Livestock Research for Rural Development 23 (3) 2011 | Notes to Authors | LRRD Newsletter | Citation of this paper |
En Algérie, la consommation du lait est en moyenne de 115 litres/habitant/an, soit des besoins équivalant à près de 3 milliards de litres. La production nationale satisfait environ 2/3 de ces besoins (dont 8,5 % sont collectés pour l’industrie laitière), le reste est couvert par des importations qui ont atteint près de 1,063 milliard de $ en 2007. L'élevage bovin laitier au niveau de la région de Tizi-Ouzou existe depuis fort longtemps ; il est caractérisé par la dominance des petites exploitations qui élèvent des troupeaux de petite taille en zone de montagne (plus de 80 % de sa superficie totale) pauvre en sole fourragère.
L’objectif de ce travail est de décrire les élevages bovins laitiers, de caractériser la structure des exploitations et la diversité des systèmes d’élevage.
Mots clés: diversité, élevage bovin, production laitière, système, troupeaux
In Algeria, milk consumption is on average 115 liters / capita / year, the requirements are equivalent of nearly 3 billion liters. Domestic production meets about two thirds of these requirements (of which 8.5% is collected for the dairy industry), the rest is covered by imports, which totalled nearly $ 1.063 Billion in 2007. Dairy cattle’s raising in the region of Tizi Ouzou has been around longer; it is characterized by the dominance of small farms raising small herds in mountainous area (over 80% of its total area) with low acreage under forage crops.
This present study aims to describe the dairy cattle rearing and to characterize the structure of farms and the diversity of livestock farming systems.
Keywords: cattle rearing, dairy production, diversity, herd, system
En Algérie, la consommation du lait est en moyenne de 115 litres/habitant/an (MC 2007), soit des besoins équivalant à près de 3 milliards de litres. La production nationale satisfait environ 2/3 de ces besoins (dont 8,5 % sont collectés pour l’industrie laitière), le reste est couvert par des importations qui ont atteint près de 1,063 milliard de $ en 2007 (MADR 2007). L’élevage bovin laitier, en Algérie, se caractérise par des pratiques et des systèmes de production largement extensifs, l’utilisation de vaches à faible potentiel génétique et de cultures fourragères très peu développées. Le déficit fourrager est estimé à près de 4 milliards d’UF par an ; le recours exagéré aux aliments concentrés composés est souvent signalé. Lorsque le fourrage est disponible, il s’agit souvent de la vesce-avoine de qualité médiocre car récoltée tardivement et mal conservée, ce qui affecte négativement la valeur laitière de la ration.
La wilaya de Tizi-Ouzou, région pourtant montagneuse et à faible sole fourragère, est parmi les wilayas les plus productrices du lait au niveau national avec un nombre de 650 éleveurs et une production de 61 millions de litres de lait de vache en 2008, dont 20 millions sont collectés au profit des laiteries implantées dans la région.
Dans cette optique, le présent travail a pour objectif de décrire les élevages bovins laitiers, de caractériser la structure des exploitations et la diversité des systèmes d’élevage.
Une enquête a été conduite auprès de 83 exploitations. Le choix de ces exploitations repose sur leurs adhésions au programme de réhabilitation de la filière lait, c'est-à-dire que tous les éleveurs possèdent un agrément sanitaire et livrent leur lait aux centres de collecte implantés dans la région.
Ces exploitations ont été soumises à un questionnaire d'une centaine de variables, parmi lesquelles 13 variables actives (SAU: Superficie agricole utile, SAUT: Superficie agricole utile totale, SFI: Superficie fourragère irriguée, SFC: Superficie fourragère cultivée, SFP: Superficie fourragère principale, BO: Effectif bovin, VL: Effectif vache laitière, LOC: Location des terres, PLT: Production laitière totale, PTV: Production laitière vendue, BT: Nombre de bâtiment, ACF: Achats de fourrages, ORX: Origine des animaux) ont fait l’objet d’une analyse factorielle des correspondances multiples (AFCM) à l’aide du logiciel SPAD v5.5 afin de construire une typologie des exploitations laitières de la région d'étude.
L'intérêt de construction de typologie consiste à identifier des groupes d'exploitations assez semblables entre elles pour présenter des caractéristiques communes de fonctionnement afin de recevoir les mêmes actions de développement.
L'analyse descriptive des différents traitements a été organisée et exploitée grâce au logiciel Excel (2003). En fonction des données recueillies lors de l'enquête et l'objectif des traitements, nous avons eu recours à l'analyse du Chi-deux (X²) par le biais d'un tableau croisé des variables quantitatives transformées préalablement en variables qualitatives à l'aide du logiciel SPSS version 11.
Sur l’ensemble des 83 exploitations étudiées, 70% des éleveurs présentent un niveau d’instruction entre le primaire et le secondaire contre 26,5% d’analphabètes, alors que le niveau universitaire est négligeable (3%). Cela implique que l’élevage bovin est pratiqué par toutes les catégories d’éleveurs quel que soit leur niveau d’instruction, un niveau qui a tendance à s’améliorer (Tableau 1).
Tableau 1. Niveau d'instruction |
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Nombre d'individus |
% |
Sans |
22 |
26,5 |
Primaire |
23 |
27,7 |
Moyen |
24 |
28,9 |
Secondaire |
11 |
13,3 |
Universitaire |
3 |
3,6 |
Total |
83 |
100 |
L'âge des agriculteurs varie entre 24 et 83 ans avec une moyenne de 45 ans. L'analyse de cette variable montre que la tranche d'âge de moins de 45 ans représente 55,4 % des éleveurs, ce qui implique une prédisposition des jeunes à pratiquer ce type d'activité, contre 44,6 % des éleveurs dépassant l'âge de 45 ans (Tableau 2).
Tableau 2. Age des exploitants |
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Classe d'âge |
Nombre d'individus |
% |
20-35 ans |
26 |
31,3 |
35-45 ans |
20 |
24,1 |
45-65 ans |
32 |
38,6 |
65 ans et plus |
5 |
6 |
Total |
83 |
100 |
Les exploitations agricoles enquêtées disposent d'une surface agricole utile (SAU) allant de 1 à 53 ha avec une moyenne de 11,1 ± 9,54 ha (Tableau 3).
Près de 65 % des exploitations ont moins de 10 ha, alors que les grandes exploitations (> à 30 ha), représentent seulement 4,82 %.
La superficie fourragère principale (SFP) concerne toutes les surfaces impliquées dans l'alimentation du bétail (Vilain 2003) ; elle représente une part importante dans la surface agricole utile totale SAUT (SAU + location de terre + occupations gratuites). Ceci peut être expliqué d'une part par le recours aux locations des terres et d'autre part par les occupations gratuites utilisées par les éleveurs. De même pour les SFC, qui représentent respectivement 89,9 % et 87,5 % dans la SAUT et SFP, qui varient de 2 à 53 ha pour une moyenne de 13,9 ha, dont 39,9 % sont représentés par des terres louées (Tableau 3).
Concernant l'irrigation, 79,5 % des exploitations enquêtées irriguent leurs terres. En effet, 40,2 % de la SAU sont conduites en irrigué avec une moyenne de 4,87 ± 5,16 ha par exploitation (maximum de 30 ha) ; seulement 3,61 % des SFI sont supérieures à 15 ha.
Le cheptel bovin varie entre 3 et 108 têtes avec une moyenne de 24,8 têtes ; la taille du cheptel bovin est fortement corrélée avec la surface agricole (r= 0,62 avec la SAU, r= 0,51 avec la SAUT et r= 0,64 avec la SFC). Le nombre de vaches par élevage est en moyenne de 12,3 ± 8,95 ; 45 % des enquêtés élèvent exclusivement des montbéliardes contre 14 % pour les Holstein. Les deux races se retrouvent mélangées dans 41 % des exploitations.
29 % des éleveurs ne possèdent que des races importées contre 53 % de races croisées et 18 % constitués de mélange des deux races (importées + croisées). La part des vaches laitières dans l'effectif bovin (UGB) varie de 16,7 % à 92,3 % avec une moyenne de 47,4 % ± 14,5 ce qui montre leur orientation vers la production laitière. Le chargement animal (UGB/SFP) varie de 0,83 à 17,9 UGB/ha avec une moyenne de 4,13 UGB/ha.
Pour l’alimentation du troupeau laitier, la majeure partie des éleveurs pratique le pâturage (87,9 %) et achète des fourrages. En effet, 55,4 % des exploitations enquêtées achètent moins de 500 bottes d’avoines/an et plus de 35 % achètent de 500 à 1500 bottes d’avoines /an et seulement 9,64 % des éleveurs achètent plus de 1500 bottes d’avoines/an, avec une moyenne de 742 bottes d’avoines/an.
La production laitière moyenne par exploitation est de 47910 ± 37751 kg avec un maximum de 292800 kg et un minimum de 4270 kg. Elle est hautement corrélée avec le cheptel bovin (r = 0,85), le nombre de vache laitière (r= 0,95) et les surfaces fourragères irriguées (r= 0,65). Quant aux quantités de lait vendues par vache et par an, elles varient de 1700 kg à 6114 kg avec une moyenne de 3534 ± 838 kg/VL/an.
Globalement, les exploitations sont de type familial. Selon Chia et al (2006) et Dufumier (2006), ceci a une incidence directe sur la gestion de l’exploitation donc la conduite de l’élevage.
Parmi les divers facteurs qui influencent la production du troupeau bovin laitier, il y a lieu de citer l'alimentation qui occupe une grande place dans les charges totales des exploitations. L'alimentation reste par excellence le problème qui se pose avec acuité pour les éleveurs.
L'analyse statistique à l'aide du test de chi-deux (X²) met en évidence l'existence d'une relation hautement significative entre les paramètres nombre de vaches, les quantités de lait (produites et vendues) et les surfaces fourragères en irrigué ou en sec (Tableau 4).
Tableau 4. Résultat du test du chi-deux (X²) |
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Paramètres |
Khi deux de Pearson |
Rapport de vraisemblance |
ddl |
Signification Statistique |
Nombre de vaches/Surface fourragère irriguée, tête/ ha |
47 |
25,5 |
12 |
** |
Nombre de vaches/Quantité lait produite, tête/kg |
148,5 |
91,5 |
9 |
** |
Quantité lait produite/ Surface fourragère irriguée, kg/ha |
32,4 |
21,9 |
12 |
** |
Quantité lait vendue/ Surface fourragère irriguée, kg/ha |
44,4 |
34,9 |
12 |
** |
Nombre de vaches/Surface fourragère en sec, tête/ha |
24,6 |
21,5 |
9 |
** |
Quantité lait produite/ Surface fourragère en sec, Kg/ha |
28,7 |
25,3 |
9 |
** |
Quantité lait vendue/ Surface fourragère en sec, Kg/ha |
30,1 |
28,5 |
9 |
** |
Nombre vaches /Achat de fourrages, tête/botte |
14,3 |
14,2 |
9 |
NS |
Quantité lait produite/ Achat de fourrages, kg/botte |
10,9 |
10,1 |
9 |
NS |
NS : Non significatif **: P<0,01 |
A l'inverse, il y a absence de dépendance entre les quantités de fourrages achetées, le nombre de vaches et la quantité de lait produite ce qui peut être expliqué par les surfaces louées et les occupations gratuites.
Les ressources alimentaires sont de trois origines : produites au sein de l’exploitation (fourrages cultivés, terres louées), fournies par les occupations gratuites qui sont soit pâturées et/ou fauchées, et enfin achetées (foin, paille et aliments composés).
Globalement, les vaches reçoivent une quantité de foin comprise entre 5 et 10 kg par jour. Le foin d'avoine qui est distribué dans la majorité des élevages est de qualité moyenne.
L'utilisation de l'ensilage est absente dans la totalité des exploitations. Cette situation est commune à l'ensemble des exploitations au niveau national. En effet, seulement 6 % des exploitations ayant du fourrage pratiquent l'ensilage (Gredaal 2006).
Le concentré utilisé par tous les éleveurs enquêtés est l’aliment composé du commerce. Il est abondamment utilisé ; 46 % des éleveurs en distribuent plus de 10 kg/vache/jour (Figure 1).
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Les 1009 vaches laitières réparties entre les 83 exploitations enquêtées ont produit durant l’année 2008 (3976590 kg de lait). 88,9 % de cette production a été livré aux centres de collecte de lait ce qui représente 4,98 % de la production totale de la wilaya (Tableau 5).
Tableau 5. Résultats des paramètres de production laitière |
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QLT, kg |
QLL, kg |
QLT/V/AN, kg |
QLL/V/AN, kg |
QLP/Vlac/j, kg |
QLP/Vp/j, kg |
Moyenne |
47910±37751 |
43448±33678 |
3971 ±814 |
3534 ±838 |
12,9 ±1,86 |
10,9 ±2,23 |
Maximum |
292800 |
240000 |
6405 |
6114 |
18 |
16 |
Minimum |
4270 |
2280 |
2033 |
1700 |
10 |
6 |
Somme |
3976590 |
3606190 |
- |
- |
- |
- |
QLT: quantité de lait totale, QLL: quantité de lait livrée, QLP/Vlac: quantité de lait produite par vache traite (en lactation) QLP/Vp: quantité de lait produite par vache présente |
Les quantités de lait produites par exploitation oscillent entre 4270 et 292800 kg avec une moyenne de 47910 ± 37751 kg. Quant aux volumes livrés, nous avons enregistré un intervalle de variation de 2280 à 240000 et une moyenne de 43448± 33678 kg par exploitation (Tableau 5).
Le rendement laitier est en moyenne de 3971 ± 814 kg/vache/an. Dans les conditions de production marocaines, Sraïri et Lyoubi (2003) rapportent un rendement minimum de 2472 kg /vache/an et un maximum de 4024 kg /vache/an. Dans les mêmes conditions, Sraïri et al (2005) rapportent une moyenne de 4338 kg/vache/an avec un minimum de 2813 et un maximum de 6592 kg/vache/an. En Algérie au niveau de la région de Tizi-Ouzou, ce rendement est de 4101 kg/vache/an (Kadi 2007) et de 4074 kg/vache/an (Bouzida 2008) ; elle est de 3725 kg /VL/an dans la région de Cheliff (Belhadia et al 2009).
La production est de 12,9 ± 1,86 kg/VL/j par vache en lactation, contre 10,9 kg/VL/j par vache présente (VP) avec un maximum de (18 vs 16 kg/j) et un minimum de (10 vs 6 kg/j) respectivement (Tableau 5). Pour les mêmes mesures, Adem (2002), dans 20 exploitations dans le cadre du contrôle laitier au niveau de la wilaya de Tizi-Ouzou, a obtenu en moyenne 13,9 contre 9,67 kg/l/j respectivement.
Cette performance moyenne reste en deçà des potentialités des deux principales races élevées à savoir la Montbéliarde et la Holstein. Ceci est le résultat de la non maitrise de la conduite et des conditions d’élevage notamment l’alimentation.
Sur plus de 100 variables que contient le questionnaire, 13 variables actives ont fait l’objet d’une analyse factorielle des correspondances multiples (AFCM). Ces dernières ont été sélectionnées suite à la présence d’une forte liaison entre l’ensemble des variables après une analyse de corrélation faite au préalable.
Ainsi, l’enquête a porté sur 83 individus (exploitations) qui sont décrits par 13 variables totalisant 53 modalités. Cette analyse a permis d’identifier 38 axes factoriels dont les cinq premiers facteurs expliquent plus de 50 % de la variance. Sur le plan graphique, on s’est limité aux deux premiers axes qui expliquent 29,61 % de la variance (Figure 2).
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Axe 1: Il exprime 18,1 % de l’inertie totale et caractérise les variables suivantes : Surfaces agricole utile, Surface agricole utile totale, Surfaces fourragère en irrigué, et un effectif bovin et de vaches laitières important. Il sépare à gauche du graphique les exploitations de grande taille avec une SAU supérieure à 40 ha (SAU4), avec une surface irrigable supérieure à 15 ha (SFI5), une production laitière supérieure à 120 000 kg de lait par an et une surface fourragère principale supérieure à 38 ha (Groupe 4) des exploitations de petite taille qui sont à droite du graphique Groupe 1 (Figure 2).
Axe 2: Le second axe explique 11,5 % de l’inertie et caractérise principalement les surfaces fourragères cultivées et louées et la quantité de lait vendue au centre de collecte. Il isole en haut le Groupe 2 consititué des exploitations de taille moyenne dont les surfaces destinées à l’alimentation des bovins vont de 10 à 20 ha (SFC2) et dont la quantité de lait livrée au centre de collecte varie de 60 000 à 90 000 kg (Figure 2 ).
L’analyse du diagramme dendrométrique (classification hiérarchique ascendante), suite à l’analyse factorielle des correspondances multiples (AFCM), a permis de faire sortir quatre groupes ou classes typologiques (Figure 3).
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Le groupe 1 (G1) : exploitations de petites tailles
- 44 exploitations
- SAU 5,97 ha
- Faible location de terre (2,94 ha)
- 8,70 têtes VL de races croisées
- Un rendement de 3883 kg/V/an
- Produisant 32697 kg de lait par an
Le groupe 2 (G2) : exploitations de tailles moyennes
- 30 exploitations
- SAU 12,4 ha
- Faible location de terre (2,94 ha)
- 13 têtes VL de race importées
- Chargement élevé de 2,54
- Un rendement de 4134 kg/V/an
- Produisant 54930 kg de lait par an
Le groupe 3 (G 3) : exploitations intermédiaires à forte location
- 6 exploitations
- SAU 25,2 ha
- Forte location de terre (10,4 ha)
- 8 têtes VL de race croisées + importées
- Un rendement de 3898 kg/V/an
- Produisant 66795 kg de lait par an
Le groupe 4 (G4) : exploitations de grandes tailles
- 3 exploitations
- SAU 45 ha
- Bâtiment d’élevage >3
- 40,3 têtes VL de race importées
- Un rendement de 3772 kg/V/an
- Produisant 163073 kg de lait par an
L’élevage bovin laitier est une activité délicate qui nécessite des ouvriers qualifiés et expérimentés. D’après les résultats de notre enquête, nous constatons que la majorité des éleveurs n’ont ni une formation agricole ni un niveau de scolarisation convenable, chacun conduisant son troupeau selon les conditions et la situation dans lesquelles il se trouve et comme bon lui semble. Les pratiques des éleveurs trouvent souvent leur origine dans leurs longues années d’expérience dans le domaine de l’élevage.
Notons que l’âge des éleveurs a tendance à s’abaisser : ainsi 55 % des chefs exploitants ont moins de 45 ans. Cela implique que l’élevage bovin est pratiqué beaucoup par les jeunes qui y accordent actuellement un intérêt particulier.
L’élevage est pratiqué par des gens qui possèdent des terres réduites. Par conséquent, l’exigüité surtout des surfaces allouées aux cultures fourragères a des répercussions négatives sur l’élevage bovin laitier. En plus, les rendements fourragers enregistrés dans la zone d’étude sont faibles et sont loin de satisfaire les besoins du cheptel existant. Cette situation pousse les éleveurs à une utilisation de quantités très élevées de concentré (plus de 55 % des charges alimentaires) aux prix exorbitants et distribués d’une façon irrationnelle. Dans 46 % des élevages, ces quantités dépassent 10kg /VL/j.
L’utilisation abusive de concentré induit une dépréciation de la productivité des vaches laitières, provoque leur engraissement, diminue le taux butyreux du lait et augmente les coûts de production. De plus, elle présente un risque élevé de troubles sanitaires d’ordre digestif (météorisation, indigestion, diarrhées, déplacements de la caillette, boitement) (Peyraud et Apper-Bossard 2006) et métaboliques notamment une acidose latente ou sub-clinique (Beauchemin 2007, Khampa et Wanapat 2007).
La maîtrise de la reproduction est un facteur déterminant dans l’économie de l’élevage. En effet, même avec la pratique de l'insémination artificielle, la présence d’animaux qui ne se reproduisent pas augmente les charges de l’éleveur et empêche le renouvellement du troupeau de manière correcte. Selon Kourot et Ortavant (1979) cité par Belhadia et al (2009), le retard de fécondation de 3 mois cause une perte de l’ordre de 400 kg pour une lactation de 3000 et 800 kg pour une lactation de 4000 kg.
Le taux de collecte de lait s’élève en moyenne à 90 % de la production totale des exploitations enquêtées, ce qui indique leur forte intégration dans la production industrielle avec une quantité globale de 82,1 millions de litres de lait cru collecté entre 2000 et 2008 au niveau de la wilaya de Tizi-Ouzou (DSA 2008). Alors que pour la même période allant de 1991 à 1999, Benyoucef (2005) rapporte une quantité de 47,8 millions de litres collectée au niveau de la laiterie de Draa Ben Khedda qui regroupe trois wilayas (Tizi-Ouzou, Boumerdès et Bouira).
L’analyse des performances individuelles montre une grande variabilité entre les élevages enquêtés : la production laitière varie entre 2880 kg et 6300 kg/VL/an, la moyenne de l’échantillon est de 3971 ± 802 kg/vache/an, elle est inferieure à celles obtenues par Adem (2003) et Kadi (2007) pour la même région (respectivement 4 169 et 4 101 kg/VL/an), et celle indiquée par Ouakli et Yakhlef (2003) au niveau de la Mitidja (4 191 kg). Elle est cependant légèrement supérieure à la moyenne nationale qui est de l’ordre de 3 806 kg/vache/an (Ferrah 2006) et de celle rapportée par Belhadia et al (2009) (3725 kg /VL/an) dans la région de Cheliff. Par ailleurs, dans la région d’Annaba, Ghozlane et al (2006) rapportent une moyenne plus importante de 4 683 ± 1 547 kg/vache/an.
Ces rendements restent toujours inférieurs au potentiel génétique des races exploitées représentées principalement par la Montbéliarde et la Holstein qui dominent dans 92 % des exploitations enquêtées. Par contre, la race locale (pure ou croisée) n’est rencontrée dans aucune exploitation (que ce soit en zone de vallée ou de montagne) alors que c’est la race qui s’adapte le mieux, par sa rusticité, aux conditions difficiles de la région.
La production laitière dans la région de Tizi-Ouzou est à base de concentré induisant ainsi des coûts de production élevés (l’alimentation représente plus de 74 % des charges totales).
Le prix de revient d’un litre de lait varie largement d’un élevage à un autre et oscille entre 15 DA et 60 DA avec un coût moyen de 36,5 DA.
L’étude typologique effectuée à l’aide d’une analyse factorielle a fait ressortir quatre groupes d’exploitations : Les petites exploitations (5,97 ha en moyenne de la SAU), les exploitations de taille moyenne (une SAU moyenne de 12,4 ha), les exploitations de taille intermédiaire (25,2 ha) à forte location de terres (10,8 ha) et les grandes exploitations (SAU moyenne de 45 ha dont 51 % en irrigué).
Le développement d’une production laitière intensive ou semi-intensive nécessite un encadrement technique de qualité, par la mise en place d’un système performant dans le suivi des élevages laitiers sur la base d’actions d’appui technique. Le suivi technique se fait par des zootechniciens dans le cadre du contrôle laitier, à raison d’une visite mensuelle, qui va notamment porter sur les pratiques de l’éleveur, de la maîtrise du système fourrager, le rationnement, la gestion de la reproduction et la gestion de la traite. Ces critères sur lesquels il faut sans arrêt revenir seront évalués en permanence et corrigés au fur et à mesure.
Etant donné que la majorité des exploitations enquêtées sont de tailles réduites, il est judicieux qu'un programme spéciale s'impose dans la région pour prendre en charge le suivie des élevages laitiers, afin de préserver leurs pérennités, car la production laitière est une spéculation à promouvoir et à encourager.
Le développement de l’élevage bovin laitier est indissociable de l’intensification et la diversification des cultures fourragères, ce qui représente le facteur limitant dans la région de Tizi-Ouzou.
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Received 18 September 2010; Accepted 21 November 2010; Published 6 March 2011