Livestock Research for Rural Development 23 (3) 2011 | Notes to Authors | LRRD Newsletter | Citation of this paper |
La détermination de la valeur nutritive de la variété CR9 de seigle, cultivée en Algérie, nous a permis de mettre en évidence la différence qui existe avec celle des seigles européens. Dans le cadre de la composition chimique, la variété CR9 renferme des teneurs en matières azotées totales, cellulose brute et lignine plus élevées. Les unités fourragères tant en UFL qu’en UFV sont plus faibles et les valeurs en PDI ne sont plus fortes que pour les PDIN.
Mots clés: composition chimique, valeur nutritive, variété locale
The determination of the nutritive value of rye CR9 variety, cultivated in Algeria, has allowed us to show the difference with that of European ryes. As part of the chemical composition, the variety CR 9 contains more of nitrogenous matter, crude fibre and lignin. The fodder units so much in UFL and UFV are less important and PDI values are higher than for the PDIN.
Keywords: chemical composition, food value, local variety
La croissance démographique accrue, les conditions climatiques difficiles caractérisées par des précipitations qui accusent une grande variabilité mensuelle et surtout annuelle (Djellouli 1990), la qualité médiocre des sols et leur dégradation constante, ont contribué à diminuer fortement l’autosuffisance alimentaire entraînant une surexploitation des ressources génétiques naturelles. Cette situation a conduit à l’importation de produits agricoles (espèces et variétés) à haut potentiel génétique dans leur pays d’origine, qui n’ont pas toujours donné les rendements escomptés mais ont surtout contribué à la négligence voire l’oubli des variétés locales. Le cas du seigle est un exemple parmi tant d’autres, et son utilisation dans le cadre de l’alimentation du bétail est très peu soutenue du fait de l’apparition du triticale hybride entre le blé et le seigle. La culture du seigle n’a pas eu beaucoup d’importance en Algérie du fait que le blé est de tradition et que les céréales secondaires sont l’orge et l’avoine. Les ¾ de la production mondiale de seigle vont à l’alimentation des ruminants. Estimé à 3,5 millions d’unités gros bétail (UGB) (MA 2002), le cheptel algérien est tributaire de l’importation des céréales. L’importation des semences à haut rendement n’a pas résolu le déficit en graines du fait de la non maîtrise des techniques culturales. La préservation des ressources naturelles des variétés de seigle, peut être conçue à travers leurs intégrations dans les formules alimentaires de nos ruminants après caractérisation de leurs valeurs nutritives. La valeur énergétique du grain de seigle avoisine celle du blé mais des facteurs antinutritionnels limitent son incorporation à 10-25 %. Ce qui n’empêche pas de le faire contribuer même partiellement à diminuer la part des importations des produits alimentaires (viandes rouges et lait) en assurant un coût de revient des productions animales plus accessible aux consommateurs. Cette céréale est toutefois peu utilisée par l’industrie de l’alimentation animale, du fait de la faveur croissante dont bénéficient l’orge et le maïs qui sont plus productifs et dont les graines ont une meilleure valeur énergétique. Le seigle est très peu cultivé pour la production de graines, la part de cette espèce n’occupe que 3240 ha des surfaces cultivées en céréales en Algérie (ITGC 1995).
Le nombre d’échantillons utilisés est de 10 par région avec des quantités de 1000g que nous avons homogénéisés avant de prélever la quantité à analyser (200g). Ils ont été prélevés au niveau des Coopératives de Céréales et Légumes Secs (CCLS) localisées à travers l’Est du pays au cours de la même année de récolte. Les régions touchées sont celles des wilayas de Skikda, Tébessa, Souk Ahras, Constantine, Guelma et Batna
La composition chimique a été déterminée selon les méthodes de l’AOAC (1990) avec une répétitivité de 03. Les analyses ont porté sur la matière sèche, la matière azotée totale, la cellulose brute, la matière grasse et la matière minérale dont Ca et P. Les composés pariétaux ont été déterminés par la méthode de Van Soest et Wine (1967). La digestibilité in vitro de la matière organique a été déterminée par la méthode d’Aufrère et Graviou (1996) dont l’équation est : DMO= 0,699DcellMO + 22,6 pour les aliments concentrés. Pour la dégradabilité théorique (DT) de la matière azotée, la méthode d’Aufrère et Cartailler (1988) a été employée avec comme équation DT= 0,91DE1 +15,10. L’énergie brute a été déterminée par calorimétrie adiabatique.
Ils ont pour base les équations proposées par Sauvant et al (2004) pour le calcul des valeurs nutritives pour les ruminants.
Ces analyses ont été effectuées à l'aide du programme Statistica 6.0 ( StatSoft Inc. 2001)
Le taux de matière sèche (90,6 %) est un paramètre qui est fonction du mode, des techniques et des conditions de stockage (Tableau 1).
Tableau 1. Composition chimique de la variété de seigle RC9 |
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MS % |
MAT |
CB |
MG |
MM |
Ca |
P |
% de la MS |
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RC9 |
90,6±0,8 |
16,1±0,3 |
4,3±0,6 |
1,4±1,2 |
2,3±0,8 |
0,3±0,06 |
0,3±0,01 |
MS : matière sèche, MAT : matière azotée totale en % de MS, CB : cellulose brute en % de MS, MG : matière grasse en % de MS, MM : matière minérale en % de MS, Ca : calcium en % de MS, P : phosphore en % de MS. |
La teneur moyenne en éléments minéraux (2,3 % de MS) est supérieure aux valeurs de Blum (1984) et de Jarrige (1988) (2 % de MS). Si la teneur en phosphore (0,30 % de MS est inférieure aux données de Sauvant et al (2004) (0,34 % de MS) et de Jarrige (1988) (0,4 % de MS), elle est principalement due au niveau de fertilisation peu maîtrisé par nos agriculteurs. Par contre le taux de Calcium (0,3 % de MS) est bien supérieur aux données de ces deux auteurs (0,11 et 0,07 % de MS respectivement) ; ceci est à mettre au compte de la nature alcaline des sols algériens. Le taux de matière grasse (1,4 % de MS) est inférieur aux valeurs de Blum (1984) (1,7 % de MS) et de Jarrige (1988) (1,6 % de MS). La teneur en cellulose brute (4,3 % de MS), qui est le double de la valeur de Sauvant et al (2004) (2,2 % de MS), est liée au milieu de culture caractérisé par la zone semi aride. La teneur en matière azotée totale (16,1 % de MS) est assez importante en comparaison des données de Blum (1984) (13,5 % de MS) ; elle est plus liée aux caractéristiques génotypique de la variété RC9 qu’au niveau de fertilisation azotée qui n’est pas maîtrisé par les agriculteurs et auquel s’ajoute l’irrégularité des pluies et leurs mauvaises répartitions saisonnières (Djellouli 1990)
La valeur en NDF (15,4 % de MS) de la variété de seigle CR9 est supérieure au résultat de Jarrige (1988) (13,2 % de MS) (Tableau 2).
Tableau 2. Composés pariétaux de la variété de seigle CR9 en % de MS |
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NDF |
ADF |
lignine |
RC9 |
15,4±1,1 |
6,1± 0,8 |
2,6±0,5 |
NDF : neutral detergent fiber ; ADF : acid detergent fiber |
Les teneurs en ADF (6,1 % de MS) et en lignine (2,6 % de MS) sont plus importantes que les données de Sauvant et al (2004) (3,6 et 1,03 % de MS respectivement).
La valeur de la DMO (86,8 %) est plus faible que celle de Jarrige (1988) (88 %) (Tableau 3).
Tableau 3. Dégradabilité théorique de la matière protéique (%), digestibilité de la matière organique (%) et teneurs en énergie brute (kcal/kg de MS) de la variété de seigle CR9 |
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DTN |
DMO |
E B |
RC9 |
82,3± 0,6 |
86,8± 0,8 |
4336±36,7 |
DTN : dégradabilité théorique de l’azote ; DMO : digestibilité de la matière organique ; EB : énergie brute. |
La même remarque est à faire pour la dégradabilité théorique de l’azote (82,3 %) par rapport au résultat de Sauvant et al (2004) (88 %). La teneur en énergie brute (4336 kcal/kg de MS) se rapproche de celle de Jarrige (1988) (4340 kcal/kg de MS).
Les valeurs fourragères en UFL et UFV sont identiques (1,12/kg de MS) (Tableau 4). Elles sont inférieures aux valeurs de Sauvant et al (2004) (1,18/kg de MS), et de Jarrige (1988) (1,18 et 1,19/kg de MS pour les UFL et UFV).
Tableau 4. Teneurs en UFL et UFV (/kg de MS) des grains de la variété de seigle CR9 |
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UFL |
UFV |
RC9 |
1,12 |
1,12 |
UFL : unité fourragère pour la lactation ; UFV : unité fourragère pour la viande. |
Les valeurs en PDIA (21,3g/kg de MS) et en PDIE (98,5g/kg de MS) sont faibles comparées aux données de Jarrige (1988) (28 et 104g/kg de MS respectivement), seule celle en PDIN (g/kg de MS) est plus importante (80g/kg de MS) (Tableau 5). La même remarque est à faire par rapport aux données de Sauvant et al (2004) (22,91, 97,36 et 67,60g/kg de MS). On remarque que la valeur en PDIN avancée par ces auteurs est nettement moins importante.
Tableau 5. Teneurs en PDI (g/kg de MS) des grains de la variété de seigle CR9 |
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PDIA |
PDIN |
PDIE |
RC9 |
21,3 |
99,8 |
98,5 |
PDIA : Protéines digestibles dans l’intestin d’origine alimentaire ; PDIE : protéines digestibles dans l’intestin permises pour l’énergie ; PDIN : protéines digestibles dans l’intestin permises pour l’azote |
La variété de seigle (CR9) cultivée en Algérie contient des valeurs en MAT, CB et composés pariétaux plus élevées que celles des variétés cultivées en Europe. Ses unités fourragères sont plus faibles et ses teneurs en PDI ne sont plus élevées que pour les PDIN.
AOAC (Association of Official Analytical Chemists) 1990. Official Methods of Analysis. 15th édition. Washington DC, USA.
Aufrère J 1982 Etude de la prévision de la digestibilité des fourrages par une méthode enzymatique. Annales de zootechnie, 31, 111-130.
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Aufrère J et Graviou D 1996. Prévision de la digestibilité des fourrages et aliments concentrés et composés des herbivores par une méthode enzymatique pepsine-cellulase. Note du bureau inter professionnel d’études analytiques 278 p126 France.
Blum JC 1984 L'alimentation des animaux monogastriques : porc, lapin, volailles édition Institut National de la Recherche Agronomique France
Djellouli Y 1990 Flores et climats en Algérie septentrionale. Déterminismes climatiques de la répartition des plantes. Thèse Doctorat es Sciences, Université des sciences et technique houari Boumediene Alger 210 p.
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MA 2002 (ministère de l’agriculture) Situation et perspectives de développement des ressources génétiques utilisées dans l’agriculture Rapport du groupe de travail spécialisé/RG. Algérie
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Received 11 October 2010; Accepted 31 January 2011; Published 6 March 2011