Livestock Research for Rural Development 23 (5) 2011 | Notes to Authors | LRRD Newsletter | Citation of this paper |
L’Algérie accorde une attention particulière au lait du fait qu’il représente une source de protéines animales appréciable et surtout un aliment de base. A cet effet, le présent travail vise à comprendre la logique de fonctionnement des différents segments de la filière lait au niveau de l’un des bassins laitiers du Nord-est algérien, en l’occurrence celui de la wilaya de Guelma.
Mots clés: bassin laitier, fonctionnement, Guelma, lait, segment
Algeria accords a special attention to the milk because it represents a significant source of animal protein and especially a staple food. To this end, this work aims to understand the logic of running of different segments of the dairy sector at one of dairy shed of north-eastern Algeria, in this case that of the wilaya of Guelma.
Keywords: dairy shed, Guelma, milk, running, segment
Depuis l’indépendance de l’Algérie, les pouvoirs publics se sont fixés un objectif à savoir, assurer la sécurité alimentaire du pays de façon progressive d’une part et favoriser l’accroissement de la production agricole pour les produits de base constituant la ration alimentaire du ménage algérien d’autre part. Vu que lait représente une source de protéines animales appréciable dont la consommation moyenne est de 115 litres/habitant/an (Ministère du Commerce 2007), l’Algérie donne une grande importance au secteur laitier. Face aux contraintes d’intégration industrielle du lait cru et dans le but d’assurer un apport alimentaire journalier équilibré pour chaque algérien, l’Etat a privilégié la distribution subventionnée de lait essentiellement à base de poudres importées (Benyoucef 2005). Le recours à cette stratégie durant les années 70 et 80 a été encouragé par les prix bas des poudres de lait et de la matière grasse anhydre sur le marché mondial dû essentiellement à la surproduction du lait dans les pays développés. Cette situation n’est pas restée telle quelle puisque dans le but d’empêcher l’effondrement des prix au niveau du marché international, certains pays ont opté pour une politique de quotas laitiers (ce fut le cas des pays d’Europe), alors que d’autres ont opté pour la réduction des effectifs du bovin laitier par abattage (Canada et USA).
Dans cette optique, le présent travail a pour objectif de caractériser la filière lait dans la wilaya de Guelma.
Dans la littérature, plusieurs travaux d’économie agro-industrielle ont été réalisés à l’université Harvard aux Etats-Unis par Goldberg et Davis (1957), qui ont permis de forger le concept «d´agro-business». A l’origine, ce concept désignait plutôt des filières ou un ensemble de filières.
En France, des travaux sur les relations amont et aval de l’agriculture ont été réalisés au début des années 60 par Le Bihan et al (Cité par Rastoin 1996).
Chalmin (1983) avait défini la filière comme un ensemble d’agents économiques, transformateurs ou non, des agents administratifs et politiques qui jalonnent directement ou indirectement l’itinéraire d’un produit du stade initial de la production au stade final de la consommation (Cherfaoui 2003).
Par ailleurs, Noëlle Terpend (1997) définit l’étude de filière comme étant une analyse très précise de tout un système généré par un produit. C’est une étude exhaustive de tous ceux qui interviennent dans la filière, de leur environnement, des actions qui sont menées et des mécanismes qui ont abouti à de telles actions. Cet auteur ajoute que le rôle de l’étude de filière est de permettre de connaître d’une manière approfondie les tenants et les aboutissants de tout l’environnement d’un produit. Elle permet de mettre en évidence :
Duteurtre et al (2000) donne une définition très simplifiée de la filière, pour cet auteur la filière est un système d’agents qui concourent à produire, transformer, distribuer et consommer un produit ou un type de produit (Figure1).
Cette phase consiste à fournir une définition précise des produits retenus et à délimiter la hauteur de la filière, son épaisseur et sa délimitation géographique et spatiale.
♦ La définition du produit et ses caractéristiques propres
A quel type de produit on s’intéresse ?
Quelles sont ses caractéristiques : périssabilité, son statut dans l’alimentation, sa production, ses substituts dans la consommation, son aptitude technologique, les coefficients techniques et la maîtrise du produit.
II s’agit de prendre en compte les activités ou fonctions dont il faut faire cas (fonctions commerciales, techniques, etc.) : production, commercialisation, distribution, consommation.
Les différents sous-systèmes qui sont inscrits dans la filière que l’on veut prendre en compte (sous-système artisanal, industriel, fermier, etc.).
On ne peut comprendre le comportement d’un opérateur que si l’on prend en considération l’ensemble de ses activités. Bien souvent les acteurs impliqués dans une filière donnée interviennent aussi dans d’autres filières. Par exemple, des producteurs de céréales peuvent réaliser des activités d’élevage ; des commerçants laitiers peuvent être impliqués dans des commerces de boissons etc.
Les méthodes mises en œuvre pour délimiter la filière reposent généralement sur une collecte de données à partir de :
La bibliographie ;
Statistiques (officielles, professionnelles) ;
Enquêtes auprès des services gouvernementaux, organisations professionnelles et enquêtes préliminaires auprès des opérateurs. (Duteurtre et al 2000).
Figure 1. Schéma d’une filière lait (Duteurtre et al 2000). |
L’élevage bovin au niveau de la wilaya de Guelma se caractérise par le fait qu’il est conduit en grande majorité en hors-sol, ce qui constitue la contrainte majeure pour son alimentation. Pour l’affourragement de son cheptel, l’agriculteur guelmi recourt le plus souvent à l’achat des fourrages, qui sont en général, produits en grandes quantités (avoine, paille).
Malgré que les superficies fourragères totales aient connu une évolution, positive entre 2000 et 2007, elles continuent à occuper des proportions insignifiantes par rapport aux superficies agricoles utilisées au niveau de la wilaya de Guelma, ou elles sont passées de 4,73% de la SAU en 2000 à 7,24% de la SAU en 2007(Tableau 1).
Tableau 1. Evolution des superficies fourragères |
||||||||
Culture |
Superficies Fourragères (ha) |
|||||||
Années |
2000 |
2001 |
2002 |
2003 |
2004 |
2005 |
2006 |
2007 |
Fourrages Naturels |
4 456 |
6 608 |
4 748 |
7960 |
7 140 |
8 197 |
8 840 |
7 919 |
Fourrages Artificiels |
4 140 |
5 615 |
2 121 |
7528 |
3 411 |
5 021 |
5 988 |
5 655 |
Total Fourrages |
8 596 |
12223 |
6 869 |
15 538 |
10 551 |
13 218 |
14 828 |
13 574 |
SAU (ha) |
181 404 |
182 305 |
184 183 |
185 500 |
186 253 |
186 990 |
187 297 |
187 338 |
SFT/SAU (1) (%) |
4,73 |
6,70 |
3,72 |
8,37 |
5,66 |
7,06 |
7,91 |
7,24 |
SFT : Superficies Fourragères Totales, SAU : Superficie Agricole Utile Source : DSA Guelma 2008 |
Les fourrages naturels ont occupé des superficies relativement plus importantes que les fourrages artificiels de 2000 à 2007 ; alors qu’ils ont eu tendance à s’étendre, les superficies allouées aux fourrages artificiels ont connu une certaine stagnation au cours de la même période (Tableau 1).
La wilaya de Guelma se caractérise par rapport à l’ensemble des wilayas du pays, par un effectif de bovins relativement important (77,7 mille têtes en 2007), concentré dans le centre de la wilaya, qui se caractérise par une pluviométrie qui peut atteindre les 700 mm/an et qui s’apprête plus à ce type d’élevage ; des cultures industrielles (principalement la tomate industrielle) et les cultures maraichères y sont pratiquées par les agriculteurs guelmi.
Nous retrouvons aussi le bovin dans les montagnes et les hauteurs de la Wilaya, où il est conduit en extensif. Ce système extensif se caractérise par son hétérogénéité ; ce cheptel bovin est dominé par le BLL (bovin laitier local) (la Guelmoise) et le BLA (bovin laitier amélioré).
Ce système joue un rôle important dans l'économie familiale et il est très dépendant des conditions climatiques.
Dans de nombreux cas, il s'agit en réalité d'une production mixte : lait-viande.
Il est possible de distinguer l'élevage de piémont utilisant les pâturages naturels en hiver et les sous-produits des zones de grande culture en été et l'élevage de montagne qui pratique le pâturage en forêt.
Quant à l’élevage ovin il est plus pratiqué dans la région Sud-Est de la wilaya zone céréalière par excellence, cette région se caractérise par une pluviométrie qui varie de 250 à 300 mm/an.
Tableau 2. Evolution des cheptels (bovins, ovins et caprins) au niveau de la wilaya de Guelma. |
|||
ESPECES |
Effectifs (en têtes) |
||
BOVINS |
OVINS |
CAPRINS |
|
2000 |
64 370 |
186 040 |
38 200 |
2001 |
66 960 |
197 970 |
39 895 |
2002 |
65 560 |
203 500 |
41 590 |
2003 |
69 400 |
192 495 |
43 130 |
2004 |
69 510 |
194 995 |
42 025 |
2005 |
71 970 |
312 180 |
44 455 |
2006 |
71 760 |
312 120 |
46 160 |
2007 |
77 740 |
364 660 |
47 810 |
Taux d'Evolution (%) 2000/2007 |
2,79 |
11,71 |
3,29 |
Source : DSA Guelma 2008 |
Le cheptel bovin a connu une évolution positive (2,79%) entre 2000 et 2007, il est passé de 64,3 mille têtes en 2000 à 77,7 mille têtes en 2007.
Les cheptels ovins et caprins aussi ont évolués positivement au cours de la même période 2000-2007, avec des taux d’évolution respectifs de 11,71% pour l’ovin et 3,29% pour le caprin (Tableau 2).
Tableau 3. Evolution des effectifs du cheptel bovin dans la wilaya de Guelma entre 2000 et 2007 |
||||||
|
Bovins par têtes |
% |
||||
Années |
Total Bovins |
Total Vaches |
Races laitières (BLM) |
Races Locales+Améliorées (BLL+BLA) |
BLM |
BLL+BLA |
2000 |
64 370 |
31 790 |
1 240 |
30 550 |
3,90 |
96,1 |
2001 |
66 960 |
34 550 |
1 235 |
33 315 |
3,57 |
96,4 |
2002 |
65 560 |
35 400 |
1 275 |
34 125 |
3,60 |
96,4 |
2003 |
69 400 |
36 125 |
1 355 |
34 770 |
3,75 |
96,6 |
2004 |
69 510 |
36 895 |
1 580 |
35 315 |
4,30 |
95,7 |
2005 |
71 970 |
38 200 |
2 125 |
36 075 |
5,57 |
94,4 |
2006 |
71 760 |
37 910 |
2 290 |
35 620 |
6,04 |
93,9 |
2007 |
77 740 |
41 155 |
2 445 |
38 710 |
5,94 |
94,1 |
Source : DSA Guelma 2008 |
Ce n’est qu’à partir de 2006 que le bovin a connu une augmentation significative dans son effectif, ce dernier est passé de 69 510 têtes à 71 760 têtes de 2004 à 2006 pour atteindre 77 740 têtes en 2007 dont : 41 155 vaches. Cette augmentation s’explique par la politique d’importation de vaches laitières adoptée par l’Etat (50000 vaches/an).
De 2000 à 2007, la part du bovin laitier moderne (BLM) dans le total du bovin laitier tend à augmenter sans dépasser cependant les 6,04 %. Ces proportions trouvent une explication dans le fait que c’est le système d’élevage extensif qui est dominant au niveau de la wilaya (Tableau 3).
Les données du Tableau4 montrent une évolution remarquable de la production laitière de 2000 à 2007, passant de 19 millions de litres de lait à 29 millions, avec un pic de 32 millions de litres de lait en 2006.
Par contre, la diminution enregistrée en 2007 par rapport à l’année d’avant, peut être attribuée d’une part aux conditions climatiques qui ont prévalus dans la région à la fin 2006 et d’autre part à la hausse des prix de l’aliment de bétail et du foin. La production laitière en Algérie est régie par les conditions climatiques et les conditions d’élevage.
Tableau 4. Evolution de la production du lait cru au niveau de la wilaya de Guelma |
|||||||||
Désignation |
2000 |
2001 |
2002 |
2003 |
2004 |
2005 |
2006 |
2007 |
Moyenne 2000 /2007
|
Production de lait cru, 103 litres |
19569 |
17642 |
21222 |
26358 |
27000 |
23675 |
32065 |
29450 |
24 623 |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Source : DSA Guelma 2008 |
Il est intéressant de savoir que sur les 29 millions de litres et demi de lait produits au niveau de la wilaya en 2007, 5 millions de litres sont produits par le bovin laitier moderne (BLM), soit 17 % et 16 millions de litres proviennent des cheptels de bovin laitier local (BLL) et bovin laitier amélioré (BLA); soit plus de la moitié de la production qui est assurée par le bovin amélioré et le bovin local.
21 millions de litres sont produits par les bovins toutes races confondus et le reste, soit 8 millions de litres, est produit par les ovins et caprins : 5 875 mille litres de lait produits par les brebis et 2 375 mille litres de lait produits par les chèvres en 2007 (Tableau 5).
Quant à la production laitière bovine, elle est répartie de la sorte :
Bovin Laitier Moderne (BLM) --> 5 020 000 (L)
Bovin Laitier Local + Amélioré (BLL+BLA) --> 16 180 000 (L)
Dont 656 044 litres de lait produit sont subventionnés.
Soit : 21 200 000 – 656 044 = 20 543 956 litres non subventionnés.
Tableau 5. Production de lait cru en 2007 par espèces et par type de bovin au niveau de la wilaya de Guelma |
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Désignations |
Total |
BLM |
BLA+BLL |
Brebis |
Chèvres |
Production de lait cru, 103 litres |
29 450 |
5 020 |
16 180 |
5 875 |
2 375 |
Source : DSA Guelma 2008 |
Le taux de subvention du FNRDA (Fonds National de Régulation et du Développement Agricole) pour l’acquisition de chariots trayeurs pour la période allant de 2000 à 2007 a été de 8,81 % (368 mille Dinars Algériens) ; il est de 15 % pour l’achat de cuves de réfrigération (DSA 2008).
D’après les données recueillies auprès de la Chambre d’agriculture de la Wilaya de Guelma (2008), les besoins exprimés par les éleveurs de bovins pour la réalisation de 5 (cinq) étables ont été estimés à 6 401 mille Dinars Algériens entre 2000 et 2007 (1280,2 milles DA/étable) et pour l’acquisition de 109 abreuvoirs 283 milles dinars Algériens (2,59 milles DA/abreuvoir) sont l’estimation des agriculteurs, pour la même période.
Le soutien à la collecte du lait au niveau de la wilaya peut être présenté comme suit :
♦ Première Phase : (période s'étalant entre : 2000 à 2005
Tout au long de cette période, le soutien de l'état au niveau de la wilaya a consisté à primer les éleveurs ayant livré leur lait à la transformation et les transformateurs officiellement agrées.
Les montants approximatifs cumulés pour la période considérée sont de l'ordre de : trois millions quatre cents milles Dinars Algériens (3 400 000 DA).
♦ Deuxième Phase : (période s'étalant entre 2006 à 2007)
Tout au long de cette période, qui se présente relativement courte par rapport à la première phase, mais plus significative au plan des sommes allouées à la collecte du lait cru, du fait de l'étalement de la nomenclature à d'autres opérations. Ainsi ; dans le cadre de la stratégie de soutien à L'exploitation agricole et pour la filière laitière : six (06) collecteurs primaires ont été équipés par financement mixte entre la société leasing "la SALEM" et le soutien du FNRDA dont le montant a atteint quatre millions sept cents milles dinars (4 700 000 DA).
Le soutien lié à la prime de collecte octroyée aux éleveurs a atteint pour la période considérée : sept millions trois cents cinquante milles dinars (7 350 000 DA). Pour celle octroyée aux collecteurs primaires pour la même période le montant cumulé a atteint l'ordre de quatre millions sept cents cinquante dinars (4 750 000 DA).
Depuis l'avènement de la politique de soutien de la production laitière à travers le PNDA (Plan National du Développement Agricole) au milieu de l'année 2000 ; la wilaya de Guelma a bénéficié au titre de la transformation du lait cru de la création de deux (02) mini laiteries.
L'une en : 2002 dans le cadre du PNDA. Le montant alloué était de l'ordre de quatre millions de dinars, réalisée au niveau de la commune d'El Fdjoudj ;
L'autre en : 2007 dans le cadre du FNRDA. Le montant alloué était de l'ordre de quatre millions de dinars, réalisée aussi au niveau de la même commune d'El Fdjoudj.
Le réseau de collecte existant au niveau de la wilaya de Guelma est insignifiant comparé à l’effectif de vaches laitières et à la production laitière enregistrée au niveau de cette wilaya.
Toutefois ; il existe six (6) collecteurs opérationnels sur 14 collecteurs agréés, le plus important d’entre eux est celui de la commune de Belkheir, avec une capacité de collecte de 5 600 litres, les cinq autres disposant chacun d’un tank de 500 litres (soit un total de 8 100 litres pour l’ensemble de la wilaya) (Tableau 6).
Tableau 6. Caractéristiques du réseau de collecte de la wilaya de Guelma en 2007 |
||
Communes |
Nombre de collecteurs |
Capacités de collecte (litres) |
Belkheir |
1 |
5 600 |
Elfdjoudj |
1 |
500 |
Héliopolis |
1 |
500 |
Tamlouka |
1 |
500 |
Bouchegouf |
1 |
500 |
Ain Makhlouf |
1 |
500 |
TOTAL |
6 |
8 100 |
Source : DSA Guelma 2008 |
Globalement, la collecte de lait cru dans la wilaya de Guelma varie de 472 milles litres en 2000 à 642 milles litres en 2007(Tableau7). La collecte du lait cru ayant fluctué au cours de ces sept années, a fini par évoluer positivement à partir de 2005, pour atteindre un pic de 642 mille litres en 2007.
Tableau 7. Evolution de la collecte du lait cru de 2000 à 2007 au niveau de la wilaya de Guelma |
||||||||
Désignations |
2000 |
2001 |
2002 |
2003 |
2004 |
2005 |
2006 |
2007 |
Evolution de la Collecte du lait cru, 103 litres |
4 72,7 |
4 53,3 |
5 56,5 |
5 20,7 |
4 46,0 |
4 53,4 |
6 06,0 |
6 42,3 |
Evolution de la Production de lait cru, 103 litres |
19569 |
17642 |
21222 |
26358 |
27000 |
23675 |
32065 |
29450 |
Taux de Collecte, % |
2,41 |
2,56 |
2,62 |
1,97 |
1,65 |
1,91 |
1,88 |
2,18 |
Source : DSA Guelma 2008 |
En plus des raisons techniques qui entravent l’opération de collecte, des raisons sociales, ainsi que d’autres sécuritaires, ont fait que cette dernière est restée longtemps en deçà de ce qu’elle devait être.
En plus de la laiterie étatique d’Edough (Annaba) qui réceptionne la plus grande partie du lait collecté dans la wilaya de Guelma (Tableau 8), il existe au niveau de cette wilaya deux mini laiteries privées qui sont :
l’unité de transformation (SARL) (Société à Responsabilité Limitée) : Essafia
l’unité de transformation (EAI) (Exploitation Agricole Individuelle) : BeniFoughal.
La mini laiterie de Béni-Foughal a démarré son activité à partir de 2002, avec comme vocation principale la transformation du lait, avec la charge de promouvoir la production du lait cru, ainsi que la collecte. Les perspectives de développement de cette unité de transformation visent une capacité de 100 000 litres de lait UHT, en plus de 160 000 litres de lait pasteurisé, qui vont être rajoutées aux capacités déjà existantes.
Le plus grand nombre des éleveurs producteurs laitiers de la wilaya de Guelma livrent leur lait aux unités de transformation «Edough» de Annaba et «Safilait» de Constantine, le reste des producteurs vendent leur production diminuée de leur autoconsommation au marché informel (cafés, salons de thé, ménages, épiciers et autres…). La laiterie de Béni-Foughal fonctionne, en plus de la poudre importée et du lait cru collecté auprès des éleveurs de Guelma, à partir du lait cru fourni par le propriétaire de l’unité, qui est lui-même propriétaire de bovin laitier et producteur laitier.
Tableau 8. Capacités de collecte et de transformation industrielle du lait en 2007 |
||||
Laiteries |
Communes |
Capacités, litres |
||
Collecte |
Transformation |
Pasteurisation |
||
Edough |
Annaba |
930 000 |
930 000 |
930 000 |
BeniFoughal |
Elfdjoudj |
50 000 |
50 000 |
50 000 |
Safilait |
Ainsmar (Constantine) |
5 000 |
5 000 |
5 000 |
Source : Chambre de commerce wilaya de Guelma 2008 |
Le principal importateur au cours de ces dernières années au niveau de la wilaya est le propriétaire de l’unité de transformation Béni Foughal. Ces quantités de poudre de lait importées ne sont pas destinées à être transformées uniquement au niveau des deux unités de transformation de la wilaya : une certaine quantité est revendue pour d’autres transformateurs des wilayas limitrophes.
Tableau 9. Importations de poudre de lait et MGLA par la laiterie de Béni Foughal (2003-2009) |
|
Années |
Poudre de lait (Tonnes) |
2003 |
320 |
2005 |
5 680 |
2006 |
4 490 |
2007 |
5 446 |
2008 |
3 210 |
2009 |
1 390 |
Source : Laiterie Béni Foughal 2009 |
Les quantités de poudre importées ont beaucoup fluctué au cours de six années d’activité de l’unité (320 tonnes la première année, un pic de 5680 tonnes la seconde année et 1390 tonnes en 2009) (Tableau 9); le responsable utilise cette poudre en plus de celle qu’il achète par le biais de l’ONIL (Office National Interprofessionnel du Lait).
L’unité de transformation Etatique d’Edough à Annaba, qui réceptionne les 80 % du lait cru collecté auprès des éleveurs de la wilaya de Guelma possède une capacité de transformation qui est la suivante :
Lait pasteurisé en sachet : 665 580 litres
Lait fermenté en sachet : 363 00 litres
Pâtes molles : 2 464 00 litres équivalents (28 t)
Pour les quantités produites :
Lait pasteurisé en sachet : 462 230 litres
Lait fermenté en sachet : 133 00 litres
Pâtes molles : 1 242 00 litres équivalents (14 t)
En plus des poudres de lait importées et du lait cru livré par les éleveurs d’Annaba, l’unité Edough réceptionne des quantités de lait cru provenant de la wilaya de Guelma comme l’indiquent les données du Tableau 10.
Tableau 10. Quantités de lait cru livrées par les éleveurs de la wilaya de Guelma à l’unité Edough d’Annaba |
|
Année d’activité |
Lait cru utilisé (litres) |
2000 |
378129,6 |
2001 |
362650,4 |
2002 |
428429,6 |
2003 |
416528 |
2004 |
356763,2 |
2005 |
362713,6 |
2006 |
484800 |
2007 |
513840 |
Source : Laiterie l’Edough 2008 |
Tableau 11. Evolution de la transformation du lait au niveau de l’unité de BeniFoughal ; Guelma, 2008 |
|||
Années d’activité |
Production laitière (litres) |
Taux de lait cru utilisé dans la transformation (%) |
PDL et MGLA importées et utilisées dans la transformation (%) |
6 mois de 2002 |
5 000 |
50 |
50 |
2003 |
15 000 |
50 |
50 |
2004 |
20 000 |
20 |
80 |
2005 |
30 000 |
20 |
80 |
2006 |
50 000 |
20 |
80 |
2007 |
50 000 |
20 |
80 |
PDL : poudre de lait et MGLA : matière grasse lait anhydre Source : Laiterie BeniFoughal 2008 |
D’après les données recueillies au niveau de l’unité de transformation de BeniFoughal, cette dernière fonctionne à 80 % avec les importations et 20 % avec du lait cru sont affectés à la production des dérivés laitiers (Tableau11) tels que yaourts, crèmes desserts, crème fraiche et autres, afin d’en assurer une meilleure qualité surtout gustative. La promotion de la production et de la collecte du lait cru à travers l'instauration de mesures incitatives a généré une progression significative du volume de lait collecté et primé subventionné. Toutefois le taux d'intégration du lait cru collecté reste faible et ne dépasse guère 10 à 12 % tout au long du programme de réhabilitation; ce programme mis en œuvre en 1995 vise la levée des contraintes majeures qui entravent le développement de la production laitière. Les reformes économiques veulent encourager le développement de la production laitière locale et sa collecte ainsi que la mobilisation et la responsabilisation de tous les professionnels de la filière. Ce dernier est articulé en trois principaux programmes :
la promotion de la collecte de lait cru à travers une prime de 4 DA / litre octroyée à l’éleveur qui livre son lait à la transformation ainsi qu’une prime complémentaire de 2 DA destinée aux organismes de collecte pour chaque litre collecté et livré.
l’incitation à la réalisation de mini-laiteries pour encourager la mise en place des laiteries de petites dimensions. Il est prévu un financement de 40 % de l’équipement d’une mini-laiterie d’une capacité de 5000 à 10000 litres. Ce financement est porté à 60 % lorsque les investissements sont réalisés par des producteurs organisés en coopératives.
le développement de la production de lait cru par la promotion de l’insémination à la ferme et la promotion de l’investissement à la ferme.
Selon Kali (2010), la distribution du lait et des produits laitiers se fait au niveau de la wilaya de Guelma comme suit :
Le circuit informel : ce dernier est difficile à suivre et à quantifier; il s’agit des quantités de lait cru vendues d’un particulier à un autre, d’un éleveur à un particulier ou bien les quantités de lait autoconsommées.
Le circuit formel : concerne les quantités de lait subventionnées et celles produites industriellement, à partir du lait collecté ou bien de poudres importées.
Les poudres de laits instantanés, les laits infantiles et les fromages importés de l’étranger sont redistribués par les commerçants et les grossistes de la wilaya.
La distribution du lait industriel au niveau de la Wilaya de Guelma, ne concerne pas uniquement le lait produit au niveau des deux unités de transformation de la wilaya; d’autres unités se trouvant dans les wilayas limitrophes, ont aussi leur part du marché laitier de la wilaya, tels que l’Edough d’Annaba, ainsi que d’autres laiteries. Selon la direction du commerce de la wilaya sur l'état d'approvisionnement en lait pasteurisé livré en sachets, la situation se présente comme suit :
Les unités d'approvisionnement et les quantités réservées par unité à la wilaya de Guelma sont comme suit :
unité Safilait d’Ain Smara wilaya de Constantine : 2000 litres
unité Béni Foughal à El Fdjoudj - wilaya de Guelma : 6500 litres
unité El Besbès – wilaya d'El Taraf : 1700 litres
unité Edough – wilaya d’Annaba : 7500 litres
Autres : 3000 litres
Les besoins journaliers de la population de la wilaya sont estimés à : 50000 litres. Les quantités journalières distribuées sont de l’ordre de : 20 700 litres. Soit un taux de couverture des besoins de l'ordre de 41,4 %.
Tableau 12. Evolution de la consommation par an de lait et produits laitiers pour l’ensemble de la population de la wilaya de 2000 à 2007 |
||||||||
Années |
2000 |
2001 |
2002 |
2003 |
2004 |
2005 |
2006 |
2007 |
Population (Mille habitants) |
453906 |
462167 |
470578 |
479143 |
487863 |
496742 |
505783 |
514988 |
Consommation totale / an (102 litres) |
19 500 |
18 600 |
20 546 |
27 740 |
26 424 |
28 820 |
29 360 |
29 450 |
Source : Direction du Commerce de la wilaya de Guelma (2008) |
La consommation du lait, ainsi que ses dérivés ont augmenté au cours de la période allant de 2000 à 2007, passant de 19,5 mille litres consommés par les guelmi en 2000 à 29,4 mille litres consommés en 2007 ; soit une augmentation de 9 950 litres de lait (Tableau 12). Ce qui est en relation directe tout d’abord avec la croissance démographique, la population de la wilaya est passée de 453 906 mille habitants à 514 988 mille habitants, et ensuite avec le niveau de vie des citoyens guelmi qui lui aussi a augmenté et puis la diversification des produits laitiers a fait que le lait et ses dérivés soient consommés en plus grandes quantités.
La wilaya de Guelma renferme un nombre important d’exploitations agricoles, 10769 dont 9710 exploitations disposent de dossiers d’agréments d’élevage au niveau de la DSA en 2007.
30 % de ces exploitations agricoles possèdent des élevages laitiers selon les données recueillies au niveau de la DSA.
Des quantités importantes de lait cru produites grâce aux éleveurs de la wilaya de Guelma sont distribuées au niveau d’un circuit informel et des quantités dérisoires sont destinées à la transformation industrielle ; la collecte qui constitue le maillon intermédiaire entre la production et la transformation n’est pas pratiquée de façon à améliorer la situation, ceci malgré les mesures de soutien accordées par les pouvoirs publics au cours de ces dernières années.
Dans l’optique filière lait, il est utile de rappeler que dans tous les cas, la relance de la livraison du lait cru aux laiteries nécessite d’étendre le dispositif de soutien aux éleveurs laitiers au moyen de la vulgarisation en vue d’inciter les éleveurs à s’organiser et à développer des relations contractuelles dans le cadre de partenariat entre les acteurs de la filière lait. Cela permettra d’accompagner l’amélioration de la situation de l’amont de la filière laitière dans la wilaya de Guelma pour promouvoir la production laitière et son intégration industrielle.
Benyoucef M T 2005 Diagnostic systématique de la filière lait en Algérie. Organisation et traitement de l’information pour analyse des profils de livraison en laiteries et des paramètres de production des élevages. Thèse de Doctorat en sciences agronomiques. INA. Alger, 2 tomes: 396p.
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Chambre de commerce 2008 Statistiques des industries agro-alimentaires de la wilaya de Guelma.
Cherfaoui A 2003 Essai de diagnostic stratégique d’une entreprise publique en phase de transition, cas de la laiterie fromagerie de Boudouaou (Algérie). Mémoire de Magister en sciences agronomiques, CIHEAM - IAMM, DEC, 168P.
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Laiterie Beni Foughal 2008 Rapport économique de la laiterie.
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Received 24 January 2011; Accepted 31 March 2011; Published 1 May 2011