Livestock Research for Rural Development 23 (3) 2011 | Notes to Authors | LRRD Newsletter | Citation of this paper |
Afin de faire la typologie des élevages bovins installés dans la Commune de Ouaké au nord-ouest du Bénin, une enquête concernant 142 élevages bovins ayant un effectif total de 3404 têtes a été réalisée. Elle a permis d’identifier trois types d'élevage bovin dans la commune. Le type 1(7,7 % de l’échantillon) a regroupé les élevages bovins périurbains conduits par de jeunes éleveurs (36,8 ± 6,8 ans), provenant des ethnies Lokpa (54,5 %) et Peulh (45,5 %). Ils sont responsables de petits troupeaux (11 ± 6 têtes), constitués essentiellement par achat (63,6 %). Les animaux sont de race Somba (27,3 %), Borgou (18,2 %) et métis Somba x Borgou (54,5 %). Tous les éleveurs sont sédentaires et les traitements vétérinaires sont prédominants (63,6 %). Le type 2 (82,4% de l’échantillon) est constitué d’éleveurs provenant en majorité de l’ethnie Peulh (93,2 %). Ils sont relativement plus âgés (41,5 ± 7,7 ans) et sont responsables de troupeaux moyens (20 ± 10 têtes), constitués essentiellement par héritage et confiage (71,8 %). Les animaux sont de race Somba (18,8 %), Borgou (15,4 %), métis Somba x Borgou (63,2 %) et métis Borgou x Zébu (2,6 %). Les modes d’élevage sédentaire et transhumant sont pratiqués respectivement par 52,1 et 47,9 % des éleveurs. Les traitements vétérinaires seuls (47 %) ou associés aux traitements traditionnels (43,6 %) sont prédominants. Le type 3 (9,9 % de l’échantillon) a regroupé les élevages transhumants, sous la responsabilité d’éleveurs Peulh (100 %), relativement plus âgés (51,4 ± 6,7 ans). Les effectifs bovins sont les plus importants (70 ± 31 têtes) et les animaux ont été acquis par héritage, confiage et achat (78,6 %). Ces élevages sont tous transhumants et les animaux sont de race Borgou (50 %), Zébu (7,1 %) et métis Borgou x Zébu (42,9 %). Les traitements vétérinaires et traditionnels associés sont prédominants (71,4 %). La typologie mise en place nous a permis de mieux comprendre les modes de fonctionnement de ces élevages et les principaux facteurs limitants.
Mots Clés: Borgou, Lokpa, Peulh, Sédentaire, Somba, Transhumance, Zébu
To make the typology of cattle farms located in the district of Ouaké, in the north-west part of Benin, a survey of 142 cattle farms with a total of 3404 heads was performed. Three main types of cattle farms were identified in the district. The type 1 (7.7% of the sample) grouped the suburban cattle farms led by young farmers (36.8 ± 6.8 years) belonging respectively to the Lokpa (54.5%) and Fulani (45.5%) ethnic groups. They were responsible for small herds (11 ± 6 heads), mainly established by purchase (63.6%). Animals were bred Somba (27.3%), Borgou (18.2%) and crossbred Somba x Borgou (54.5%). The farmers were all sedentary cattle-breeder and veterinary treatments were predominant (63.6%). The type 2 (82.4% of the sample) was made up of farmers coming mostly from the Fulani ethnic group (93.2%). They were relatively older (41.5 ± 7.7 years) and were responsible for medium size herd (20 ± 10 heads), mainly built up through inheritance and fostering (71.8%). Animals were bred Somba (18.8%), Borgou (15.4%), mixed Somba x Borgou (63.2%) and mixed Zebu x Borgou (2.6%). The transhumant and sedentary farming methods were respectively practiced by 52.1 and 47.9% of farmers. Concerning the animal care, either the veterinary treatment only (47%) or associated with the traditional one (43.6%) were predominant. The transhumant livestock was the type 3 (9.9% of the sample), under the responsibility of the Fulani ethnic group breeders (100%), relatively older (51.4 ± 6.7 years). This group presented the greatest cattle head (70 ± 31 heads) and the animals were acquired through inheritance, purchase and fostering (78.6%). In addition, the group was made up of transhumant animals which descended from the following breed: Borgou (50%), Zebu (7.1%) and crossbreed Borgou x Zebu (42.9%). Veterinary treatments associated with traditional care methods are predominant (71.4%). The typology set up allowed us to better understand the modes of operation of these farms and the main limiting factors.
Keywords: Borgou, Fulani, Lokpa, Sedentary, Somba, Transhumance, Zebu
L’économie de la République du Bénin repose essentiellement sur le secteur rural auquel se consacrent plus de 70 % de la population (Tidjani et al 2006). L’élevage en contribuant pour 25 % au PIB agricole, assure une sécurisation des familles et est un outil de lutte contre la pauvreté. Le cheptel bovin du Bénin estimé à 1 905 000 têtes (FAO 2008) est composé de taurins trypanotolérant (Borgou, Somba et Lagunaire), de Zébus (M’bororo, Goudali et White Fulani) et des métis issus de leur croisement. La répartition géographique de ces différentes races est sous l’influence des facteurs climatiques conditionnant les ressources alimentaires et de l’importance de la présence des mouches tsé-tsé vecteurs de la trypanosomose (Doko, 1991; Dehoux et Hounsou-Ve 1993). Ainsi, près de 90 % du cheptel national est concentré dans les départements septentrionaux du pays (Tidjani et al 2006). La Commune de Ouaké faisant partie de la zone septentrionale du pays est caractérisée par un faible développement de l’élevage bovin. D’où la nécessité de faire un diagnostic zootechnique de l’élevage bovin dans la commune en commençant par la typologie de ces élevages bovins.
Face à l’extrême diversité des situations à décrire, les typologies ont l’ambition de constituer un jeu de classes qui simplifie la réalité tout en respectant les particularités principales (Perrot et Landais 1993). Les typologies d’exploitations agricoles permettent de comparer des groupes d’exploitations entre elles, de juger de leur fonctionnement, d’identifier des solutions éventuelles aux problèmes rencontrés et d’élaborer des recommandations adaptées (Capillon 1985). L’objectif des typologies est donc de fournir à l’usage des décideurs une image de l’activité agricole locale pour orienter les actions de développement (Roybin 1987).
Cette étude a pour but d’établir par le biais d’enquêtes dans les troupeaux, une typologie des élevages bovins installés sur le territoire de la commune de Ouaké. Cette typologie permettra de mettre en évidence les différents modes de fonctionnement de ces élevages, les objectifs visés et les principaux facteurs limitants.
La Commune de Ouaké est située à l’ouest du département de la Donga au
Nord-Ouest du Bénin entre 9°24’ et 10°15’ de latitude Nord et 1°05’ et 2°12’ de
longitude Est. Elle couvre une superficie de 1500 km2 (PDCO 2004).
Ouaké est une pénéplaine très ondulée avec de faibles dénivellations à pentes
plus ou moins inclinées donnant lieu à de vastes vallées de forme évasée et peu
profondes. Le climat est de type soudanien humide avec une saison des pluies de
mai à octobre et une saison sèche de novembre à avril. La pluviométrie moyenne
annuelle calculée sur une période de dix ans (de 1998 à 2008) est de 1251 ± 227
mm. Les moyennes annuelles de la température et de l'humidité relative au cours
de la même période ont été respectivement de 27,2 ± 0,6 °C et de 61,7 ± 1,3 %.
La végétation est de type savane arborée et herbacée avec une forte pression des
activités anthropiques ; elle comprend des espèces ligneuses telles que Vitelaria
paradoxa, Parkia biglobosa, Adansonia digitata et Borassus
aethiopum etc...
La
région est soumise à deux types de vents : l'alizé maritime qui souffle
d'avril à octobre et l'harmattan qui souffle de novembre à mars.
La méthode d’enquête utilisée a été mise au point par l’Institut d’Elevage et de Médecine Vétérinaire des pays Tropicaux (IEMVT). Elle a été utilisée pour faire la typologie des systèmes d’élevage bovin dans de nombreux pays tropicaux, notamment en Guadeloupe (Salas et al 1986), au Mexique (Cervantes et al 1986), au Burkina-Faso (Bourzat 1986), en Guinée (Lhoste et al 1993), à La Réunion (Tache 2001), aux Philippines (Duval 2001), au Brésil (Láu et al 2001), au Maroc (Sraïri 2004) et au Bénin (Alkoiret et al 2009).
Les troupeaux bovins de la Commune de Ouaké ont été recensés dans tous les centres de vaccination. Un échantillon aléatoire de 142 éleveurs bovins possédant 3404 têtes a été réalisé. Les enquêtes ont été menées à l’aide d’un guide d’entretien de juin à septembre 2009 et la technique d’entretien semi structuré a été adoptée. Les questions ont concerné l’éleveur (localisation, ethnie, âge, niveau de scolarisation et d’alphabétisation, taille de ménage, superficies emblavées, main d’œuvre utilisée, lieu de vente du lait frais), les animaux (effectifs de bovins, ovins, caprins et volailles, races et origine des animaux) et les pratiques d’élevage (mode d’élevage et de reproduction, le suivi sanitaire et la complémentation alimentaire et minérale).
Les entretiens groupés des éleveurs d’un même campement ont permis de connaître les pratiques d’élevage, tandis que les entretiens individuels ont été utilisés pour recueillir les informations sur les éleveurs et leurs animaux. La famille a été définie comme l'ensemble des individus qui habitent ensemble et prennent en commun leurs repas. C'est, en somme, l'unité de consommation et d'habitat qui s'identifie également à l'unité de production appelée unité domestique de production.
L’analyse des données d’enquêtes a été réalisée à l’aide du logiciel SAS® (1989) en deux étapes :
- Une Analyse Factorielle des Correspondances Multiples (AFCM) qui a permis d’obtenir une représentation des élevages sous forme de projections sur des plans définis par les premiers axes factoriels (Escofier et Pages 1990).
- Une Classification Ascendante Hiérarchique (CAH), méthode de classification (à partir des coordonnées des exploitations sur les principaux axes factoriels), qui permet de regrouper les exploitations suivant leur proximité les unes par rapport aux autres. L’ensemble des individus est représenté sous forme d’arbre (dendrogramme) et les différents groupes de la typologie correspondent aux principales « branches » de l’arbre (Bourzat 1986).
L’étude des corrélations entre les variables considérées a permis de retenir un ensemble de 17 variables actives donnant 53 modalités. L’analyse des coordonnés des principaux axes de projection de l’AFCM est résumée dans le Tableau 1 et la contribution cumulée à l’inertie totale des trois premiers axes factoriels retenus a été d’environ 82 % (Tableau 2).
Tableau 1. Définition des axes |
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Axes factoriels |
Négatif |
Positif |
1
|
Éleveurs plutôt peulh Éleveurs plutôt âgés Analphabètes, non formés Effectif bovin élevé Effectifs ovin et caprin importants Résidus de récolte et fourrages ligneux Animaux acquis plutôt par héritage et confiage |
Éleveurs plutôt Lokpa Éleveurs plutôt jeunes Scolarisés, alphabétisés et formés Effectif bovin faible Effectifs ovin et caprin faibles Sous-produits agro-industriels Animaux acquis plutôt par achat |
2 |
Localisé vers Badjoudè Effectif volailles important Taille de la famille élevée Main d’œuvre familiale |
Localisé vers Sèmèrè 2 Effectif volailles faible Taille de la famille faible Main d’œuvre salariée |
3 |
Mode d’élevage transhumant Logement en plein air Traitements traditionnel + vétérinaire Superficie emblavée réduite Métis Borgou + Zébu
|
Mode d’élevage sédentaire Logement sous abri sommaire Traitement vétérinaire seul Superficie emblavée importante Race Borgou et Somba pures |
Tableau 2. Contribution cumulée à l’inertie totale des axes factoriels |
||
Axes factoriels |
% d’inertie |
% cumulé |
1 |
38,9 |
38,9 |
2 |
23,1 |
62,0 |
3 |
19,7 |
81,7 |
Afin de définir plus précisément les types d’élevage bovin dans la commune de Ouaké à partir de l’examen de l’AFCM, une CAH a été réalisée avec l’ensemble des données. Elle a permis de différencier 3 types d’élevage bovin dans la commune de Ouaké. La meilleure représentation graphique est fournie par une projection dans un plan défini par les axes factoriels 1 et 2 (Figure 1). Les fréquences des différentes modalités des variables relatives aux 3 types d’élevage bovin identifiés sont données dans les Tableaux 3 et 4. Les caractéristiques générales sont les suivantes :
Les élevages bovins du type 1 sont localisés en majorité dans les arrondissements de Ouaké centre, Sèmèrè 1 et Sèmèrè 2. Ce type d’élevage est constitué à part presque égale d’éleveurs Lopka et Peulh, dont plus de la moitié ont été scolarisés ou alphabétisés et formés. Ces éleveurs sont les plus jeunes (âge moyen 36,8 ± 6,8 ans) et responsables de familles de petites tailles (10 ± 3 personnes). Les superficies emblavées sont les plus importantes (4,5 ± 1,0 ha) en utilisant les mains d’œuvre salariée et familiale.
Les troupeaux bovins du type 1 ont un faible effectif (11 ± 6 têtes) et ont été constitués à près des 2/3 par achat. Généralement dans ces troupeaux, les vaches sont de race Somba et les taureaux de race Borgou alors que les veaux sont métis (Somba x Borgou). Ces éleveurs sont réfractaires à l’introduction de zébu dans leurs troupeaux. Ils possèdent aussi des ovins, caprins et volailles avec des effectifs moyens évalués respectivement à 11 ± 5, 10 ± 6 et 27 ± 9 têtes.
Tous les éleveurs du type 1 sont sédentaires. Ils vivent dans leurs fermes à la périphérie des agglomérations et associent l’agriculture à l’élevage. Les reproducteurs sont utilisés pour le trait et les animaux sont logés dans des étables sommaires. La majorité des éleveurs utilise les traitements vétérinaires seuls ou en association avec les traitements traditionnels. La plupart des éleveurs utilisent les résidus de cultures, les fourrages ligneux et les sous produits agro-industriels pour complémenter les animaux. Certains éleveurs ont installé des parcelles fourragères et font des réserves fourragères pour la période de soudure.
Tableau 3. Fréquence (%) des modalités décrivant les éleveurs selon les types d’élevage bovin identifiés |
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Variables |
Modalités |
Type 1 |
Type 2 |
Type 3 |
ALE = Arrondissement de localisation de l'éleveur |
Badjoudè Komdè Ouaké Centre Sèmèrè 1 Sèmèrè 2 Tchalinga |
0 9,1 27,3 27,2 27,3 9,1 |
5,1 21,4 14,5 15,4 30,8 12,8 |
57,1 7,2 0 0 0 35,7 |
ETE = Ethnie de l'éleveur |
Lokpa Peulh |
54,5 45,5 |
6,8 93,2 |
0 100 |
NIF = Niveau d’instruction et de formation de l’éleveur |
Alphabétisé Alphabétisé et formé Scolarisé, alphabétisé et formé analphabète non formé |
18,2 9,1 27,3 45,4 |
6,0 3,4 6,8 83,8 |
7,1 0 0 92,9 |
STE = Superficie totale emblavée |
≤ 1,5 ha > 1,5 ha |
0 100 |
84,6 15,4 |
64,3 35,7 |
TFA = Taille de la famille |
≤ 10 personnes 11 - 20 personnes > 20 personnes |
81,8 18,2 0 |
29,9 58,1 12,0 |
0 42,9 57,1 |
AGE = Age de l’éleveur |
≤ 30 ans 31 – 50 ans > 50 ans |
27,3 72,7 0 |
3,4 84,6 12,0 |
0 42,9 57,1 |
MAO = Main d’œuvre |
Familiale Salariée Salariée et familiale |
18,2 0 81,8 |
30,8 5,1 64,1 |
71,4 0 28,6 |
Les élevages bovins du type 2 sont présents dans tous les arrondissements de la commune de Ouaké. Les éleveurs de ce type sont en majorité de l’ethnie Peulh et analphant de petites superficies (1,2 ± 0,5 ha) en utilisant aussi bien la main d’œuvre familiale que salariée.
Les troupeaux bovins de ce type ont un effectif moyen de 20 ± 10 têtes et ont été constitués essentiellement par héritage et confiage. Dans ces troupeaux, les vaches sont de race Somba ou métisses (Somba x Borgou), alors que les reproducteurs sont Borgou ou métis (Borgou x Zébu). Les effectifs moyens des ovins, caprins et volailles sont respectivement de 21 ± 11, 20 ± 9 et 68 ± 34 têtes.
Les modes d’élevage sédentaire et transhumant sont pratiqués à part presque égale par les éleveurs de ce type. Les traitements vétérinaires seuls ou en association avec les traitements traditionnels sont prédominants. Cependant, certains éleveurs Peulh très expérimentés utilisent les traitements traditionnels seuls. La plupart des éleveurs logent leurs animaux dans des parcs de nuit à ciel ouvert et utilisent des résidus de récolte et les fourrages ligneux pour la complémentation en saison sèche.
Tableau 4. Fréquence (%) des modalités décrivant les élevages de bovins enquêtés selon les différents types identifiés |
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Variables |
Modalités |
Type 1 |
Type 2 |
Type 3 |
BOV = Effectif de bovins |
≤ 20 têtes 20 – 40 têtes > 40 têtes |
100 0 0 |
59,0 38,4 2,6 |
0 21,4 78,6 |
OVN = Effectif des ovins |
≤ 20 têtes 21 – 30 têtes > 30 têtes |
90,9 9,1 0 |
63,2 22,2 14,6 |
21,4 42,9 35,7 |
CAP = Effectif des caprins |
≤ 10 têtes 11 – 20 têtes > 20 têtes |
63,6 36,4 0 |
13,7 75,2 11,1 |
14,3 14,3 71,4 |
VOL = Effectif des volailles |
≤ 50 têtes 51 – 80 têtes > 80 têtes |
81,8 18,2 0 |
39,3 35,1 25,6 |
7,1 21,4 71,5 |
RAC = Race des animaux |
Somba Borgou Zébu Métis Somba + Borgou Métis Borgou + Zébu |
27,3 18,2 0 54,5 0 |
18,8 15,4 0 63,2 2,6 |
0 50,0 7,1 0 42,9 |
MAD = Mode d’acquisition des animaux |
Achat Héritage + confiage Héritage + confiage + achat |
63,6 36,4 0 |
5,1 71,8 23,1 |
0 21,4 78,6 |
LOA = Logement des animaux |
Piquet en plein air Etable sommaire |
27,3 72,7 |
81,2 18,8 |
100 0 |
SSA = Suivi sanitaire des animaux |
Traitement traditionnel seul Traitement vétérinaire seul Trait. traditionnel + vétérinaire |
0 63,6 36,4 |
9,4 47,0 43,6 |
0 28,6 71,4 |
MED = Mode d’élevage des animaux |
Sédentaire Transhumant |
100 0 |
52,1 47,9 |
0 100 |
CAL = Complémentation alimentaire |
Résidus de récolte + ligneux Parcelle et réserve fourragère Sous produits agro-industriel |
36,4 27,2 36,4 |
78,6 9,4 12,0 |
100 0 0 |
Les élevage bovins du type 3 sont localisés seulement dans les arrondissement de Badjoudè, Komdè et Tchalimga. Les éleveurs de ce type sont tous de l’ethnie Peulh et pour la plupart analphabètes non formés. Ils sont relativement plus âgés (51,4 ± 6,7 ans) et sont à la tête de grandes familles (24 ± 6 personnes). Ces éleveurs emblavent de petites superficies (1,5 ± 0,7 ha) autour des campements peulh en utilisant surtout la main d’œuvre familiale.
Les troupeaux bovins de ce type ont les plus grands effectifs (70 ± 31 têtes) et comptent plus d’animaux confiés (38,7 %). Les animaux ont été acquis essentiellement par héritage, confiage et achat. Dans ces troupeaux, les vaches sont de race Borgou ou métisses (Borgou x Zébu), alors que les reproducteurs sont souvent Zébu. Les effectifs moyens des ovins, caprins et volailles sont respectivement de 31 ± 14, 21 ± 9 et 112 ± 48 têtes.
Le mode d’élevage transhumant est pratiqué par tous les éleveurs de ce groupe. Les traitements traditionnels associés aux traitements vétérinaires sont prédominants et tous les animaux sont logés en plein air. Ces éleveurs utilisent tous les résidus de culture et les fourrages ligneux pour complémenter les animaux pendant la saison sèche.
Figure 1. Projection des élevages de bovin enquêtés sur les axes factoriels 1 et 2. |
Des trois types d’élevage bovin identifiés dans la commune de Ouaké, le type 2 est le plus uniformément réparti dans tous les arrondissements de la commune. Le mode d’élevage pratiqué peut expliquer la localisation des différents types d’élevages bovins identifiés. Ainsi, les éleveurs du type 1 ont adopté le mode d’élevage sédentaire associé à l’agriculture nécessitant des capitaux et des débouchés qu’ils peuvent trouver seulement dans les centres urbains. De plus, leur niveau d’instruction élevé montre qu’ils proviennent des centres urbains et ils préfèrent s’installer en leurs périphéries. Quant aux éleveurs du type 3, ils ont adopté le mode d’élevage transhumant nécessitant beaucoup d’espaces libres, disponibles dans les arrondissements de Badjoudè et Tchallinga situés au nord de la commune de Ouaké. Des observations similaires sur la répartition géographique des élevages bovins ont été faites par certains auteurs (Salas et al 1986 ; Cervantes et al 1986 ; Bourzat, 1986 ; Lhoste et al 1993 ; Sraïri 2004 ; Alkoiret et al 2009).
Dans la commune de Ouaké, l’élevage bovin est l’apanage des éleveurs de l’ethnie Peulh qui ont représenté 90,1 % des éleveurs enquêtés contre seulement 9,9 % pour l’ethnie Lokpa. Ces observations sont conformes à celles faites par Alkoiret et al (2009) dans la commune de Gogounou et par Dehoux et Hounsou-Ve (1993) à l’Est du département du Borgou. Mais contrairement aux éleveurs Gando de la commune de Gogounou (Alkoiret et al 2009), les éleveurs Lokpa n’ont pas adopté le même mode de vie que les éleveurs Peulh. Ainsi, ils ne partent pas en transhumance comme les éleveurs Peulh et ne vivent pas dans les camps peulh. L’éleveur Lokpa vit dans le village ou dans sa ferme et chaque matin ses enfants conduisent le troupeau au pâturage, pendant qu’il s’occupe des travaux champêtres avec le reste de la famille. Pendant l’année scolaire, les enfants vont à l’école, les femmes vont au champ et l’éleveur s’occupe lui-même du troupeau.
Les effectifs moyens des troupeaux bovins de types 1 et 2 sont inférieurs à ceux des troupeaux traditionnels du nord-est du Bénin. Par contre l’effectif moyen des troupeaux du type 3 est conforme à celui de ces troupeaux traditionnels. Dehoux et Hounsou-Ve (1993) ont recensé à l’est du département du Borgou des troupeaux bovins sédentaires et transhumants dont les effectifs moyens ont été respectivement de 56 et 70 têtes. Alkoiret et al (2009) ont distingué 3 types d’élevage bovin dans la commune de Gogounou avec des effectifs moyens de 30, 52 et 152 têtes. Les races bovines élevées ne sont pas les mêmes en fonction des types d’élevages identifiés. Ainsi, les éleveurs Lokpa préfèrent la race Somba dont le berceau situé au nord du Bénin et du Togo (Adanléhoussi et al 2003) est proche de la commune de Ouaké. Les éleveurs peulh de la commune de Ouaké préfèrent les vaches Borgou et les reproducteurs Zébu, certainement pour leur grand format et au détriment de leur résistance à la trypanosomose. Dans un échantillon de 166 troupeaux dans la commune de Nikki (Nord-est du Bénin), Dehoux et Hounsou-Ve (1993) ont établi que 35,6 % des troupeaux ont un reproducteur de sang Borgou, contre 24 et 40,4 % des troupeaux ayant respectivement un reproducteur métis (Borgou x zébu) et zébu (majoritairement Fulani blanc). Par tradition, les éleveurs transhumants préfèrent avoir un zébu dans leur troupeau, puisque 45,7 % des troupeaux transhumants en possédaient un, contre 30,5 % des troupeaux sédentaires (Dehoux et Hounsou-Ve 1993).
Dans la Commune de Ouaké l’élevage des bovins est traditionnel extensif et est dominé par deux systèmes d’exploitation des pâturages naturels. D’une part, le système sédentaire où l’élevage associé à différentes cultures (de subsistance ou de rente) occupe les zones situées aux alentours des villages. D’autre part, le système transhumant caractérisé par une grande mobilité des éleveurs et un faible lien avec l’agriculture. L’existence de ces deux systèmes d’élevage au nord du Bénin a été signalée par certains auteurs (Dehoux et Hounsou-Ve 1993 ; Djenontin et al 2004 ; Alkoiret et al 2009).
Hormis dans les élevages bovins du type 1 qui ne représentent que 7,7 % de l’échantillon enquêté, la principale contrainte des systèmes d’élevage bovin dans la commune de Ouaké semble être l’absence d’objectif de production. En effet, les éleveurs ne sont spécialisés ni en production de lait ni en production de viande et privilégient l’augmentation du format et du nombre des animaux au détriment de la productivité du bétail et de leur résistance aux maladies. De telles observations, où l’élevage est cantonné à un rôle de réserve financière « sur pieds » ont été faites en Guadeloupe (Salas et al 1986), au Burkina-Faso (Bourzat 1986), en Guinée (Lhoste et al 1993), au Brésil (Láu et al 2001), aux Philippines (Duval 2001) et au Bénin (Alkoiret et al 2009). La saisonnalité des systèmes d’élevage, l’insuffisance du suivi sanitaire, l’absence de complémentation alimentaire et les mauvaises conditions d’entretien et de logement des animaux constituent d’autres freins au développement de l’élevage bovin dans la commune de Ouaké.
Les auteurs expriment toutes leurs gratitudes au Conseil Scientifique de l’Université de Parakou pour avoir financé cette étude et aux éleveurs bovins de la Commune de Ouaké pour leur franche et précieuse collaboration pendant cette étude.
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Received 11 September 2010; Accepted 12 November 2010; Published 6 March 2011