Livestock Research for Rural Development 26 (6) 2014 Guide for preparation of papers LRRD Newsletter

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Typologie d’exploitations d’élevages laitiers dans les périmètres de mise en valeur de la région d’Adrar (Sud-Ouest Algérie)

A Boubekeur et M T Benyoucef*

Institut National de la Recherche Agronomique d’Algérie, Station d’Adrar, 01000 Algérie
* École Nationale Supérieure Agronomique, Département de Zootechnie, El-Harrach, 16200 Algérie
ma.boubekeur@gmail.com

Résumé

Dans la région d’Adrar au climat saharien, la production laitière est concentrée dans les périmètres de mise en valeur. L’objectif de cette étude était de réaliser une typologie d’exploitations dans ces périmètres pour mieux connaître les systèmes laitiers des régions arides. 

 

L’enquête a porté sur 53 exploitations choisies au hasard. L’analyse factorielle des correspondances multiples et la classification ascendante hiérarchique ont été utilisées.

 

Les exploitations sont très hétérogènes et pratiquent polyculture et poly-élevage, avec surtout des ovins pour la production de viande qui vient concurrencer celle du lait pour les ressources. Les aliments produits sur place sont complétés par des concentrés subventionnés achetés. La production laitière est faible, assurée surtout par les chèvres (estimée à 0,6 et 11,4 l/jour par chèvre ou par vache). L’analyse a identifié 3 types : 14 grandes exploitations d’élevages bovins laitiers, 9 grandes exploitations d’élevages laitiers mixtes (ovins, bovins, caprins et dromadaires) et 30 petites exploitations d’élevages caprins laitiers. Ainsi, entre autres, une plus grande mise en valeur des sous-produits locaux de dattes et autres cultures, et un développement des moyens de collecte et de transformation du lait sont souhaitables.

Mots clefs: fonctionnement, mise en valeur, production laitière, troupeau, zone aride



Typology of dairy farms in the development areas of the Adrar region, south west Algeria

Abstract

In the Adrar region Saharan climate, milk production is concentrated in the perimeters of development. The objective of this study was to perform a typology of farms within these areas to better understand the dairy systems in arid regions.

 

The survey covered 53 randomly selected farms. The factorial analysis of multiple correspondences and hierarchical clustering were used.

 

Farms are very heterogeneous and practice polyculture and poly- breeding, especially with sheep for meat production that competes the milk for resources. Food produced on site are supplemented by subsidized purchased concentrates. Milk production is low, provided mainly by goats (estimated at 0.6 and 11.4 l / day per goat or cow). The analysis identified 3 types : 14 major dairy cattle breeding farms, large farms 9 mixed dairy farms (sheep, cattle, goats and camels) and 30 small farms dairy goat farms. Thus, among other things, greater development of local dates and other crops by-products, and the development of means of collecting and processing milk are desirable.

Keywords: arid zone, dairy, development, livestock, operation


Introduction

Le lait constitue un produit de base dans le modèle de consommation algérien (Amellal 1995). En effet, ce produit vital a connu une faiblesse remarquable en matière de production locale, entraînant le pays à recourir à des importations qui ont fini par peser lourd sur l’économie nationale (Ghozlane et al 2003). La production laitière nationale globalement évaluée à 2,2 milliards de litres d’équivalent-lait en 2007 n’arrive pas actuellement à couvrir la demande estimée à 3,4 milliards de litres avec une consommation moyenne de l'ordre de 100 à 110 litres/habitant/an (tableau 1).

Tableau 1. Performances laitière en Algérie de 1980 à 2008 (MADR 2008).

Période

1980-89

1990-99

2000-08

Vaches laitières, mille têtes

828

746

879

Brebis, mille têtes

9703

10874

10152

Chèvres, mille têtes

1630

1628

1959

Chamelles, mille têtes

88

82,6

160

Production laitière, millions de litres

847

1088

1810

Collecte, millions de litres

46,5

85

118

Consommation, Litre/habitant/an

95

112

115

Le sud du pays ne participe qu’à 11% de la production totale (tableau 2) et le lait des autres espèces laitières (caprins, ovins et camelins) ne représente que 33% du total produit. Cette situation engendre un déficit remarquable en lait et produits laitiers dans cette zone qui semble s’expliquer par des considérations particulières liées au faible approvisionnement laitier des villes du Sud, et à leur production locale faible (Senoussi et al 2010).

 

L’activité d’élevage dans les périmètres de mise en valeur est récente dans la wilaya d’Adrar (années 80). Elle émane d’une volonté politique de développer les cultures en irrigué dans les zones climatiquement difficiles. Le système de production est de type céréaliculture-élevage hors palmeraies où les forages sont généralement artésiens et individuels. Le cheptel est composé essentiellement de bovins et d’ovins mais parfois aussi de caprins et camelins dans certains exploitations.

 

Face à ces exigences et compte tenu des structures d’exploitations dans le sud du pays, ce travail vise à connaître les types d’élevages selon leur mode de fonctionnement. L’étude a concerné principalement la diversité des espèces animales exploitées ainsi que la place de la production laitière dans le système de production.

Tableau 2. Les indicateurs de production laitière par zones géo-climatiques (Temmar 2007).

Indicateurs

Nord

Centre

Sud

Superficie fourragères, %

60,9

31,8

7,3

Effectif de vaches laitières, %

60

26

14

Production de lait cru, %

63

26

11

Collecte de lait cru, %

6,5

03

0,5

Centres de collecte, %

57

27

16

Laiteries, %

64

20

16

Capacité de transformation, %

77

22

01


Méthodologie

Une enquête a été réalisée entre novembre 2008 et mars 2009 dans les exploitations agricoles qui détiennent des cheptels laitiers dans cinq périmètres de mise en valeur de la région d’Adrar. L'échantillon global de notre étude se compose de 53 exploitations, choisies de manière aléatoire au hasard en veillant à couvrir les différentes zones et avec le souci d’élargir le plus possible l’échantillon sur des types variés afin de représenter, sans oubli les différents types correspondant aux exploitations détenant des femelles laitières dans la région.

 

Une typologie des élevages a été réalisée à l’aide d’une analyse factorielle des correspondances multiples (AFCM) et d’une classification ascendante hiérarchique (CAH). Le logiciel SPAD (Système Pour l'Analyse des Données) a été utilisé dans cette analyse avec des variables d'entrée émanant de l'enquête.

 

La conversion des effectifs d’animaux en unités de gros bétail (UGB) est calculer en fonction de leur consommation d’aliments grossiers (herbe, fourrages…). Ce type d’UGB ne concerne que les herbivores et définie comme la vache laitière de 600 kg consommant 4500 kg de matière sèche (MS) par an, présente toute l’année sur l’exploitation. Le coefficient UGB est de 1 pour la vache et le taureau, 0,3 pour les jeunes bovins, 0,15 pour brebis et béliers, 0,05 pour agneaux et agnelles, 0,17 pour chèvres et boucs, 0,09 pour chevreaux et chevrettes et enfin 1,1 pour dromadaire et chamelle (Jacquier, 2008).

 

L’ensemble des résultats obtenus a permis non seulement de construire une typologie des élevages laitiers des périmètres de mise en valeur, mais aussi de caractériser les principales pratiques de gestion de troupeaux.


Résultats

Caractéristiques des exploitations enquêtées

 

La taille moyenne des exploitations est de l’ordre de 33,8 ha avec une grande hétérogénéité (la plus petite a moins de 5 hectares alors que la plus grande a plus de 300 hectares).

 

La superficie réservée aux cultures fourragères proprement dites au sein de l’assolement varie entre 0 et 90 ha avec une moyenne de 5,3 ha ; ce qui représente 15,8% de la SAU totale (parfois l’absence des cultures fourragères y est compensée par la pratique des cultures de céréales). Ces résultats signalent la faible place des fourrages dans l'assolement.

 

La pratique de l’irrigation varie en fonction de la taille d’exploitation. En effet, les exploitations de petite taille (SAU de moins de 5 ha) exploitent l’eau avec des puits traditionnels pour irriguer leurs parcelles. 46% des exploitations de grande taille (SAU> 5) utilisent des forages individuels, alors que le reste des exploitations combinent entre les eaux des forges collectives et des puits.

 

Dans les exploitations étudiées, les races bovines exploitées sont très diverses. 76,3% des éleveurs ne possèdent que des races importées (Pie rouge, Pie noire, Montbéliarde et Holstein) contre 20,1% des races croisées (les produits de croisements entre les races importées et la race locale Brune d’atlas dits bovin laitier amélioré) et 3,6% des bovins de type zébu importé du Mali et du Niger (Tableau 3).

Tableau 3. Races bovines élevées dans les exploitations enquêtées

Type de bovin

Races bovines

Effectifs

%

Bovin de type croisé

Bovin Laitier Amélioré

28

20,1

Bovins importés

Frisonne Pie Noire

59

42,4

 

Frisonne Pie Rouge

33

23,7

 

Montbéliarde

10

7,2

 

Holstein

4

2,9

Bovin de type zébu

Zébu du Mali et Niger

5

3,6

 

Total

139

100

Le cheptel bovin varie entre 2 et 20 têtes avec une moyenne de 6 têtes, 56% des éleveurs n’ont pas des vaches laitières et 30% des exploitations possèdent des troupeaux de moins de 5 têtes. Le faible effectif de vaches laitières est une constatation relevée dans la majorité des exploitations bovines algériennes. Selon Métref (2004), en Algérie, la répartition des fermes bovines par importance de leurs effectifs, montre que 93,3% des élevages disposent de moins de 10 vaches, alors que les fermes ayant un effectif supérieur à 50 vaches ne dépassent pas 0,3%.

 

Quant aux caprins, les races exploitées sont de type local (tableau 4) et la taille des troupeaux varie entre 1 et 31 têtes avec une moyenne de 6,7 têtes. 26% des élevages n’ont pas de cheptel caprin et 56% des cas détiennent moins de 3 chèvres. Le dromadaire n’est présent que dans trois exploitations, constituées avec des races locales (31% de race Sahraoui et 69% de race Targui).

Tableau 4. Races caprines élevées dans les exploitations enquêtées

Races locales caprines

Effectifs

%

Race Makatia

80

30,3

Race Mzabia

54

20,4

Caprins africains

130

49,2

Total

264

100

Dans 19,3% des exploitations, la source de main-d’œuvre est d’origine familiale, sans embauche de salariés permanents ; 75,4% des cas ont une main-d’œuvre mixte (familiale et salariée) et seulement 5,3% des exploitations possèdent des ouvriers salariés.

 

Système d’exploitation

 

Les troupeaux enquêtés sont détenus dans des exploitations agricoles qui pratiquent à la fois la polyculture et le poly-élevage. Ainsi, des animaux bovins sont associés à des ovins, des caprins et des petits effectifs camelins (tableau 5).

Tableau 5. Caractéristiques des 53 élevages enquêtés.

 

SAU, ha

Bovins, têtes

Ovins, têtes

Caprins, têtes

Camelins, têtes

Totale

1792

139

3533

264

55

Moyenne

33,8

2,6

66,7

5

1

Ecart type

15,1

5,8

14,9

4,2

03

Minimum

02

00

04

00

00

Maximum

310

34

1420

51

42

Dans tous les cas, les animaux exploités sont mis en situation de « zéro pâturage » : ils sont logés à l’attache ou en stabulation libre. Cette combinaison d'espèces offre de nombreux avantages : diversification des productions, surtout, lorsqu'il s'agit de systèmes où l'autoconsommation est importante ; capitalisation différentielle permettant l'élevage d'animaux de valeurs différentes ; exploitation maximale des ressources fourragères en jouant sur les différences spécifiques des comportements alimentaires (Gaudray et al 1995).

 

La notion de bâtiments d’élevage dans les exploitations concernées se résume à une sorte d’étable en stabulation libre sur une surface clôturée avec des constructions en argile ou en dur et souvent sans toit. Le nombre des locaux d’élevage (toutes espèces confondues) par exploitation varie entre 1 et 4 avec une moyenne de 1,2 et 78% des élevages ne possèdent qu'un seul local. Il en ressort que la séparation entre espèces d’animaux, d'âges ou de catégories différentes, ou la mise en quarantaine des animaux malades sont impossibles. Cette situation a comme conséquence un moindre contrôle de la contamination des animaux (Vallet 1981). 

 

Le mode de reproduction couramment utilisé par la totalité des éleveurs est la monte naturelle. L’insémination artificielle (IA) est pratiquent absente dans les élevages enquêtées.

La monte naturelle pratiquée par les éleveurs ne représente pas une méthode de choix pour la gestion des reproducteurs performants. Cela est dû au manque des semences de taureaux, à l’absence d’information et d’agents qualifiés pour la pratique de l’insémination artificielle.

 

Conduite alimentaire

 

Dans les élevages enquêtés, il n'y a pas de raisonnement de la ration. Le choix des aliments se fait généralement en modèle uni. L’éleveur définit la surface qu’il peut consacrer aux cultures fourragères ; de ce choix, résulte une quantité définie de fourrages verts sans relation particulière avec les effectifs animaux exploités. Pour compenser le déficit alimentaire, l’éleveur achète des aliments concentrés au marché des aliments de bétail, et la quantité achetée varie en fonction des prix. De plus, la valorisation des sous-produits fournis par l’exploitation (déchet de dattes et résidus de cultures) constitue une autre source d’alimentation. Cette situation a été signalée aussi dans les élevages laitiers dans la région de Biskra (Sud-Est d’Algérie) selon Bâa (2008) et dans le gouvernorat de Gabès (Sud tunisien) d’après Beaure d’Augeres (1995).

 

L’alimentation est basée sur une succession de fourrages en vert ou de foin, mais aussi sur tous les résidus de cultures, les mauvaises herbes des cultures maraîchères, la paille et le pâturage des chaumes de céréales sous pivots. Les fourrages cultivés sont surtout le sorgho et le mil en été, l’orge et l’avoine (premières coupes) et la luzerne. Les aliments concentrés sont essentiellement de l’orge en grain subventionné par l’état et le son de blé. Les déchets de dattes sont réservés pour l’alimentation des petits ruminants ; ils sont distribués sur toute l’année avec des fréquences variées d’une saison à l’autre (tableau 6).

Tableau 6. Conduite alimentaire des élevages enquêtés.

Critères

Jan

Fév.

Mar

Avr.

Mai

Jun

Jui

Aou

Sep

Oct

Nov

Dec

Luzerne en vert

+++

+++

++

++

+

 

 

 

 

 

++

+++

Sorgho, mil

 

 

 

 

++

+++

+++

+++

++

+

 

 

Foin, sorgho, mil

 

 

 

 

 

 

 

 

 

+

++

++

Chaumes

 

 

 

 

+++

++

++

 

 

 

 

 

Pailles de céréales

 

 

 

 

 

 

 

++

+++

++

+

 

Résidus de cultures

 

 

+++

+++

 

+

+

 

 

 

+

 

Orge grains

+++

+++

++

+

+

+

+

+

+

+

++

+++

Son

++

++

++

++

+++

+++

+++

+++

+++

++

++

++

Déchets de dattes

++

++

+

+

+

+

++

++

+++

+++

++

++

+ : peu ; ++ : moyen ; +++ beaucoup

Production laitière

La production laitière fournie quotidiennement par les élevages (vaches, chèvres et chamelles) enquêtés dans la wilaya d’Adrar est de l’ordre de 700,8 litres dont l’essentiel (571,0 litres/jour) provient des troupeaux bovins. Le reste est fourni par des chèvres (111,8 litres/jour) et des chamelles (18,0 litres). 32,2% du lait produit est destiné à l’autoconsommation soit 225,8 litres par jour et le reste est destiné à la vente.

 

La traite manuelle des vaches est le mode de traite dominant (96%), contre seulement 4% pour la traite mécanique. Chez les chèvres et les chamelles laitières, la traite est manuelle dans tous les élevages. Quel que soit le mode de traite, cette opération s'effectue généralement au niveau du local d’élevage et dans de mauvaises conditions hygiéniques.

 

La traite s’effectue une fois par jour dans 78% des élevages et seulement 22% des cas traite les femelles laitières deux fois par jour. Or, selon Vanwarbeck (2008), la traite une seule fois par jour permet de réduire la charge en travail, mais occasionne une perte de production (environ 20%).

 

En raison d'absence d'enregistrements, les performances de production laitière au niveau de la totalité des exploitations, restent inconnues ou de simples estimations. La production laitière journalière traite par espèce est estimée pour l'ensemble de l'échantillon en moyenne à 11,4 litres/vache, 0,6 litre/chèvre et 3,6 litres/chamelle. Ces moyennes demeurent d’une part faibles, vu les potentialités relativement importantes des exploitations suivies (vaches de races modernes, SAU importante), et d’autre part, ces performances sont inférieures à celles enregistrées dans d'autres régions arides, tel le Sud tunisien, où la production moyenne est de 12,6 litres de lait/vache/jour (Beaure 1995) et dans la région de Guerrara (Sahara Septentrional Algérien) dont la production moyenne atteint 20 litres/jour selon Senoussi et al (2010). La moyenne enregistrée par chèvre est nettement inférieure à la moyenne obtenue dans les élevages de chèvres locales au Sud marocain (0,95 litre/chèvre/jour) par Hilali et Mouslih en 2003. Enfin, la production moyenne des chamelles est un peu plus au dessus de la moyenne observée en Tunisie (3,22 litres/jour) par Elhatmi et al (2003).

 

Typologie d’exploitations

 

L’analyse de classification ascendante hiérarchique (CAH) à partir d’une analyse factorielle des correspondances multiples (AFCM) a permis de définir des groupes d’individus relativement homogènes représentant les types d’exploitations étudiées. Cette classification a été réalisée sur la base du nombre d’axes jugés importants en termes d’explication d’inertie : les trois premiers axes ont été utilisés expliquant ensemble 48,9% de l’inertie totale et fournissant une arborescence en cascade d’où se détachent successivement les types. Finalement, trois types ont été identifiés (figure 1) : (type 1) les grandes exploitations d’élevages bovins laitiers (n=14) ; (type 2) les grandes exploitations d’élevages laitiers mixtes (n=9) et (type 3) les petites exploitations d’élevages caprins laitiers (n=30) (tableau 7 et 8).

Tableau 7. Caractéristiques moyennes ± Ecarts types des 3 types d’exploitations.

Types

SAU, ha

SF, ha

Bovins, têtes

Ovins, têtes

Caprins, têtes

Camelins, têtes

1 (n=14)

68,4±39,8

10,6±6,7

6,4±5,6

147±72,3

0,43±1,6

0,1±0,2

2 (n=9)

60,6±45,1

12,6±9,2

5,1±6,3

124±89,7

15,7±16,8

6±14,1

3 (n+30)

9,7±8,5

0,73±0,5

0,1±0,25

11,7±8,2

3,8±2,2

0


Tableau 8. Effectif moyens des femelles laitières dans les 3 types d’exploitations

Types

Vaches, têtes

Brebis, têtes

Chèvres, têtes

Chamelles, têtes

1 (n=14)

3,4±3

83,4±42,7

0,2±0,8

00

2 (n=9)

4±6,1

65,3±39,7

9,4±10

2±4

3 (n+30)

0,1±0,3

4±3,2

2,4±1,1

00

Le type 1 correspond aux grandes exploitations d’élevages bovins laitiers qui représentent 26,4 % de l'échantillon dont la SAU (68,4 ha en moyenne) est largement supérieure à la moyenne générale avec une superficie fourragère moyenne de 10,6 ha. La taille des troupeaux varie entre 2,4 et 217,8 UGB d’une moyenne de 41 unités. Le nombre de vaches par élevage oscille entre 2 et 13 vaches laitières avec une moyenne de 3,4. La production laitière moyenne est de 9,4 litres/vache/jour. Le lait produit est à 79 % commercialisé.

 

Le type 2 avec de grandes exploitations d’élevages laitiers mixtes comprend 9 individus. Il est caractérisé par une SAU moyenne de 60,6 ha dont 12,7 % est réservé aux cultures fourragères et un troupeau laitier mixte entre vaches, chèvres et chamelles avec des moyennes de 4, 9,4 et 1 têtes respectivement. Dans ces exploitations, le lait produit par jour est de l’ordre de 8,5 litres/vache, de 0,47 litre/chèvre et de 3,6 litres/chamelle. Le lait de chèvre est autoconsommé, alors que le lait de vache et de chamelle (81,6 % de production) sont vendus sur le marché.

 

Le type 3, petites exploitations d’élevages caprins laitiers, est composé de 30 éleveurs. Ces exploitations se distinguent par la faible SAU (10 ha en moyenne) et par une superficie réservée aux cultures fourragères inférieure à 9% de l’assolement. La production laitière est assurée par des chèvres, dont l’objectif est de couvrir les besoins familiaux en lait cru. Le nombre de chèvres présentes est en moyenne de 2,4 chèvres laitières pour une production moyenne de 0,53 litre de lait par jour.

Figure 1. Représentation graphique du plan 1-2 de l’AFCM de la typologie des exploitations enquêtées.

 

L’axe 1 exprime 29,5 % de l’inertie totale et caractérise les variables suivantes : unité gros bétail (UGB) important, une production laitière moyenne, et un effectif de vaches et de chèvres laitières important. Il sépare à gauche du graphique (Figure 1) les petites exploitations d’élevages caprins laitiers (type 3) des exploitations de grande taille qui sont à droite du graphique (type 1 et 2).

 

L’axe 2 explique 9,93 % de l’inertie et caractérise principalement la surface agricole utile et une production laitière appréciable de nature mixte (toutes femelles laitières). Il isole en bas le type 2 constitué des exploitations de grande taille d’élevage laitier mixte (Figure 1).


Discussion

Cette étude confirme le rôle important du cheptel laitier dans le domaine de la production laitière et la diversité des systèmes d’élevage et des espèces animales exploitées dans les périmètres irrigués. Il se dégage aussi que l’élevage bovin est avant tout pratiqué dans de grandes exploitations agricoles (SAU> 20 ha). Dans ces périmètres, le cheptel ovin qui domine les autres animaux d’élevage a pour objectif la production de viande, ce qui engendre une forte concurrence entre la production de lait et de viande. Ces deux produits peuvent donc être en situation de concurrence vis-à-vis de la valorisation des ressources fourragères et ce n’est pas le moindre paradoxe de voir des éleveurs, dotés en troupeaux de races laitières spécialisées (Holstein et Pie Noir), accorder de plus en plus d’intérêt à la production de viande ovine. La mise sur pied d’un programme d’appui technique aux éleveurs doit donc nécessairement tenir compte de cette complexité des élevages.

 

En terme d’effectif, l’écologie des régions sahariennes ne permet pas l’utilisation dominante, ni quasi dominante des vaches pour la production laitière. Le cheptel laitier le plus important est celui des chèvres laitières. Malgré qu’elles soient moins introduites, les chamelles restent un quiz du lait pour cette région s’il est bien géré, tandis que l’introduction des zébus exige une véritable connaissance de leur capacité d’adaptation et une étude technico-économique.

 

Concernant la conduite alimentaire, le recours exclusif aux aliments achetés sur le marché comme seule source de complémentation augmente les coûts de production. La solution pour ces éleveurs réside, d’une part, dans le développement des espèces fourragères locales (luzerne, mil et sorgho), d’autre part, dans l'incorporation des sous-produits du palmier dattier comme complément des rations de base pour les différentes espèces. Ces sous-produits sont une source d'aliments non négligeable, en plus de leur tonnage en quantités appréciables (chaque palmier donne 21 kg de sous-produits par an en moyenne), leur utilisation permet de diminuer la tension sur les céréales, source d'usage, et de réduire ainsi les coûts de production (Chehma et Longo 2001).

 

En matière de production, l’intérêt marqué pour la production laitière par les agro-éleveurs des périmètres de mise en valeur est freiné par l’absence de circuit de commercialisation, de circuit de collecte, ou d’identification d’un produit spécifique. Compte tenu des conditions hydro-climatiques de la région, les coûts de production sont assez élevés (pompage d’eau, aliments complémentaires, installations de traite, etc.). De plus, le manque de moyens de conservation et de transport et l’éloignement des producteurs des centres urbains, a justifié l’abandon de la collecte et de la commercialisation du lait.


Conclusion


Références bibliographiques

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Received 3 April 2014; Accepted 23 April 2014; Published 1 June 2014

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