Livestock Research for Rural Development 23 (5) 2011 | Notes to Authors | LRRD Newsletter | Citation of this paper |
L’objectif de cette étude est d’étudier les relations entre les conditions d’élevage et le bien-être des animaux ainsi que l’influence du bien-être sur les performances laitières. L’étude a été menée auprès de 62 exploitations laitières réparties sur 6 communes de la wilaya de Tizi-Ouzou, elle a permis à l’aide d’une analyse factorielle d’établir une typologie des exploitations qui a fait ressortir 4 types d’exploitations. L’outil utilisé pour l’évaluation du bien-être des vaches dans les conditions d’élevage est le TGI (Tiergerechtheitsindex) 35 L (Bartussek et al, 2000).
L’analyse des résultats obtenus pour les performances laitières révèle de très grandes disparités. En effet, la production laitière totale (PLT) varie entre 1 525 et 6 904 kg/vache/an. Par ailleurs, les résultats de l’évaluation du bien-être des vaches avec le TGI 35 L montrent que les plus faibles notations sont celles obtenues par la composante « locomotion » (5,15±1,29 sur 10,5 points). Au contraire, les meilleures notations sont attribuées à la composante « soins humains » avec un score moyen de 5,35±1,56 sur 8,00 points. Enfin, les notations globales du bien-être pour l’ensemble des exploitations enquêtées varient entre 14,0 et 35,0 points avec une moyenne de 26,5±4,61.
Mots-clés: Bien-être animal, production laitière, TGI, typologie, vaches laitières
The aim of this study is to determine the relations between the conditions of breeding and the welfare of the animals as well as the influence of animal welfare on the performances of dairy production. The study was undertaken near 62 dairy farms distributed on 6 regions of the Department of Tizi-Ouzou. The typology, determined by a factor analysis, reveals 4 types of farms. The method used for the evaluation of the welfare of cows under the conditions of breeding is the TGI (Tiergerechtheitsindex) 35 L (Bartussek and al. 2000).
The analysis of the results obtained for the performances of dairy production reveals very great disparities. The total dairy production (PLT) varies between 1 525 and 6 904 kg/cow/year. The results of the evaluation of the welfare of cows with the TGI 35 L show that the weakest notations are those obtained by the component “locomotion” with an average of 5.15±1.29. The best notations are allotted to the component “stockman ship” with an average score of 5.36 ±1.56. Lastly, the total notations of the welfare for the whole surveyed exploitations vary between 14.0 and 35.0 points with an average of 26.5±4.61 points.
Keywords: Animal welfare, cattle breeding, milk production, TGI, typology
Le bien-être animal est largement étudié dans les pays développés, notamment dans les pays européens. Ainsi, sous la pression grandissante de l’opinion publique et des associations pour la protection des animaux, l’Union Européenne a élaboré et adopté des directives visant à prendre en compte le bien-être des animaux dans les élevages.
Néanmoins, de nombreuses questions se posent, comme de disposer de méthodes fiables et efficaces d’évaluation du bien-être des animaux dans les élevages. Selon Botreau(2008), le bien-être est composé de plusieurs dimensions (santé, comportement, absence de stress…etc.) et son évaluation doit donc reposer sur un ensemble de mesures complémentaires. En effet, Veissieret al(1999) rapporte que le bien-être est un concept multidimensionnel à la fois de point de vue des facteurs de causalité et des réponses d’adaptation de l’animal.
En Algérie, la question du bien-être animal n’a pas encore été soulevée. En effet, toutes les études réalisées jusqu’à présent dans le domaine de l’élevage concernent les performances des animaux, la conduite alimentaire, la conduite de la reproduction …etc. Alors que, dans l’objectif d’une agriculture durable, la production animale doit non seulement être efficace mais inclure l’image d’animaux élevés dans le respect de leur bien-être.
C’est dans cet esprit que nous avons voulu à travers cette étude chercher la relation entre le bien-être des vaches laitières et leurs performances de production. L’outil retenu pour élaborer ce diagnostic est le TGI 35L(2000) qui se base principalement sur le respect des normes de logement pour établir une note globale du bien-être animal.
L’étude a été effectuée durant l’exercice 2007-2008 dans la wilaya de Tizi-Ouzou. Cette région de l’Algérie est connue par sa vocation laitière et l’importance de son cheptel bovin. En effet, selon Ghozlaneet al(2006a), la wilaya de Tizi-Ouzou assure 3,13% de la production nationale en lait cru (soit 50 400 000 litres par an) et détient 4,36% du cheptel bovinnational (soit 72 720 tètes bovines).
Sur la base d’informations collectées au niveau des services agricoles de la wilaya et des centres de collecte de lait, nous avons élaboré un listing des exploitations qui répondent aux critères suivants :
La vocation laitière de l’exploitation (élevage bovin laitier),
La possession de l’agrément d’élevage,
L’adhésion au réseau de collecte du lait.
Ainsi, 80 exploitations choisies aléatoirement ont été enquêtés par deux zootechniciens. 18 exploitations ont été éliminées pour des données manquantes et/ou non fiables. L’échantillon final retenu se compose de62 exploitations réparties sur 6 communes (Azazga(6), Freha(16), Aghrib(9), Timizart(28), Yakouren(1)et Iflissen(2).
Les caractéristiques des exploitations enquêtées sont présentées dans le tableau 1.
Tableau 1 : Caractéristiques des exploitations enquêtées |
||||
Libellé de la variable |
Moyenne |
Ecart-type |
Minimum |
Maximum |
Bovins, têtes |
21,6 |
12,5 |
4,00 |
76,0 |
Vaches Laitières, têtes |
10,2 |
6,35 |
2,00 |
36,0 |
Ovins, têtes |
1,68 |
5,46 |
0,00 |
33,0 |
SAU, ha |
12,6 |
11,5 |
0,50 |
74,0 |
SFP, ha |
11,2 |
10,9 |
0,50 |
74,0 |
SFC, ha |
9,23 |
9,03 |
0,00 |
57,0 |
Chargement, UGB/ha |
2,13 |
2,15 |
0,42 |
12,3 |
Céréaliculture, ha |
0,39 |
0,96 |
0,00 |
4,00 |
Maraîchage, ha |
0,48 |
1,67 |
0,00 |
9,50 |
Arboriculture, ha |
0,56 |
0,96 |
0,00 |
4,00 |
Concentré/vache/an, kg |
2 979 |
718,5 |
1 278 |
5 110 |
Quantité de lait /vache/an, kg |
4 074 |
1 278 |
1 525 |
6 904 |
Un questionnaire a été élaboré pour recueillir les informations nécessaires à la fois pour la typologie des exploitations et l’évaluation du bien-être animal. Le document d’enquête comporte 3 parties :
Une partie sur la structure de l’exploitation : Surface agricole utile (SAU), surface agricole utile irriguée (SAUi), surface fourragère principale (SFP), surface fourragère cultivée (SFC), maraichage, arboriculture, céréaliculture, effectifs bovins et ovins, effectif vaches laitières,
Une seconde partie sur la conduite et les performances laitières des vaches : Chargement (UGB/ha), pâturage, calendrier fourrager, unités fourragères produites dans l’exploitation, achat des fourrages, quantité du concentré distribué par vache, quantité de lait produite par vache et quantité de lait totale produite par l’exploitation,
Enfin, une dernière partie sur les conditions d’élevage et le bien-être animal (cette partie a été inspirée de la méthode TGI) : La locomotion, les interactions sociales, le sol, lumière et air, les soins humains.
Une base de données relative aux 62 exploitations a été obtenue. Toutes les données ont été introduites et ordonnées dans un tableau Excel. En fonction des types de données recueillies lors de l’enquête et de l’objectif du traitement, nous avons eu recours au calcul de moyennes et écarts types (Excel), à la recherche de corrélations entre les différents paramètres, à une Analyse Factorielle des Correspondances Multiples (AFCM) suivie d’une classification automatique (classification ascendante hiérarchique) pour la typologie à l’aide du logiciel SPAD version 5.5, ainsi qu’à une analyse de la variance réalisée sur les variables étudiées en utilisant le modèle linéaire de XLSTAT avec le test de Tukey-Cramer pour un seuil de signification à 5%.
Les notes du bien-être animal ont été calculées par la méthode TGI 35 L[2]. La version de TGI 35L est destinée pour les bovins. Comme tous les TGI elle emploie un système de points avec lequel cinq aspects du logement (La locomotion, les interactions sociales, le sol, lumière et air, les soins humains) sont évalués. Des points sont attribués dans chaque catégorie (aspect) pour plusieurs paramètres. La somme de tous les points attribués dans les cinq catégories donne le score final (ANI-score). Plus les points sont élevés, plus les conditions de logement en termes de protection des animaux sont meilleures. Théoriquement, le score final peut prendre n'importe quelle valeur de –9,00 à +45,5.
La typologie a été construite sur les critères de taille de l’exploitation (SAU, SFP, SFC, effectif bovin et vaches laitières), la conduite du troupeau (races, chargement, pâturage, achat foin et élevage ovin) et l’exploitation des terres (pratique de l’irrigation, arboriculture, maraîchage et céréaliculture).Quatre types d’exploitations ont été identifiés (Figure 1).
Figure 1. Typologie des exploitations enquêtées de la wilaya de Tizi-Ouzou |
Ce type est caractérisé par un effectif bovin faible (14±8 têtes bovines, 7±5 vaches laitières). La superficie agricole utile est réduite (SAU = 5,05±3,28 ha) entrainant un chargement élevé (3,34±3,18 UGB / ha de SFP).
Les superficies sont relativement moyennes (SAU = 11,8 ±4,92 ha). Les effectifs bovins et de vaches laitières sont respectivement de 21±8 et 10±4. Les exploitations de ce type pratiquent diverses spéculations (arboriculture, céréaliculture et maraîchage).
Les exploitations de ce type se caractérisent par une SAU moyenne de 15,2±5,84 ha. Plus de 90% de cette superficie est réservée aux cultures fourragères et 37,1±12,5 % de la SAU est irriguée. L’ovin est associé au bovin dans 25% des élevages de ce type.
Ces exploitations sont caractérisées par la présence du bovin seul et en grand nombre (42±22 têtes bovines et 22±10 vaches laitières) et elles disposent de plus grandes superficies (SAU = 39,9±17,8 ha).
La quantité de lait totale (PLT) par exploitation est nettement supérieure chez les éleveurs du type 4 (tableau 2). Le test de comparaison deux à deux entres les types d’exploitations a révélé une différence significative entre le type 4 et les autres types.
Tableau 2 : Performances laitières des exploitations et des vaches selon les groupes typologiques |
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Nombre de vaches |
Effectif bovin |
SAU, ha |
Chargement UGB/ha |
Production laitière totale par exploitation, kg/an |
Production laitière totale par vache, kg/an |
Durée de lactation, jours/an |
152 |
14±8 |
5,05±3,28 |
3,34±3,18 |
25 741±13 473b |
3 887±1 546a |
288±40a |
221 |
21±8 |
11,7±4,92 |
1,73±1,08 |
37 154±16 774b |
4 018±835a |
282±39a |
127 |
28±7 |
15,2±5,80 |
1,75±1,34 |
53 159±30 039b |
4 223±1 497a |
282±40a |
142 |
42±22 |
39,9±17,8 |
0,96±0,70 |
108 716±77 625a |
4 675±1 426a |
302±17a |
Moyennes générales des 62 exploitations |
43 054±36 971 |
4 074±1 278 |
287±38 |
|||
Sur une même colonne, les valeurs portants des lettres communes ne sont pas significativement différentes au seuil de 5%. |
Cependant, pour les performances individuelles des vaches enquêtées (production laitière totale par vache et par an, et durée de lactation en jours), l’analyse de la variance ne révèle aucune différence significative entre les différents groupes. Néanmoins, ces performances varient considérablement dans l’échantillon d’étude. En effet, la production laitière varie de 1 525kg à 6 904 kg/vache/an avec une moyenne de 4 074±1 278 kg/vache/an. Enfin, les durées de lactation vont de 180 à 335 jours avec une moyenne pour l’ensemble des élevages enquêtés de 287±38 jours.
Analyse du bien- être des vaches laitières
Les ANI (Animal Needs Index) scores des exploitations enquêtées oscillent entre 14,0 et 35,0 points. La moyenne générale de l’échantillon atteint 58,24% du maximum théorique, soit une valeur de 26,5±4,61 points.
La représentation graphique des scores des 5 catégories du TGI 35L laisse apparaître que la plus faible note est attribuée à la catégorie locomotion avec seulement 49,05% du maximum théorique (soit 5,15±1,29 sur 10,5 points) (Figure 2). La quasi-totalité des élevages visités disposent de stabulations entravées. Ce système est pénalisé par la méthode car considéré comme source d’inconfort pour les animaux. D’autre part, la meilleure moyenne est celle de la catégorie soins humains avec 66,9% du score maximum théorique (soit 5,35±1,56 sur 8 points). Ce qui laisse supposer que les éleveurs accordent beaucoup d’importance à la santé de leurs vaches.
Figure 2 : Score des cinq catégories du bien-être animal. |
L’analyse de la variance pour le score finale du bien-être (ANI score) montre qu’il n’y a aucune différence significative entre les 4 groupes typologiques (tableau 3).
Tableau 3 :Résultats des cinq catégories du bien-être animal et de l’ANI score selon les groupes typologiques |
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|
N |
Locomotion |
Interactions sociales |
Sol |
Lumière et air |
Soins humains |
ANI SCORE |
Type 1 |
21 |
5,21±0,82 |
5,74±0,87 |
4,33±0,84 |
5,81±0,97 |
5,07±1,74 |
26,2±3,60a |
Type 2 |
24 |
5,00±1,42 |
5,67±1,32 |
4,10±0,97 |
6,21±1,21 |
5,29±1,60 |
26,3±5,12a |
Type 3 |
11 |
5,14±1,90 |
5,32±1,19 |
4,00±0,97 |
5,91±1,53 |
5,36±1,07 |
25,7±5,71a |
Type 4 |
6 |
5,58±0,86 |
5,92±0,86 |
4,83±0,61 |
7,08±0,38 |
6,58±1,07 |
30,0±2,17a |
Moyennes générales |
5,15±1,29 |
5,65±1,11 |
4,23±0,91 |
6,10±1,18 |
5,35±1,56 |
26,5±4,61 |
|
N= nombre d’exploitation. Sur une même colonne, les valeurs portants des lettres communes ne sont pas significativement différentes au seuil de 5%. |
Pour chercher une éventuelle relation entre le bien-être animal et les performances laitières, une analyse factorielle en composantes principales (ACP) a été réalisée à l’aide de 8 variables continues actives (5 variables traduisant les différentes catégories du bien-être animal, 1 variable traduisant le score final du bien-être (ANI score) et 2 variables pour les performances laitières des vaches). La figure 3 a mis en évidence 4 classes distinctes d’exploitations :
Figure 3 : Les 62 exploitations enquêtées groupées selon leur degré de bien-être et leur production laitière sur le plan 1-2 de l’ACP |
Cette classe regroupe 5 exploitations. Elle enregistre les scores les plus faibles. Le tableau 4 montre des différences hautement significatives (P < 0,0001) entre les classes et les catégories du bien-être animal. Cette classe se caractérise aussi par des performances laitières faibles. En effet la moyenne de la production laitière produite par vache et par an est de 3870±1230 kg. Une différence significative est observée entre la classe 1 et la classe 4.
Cette classe renferme 21 exploitations soit 33,9% de l’échantillon total. Des notations moyennes sont observées pour les 5 catégories du bien-être animal et l’ANI score. L’analyse de la variance révèle une différence hautement significative (P<0,0001) entre la classe 2 et les autres classes pour l’ANI score et les catégories du bien-être animal (tableau 4).
Pour les performances laitières des vaches, cette classe présente des valeurs moyennes assez proches de la première classe (tableau 5). Enfin, l’analyse de la variance pour les performances laitières, montre une différence significative entre les classes 2 et 4.
26 éleveurs forment cette classe. Elle se caractérise par des scores de bien-être assez élevés. Les résultats de l’analyse de la variance présentés dans le tableau 4 montre une différence hautement significative (P<0,0001) entre la classe 3 et les classes 1 et 2.
Cette classe présente les performances laitières les plus faibles dans l’échantillon d’étude. L’analyse de la variance pour les performances laitières montre une différence hautement significative (P<0,0001) entre les classes 3 et 4, et l’absence de différence significative avec les autres classes.
La moyenne de cette classe pour l’ANI score atteint 66,1% du score maximum théorique, soit 30,1±2,51 points. Elle regroupe 10 éleveurs. L’analyse de la variance révèle une différence hautement significative (P<0,0001) entre les classe 4 et 1 ainsi qu’entre les classes 4 et 2, alors que, la classe 3 ne présente aucune différence significative (P>0,05) avec la classe 4 (tableau 4). L’analyse des 5 catégories du bien-être révèle le même constat. Comme pour les scores du bien-être, cette classe affiche les meilleures performances laitières, l’analyse de la variance sur les performances laitières montre une différence hautement significative (P<0,0001) entre le classe 4 et 3, et une différence significative entre la classe 4 et les classes 1 et 2.
Tableau 4. Notes des cinq catégories du bien-être animal et de l’ANI score selon les classes typologiques |
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|
Classes |
Locomotion |
Interactions sociales |
Sol |
Lumière et air |
Soins humains |
ANI score |
Classes Typologiques |
C1 (n=5) |
2,10±0,89c |
3,20±0,91c |
2,50±0,61c |
3,70±0,91c |
5,00±0,35ab |
16,5± 2,96c |
C2 (n=21) |
4,88±0,77b |
5,36±0,91b |
3,76±0,74b |
5,50±0,76b |
4,20±1,67b |
23,6± 2,10b |
|
C3 (n=26) |
5,58±0,59a |
6,21±0,59ab |
4,87±0,46a |
6,71±0,70a |
6,00±1,08a |
29,4± 1,97a |
|
C4 (n=10) |
6,15 ±1,27a |
6,50±0,76a |
4,45±0,50a |
7,00±0,62a |
6,45±0,90a |
30,1± 2,51a |
|
Score maximal |
10,5 |
10,0 |
8,00 |
9,00 |
8,00 |
45,5 |
|
Moyenne des 62 exploitations |
5,15±1,29 |
5,65±1,11 |
4,23±0,91 |
6,10±1,18 |
5,3±1,56 |
26,5±4,61 |
|
n= nombre d’exploitations Sur une même colonne, les valeurs portants des lettres communes ne sont pas significativement différentes au seuil de 5%. |
Tableau 5. Productions laitières des vaches selon les classes typologiques |
|||
Classes |
Nombre d’exploitations |
Nombre de vaches |
PLT/VL/AN |
C1 |
5 |
115 |
3 870±1 230b |
C2 |
21 |
156 |
4 059±1 278b |
C3 |
26 |
245 |
3 445±790b |
C4 |
10 |
126 |
5 841 ±639a |
Moyenne |
4 074±1 278 |
||
Sur une même colonne, les valeurs portants des lettres communes ne sont pas significativement différentes au seuil de 5%. |
L’analyse des performances laitières des vaches enquêtées dans la wilaya de Tizi-Ouzou montre une grande variabilité entre les exploitations. Ces dernières produisent des quantités de lait qui varient entre 1 525 et 6 904 Kg/vache/an avec une moyenne de 4 074±1 278 Kg/vache/an. Cette moyenne est légèrement inférieure à celle signalée par Adem(2003) dans la même région, à savoir 4 160 kg/vache/an. Pour sa part, Ghozlaneet al(2006a) rapportent une production de 4 683±1 547 Kg/vache/an dans la région d’Annaba. Ces faibles performances sont largement inférieures aux potentialités des deux principales races élevées à savoir la Montbéliarde et la Holstein. Cecimontre que les conditions d’élevage (notamment la conduite alimentaire) ne permettent pas aux animaux d’exprimer leur potentiel génétique.
D’autre part, la durée de lactation oscille entre 180 et 335 jours avec une moyenne de 287±38 jours pour l’ensemble de l’échantillon. Cette moyenne est similaire à celle trouvée par Mouffok(2007) dans la région de Sétif, à savoir 292±66 jours, mais reste très faible comparativement à celles rapportées par Ghozlaneet al (2006b) dans la région de Annaba, et Sraïriet Kessab(1988) au Maroc (355±48 jours et 305 jours, respectivement).
Les résultats du bien-être des vaches laitières obtenus montrent une grande variabilité entre les exploitations enquêtées, aussi bien pour les scores des différentes catégories du bien-être que pour l’ANI score (Animal Needs Index). En effet, deux catégories, « lumière et air » et « soins humains », se caractérisent par des valeurs moyennes de 67,8% et 66,9% du score maximal théorique. En revanche, la catégorie locomotion cumule une moyenne de 5,15±1,29 soit 49,0% du maximum théorique possible. Ceci est dû au fait que la quasi-totalité des élevages enquêtés disposent de stabulations entravées, une pratique qui est pénalisée par la méthode TGI 35L. D’autre part, les scores finaux du bien-être (ANI score) oscillent entre 14 et 35 points avec une moyenne de 26,5±4,61 points soit 58,2% du score maximal théorique. Notons que dans les élevages enquêtés, 10 exploitations seulement (soit 16,1% de l’échantillon global) ont obtenu moins de 50% de la note théorique maximale pour l’ANI score.
Pour la relation entre le bien-être animal
et les performances laitières des vaches ; l’analyse de la variance nous a
permis de relever des différences significatives entre les différents niveaux de
bien-être animal et les performances laitières des vaches. En effet, la classe 4
qui présente les meilleurs scores du bien-être animal (30,1±2,51 points) dégage
de meilleurs rendements laitiers (PLT = 5841±639 kg/an). En revanche, les
classes 1 et 2 qui obtiennent les plus faibles notations pour le bien-être
animal (respectivement 16,5±2,96 et 23,6±2,10 points) présentent des productions
laitières faibles (respectivement 4059±1277 et 3870±1230 kg/an).
Par ailleurs, quelques insuffisances de la méthode TGI 35L ont pu être identifiées. En effet, le premier inconvénient, est le principe de la méthode qui est basé sur la comparaison d’éléments dimensionnels à des « recommandations » de logement. Capdeville(2002), signale que ces recommandations sont différentes d’un pays à un autre pour une même catégorie d’animaux.
Le second inconvénient relevé est que la note finale du bien-être (ANI score) est obtenue en additionnant les différentes notes obtenues pour les divers critères, donc la compensation entre les différents critères et catégories est permise, ce qui veut dire qu’un « bien » compense un « mal ».
Le troisième inconvénient et sans doute le plus contraignant dans le contexte Algérien est le fait que la méthode ne prend pas en considération l’alimentation et l’abreuvement des animaux. Car, si le problème de l’alimentation ne se pose plus dans les pays développés,en Algérie il demeure l’handicap majeur de la quasi-totalité des élevages. Donc, si on veut assurer le bien-être des animaux, ces derniers doivent avoir accès à de l’eau fraîche et à un régime alimentaire leur permettant de maintenir une bonne santé. Ils doivent être assurés en quantité et qualité suffisantes, et appropriés à l’âge, l’espèce et aux besoins nutritifs des animaux (MAAF,2000).
Enfin, Veissieret al(1999), estiment que le niveau de bien-être permis par une situation d’élevage doit être apprécié au travers d’un ensemble de critères de catégories différentes (critères sanitaires, critères comportementaux, critères de production…etc.). Ce qui signifie qu’une approche complète, s’intéressant à la fois aux animaux, aux installations et aux pratiques de l’éleveur doit être envisagée afin de réaliser une évaluation du bien-être des animaux en élevage.
Sur les 62 exploitations laitières étudiées, l’évaluation du bien être animal par la méthode TGI 35L, révèle que 84% des élevages ont obtenu plus de 50% de la note théorique de l’ANI score.
Cette étude confirme que le bien-être animal a un impact direct sur les performances laitières du bovin. En effet la classe 4 qui a obtenu les meilleurs scores pour le bien-être animal produit les plus grandes quantités de lait par vache. En revanche, la classe 1 qui présente les plus faibles notations pour le bien-être animal, produit de faibles quantités de lait par vache. Ces résultats renforcent la conviction de l’urgence de la prise en compte du volet bien-être animal, notamment les conditions d’élevage dans les programmes de développement de la filière lait en Algérie.
Adem R 2003 Les exploitations laitières en Algérie. Structure de fonctionnement et analyse des performances technico-économiques : Cas des élevages suivis par le CIZ. Quatrièmes journées de recherche sur les productions animales. Université MOULOUD MAMMERI, TIZI-OUZOU, 12 p.
Bartussek H, Leeb C H and Held S 2000 Animal needs index for cattle. ANI 35 L/2000 – cattle. 20 p.http://www.bartussek.at/pdf/anicattle.pdf
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Received 6 February 2011; Accepted 3 March 2011; Published 1 May 2011