Livestock Research for Rural Development 23 (12) 2011 | Guide for preparation of papers | LRRD Newsletter | Citation of this paper |
Cette étude a été réalisée afin d’évaluer et de caractériser les paramètres de croissance de deux populations de lapin local : « Blanche » (B) et « Kabyle » (K) . Les performances zootechniques ont été mesurées sur un effectif de 70 lapines (35 B et 35 K) entre 42 et 91 jours d’âge. La digestibilité de l’aliment et l’histométrie de l’intestin grêle ont été réalisées sur 7 animaux pour chaque groupe, et le rendement des composantes de la carcasse sur 47 lapins (24 B et 23 K). Les animaux ont été nourris avec le même aliment granulé standard. Chaque semaine, le poids, le GMQ, et la quantité d’aliment ingérée ont été mesurés et l’indice de consommation calculé.
Globalement, les résultats ne révèlent aucune différence significative pour le GMQ, la quantité d’aliment ingéré et l’indice de consommation entre les deux populations. Cependant, entre 42 et 63 jours d’âge, une différence significative du poids vif (+8% en moyenne, p<0,05) est relevée en faveur de la population Blanche. En revanche entre 63 et 70 jours d’âge, l’écart moyen de croissance entre les deux populations semble persister (+6 % en faveur de la Blanche, p>0,05) sans être significatif. Les coefficients d’utilisation digestive de la MS, de la MAT et de l’énergie sont significativement plus élevés chez la Blanche (+2% environ, p<0,05). Le rendement des composantes de la carcasse ne diffère pas significativement à l’exception du poids moyen du foie et de sa proportion par rapport au poids vif (71,2 g et 3,37% vs 59,8 g et 2,87%, p>0,05) qui sont significativement plus élevés chez la population Blanche. Au niveau de l’histométrie, La population Blanche présente une largeur des villosités du jéjunum plus élevée significativement (+21%, p<0,05) par rapport à la Kabyle. Le poids final de ces deux populations à 91 jours d’âge de 2 et 2,2 kg respectivement pour la (K) et la (B), permet de les classer dans la catégorie de format léger.
Mots clés: carcasse, digestibilité, lapin local, performances de croissance, villosités, Algérie
This study was carried out in order to evaluate and to characterize the growth parameters of two local rabbit populations, the « White » population coming from imported subjects (W) and the « Kabyle » population coming from local rabbit (K). The zootechnical performances were measured in 70 females rabbits (35 W and 35 K) between 42 and 91 days of age. The digestibility and the intestinal histometry were measured in 7 rabbits of each group and the characteristics of the carcass in 47 animals (24 B, 23 K). The rabbits were fed with the same standard granulated food. The weight, the daily growth rate and the average feed intake were measured and the feed conversion ratio was calculated.
The results do not show any significant difference between the two populations for the daily growth rate, the average daily feed intake and the feed conversion, but for weight, between 42 and 63 days of age, was significantly higher as regards the White population compared to the Kabyle one (by about +8%, p<0.05). From 70 - 91days of age, the average difference of growth between the two populations tended to persist in favor of the White population (+6 %, P> 0.05) but it is not significant. The coefficient of apparent digestibility of DM, CP and energy were significantly increased (+2 %, p<0.05) in the white population. The carcass components yield were not significantly modified between the W and the K rabbits except for the weight and proportion of liver which was significantly higher (+71.2 %, p<0.05 and +3.37 %, p<0.05) in the White population in comparison with the Kabyle one for the histometry analysis, the White population exhibited a higher jejuna villosity’s with comparing to the Kabyle one (+21 %, p<0.05). The two studied populations showed an average weight, varying between 2 and 2.2 kg, thus classifying them in the light format.
Keys words: Carcass, digestibility, growth performance, local rabbit, villosity, Algeria
En Algérie, la cuniculture est basée essentiellement sur l’élevage de lapins de population locale visant à assurer un approvisionnement des marchés urbains en protéines à moindre coût. De ce fait l’intérêt du développement de celle-ci doit se pencher sur la valorisation de la population locale en raison de ses qualités d’adaptation aux conditions d’élevage locales (Zerrouki et al 2005). Cependant celui-ci doit reposer sur une logique d’ensemble comprenant en premier lieu, la caractérisation de l’animal et la connaissance de ses aptitudes biologiques et zootechniques. De nombreux travaux ont montré que cette population se caractérise par un faible poids, une vitesse de croissance lente par rapport aux lapins hybrides, un rendement de carcasse satisfaisant (en moyenne 66,5%) (Berchiche et Kadi 2002 ; Lounaouci et al 2008) et une utilisation digestive des protéines brutes satisfaisante comparée aux hybrides (Lounaouci 2001). Ainsi l’objectif de notre étude est de caractériser et comparer les performances de croissance de deux populations locales la « Blanche » et la « Kabyle » en mesurant les performances zootechniques, l’utilisation digestive, le rendement de carcasse et les villosités de l’intestin grêle.
L’étude a été réalisée sur 70 lapins de sexe femelle âgés de 42 jours sevrés à 35 jours et répartis en deux groupes de 35 lapins pour chacune des populations : la population locale Kabyle (K) comportant des animaux de divers phénotypes et la population Blanche (B) issue d’« hybrides » commerciaux importés en 1980. Les animaux de chacune des deux populations (B et K) ont été placés dans des cages de type batterie, et répartis en 7 lots de poids homogènes comprenant 5 lapines chacun.
Les animaux ont reçu ad libitum un même aliment commercial sous forme de granulés. La composition chimique de cet aliment a été déterminée selon les normes Afnor (1985). La matière sèche (MS) a été déterminée par dessiccation dans une étuve (type MEMMERT) à 103°C, les cendres (C) par combustion à 550°C dans un four à moufle (type MEMMERT), les protéines brutes (PB) par la méthode de Kjeldahl, la matière grasse (MG) a été réalisée par un extracteur Soxhlet (type Gerhardt), la cellulose brute (CB) par la méthode de Weende (Fibertec, type Gerhardt) et l’énergie brute (EB) par un calorimètre adiabatique (IKA-Calorimeter C700T).
L’eau de boisson a été distribuée à volonté. La température et l’hygrométrie diurnes enregistrées durant la période de l’essai étaient respectivement de 16°C et 70% en moyenne et le contrôle de mortalité se faisait quotidiennement.
Le poids vif, la quantité alimentaire ingérée, le gain de poids moyen quotidien et le taux de mortalité des lapins ont été mesurés chaque semaine et l’indice de consommation calculé.
Sept lapines de chaque population (B et K) âgées de 49 jours ont été placées individuellement dans des cages (59 x54 x35 cm) aménagées avec un système de collecte des crottes, afin de déterminer la digestibilité des aliments selon la méthode de référence européenne (Perez et al. 1995). Elles ont été alimentées à volonté avec le même aliment. Le bilan digestif a été réalisé après une période d’adaptation de 7 jours. Les quantités d’aliment ingérées ont été mesurées. Les crottes ont été collectées et pesées pendant 4 jours consécutifs à la même heure et conservées à – 20°C pour être analysées ultérieurement. L’évaluation de la digestibilité a été effectuée pour la matière sèche, les cendres, les protéines brutes, la cellulose brute, la matière grasse et l’énergie. Leur dosage a été déterminé selon les normes Afnor (1985). L’énergie digestible apparente (EDa) a été estimée selon la formule de Battaglini et Grandi (1984).
L’estimation du rendement à l’abattage et l’appréciation des caractéristiques de la carcasse ont été établies sur 24 animaux pour la Blanche et 23 pour la Kabyle. Pour cela, les lapines ont été abattues à 93 jours par saignée. Les critères de la carcasse ont été mesurés selon les recommandations de Blasco et al (1993) à l’exception des manchons qui ont été gardés conformément à la présentation de la carcasse sur le marché local (Lounaouci 2001).
Ces mesures ont porté sur le poids de la peau (PP), le poids de la carcasse chaude (PCC) 15 min après l’abattage, le poids du tube digestif plein (PTDP) et le poids du foie (PF). Les carcasses chaudes ont été ensuite conservées au frais à 4°C pendant 24 h afin de déterminer le poids de la carcasse froide (PCF), le rendement de carcasse (RC), le poids du gras périrénal (PGP) et le poids du gras interscapulaire (PGI). Le degré de maturité exprimé en pourcentage a été estimé par le rapport du poids à l’abattage sur le poids vif moyen du lapin de population locale à l’âge adulte.
Quatorze animaux (7 de chaque population) de poids moyen âgés de 13 semaines ont été utilisés. Les prélèvements ont été réalisés au niveau de l’intestin grêle, plus précisément au milieu de chaque segment de celui-ci, en considérant que le duodénum, le jéjunum et l’iléon représentent respectivement 1/5, 3/5, et 1/5 de la longueur totale de l’intestin grêle (Gallois, 2006). Deux segments d’environ 1cm ont été prélevés et ouverts dans le sens de la longueur, puis plongés dans une solution de formol tamponnée à 4% pendant 48 h afin de fixer les tissus (Martoja et Martoja, 1967). Les échantillons ont été ensuite analysés par la technique histologique dont la procédure a été décrite par Gabe (1968). Vingt villosités (grossissement x 4) ont été mesurées à l’aide d’un microscope optique (type Motic) muni d’une caméra et d’un logiciel d’analyses d’images (Motic Image plus 2.0). Les longueurs et les largeurs ont été mesurées et la surface et le ratio hauteur/base ont été calculés.
Les différents résultats sont décrits par la moyenne et l’erreur standard (SE, calculée à partir de l’écart-type selon la formule : SE=Ecart type/ n 0,5 ; n étant la taille de l’échantillon). Ces résultats ont été soumis à une analyse de variance à un facteur (ANOVA 1) pour déterminer l’effet de la population sur les différents paramètres considérés. Le seuil de signification est d’au moins 5% (p<0.05). Toutes ces analyses ont été effectuées à l’aide du programme StatView (Abacus Concepts, 1996, Inc., Berkeley, CA94704-1014, USA).
La composition chimique de l’aliment granulé distribué lors de cet essai est présentée dans le Tableau 1.
Tableau 1. Composition chimique moyenne de l’aliment |
||
|
Matière sèche environ 87 % |
|
|
% MB* |
% MS** |
Matière minérale |
5,67 |
6,48 |
Protéines brutes |
14,0 |
16,0 |
Cellulose brute |
10,5 |
11,1 |
Matière grasse |
2,61 |
2,99 |
Energie brute (kcal/kg) |
4013 |
4586 |
*valeurs exprimées en % de matière brute, ** valeurs exprimées en % de matière sèche |
Au cours de la période expérimentale, nous avons enregistré la perte de 3 lapereaux sur le lot de 35, au sein de la population Kabyle, ce qui représente un taux de mortalité de 8,6%. L’étude de la répartition de cette mortalité, montre qu’elle est située à la 2ème et 4ème semaine après le sevrage. Elle serait liée à des troubles digestifs survenus à cette période dont le principal symptôme était la diarrhée. En revanche aucune mortalité n’est survenue chez la population Blanche.
A 42 jours d’âge (Figure), l’écart entre les poids vifs des lapins des deux populations est de 10% en faveur de la B (p<0,05). L’évolution de la croissance montre qu’entre 42 et 63 jours d’âge, les lapins de population B présentent un poids vif significativement supérieur (écart moyen de +8,4% ; p<0,05).
Figure 1. Evolution des poids vifs des deux populations de lapin (Blanche et
Kabyle) en fonction de l’âge (n= 7 ; ***, p<0,001; **, p<0,01; *, p<0,05; NS, non significatif car p>0,05). |
Cependant, entre 70 et 91 jours, l’écart entre les poids des animaux des deux populations tend à persister (+6,4% en moyenne) mais n’atteint pas le seuil de signification statistique (p>0,05).
L’évolution du gain moyen quotidien (GMQ) pendant toute la période d’engraissement (42-91j) des deux populations de lapin (Tableau 2) n’a révélé aucune différence significative entre les deux lots. Le GMQ est estimé à 28,4 g/j pour la population Blanche et 26,8 g/j pour la population Kabyle, soit un écart non significatif d’environ 5,6% entre les deux populations de lapin.
Durant la période globale (42-91j), l’ingéré alimentaire quotidien par lapereau est de 105 g/j pour la population blanche et 100 g/j pour la population Kabyle (Tableau 2). Sur l’ensemble de cette période, nous relevons une consommation alimentaire du lapin B supérieure de 5% en moyenne sans pour autant atteindre le seuil de signification statistique (p>0,05), à l’exception de la période de 49 - 56 jours, où nous relevons un écart significativement plus élevé au profit de la population Blanche (+ 9% ; p<0,05).
L’indice de consommation est identique chez les deux populations et évolue d’une manière similaire en fonction de l’âge (Tableau 2). Cette évolution passe par trois phases : entre 42 et 63 jours d’âge, l’IC moyen des deux populations est de 2,98 ; il passe à 4,13 entre 63 et 84 jours pour atteindre 5,64 en fin d’engraissement. Néanmoins, l’analyse statistique ne révèle, aucune différence significative entre les deux lots de lapin.
Tableau 2. Evolution du gain moyen quotidien de l’ingéré et de l’indice de consommation des deux populations de lapin (Blanche et Kabyle) en fonction de l’âge et gain moyen final. |
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Paramètres |
Gain moyen quotidien (g) |
Quantité ingérée (g) |
Indice de consommation |
|||||||||
Populations Périodes |
B |
K |
SEM |
Pob |
B |
K |
SEM |
Prob |
B |
K |
SEM |
Prob |
42- 49 j |
25,7a |
25,9a |
0,93 |
0,89 |
76,6a |
73,2a |
2,67 |
0,39 |
2,99a |
2,84a |
0,11 |
0,36 |
49-56 j |
32,8a |
29,2a |
2,19 |
0,27 |
92,2a |
83,6b |
2,42 |
0,046 |
2,86a |
2,95a |
0,17 |
0,70 |
56-63 j |
32,4a |
29,8a |
2,05 |
0,39 |
99,3a |
96,5a |
4,41 |
0,66 |
3,09a |
3,25a |
0,11 |
0,32 |
63- 70 j |
27,5a |
27,5a |
1,71 |
0,97 |
108a |
104a |
5,33 |
0,58 |
3,97a |
3,83a |
0,15 |
0,53 |
70-77 j |
28,4a |
27,5a |
1,75 |
0,72 |
117a |
115a |
3,85 |
0,71 |
4,22a |
4,23a |
0,21 |
0,98 |
77-84 j |
29,2a |
30,7a |
3,61 |
0,77 |
121a |
112a |
6,61 |
0,34 |
4,22a |
4,24a |
0,47 |
0,97 |
84-91 j |
23,1a |
20,9a |
1,96 |
0,44 |
130a |
120a |
4,97 |
0,19 |
5,57a |
5,72a |
0,41 |
0,44 |
42-91 j |
28,4a |
26,8a |
0,98 |
0,29 |
105a |
100a |
3,15 |
0,26 |
3,70a |
3,70a |
0,06 |
0,88 |
*Pour chaque paramètre, les chiffres suivis d’indices différents (a, b) sont significativement différents (p<0,05). |
Les coefficients d’utilisation digestives apparents (CUDa) de la matière sèche (MS), de la matière minérale (MM), des protéines brutes (PB) et de l’énergie digestible (ED) (Tableau 3) sont significativement plus élevés chez la population Blanche (augmentations respectives de 2,7%, 2,4%, 2,1% et 2,6% ; p<0,05). En revanche, les CUDa de la cellulose brute (CB) et de la matière grasse (MG) ne sont pas significativement différents entre les deux populations (p=0,17). La teneur en énergie digestible apparente est respectivement de 2703 et de 2635 kcal/kg chez la Blanche et Kabyle soit un écart de 2,5%. Les protéines digestibles et le rapport entre ces dernières et l’énergie digestible sont toutefois similaires.
Tableau 3. Le coefficient de digestibilité apparente des nutriments chez les deux populations de lapin (Blanche et Kabyle). |
||||
Traitements |
Blanche |
Kabyle |
SEM |
Prob |
CUDa (%) |
|
|
|
|
MS |
68,7a |
66,9b |
0,31 |
0,03 |
MM |
73,8a |
72,0b |
0,44 |
0,01 |
PB |
70,7a |
69,2b |
0,28 |
0,005 |
CB |
23,7a |
20,5a |
1,62 |
0,21 |
MG |
61,2a |
64,2a |
1,51 |
0,17 |
EDa1 |
68,8a |
67,0b |
0,32 |
0,03 |
Energie digestible apparente (kcal/kg) 2 |
2703 |
2635 |
|
|
Protéines digestibles3 (g/100g) |
12,3a |
11,2a |
0,39 |
0,13 |
PD/1000 kcal ED4 |
41,9a |
42,3a |
0,31 |
0,17 |
*Les chiffres suivis d’indices différents (a, b) sont significativement différents (p<0,05). 1 : valeur estimée par la formule de Battaglini et Grandi (1984) 2 : valeur calculée : ED = Energie Brute * CUDa de l’énergie 3 : valeur calculée : PB * CUD des PB 4 : valeur calculée : PD /EDa * 10.000 |
Les poids, le rendement et les proportions des composantes de la carcasse des lapines abattues à 13 semaines d’âge sont représentés dans le Tableau 4. Les poids de la peau, du gras périrénal et du gras interscapulaire chez la population blanche sont supérieurs et présentent des écarts respectivement de 15, 14 et 25% sans toutefois être statistiquement significatifs (valeurs de p : 0,10, 0,36 et 0,14). De même, la proportion GIS/CF semble plus élevée chez la Blanche comparée à la Kabyle (+17,4%, P=0,14). Cependant le poids moyen du foie et de sa proportion par rapport au poids vif (71,2 g et 3,37% vs 59,8 g et 2,87%, p>0,05) sont significativement plus élevés chez la population Blanche.
Tableau 4. Composantes du rendement à l’abattage et caractéristiques de la carcasse des deux populations de lapin (Blanche et Kabyle) à 13 semaines d’âge. |
||||
Traitements |
Blanche (n=24) |
Kabyle (n=23) |
SEM |
Prob |
Degré de maturité % |
54,4 |
67,8 |
|
|
Poids (g) |
||||
Poids vif à l’abattage (PVa) |
2178a |
2033a |
69,05 |
0,14 |
Peau (P) |
254a |
221a |
67,80 |
0,17 |
Tube digestif plein (TDP) |
366a |
379a |
14,10 |
0,10 |
Carcasse chaude (CC) |
1404a |
1324a |
45,60 |
0,23 |
Carcasse froide (CF) |
1327a |
1295a |
45,45 |
0,24 |
Gras périrénal (GP) |
23,3a |
20,1a |
2,48 |
0,36 |
Gras interscapulaire (GIS) |
6,41a |
5,11a |
0,62 |
0,14 |
Foie (F) |
71,2a |
59,8b |
3,07 |
0,04 |
Rendements % |
||||
CC /PVa |
64,7a |
65a |
0,84 |
0,83 |
CF/PVa |
63,2a |
63,5a |
0,83 |
0,80 |
Proportions % |
||||
Peau/PVa |
11,66a |
10,8a |
0,39 |
0,18 |
TDP/PVa |
16,9a |
17,7a |
0,67 |
0,39 |
GP/CF |
1,65a |
1,52a |
0,15 |
0,55 |
GIS/CF |
0,46a |
0,38a |
0,04 |
0,14 |
F/PVa |
3,37a |
2,87b |
0,12 |
0,02 |
*Les chiffres suivis d’indices différents (a, b) sont significativement différents (p<0,05) |
La hauteur, la base, la surface ainsi que le ratio hauteur/base des villosités mesurées au niveau des trois segments de l’intestin grêle (duodénum, jéjunum et iléon) sont comparables entre les deux lots, à l’exception de la base de la villosité du jéjunum (Tableau 5). En effet, cette dernière est significativement plus élevée chez la Blanche par rapport à la Kabyle
(+21 %, p<0,05). Notons tout de même que la largeur de la villosité du duodénum et le ratio hauteur/ base de la villosité du jéjunum semblent inférieurs chez la population Blanche comparativement à la Kabyle : écarts non significatifs de -8 % (p=0,05) et -16 % (P=0,11), respectivement.
Tableau 5. Mesures effectuées sur les villosités chez les deux populations (n= 7 à 13 semaines d’âge). |
||||
Traitements (µm ; µm2) |
Blanche |
Kabyle |
SEM |
Prob |
Duodénum |
||||
Hauteur (H) |
1405a |
1380a |
73,40 |
0,18 |
Largeur (L) |
175a |
191a |
5,34 |
0,05 |
Surface |
777743a |
839284a |
41679 |
0,31 |
Ratio H/L |
8,55a |
7,58a |
0,53 |
0,22 |
Jéjunum |
||||
Hauteur (H) |
1079a |
1068a |
66,50 |
0,90 |
Largeur (L) |
188a |
155,4b |
8,57 |
0,03 |
Surface |
658313a |
522855a |
56939 |
0,13 |
Ratio (H)/(L) |
6,13a |
7,34b |
0,49 |
0,11 |
Iléon |
||||
Hauteur (H) |
882a |
875a |
44,15 |
0,92 |
Largeur (L) |
160a |
165a |
8,42 |
0,71 |
Surface |
488515a |
461690a |
49965 |
0,72 |
Ratio (H)/(L) |
5,91a |
5,57a |
0,28 |
0,40 |
*Les chiffres suivis d’indices différents (a, b) sont significativement différents (p<0,05). |
La teneur en matière sèche et en matières grasses de l’aliment granulé est en adéquation avec les normes (Maertens 1996 ; EGRAN 2001). L’énergie brute de l’aliment est de 4013 kcal/kg MB, elle est cependant proche de celle de l’aliment ONAB (4151 kcal/kg) et d’autres aliments à base de féverole (3976 kcal/kg) et de drêches (4047 kcal/kg), utilisés par Lounaouci (2001). Néanmoins, l’aliment est déficient en protéines brutes et en cellulose, si l’on considère les teneurs préconisées pour le jeune lapereau par plusieurs auteurs (Lebas et al 1991 ; Maertens 1996 ; Lebas 2004 et Gidenne 2003). Ceci peut résulter d’une diminution du taux d’incorporation de tourteau de soja et de la qualité de la luzerne produite localement soumise à un séchage au soleil induisant une variabilité de la teneur en cellulose.
Dans nos conditions expérimentales, le taux de mortalité enregistré chez la population Kabyle est de 8,6%. Ce dernier est compris dans l’intervalle des résultats rapportés par différents auteurs et qui s’étale entre 9 à 21% (Lounaouci 2001 ; Moulla 2006 ; Chaou 2006 ; Lakabi 2010), et précisant que celle-ci est située particulièrement à la 2ème et la 4ème semaine après le sevrage. Elle serait liée à des troubles digestifs dont le principal symptôme est la diarrhée. La même constatation est rapportée par Lebas et al (1991), Berchiche et al (1998) et Lounaouci (2001). Selon Gidenne et Jehl (1999), le lapereau est sujet à des pathologies digestives associées le plus souvent à une déficience en fibres de l’aliment, observée notamment dans l’aliment utilisé dans notre essai.
La croissance pondérale est significativement supérieure chez la population Blanche par rapport à la Kabyle jusqu’à la 9ème semaine d’âge : soit à 63 jours. Au-delà de cet âge et jusqu’au 91ème jour, la croissance des deux populations évolue de façon comparable. Notons que le faible écart de poids observé durant la période 63 - 91 jours d’âge est probablement lié à la différence de poids initialement enregistrée à 42 jours d’âge. Par la suite, cet écart s’est estompé à partir de 63 jours ce qui laisse supposer un ralentissement de la vitesse de croissance des lapines Blanches.
Le poids du lapin Kabyle obtenu à l’âge de 91 jours dans notre essai est comparable à celui rapporté par des études antérieures (Berchiche et Kadi 2002 et Lakabi et al 2004). De ce fait, nos lapins de population locale se classent dans la catégorie de lapin de format léger (Zerrouki et al 2008).
Concernant les lapines de population locale Blanche, les performances de croissance pondérales sont équivalentes aux valeurs déjà indiquées par d’autres auteurs (Lounaouci 2001 et Zerrouki et al 2008). Toutefois, celle-ci montre une croissance ralentie par rapport à la souche améliorée, l’écart moyen est estimé à +36 % à 10 semaines d’âge (Renouf et Offner 2007). Cette détérioration de la croissance est probablement induite par des conditions d’élevage inadéquates, d’une part, et par l’absence de renouvellement des reproducteurs améliorés, d’autre part.
La vitesse de croissance des lapines des deux populations étudiées est similaire. Les infléchissements de la vitesse de croissance de ces dernières constatés sur le Tableau 1 correspondent à des accidents de croissance tels que le stress, la perte d’appétit et /ou les pathologies. Ces fluctuations sont suivies par des phases de croissance compensatrice, souvent observées et énoncées par Jouve et al (1986), Delmas et Ouhayoun (1988). Ouhayoun (1989) précise que les animaux ayant subi des accidents lors de la croissance, présentent, à 11 semaines, des performances productives équivalentes à ceux ayant eu une croissance normale.
Entre la 6ème et la 13ème semaine d’âge, le GMQ moyen du lapin de population Kabyle est semblable aux données mentionnées par ces auteurs (Berchiche et Kadi 2002). Toutefois, comparé à d’autres populations locales, le gain de poids de celle ci est plus élevé que celui du lapin Tadla au Maroc (Bouzekraoui 2002) et celui du lapin Giza White d’Egypte (Khallil 2002). Cette faible croissance serait probablement liée, d’une part, au potentiel génétique limité de ces populations locales et d’autre part, au déséquilibre nutritionnel de l’aliment utilisé, en l’occurrence son faible taux de protéines, qui induit une diminution de la consommation et par conséquent un ralentissement de la vitesse de croissance.
Par ailleurs, le GMQ moyen de la population blanche mesuré dans l’essai est relativement proche des résultats de ces études ( Zerrouki et al 2008 ; Lounaouci et al 2008). Il est cependant inférieur à celui des hybrides sélectionnés rapportés par Lebas et al (1991) et Combes et al (2005). Cet écart de GMQ pourrait être partiellement lié à la moindre consommation enregistrée dans nos conditions par rapport à celle du lapin standard (Laffolay 1985).
La consommation alimentaire est identique chez les deux populations étudiées et rejoint les données rapportées par Lakabi et al (2004) et par Lounaouci (2001) respectivement pour les populations Kabyle et Blanche. Par ailleurs, la progression de l’ingéré alimentaire en fonction de l’âge, révèle un accroissement moyen d’environ 35% chez les deux populations entre 6 et 10 semaines d’âge. Ce phénomène est rapporté par les travaux de Lakabi et al (2004) concernant la population Kabyle et par Chaou (2006) pour la population de l’ITELV. Il est intéressant de souligner que la baisse de consommation relevée à la fin de période d’engraissement chez la population Blanche coïncide avec le ralentissement de sa croissance comparativement à la Kabyle.
L’efficacité de transformation alimentaire reflétée par l’indice de consommation (IC), est comparable entre les deux populations étudiées. Notons, que nos valeurs de l’IC mesurées chez la Kabyle se rapprochent de celles citées dans des études antérieures réalisées sur la population locale de l’ITELV (Moulla 2006 ; Chaou 2006). De même, les IC relevés dans notre essai chez la Blanche avoisinent ceux rapportés par Lounaouci (2001). Par ailleurs, nous remarquons que l’IC évolue proportionnellement avec l’âge, avec à terme une dégradation prononcée en fin de période d’engraissement. Un tel phénomène, déjà rapporté par plusieurs auteurs (Ouhayoun 1989 et 1990 ; Torres et al 1992), constitue un critère délimitant l’âge d’abattage (Ouhayoun 1990) et variant selon la population considérée.
L’utilisation digestive de la cellulose brute et de la matière grasse sont quasi identiques chez les deux populations. En revanche, l’utilisation de la matière sèche, des protéines brutes et de l’énergie est significativement supérieure chez la population Blanche. De tels résultats sont aussi rapportés par Lounaouci (2001) chez les populations locales Kabyle et Blanche, avec toutefois des valeurs plus élevées que celles obtenues dans notre essai. Par ailleurs, l’écart de digestibilité de la fraction protéique constaté entre la Blanche et la Kabyle, pourrait être expliqué par une meilleure digestibilité des protéines chez les lapins sélectionnés sur la vitesse de croissance par rapport à la Kabyle (Cheriet et al 1982 ; Ouhayoun et al 1983 ; Lebas 1990). Chez le lapin, la digestion des constituants cellulosiques, dont le rôle est plus une fonction de « lest » que nutritive, est relativement faible par rapport aux autres constituants. Nos résultats montrent que la population Blanche présente des CUD plus faibles comparés à ceux mesurés chez des lapins de race Néo Zélandaise élevées en Egypte (Ayyat et al 1994 ; Yamani et al 1994). Ces différences de digestibilité peuvent être attribuées non seulement au potentiel génétique des souches mais aussi à la composition de l’aliment. Dans cet essai, l’estimation de la teneur en énergie digestible apparente de l’aliment est similaire entre les deux populations. De ce fait, ces dernières utilisent la même quantité d’énergie pour répondre à leurs besoins de croissance. Cette teneur (2670 EDkcal/kg) est supérieure à la norme recommandée par Carabano (1992) et Maertens (1996) estimée entre 2400 et 2500 ED kcal/kg d’aliment. Notons aussi que cette valeur est comprise dans l’intervalle de régulation de l’ingestion énergétique du lapin, qui est de l’ordre de 2150 à 2850 kcal/kg d’aliment (Gidenne et Lebas 2005). Le rapport protéines digestibles sur l’énergie digestible (PD/ED), qui reflète l’équilibre de la formule alimentaire, est semblable entre les deux populations mais demeure en moyenne inférieur au rapport optimum recommandé par Parigi-Bini (1988) et Maertens (1996) qui est de 45-46 g de PD/1000 kcal d’énergie digestible. Ce bas rapport est attribué à un excès d’énergie digestible par rapport à la faible quantité de protéines digestibles de notre ration.
Les composantes du rendement des animaux des deux lots abattus à 13 semaines d’âge sont quasi comparables entre les deux populations. Le degré de maturité est estimé à 67,8 % pour la population Kabyle et 54,4% pour la population Blanche. Le degré de maturité mesuré chez cette dernière est en concordance avec les valeurs énoncées par Ouhayoun, (1990) et Roiron et al (1992), situées entre 55 et 60%. En revanche, celui de la population Kabyle est plus élevé. Dans le cas où les recommandations proposées par Ouhayoun (1990), venaient à être appliquées, les animaux de la population Kabyle et Blanche seraient abattus aux poids respectifs de 1830 g et 1723 g, ce qui correspond à un abattage à l’âge de 11 semaines, et entraîneraient l’obtention d’une carcasse « légère » (Berchiche et al 1998). Selon Ouhayoun (1989 et 1990), la prolongation de la durée d’engraissement de 11 à 15 semaines est envisageable si l’on souhaite obtenir des carcasses plus lourdes, d’autant plus que les effets de l’âge et surtout du poids vif à l’abattage jouent un rôle important sur les qualités bouchères de la carcasse (Roiron 1991 ; Parigi-Bini et al 1996).
La proportion de la peau du lapin Kabyle est tantôt similaire tantôt différente de celle rapportée par certains auteurs (Berchiche et al 2000 ; Nezar 2007 ; Lounaouci 2001 ; Moulla 2006). Comparée à celle des souches sélectionnées, la proportion de la peau reste faible (Ouhayoun 1989 ; Rochambeau et al 1996), d’où l’hypothèse annoncée par Berchiche et al (2000) sur la légèreté de la peau qui pourrait être une caractéristique de la population locale d’Algérie. La population Blanche présente un pourcentage de la peau plus faible que celui observé chez la race Néo-Zélandaise et les hybrides commerciaux (Ouhayoun 1989). Selon Lebas et Ouhayoun (1987) cet écart peut être lié à l’adaptation de ces animaux au climat relativement chaud en Algérie.
La proportion du tractus digestif de la population Kabyle est similaire aux données bibliographiques (Berchiche et al 2000 ; Nezar 2007 ; Lounaouci et al 2008 ; Moulla 2006), et néanmoins, inférieure à celle mesurée sur le lapin standard (Ouhayoun 1989 et 1990). La proportion relativement réduite du tube digestif pourrait d’une part, être la conséquence de la prolongation de la durée de l’engraissement au-delà de 77 jours d’âge (Ouhayoun 1989), et d’autre part liée à la quantité de fibres fournies par l’aliment (Arveux 1991).
Le rendement de carcasse des lapins des deux populations est considéré comme acceptable comparé à la valeur prévisionnelle située entre 50 et 60% pour le lapin standard de format moyen (Ouhayoun 1989). Berchiche et Lebas (1990) et Berchiche et al (2000) rapportent que le poids vif à l’abattage des lapins de la population locale âgé de 13 semaines, est inférieur à celui des lapins sélectionnés, mais le rendement de carcasse est satisfaisant. La valeur élevée du rendement à l’abattage chez les deux populations comparativement au lapin standard, s’explique par les faibles proportions de la peau et du tube digestif (Ouhayoun 1989). De plus il est probable que l’abattage tardif à 13 semaines soit à l’origine de l’amélioration du rendement (Ouhayoun 1989 et Blasco 1992).
Le poids moyen du foie et sa proportion sont significativement élevés chez la population Blanche comparée à la Kabyle. Le foie est un organe qui se développe plus tôt (Jouve et al 1986), et les animaux dont la vitesse de croissance est accélérée ont également un développement de cet organe plus précoce (Lopez 1987). Selon Hernandez et al (2004), les animaux dont le degré de maturité est faible présentent un pourcentage des viscères (cœur, foie, reins et les viscères thoraciques) plus élevés.
L’état d’engraissement des animaux n’est pas différent significativement, bien que la proportion du gras péri rénal de la population Blanche soit plus élevé de près de 8% que celle de la Kabyle. L’excès de dépôt de gras chez les animaux sélectionnées est controversé selon différents auteurs (Pascual et al 2004 ; Larzul et al 2005 ; Larzul et Gondret 2005). Dans l’ensemble, les deux populations, présentent une faible adiposité de la carcasse. Selon Ouhayoun (1990), la vitesse de croissance moyenne retarde la mise en place des tissus tardifs tels que le tissu adipeux, d’où la réduction de l’adiposité.
Chez les deux populations, l’examen histologique des trois portions intestinales (duodénum, jéjunum et iléon) montre que la hauteur, la base, la surface ainsi que le ratio hauteur/base des villosités sont comparables, à l’exception de la base de la villosité du jéjunum qui est significativement plus élevée chez la Blanche, induisant ainsi une augmentation de la surface d’absorption. Ce résultat est en concordance avec les performances pondérales obtenues chez la population Blanche tel que suggéré par Gallois (2006). Notons que le jéjunum est la portion de l’intestin impliquée directement dans le phénomène d’absorption intestinale.
Les deux populations suivent une croissance similaire étant donné que leur consommation est identique. Néanmoins les lapines Blanches semblent avoir une meilleure digestibilité de l’aliment qui peut être liée à la grande surface d’absorption des villosités jéjunales. Comparée à la population locale, les lapines Blanches montrent un avantage certain sur la croissance qui est probablement lié à son statut d’origine de souche améliorée « hybride », avantage limité par le non renouvellement des reproducteurs et la déficience de l’aliment utilisé. Le poids des lapines à 91 jours d’âge des deux populations permet de les classer dans la catégorie de format léger.
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Received 24 July 2011; Accepted 24 November 2011; Published 1 December 2011