante. En matière de viande et des divers produits d’élevage, il y a lieu de développer toutes les alternatives visant à améliorer l’alimentation du cheptel déjà existant et d’en assurer son extension dans les zones favorables, cas des régions arides. Présentement, les parcours connaissent une dégradation continue sous l’effet des changements climatiques et des facteurs anthropiques (Nedjraoui et al 2008; Aidoud 1991), en plus d’une baisse considérable des rendements des produits de la céréaliculture, ce qui n’est pas en faveur d’une garantie alimentaire du cheptel. Pour faire face à cette situation, l’utilisation des sous-produits agricoles et agroalimentaires disponibles constitue une des solutionsselon Cozannet P. et al (2009). Les déchets de palmier dattier abondants (1,5 millions de tonnes) dans le monde et (125 000 tonnes) pour l’Algérie (FAO. 2008) sont à considérer. En effet, plusieurs auteurs ont signalé que le bloc multi nutritionnel à base de déchets du palmier dattier pourrait être considéré comme un aliment concentré complétant les fourrages pauvres. D’autres ont même encouragé l’alimentation du cheptel à partir des déchets de palmier dattier, en raison de son adaptation aux conditions économiques et culturelles des éleveurs de la région. De plus, les doses d’introduction des rebuts de datte (élevées ou faibles 35% à 65%) n’influent aucunement sur l’appétibilité, l’ingestion et l’état sanitaire de l’animal. Ils sont plutôt considérés comme un aliment complémentaire à la paille. Un GMQ de 100 et 160 g est assuré (Meradi S ; 2016). Aussi, serait-il souhaitable de les inclure dans l’alimentation d’animaux, de différents états physiologiques : brebis en gestation, animaux à croissance modérée (agnelles), animaux à l’entretien et à l’engraissement ?
Par ailleurs, ces déchets font objet de confusion et divergence dans de nombreux travaux scientifiques quant à leur typologie. Pour lever cette ambiguïté, nous avons listé et classé les produits phoenicicoles destinés à l’élevage dans le Bas Sahara. Nous avons étudié leurs valeurs nutritives et quantifié l’offre alimentaire par an, afin d’estimer les perspectives d’accroissement/développement du cheptel dans ces régions à partir d’une simple récupération/valorisation des déchets de palmeraies abandonnés sur les lieux et portant souvent préjudice à l’aspect environnemental et touristique des palmeraies.
Au moyen d’une enquête auprès d’agriculteurs des palmeraies du Bas Sahara, nous avons identifié les différents types de sous-produits et /ou déchets du palmier dattier. Un questionnaire a été mis à la disposition des propriétaires, pour savoir la typologie en fonction de la saison, du cycle physiologique des dattes et de la composition variétale des palmeraies.
Les analyses ont porté sur la matière sèche, la matière azotée totale, la cellulose brute, la matière grasse et la matière minérale ; la composition chimique a été déterminée par la méthode de l’AOAC (1990) avec une répétitivité de 3 (Tableau 1). L’énergie brute a été déterminée par calorimétrie adiabatique.
Le calcul du tonnage de chaque sous-produit a été basé sur les mensurations effectuées par Chahma et al (2000).
- Palmes sèches : On se basant sur le fait que : Une foliole pèse en moyenne 5 g ;
Une palme comporte en moyenne 180 folioles ; Un palmier dattier donne en moyenne
15 palmes par an ; le tonnage de la partie consommable des palmes sèches est calculé de la façon suivante 5 x 180 = 900 g ; soit 0,9 kg /palme 0,9 x 15 = I3, 5 kg / palmier / an
- Pédicelles de dattes : De la même façon et on se basant sur le fait que:
Un épillet (pédicelle) porte en moyenne 35 dattes ; Une datte pèse en moyenne 7 g ; donc un pédicelle porte 7 x 35 = 245 g ; Un pédicelle pèse en moyenne 4,5 g. Le poids du pédicelle de 4,5 g, par rapport au poids de dattes qu’il porte, de 245 g représente 1,84% de pédicelles.
- Rebuts de dattes : Les rebuts de dattes ou écarts de tri de dattes représentent les fruits du palmier dattier non consommables par l’homme et qui sont destinés, traditionnellement, à l’alimentation du bétail ; les écarts de tri représentent une moyenne de 25 % de la production dattière annuelle (Chehma et al 2000).
L'étude statistique des différents paramètres a été réalisée grâce à l’analyse de la variance, suivie du test de Newman et Keuls au seuil de signification de 5%.
La composition chimique des différents éléments montre qu’ils sont riches en MO, elle varié entre 81% et 95% de MS, Le taux de CB est élevé dans les pédicelles des dattes par 40% de MS, suivi par les déchets de la pâte des dattes et les palmes sèches avec 31,7% de MS et 28,7% de MS respectivement. Le taux de la MAT est peu important dans tous les types de produits recyclés, il ne dépasse pas 6% de MS. L’énergie métabolisable est importante dans les déchets de la pâte des dattes, les rebuts de datte et les noyaux avec 2300 kcal/kg de MS, 2278 k cal/kg de MS et 2271k cal/kg de MS respectivement.
La datte est également connue pour ses teneurs appréciables en vitamine A et en vitamines du groupe B, qui ont un rôle important dans la croissance. De plus, les vitamines du groupe B interviennent dans un grand nombre de réactions enzymatiques et plus particulièrement dans celles du métabolisme glucidique. L’efficacité calcique représentée par le rapport Ca/P est évaluée entre 1 et 1,5 pour la datte, ce qui signifie que le calcium peut facilement se déposer sous forme de phosphore tricalcique sur la matrice de l’os (Belarbi A. 2001).
Tableau 1. Composition chimique des produits phoenicicoles destinés à l’alimentation des animaux d’élevage |
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|
Déchets de la |
Rebutsde |
Noyauxde |
Palmes |
Pédicellesde |
Matières organiques (% de MS) |
95,4 |
82,5 |
93,4 |
81,2 |
92,1 |
Matières azotées totales (% de MS) |
5,2 |
2,5 |
6,3 |
4,3 |
4,5 |
Cellulose brute (% de MS) |
31,7 |
2,7 |
83,1 |
28,7 |
40,1 |
Matières grasses (% de MS) |
7,1 |
0,5 |
6,15 |
2,15 |
7,9 |
Matières minérales (% de MS) |
4,6 |
17,5 |
6,6 |
11,6 |
10,2 |
Sucres totaux (% de MS) |
63,3 |
69,7 |
- |
- |
- |
Energie métabolisable (kcal/kg de MS)# |
2 300 |
2 278 |
2 271 |
1 300 |
1 498 |
MS : matière sèche
|
Il y a une large gamme de variétés de dattes en Algérie (Figure 1). Ce qui représente une richesse en bioressources mais aussi une ressource pour satisfaire les besoins alimentaires humains et animaux. En effet, la valorisation de fruits incomestibles par l’homme dans l’alimentation des animaux est importante. Il s’agit des dattes de palmier franc (palmier issu du noyau de la datte). Ces variétés sont très diverses : elles varient d’une oasis à une autre et d’une palmeraie à une autre pour la même oasis. Souvent ces dattes portent des noms vernaculaires locaux.
Figure 1. Les diverses utilisations de la datte. |
Ce sont les dattes issues des écarts de tri après la récolte. Les rebuts sont souvent de mauvaise qualité, de faible valeur marchande. Ils sont impropres à la consommation humaine, cependant, ils peuvent être valorisés et incorporés dans la ration alimentaire du bétail. D’ailleurs, ils conviennent bien à l'engraissement ; grâce à leur saveur sucrée ils augmentent l'appétibilité de certains aliments refusés (Matallah, 1970 cité par Tachouaa, 2005). Les rebuts des dattes sont très pauvres en MAT (4,1%) et riche en sucres. Il n’est pas recommandé d’en abuser en alimentation du bétail (Yezza 1992). Les rebuts de dattes ont aussi une importance dans l'alimentation humaine : on en fabrique du "Roub" surtout chez la population oasienne. Cependant, ces rebuts sont mieux valorisés dans l'alimentation des animaux domestiques monogastriques et ruminants (Meradi S 2016). Nous pouvons distinguer les différentes catégories de rebuts des dattes :
Belha : datte immature
Sich : datte non fécondée ou avortée ne possédant pas de noyau
Hechfa : datte sèche avariée, n'ayant pas atteint la date de maturation, manquant d'eau et d'éléments nutritifs
Kehla : datte noire ayant été oxydée
-M'soussa : la véreuse, datte attaquée par Ectomylois ceratonia (Perale des dattes)
Boufaroua : datte attaquée par le boufaroua, Oligonychus afrasiaticus (acarien du palmier dattier)
Mentoucha, Mengouba : attaquée par les oiseaux et autres
Malbouza : datte écrasée.
Noyaux de dattes
La datte peut être considérée comme étant constituée d'une partie charnue, la chair ou pulpe et d'un noyau. La proportion du noyau par rapport à la datte entière constitue une caractéristique d'appréciation de ses qualités commerciales ; cette proportion est exprimée par le rapport en poids (noyau / datte entière) (Munier; 1973), celui-ci varie en fonction des cultivars de dattier, mais aussi en fonction des facteurs écologiques et des conditions de cultures. Ce rapport est de l'ordre de 8 à 12 % pour les dattes de Deglet Nour d'Algérie. En général, le poids du noyau représente 1/5 du poids totale de la datte ; les noyaux sont utilisés comme aliment, quand ils sont broyés ou trempés dans l'eau (Munier 1973). La composition nutritive des noyaux des dattes varie selon les cultivars ; la MAT varie de 5,0 à 7,3% (Besbes S et al 2004 ; Boudchiche et al 2009), elle contient 17% d’acide glutamique (Bouaziz 2008). Le taux des polysaccharides est de 81% à 83% (Besbes et al 2004 ). Le taux des lipides est de 5 à 12,7%, avec prédominance de l’acide oléique (41 à 48%), et des acides gras saturés à courtes chaînes, dont laurique (22%) et myristique (11%) et peu d’acides gras insaturés (linoléique 14%) (Ucciani 1995 ; Besbes et al 2004 ; Boudchiche et al 2009). La cellulose brute représente par 82 à 92% de MS. La teneur en CB dans le noyau, est plus élevée (Boudchiche et al 2009 ; Yazza 1992 Khal 1982 cité par Khelifi 1996). Il contient de l’endosperme ; cette dernière matière est constituée d’hémicellulose et d’une matière carbohydrique différente de la cellulose. Maier (1963) a distingué les acides cinnamiques en C9 ou acides phénol carboxyliques qui sont à l’origine de la synthèse de nombreuses substances comme la lignine. Le taux de MM est de 1 à 3% (Munier et al 1973 ; Devshony et al 1992 et Boudchiche et al 2009). Il est à noter qu’aucun auteur ne signale la présence de facteurs antinutritionnels ou de toxine.
Les palmes sèches sont des sous-produits récupérés après la taille du palmier. Les études de plusieurs auteurs sur la composition chimique des palmes sèches ont montré qu'il s'agit d'un fourrage grossier ; elles ont une composition chimique voisine de celle de la paille. La teneur en MS des palmes sèches est de l'ordre de 94,1% ou 95,2% (Siboukeur, 1993 et Boual, 1992 respectivement), le taux de MAT des palmes sèches est très faible 4,9% de la MS (Siboukeur 1993) ou 5,3% de la MS (Boual 1992). Donc les palmes traitées peuvent couvrir une partie des besoins du cheptel en période de disette (Bouchaib, 1995). Pour les teneurs en CB, Siboukeur (1993) rapporte que le taux est de l'ordre de 26% de MS ; par contre Boual (1992) a trouvé 28,9% de la MS. La digestibilité de la MO des palmes sèches non traitées est très faible 38,4% ; cette faiblesse est due à sa teneur en lignine (13% de la MS) (Bouchaib 1995), mais le traitement à l'ammoniac fait augmenter sa digestibilité.
Ce sont des déchets récupérés après la récolte de la production du dattier. Ils sont intégrés dans l'alimentation du bétail à une échelle traditionnelle. Les pédicelles ont une teneur en MS de l'ordre de 95,2% (Boual 1992). La MAT est très faible, elle ne dépasse pas les 5 % de MS ; elle est prédisposée à diminuer en fonction des années de stockage (Siboukeur 1993).
Les pédicelles peuvent fournir de l'énergie libérée lentement au fur et à mesure de la dégradation des glucides complexes, ce qui laisse à dire qu'il faut une complémentation azotée. Selon Boual (1992), les pédicelles sont caractérisés par une teneur en CB très élevée 38,3% de MS ; ils ne peuvent être valorisés que par les ruminants (INRA 2001). La digestibilité de la MO est de l'ordre de 29,2% et 32,4% (chez les ovins et les camelin respectivement (Chenati 1991).
Le conditionnement de la datte est l'un des procédés modernes qui contribue à l'amélioration commerciale de la datte. Le nettoyage, la désinsectisation sont deux types de conditionnement qui assure à la datte une meilleure valeur (Bouabdallah; 1990).
Le conditionnement des dattes est effectué par l'office nationale de la datte (OND), qui est un organisme publique à caractère économique, crée en 1983 et opérationnelle depuis juin 1984. Il est composé de sept usines de conditionnement implantées dans trois wilayas du sud-est:
-Wilaya de Biskra: 02 unités (Biskra, Tolga)
- Wilaya d'El-oued: 03 unités (M'ghair, Djamaa, El-oued).
-Wilaya de Ouargla: 02 unités (Tougourt, Ouargla).
Le conditionnement passe par les phases suivantes:
- La collecte.
- Traitement phytosanitaire: bromure de méthyle (autoclave).
- Triage: séparer les différentes variétés.
- Les dattes que nous avons qualifiées de "perdues", ce sont des dattes qui ne sont pas consommées par les humains, soit du fait de leurs faibles qualités gustatives, soit du fait de leur texture (trop dures), soit tout simplement parce qu’elles sont négligées au profit d’aliments plus attractifs. Ces dernières sont considérées comme un premier déchet de la sérié de conditionnement, après la séparation des dattes de deuxième choix pour la fabrication de la pâte des dattes, les noyaux et un peu de chair sont les déchets que nous avons testé.
Figure 2. Les étapes du conditionnement de la datte. |
Tableau 2. Estimation quantitative des sous-produits du palmier dattier fournis de 2007 à 2013 en tonnes *104 |
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2007 |
2008 |
2009 |
2010 |
2011 |
2012 |
2013 |
Moy |
Production totale des dattes (Tonnes *104) |
173 |
1 86 |
220 |
220 |
291 |
321 |
377 |
267 |
Nombre total de palmiers dattiers |
4 12 |
4 13 |
4 13 |
414 |
4 213 |
424 |
4 21 |
1684 |
Palmes sèches (Tonnes *104) |
55 |
55 |
55 |
55 |
56 |
5736 |
56 |
867 |
Pédicelles de dattes (Tonnes *104) |
31 |
34 |
4 |
4 |
5 |
5 |
6 |
13 |
Rebuts de datte (Tonnes *104) |
43 |
46 |
55 |
55 |
72 |
80 |
94 |
64 |
Sur le plan quantitatif (Tableau 2), les rebuts de datte constituent un tonnage non négligeable, qui représente 25% de la production annuelle en Algérie (Chehma et al 2000), et 20% en Tunisie (Lassoued et al 2011). Au niveau de la wilaya de Biskra, de 2007 à 2013 (tableau 2) il y a, en moyenne, 867*104 tonnes de palmes sèches/an, 64*104 tonnes de rebuts de dattes/an et 12.71*104 tonnes/an de pédicelles/an.
Les élevages en régions arides, en particulier, ne peuvent pas disposer de fourrages de qualité et de concentré, sur toute l’année. Le manque de pâturage autour des oasis oblige à nourrir les troupeaux à partir des ressources de la palmeraie. Ces éléments et notamment les noyaux ont fait l’objet de certains travaux, dont leur complémentation après le pâturage s’avère utile en permettant de palier à la sécheresse. Les déchets du palmier dattier sont considérés à la fois comme fourrage, dont la composition chimique des pédicelles est similaire à celle de la paille avec 4,30% de matière azotée totale et 34% de cellulose (Arbouche et al 2008). Et comme concentré énergétique, dont ils sont plus riches en sucres cytoplasmiques qu’en glucides pariétaux, ce qui par ailleurs leur confère une bonne valeur énergétique de 0,94 UF/kg MS (Chehma et al 2004), mais ils sont moins riche en matière azotée totale de 5.2 %MAT (Boudechiche et al 2009, Bousdira 2007 et Chehma et al 2002). Plusieurs auteurs suggèrent que les déchets des dattes constituent une bonne source de complémentation au foin de luzerne pour l’engraissement de l’agneau, toutefois le pourcentage d’introduction varie entre 20% et 70%. (Tisserand 1990 ; Brahim et al 2010 ; Chehma et al 2003 ; Meradi 2016). En outre, il est intéressant pour les femelles en fin de gestation, et pour les performances laitières (Boudechiche et al 2010).
Au fur et à mesure de l’entrée en production les palmiers issus des ambitieux programmes, de mise en valeur, lancés notamment depuis les années 2000, le nombre de palmiers est estimé à 17 millions. La production nationale de dattes est estimée à plus de 600 000tonnes (MADR 2013). En 2015, cette production est passée à 960 784 tonnes (MADR 2015). Les prévisions, pour 2019 sont estimées à 1 256 855 tonnes (Programme de Consolidation du Développement agricole MADR 2015). La part de la variété Deglet Nour passe de 58 à 50% du patrimoine national, puisque les programmes mis en exergue accordent beaucoup d’intérêt à la diversité variétale. A raison uniquement de 30 %, le tonnage des déchets (écarts de tri et dattes de très faible valeur marchande) estimé passerait de 280 000 à 380 000 tonnes. Il s’agit là, uniquement des déchets relatifs aux dattes.
Les enquêtes socio-économiques ont permis de mieux cerner le contexte d’utilisation de ces déchets ou plutôt produits de la palmeraie. Elles ont été menées auprès d’un échantillon de phoeniciculteurs du Bas SAHARA. La méthode d’enquête adoptée est la méthode qualitative qui consiste à faire des entretiens individuels avec les phoeniciculteurs et les éleveurs de la même zone d’étude. Ce qui nous a permis d’affirmer que les déchets de la palmeraie représentent une richesse potentielle facilement valorisable. Celle-ci consiste en une utilisation judicieuse des déchets et/ou matières résiduelles de la palmeraie comme sources d'éléments nutritifs, de matière organique, pour nourrir un cheptel, sans cesse, en accroissement. C’est un véritable défi social, écologique et surtout économique de premier ordre, dont dépend et dépendra le futur, la qualité de la vie, la disponibilité des ressources naturelles et le développement global du pays.
Cette valorisation a des retombées économique, technique et technologique, social et socioculturel et environnemental certaines.
Les retombées économiques sont directes et indirectes: i -Directes : création de richesses, production locale d’aliment de bétail (disponible et à bon marché), contribution à la réduction de la masse des déchets à gérer ; ii - Indirectes : contribution à l’accroissement du cheptel et par conséquent de la viande à la population et divers sous produits de la filière production animale.
La gestion des déchets quelque soit leur nature a des retombées en terme de maitrise des techniques et d’organisation de la filière en valorisant nos savoir-faire ancestraux dans le domaine. On peut citer : le concassage et/ou le trempage des noyaux entiers. Le hachage et /ou broyage des palmes sèches et pédicelles. L’incorporation de ces déchets dans l’alimentation de bétail varie d’un groupe d’éleveurs à l’autre et selon le type d’élevage.
-social : création d’emplois notamment en oasis les plus reculées, du pays.
-socioculturel : réhabilitation da la culture de la récupération, qui jadis, a permis aux oasis phoenicicoles algériennes de presque s’auto-suffire en produits végétaux et d’élevage d’une part et de minimiser les déchets d’autre part en appliquant le principe de Lavoisier « rien se perd, rien se créé, tout se transforme ».
Au même titre que toutes les exploitations agricoles, les palmeraies génèrent d’importantes quantités de déchets qui constituent une nuisance certaine pour l’environnement en affectant les vues paysagères et touristiques de ces espaces verts notoires. La régression des usages traditionnels des sous-produits oasiens a augmenté le volume de déchets et sous-produits oasiens (Bensalah 2014). Les matières issues du palmier dattier (lifs, palmes sèches, pédicelles rebut et déchets de dattes..), représentent un gisement important à valoriser et à exploiter dans les zones oasiennes. Ils permettent d’éviter ainsi les effets négatifs sur le système oasien, favorisant la pollution et la multiplication des maladies du palmier dattier.
Les problèmes de délaissement des déchets oasiens ne se limitent pas à cela. Ils constituent en plus un refuge aux insectes et animaux divers : mouches, moustiques, scorpions… Les déchets sont souvent une gène pour le drainage oasien, en bouchant les drains et les empêchant de bien fonctionner (Bensalah 2014).
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Received 7 July 2016; Accepted 28 July 2016; Published 1 September 2016