Livestock Research for Rural Development 21 (8) 2009 | Guide for preparation of papers | LRRD News | Citation of this paper |
La lapine peut être fécondée aussitôt après la parturition et conduire une gestation et une lactation simultanément. Cette étude a été réalisée afin de déterminer les effets du rythme de reproduction sur les performances zootechniques, la production laitière et la qualité du lait. Dans ce but, vingt lapines nullipares de population locale (Orictolagus cuniculus) ont été réparties en deux lots : intensif (I) et semi intensif (S), avec respectivement des saillies 2, 10 jours après la mise bas. Les femelles des deux lots reçoivent le même aliment granulé. Des prélèvements de lait ont été effectués chaque semaine pour voir la qualité de lait chez les lapines des deux lots.
Les résultats discutés à travers cette étude ne montrent pas de différence entre les performances des deux groupes sauf pour la taille de portée et la production laitière en faveur du lot S (différence significative à p<0.05). Il en résulte une production annuelle de lapereaux sevrés de 37.4 en (I) au lieu de 53 lapereaux par an en (S).
Mots clés: Algérie, composition du lait, consommation d’aliment, production laitière
The doe can be mated shortly after parturition and lead a gestation and a lactation at the same time. This study was realised to determine the effects of the rhythm of reproduction on zootechnical performances, milk production and the milk quality. For this purpose twenty nulliparous does of local population (Oryctolagus Cuniculus) were divided in two intensive (I) and semi intensive groups respectively mated 2 or 10 days after parturition. The females of both groups received the same granulated food. Samples of milk were performed every week to control the milk quality of the does of both groups.
Indeed, the results discussed through this study don’t show any difference between performances of both groups except for the litter size and the milk production which was highest in group (S) at p < 0.05. And the result is an annual production of weaned young rabbit of 37,4 in (I) instead of 53 young rabbit a year in (S).
Key words: Algeria, food consumption, milk composition, milk yield
A l’instar des pays en voie de développement, l’Algérie accuse un déficit préoccupant en protéines animales et cela malgré de nombreux programmes de développement de productions animales tel que l’intensification de l’aviculture qui n’a pas permis d’atteindre les objectifs arrêtés à cause de la dépendance de l’étranger en facteurs de production en particulier le matériel biologique et l’aliment.
Ainsi, les faibles performances d’une production extensive du bétail local et les performances insuffisantes du cheptel importé ont conduit les pouvoirs publics à s’intéresser à la promotion de l’élevage cunicole depuis 1985.
Les populations locales Algériennes présentent des caractéristiques importantes du point de vue de leur adaptation aux conditions alimentaires et climatiques Algériennes (résistance avérée à certaines maladies et à la chaleur).
En théorie, une lapine peut faire de 12 mise bas par an. En pratique, le mode de conduite le plus fréquent est la saillie 10 à 12 jours après la mise bas, avec donc un intervalle théorique entres mise bas de 42 jours (dont la moitié de cette période la lapine est simultanément en gestation et lactation) (Lebas et al 1996). La diminution de l’intervalle entre mise bas est compensée par la diminution de la taille de portée à la naissance (Bonanno et al 2004). Par conséquent, les études des interactions entre la gestation et la lactation chez la lapine doivent être suivies. Ainsi, l’objectif de notre étude est double, En premier lieu, il consiste à continuer d’étudier des performances de la population locale entamée antérieurement au sein de l’Institut technique des petits élevages (TELV) depuis 1991. En second lieu, déterminer l’effet du rythme de reproduction sur les performances de reproduction, la production laitière et la qualité du lait.
Les animaux sont de population locale (Nullipares) de phénotypes différents, les seuls critères de choix sont l’âge (7 mois), le poids (2100-3400g) et l’état sanitaire. Les femelles et les mâles mis en place sont au nombre respectivement de 43 et 7, issus de l’élevage de parents maintenus en population locale fermée depuis six générations, dans la station expérimentale de l’ITELV à Baba Ali. Les animaux sont logés dans une batterie de type Flat Deck, composée de cages individuelles, en grillage métallique, mesurant 70cm de long et 40cm de largeur. Elles sont munies de mangeoire individuelle, de tétine pour l’abreuvement et d’une boîte à nid pour les femelles. Dans la boîte à nid sont disposées des mangeoires et des abreuvoirs pour mesurer l’ingestion des lapereaux. La température et l’humidité enregistrées sont comprises entre 17C°-32C° et 34%-83% respectivement.
Alimentation
L’aliment utilisé durant l’expérimentation est granulé (4 mm de diamètre et 5-7mm de long). Les quantités distribuées ont été testées préalablement sur le même cheptel, au niveau de la Station de l’ITELV. Elles sont recommandées comme suit :
- Les reproducteurs mâles : 100g/jour
- Les reproductrices avant la saillie : 100g/jour
- Aprés palpation positive : 200g/j
- Aprés la mise bas : alimentation à volonté
Le Tableau 1 rapporte les résultats de la composition chimique de l’aliment.
La teneur moyenne en matières azotées totales, estimée à 13.8 % de la matière brute, est inférieure aux recommandations nutritionnelles de la lapine en semi intensif (17 – 17.5%) et en intensif (18 – 19%) (Lebas 2004).
Le taux de matières grasses et de cellulose sont conformes aux normes énoncées par Lebas (2004) comprises entre 3 et 5% pour les matières grasses et un minimum de 11% de cellulose brute exprimés par rapport à la matière brute.
Tableau 1. Composition chimique de l’aliment |
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Matière sèche % |
90,98 |
Matière minérale % |
4,2 |
Matière grasse % |
3,38 |
Protéines % |
13,8 |
Cellulose brute % |
11,19 |
Les saillies ont été réalisées vers la fin du mois d’Avril 2006 et la constitution des lots est faite après la première mise-bas.
- Le lot intensif ((I), n=10) : la femelle est présentée au mâle le deuxième jour post partum. La plupart des intervalles pratiqués s’étale de 1 à 4 jours post partum. Notre choix s’est porté sur la moyenne de 2 jours post partum.
- Le lot semi intensif ((S), n=10) : les femelles ont été saillies 10 jours après la mise-bas.
Le contrôle de la gestation se fait par palpation transabdominale 14 jours après la saillie. Trois jours avant la date présumée de la mise-bas, la boîte à nid est tapissée de coupeaux de bois sur lequel la femelle ajoute ses propres poils. Le sevrage est pratiqué à 28 jours pour le lot (I) et à 35 jours pour le lot (S).
Les analyses suivantes ont été réalisées sur l’aliment et le lait: matière sèche (MS) par dessiccation durant 24h à 103°C, cendres (MN) par calcination durant 5h à550°C, matière azotée (MA) totales (méthode de Kjeldhal).
La matière grasse (MG) du lait a été déterminée par la méthode acidobutyrométrique dite de Gerber.
L’analyse de variance à un facteur a été appliquée pour les performances zootechniques.
L’effectif total des lapines nullipares mises à la reproduction durant toute la période de l’essai est de 43 femelles. Au cours de cette période, le taux de réceptivité (représentant le nombre de femelles acceptant la saillie sur le nombre total des femelles présentées aux mâles rapporté à 100) enregistré est de 48,82%. Il a été procédé également à l’élimination et au remplacement de 13 lapines pour différentes causes : maux de pattes, cannibalisme, diarrhée, paralysie, infection génitale et mammites. Après la première mise bas vingt lapines ont été retenues et ont été suivies durant trois cycles de reproduction (10 lapines par lot).
Effet du rythme de reproduction sur les performances zootechniques
Les résultats de productivité des lapines de population locale selon le rythme de reproduction intensif (I) et semi-intensif (S) sont regroupés dans le tableau 2.Les femelles retenues en expérimentation ont enregistré un poids moyen à la saillie fécondante respectivement de 3054 g et 3188 g pour les lots I et S.
Par ailleurs, les poids à la mise-bas ont diminué de 7 % pour le lot (I) et de 9 % pour le lot (S). Toutefois l’analyse statistique n’a pas révélé de différence entre les lots. La taille de la portée à la naissance moyenne est supérieure dans le lot (S), l’écart estimé à 41% est différent (p<0,05). La répartition des tailles de portée à la naissance montre que 60 % des portées sont comprises entre 1 et 3 lapereaux dans le lot intensif, alors que 50% des portées du lot (S) enregistrent une taille entre 7 et 9 lapereaux.
Le poids moyen de la portée ainsi que celui du lapereau à la naissance et au sevrage ne sont pas significativement différents entre les deux lots. Par ailleurs, la taille de la portée au sevrage est plus élevée dans le lot (S) (6,1 vs 3,6 ; p<0,05), avec un écart de +4,1% (Tableau 2).
Tableau 2. Performances zootechniques globales obtenues pour la lapine de population locale selon le rythme de reproduction (intensif (I) et semi-intensif (S)). |
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Paramètres |
Lot I |
Lot S |
Nombre de femelles |
10 |
10 |
Age à la 1ère saillie (mois) |
10 |
10 |
Poids des femelles à la saillie, g |
3054a ± 298 (10) |
3188a ± 287 (9) |
Poids des femelles à la mise-bas, g |
2839a ± 270 (9) |
2903a ± 186 (6) |
Mortinatalité, % |
6 |
4 |
Taille de portée à la naissance (n°2) |
4,30a ±1,5 (31,8) |
7,40 b ±2,5 (32) |
Poids de la portée, g |
276a ±118 (42) |
356,5a ±65 (18) |
Poids moyen des lapereaux, à la naissance, g |
55a ±9,8 (17,9) |
52a ±14 (27) |
Poids moyen du lapereau au sevrage, g |
394,5a ±81 (20) |
408a ±121 (29) |
Taille de la portée au sevrage, lapereaux |
3,60a ± 2,2 (60) |
6,1 b ± 2,5 (40) |
Mortalité Naissance-Sevrage, % |
14 a |
2 b |
*Les chiffres suivis d’indices différents (a, b) sont significativement différents (p<0,05). (CV) |
En quatre semaines de lactation, la quantité de lait moyenne mesurée par la pesée de la lapine est respectivement de 2209,5 ± 1175g et 3130 ± 775g pour les lots (I) et (S). L’analyse statistique a révélé une différence significative (p<0,05) entre la production laitière totale des femelles des deux lots I et S (Tableau 3). Aussi, il est à remarquer que la variabilité des valeurs est plus importante dans le lot (I)
Tableau 3. Production laitière totale (g) des femelles du lot I et du lot S durant quatre semaines de lactation (g ; n = 10/lot). |
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Lot |
PL totale |
CV % |
I |
2209 ± 1175a |
53 |
S |
3130 ± 775b |
25 |
*Les chiffres suivis d’indices différents (a, b) sont significativement différents (p<0,05) |
La pesée des lapines allaitantes a débuté le lendemain de la mise-bas afin d’estimer la quantité de lait produite par jour. On note une évolution des courbes de lactation similaires pour les deux lots (figure 1). Le pic de production de lait se situe au 14ème jour pour le lot (I) et au15ème jour de lactation pour le lot (S). La production de lait chute brutalement dans le lot (I) ce qui correspond à l’approche de la mise-bas.
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|
Le tableau 4 décrit la composition chimique du lait de lapine en fonction du rythme de reproduction. Les femelles du lot I produisent un lait plus gras que celui des femelles du lot S (192,5 g/kg contre 133 g/kg) (p<0,05). La teneur en matière sèche de lait de lapine augmente avec l’évolution de la lactation. Les taux enregistrés progressent 24,8 % en première semaine à 38,3 % à la quatrième semaine pour le lot (S), et de 30,1 % à 39,1 % pour le lot (I).
Tableau 4. Composition moyenne de lait de lapine (% de la matière brute) (n = 5) |
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Lot |
Matière sèche |
Matière minérale |
Matière grasse |
Matière organique |
I |
27 ± 6,41 (23,6) |
6,56 ± 3,1 (47) |
19,2 a ± 14 |
93 ± 3,1 (3) |
S |
29 ± 9,7 (33) |
6,48 ± 2,6 (40) |
13,3 b ± 10 |
93,5 ± 2,6 (2) |
*Les chiffres suivis d’indices différents (a, b) sont significativement différents (p<0,05) (CV) |
La consommation moyenne journalière des femelles enregistrée dans les deux lots est identique (Tableau 5).
Tableau 5. Consommation moyenne des femelles d’aliment (g/j ; n = 10/lot) |
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Lot |
Consommation, g/j |
CV, % |
I |
357a ± 15 |
4 |
S |
357a ± 10 |
3 |
*Les chiffres suivis d’indices différents (a, b) sont significativement différents (p<0,05) |
La consommation des femelles (I) augmente régulièrement jusqu’à la fin du cycle de 1,54 % entre la première semaine et la quatrième. Alors que celle des femelles (S) passe par un pic situé à la deuxième et la troisième semaines pour revenir presque à la même valeur en première semaine (2446g/semaine).
La lapine est susceptible à un déficit énergétique intense durant la lactation, dû à une ingestion alimentaire insuffisante pour couvrir les besoins cumulés de la production laitière et de la croissance fœtale ce qui conduit à de faibles taux de fertilité (Lebas et al 1996). Les lapines suivent le rythme de reproduction qui leur est imposé (rythme 35 ou 42 jours), elles subissent une sollicitation nutritionnelle très importante. En effet, elles sont en permanence soit gestantes, soit allaitantes soit simultanément gestantes et allaitantes, sachant que les fonctions de gestation et surtout de lactation sont très coûteuses en énergie Cette situation explique en partie le problème de la fonte du cheptel en cuniculture très élevé (120%) (Fortun Lamothe 2003). Cependant, la relation entre la nutrition et la fertilité est bien connue, mais l’action des ressources alimentaires sur la reproduction reste encore à déterminer (Xiccato 1996).
Notre étude a pour objectif de déterminer le comportement de la lapine de population locale face à deux rythmes de reproduction, et tenter de comprendre en partie la stratégie de répartition des nutriments entre la lactation et la gestation entreprise par la lapine. L’altération du poids des femelles entre la saillie et la mise bas a été mise en évidence par plusieurs travaux. Sur la même population locale utilisée dans nos essais, Meskin (2003) a enregistré une perte de poids de 7,4 et 6,6 % respectivement avec des rythmes de reproduction intensif et semi intensif, avoisinant ainsi nos résultats. Par ailleurs, Moulla (2006) indique une diminution de poids de 3,1 % en semi intensif. Selon Xiccato (1999), la chute de poids entre la saillie et la parturition peut être expliquée par la proportion du contenu du tube digestif, plus faible à la mise bas puisque les femelles réduisent leur ingestion alimentaire durant la dernière semaine de gestation. Le contenu digestif varie fortement selon l’état physiologique de la femelle (gestation ou lactation). Ceci ne semble pas être le cas pour nos résultats puisque la consommation des femelles enregistrée n’est pas modifiée, elle tend même à augmenter pour le lot de lapines soumis au rythme intensif. Dans nos conditions expérimentales, si le poids diminue quand même, il est probable que la lapine utilise jusqu’à 7% de ses réserves corporelles. La taille de portée correspond au nombre de nés totaux (lapereaux nés vivants + lapereaux nés morts). Remas (2001), Maziz (2001) et Moulla (2006) rapportent respectivement une taille de portée de la population locale de 7,4 et 8,4 et 7,3 similaire à celle enregistrée durant notre expérimentation. Cependant la variabilité de ce paramètre reste importante (30% en moyenne). Comparée aux souches améliorées (INRA line A2006 x A 1077), la population locale présente une taille de portée inférieure de 23% (Fortun Lamothe et Prunier 1999). L’effet du rythme de reproduction sur la taille de la portée de la lapine a été déterminé par Meskin (2003). Cet auteur souligne que le rythme intensif a tendance à diminuer la taille de portée. Cette diminution s’explique, selon Bonanno et al (2004), par un phénomène d’alternance de portée de faible et de fort effectif qui apparaît comme un mode d’adaptation à des conditions difficiles. L’entretien d’une portée réduite n’est pas coûteux pour la mère qui arrive même à reconstituer ses réserves corporelles et entamer une nouvelle conception. Les résultats obtenus à travers notre expérimentation montrent que la consommation d’aliment ne varie pas au cours de la lactation et gestation et cela quelque soit le rythme de reproduction. Aussi, ce dernier n’affecte pas le niveau d’ingéré de la lapine. Il est admis que la consommation de la femelle diminue durant la dernière semaine de gestation et celle-ci n’ingère pas d’aliment durant le jour de la mise bas (Xiccato et al 1999).
Selon Parigi Bini (1990), la consommation d’aliment des femelles durant la gestation augmente de 25 à 50%. Pendant les trois premières semaines de gestation les besoins de croissance sont faibles et le bilan énergétique de la femelle est positif, il se traduit par une augmentation des réserves lipidiques (+65g).
Néanmoins, durant la dernière semaine de gestation les besoins énergétiques pour le développement de l’utérus gravide augmentent rapidement alors que la consommation baisse dans les jours précédant la mise bas donnant un bilan énergétique négatif Ceci entraîne un transfert de la matière grasse corporelle vers les fœtus (Fortun-Lamothe et Lebas 1994).
Durant la lactation, la consommation des femelles s’élève rapidement après parturition (60 à 75%), mais cette augmentation est insuffisante pour couvrir les besoins d’entretien, de production laitière et entraîne un bilan énergétique négatif et une considérable mobilisation de gras corporel (-50%) (Fortun-Lamothe 2005). Parigi Bini et al (1990) montrent qu’environ 80% de l’énergie de reproduction provient de la ration alimentaire et 20% de la mobilisation des réserves corporelles, ce qui augmente le déficit énergétique lorsque les femelles sont simultanément gestantes et allaitantes. Ceci est lié à l’existence d’un décalage relatif entre la mise en place de la production laitière, qui est relativement rapide, et l’augmentation de la capacité d’ingestion des lapines. Maziz (2001) rapporte que la production totale de lait de la lapine de population locale durant 28 jours, subissant un rythme de reproduction semi intensif est de 3190g, en accord avec nos résultats. Par ailleurs, Zerrouki et Lebas (2004) notent que la population locale kabyle produit en 21jours 2180g contre 2166g mesurée sur notre cheptel pour la même période et pour le rythme semi intensif. La répétitivité de ces valeurs témoigne de la stabilité de ce paramètre à l’intérieur de cette population au cours de ces années. Cependant, notons que le pic de lactation varie d’une étude à une autre: 19ème jour pour Maziz (2001), 17ème jour pour les résultats obtenus par Meskin (2003), et enfin 14ème-15ème jour pour nos résultats. Chez les lapines de race Californienne le maximum se situe au 17ème jour, alors que le fauve de Bourgogne le pic est atteint au 21ème jour après la mise bas (Lebas 1968).Les courbes de lactation des femelles soumises aux deux rythmes de reproduction, obtenues au cours de nos essais, ont une allure proche de la courbe de référence de lapines simplement allaitantes ou simultanément gestantes et allaitantes, énoncée par Lebas (1972). Elles présentent, toutefois, quelques irrégularités dues aux conditions d’élevage survenues au cours de l’essai (manque d’eau, températures élevées).
Cependant nos résultats indiquent que la production laitière totale enregistrée en 28 jours chez les femelles soumises au rythme intensif est significativement plus faible (p<0.05) que celles des femelles en semi intensif. Le même effet est relevé par Meskin (2003) chez la population locale élevée dans les mêmes conditions d’élevage à ambiance contrôlée. Il est bien connu que la production laitière entraîne des dépenses énergétiques très élevées due aux nombre de lapereaux allaités et à la valeur énergétique élevée de lait de lapine (Xiccato et al 1995) entraînant ainsi un bilan négatif à la fin de la gestation. Parmi les facteurs de variation de la production laitière, la taille de la portée serait le plus probable dans nos conditions d’expérimentation du fait de la différence de cette dernière au niveau des deux lots étudiés. Pour cela nous avons tenté de déterminer l’effet de ce facteur en équilibrant la taille de la portée dans les deux rythmes. La comparaison de la production laitière du sous-groupe de femelles du lot semi intensif ayant une taille de portée identique au lot de femelles soumis au rythme intensif indique toujours un écart de production laitière au profit des femelles du lot semi intensif. Il semblerait qu’il n’existe pas d’interaction de la taille de portée sur la production laitière, et que la diminution de cette dernière soit un effet propre au rythme de reproduction. Fortun-Lamothe et Gidenne (2000) montrent que la lapine, allaitant une portée importante, a un tractus digestif significativement plus grand (+10%) alors que le tissu adipeux est moindre (-41%), ce qui altère l’activité de reproduction. Aussi, le poids du tissu adipeux péri rénal est plus faible chez la femelle ayant allaité une portée importante que ce soit pendant une seule ou plusieurs portées successives (Fortun-Lamothe et al 2002). Bien que la production laitière augmente avec la taille de portée, la quantité de lait disponible pour chaque lapereau diminue linéairement avec cette dernière et cela durant les quatre semaines d’observation. La composition de lait de chaque espèce est destinée à couvrir les besoins que nécessite la croissance des petits. La vitesse de croissance très rapide des lapereaux exige un lait plus riche en nutriments (Khalil et al 2004). Par conséquent, comparé au lait de vache, de la chèvre ou de la brebis, le lait de la lapine est beaucoup plus riche en nutriments à l’exception de la teneur en lactose (Lebas 2002). La composition en MS et de MG du lait obtenue dans notre étude semble concorder avec les valeurs énoncées par Lebas (2002), à l’exception de la teneur en MM qui est trois fois supérieure à celle de la bibliographie. Les facteurs de variation influençant la composition chimique du lait de la lapine sont nombreux (Khalil et al 2004 ; Xiccato 1999). Nos résultats montrent que le rythme de reproduction intensif semble modifier la teneur en matières grasses du lait (+30%). Ainsi, au cours de ce rythme les besoins pour la production de lait et ceux pour la croissance s’additionnent sur une période relativement plus longue. Il semble que la compétition entre l’utérus gravide et la glande mammaire semble être au profit de cette dernière en rythme intensif (Fortun-Lamothe 2003) et plus particulièrement sur la qualité du lait. La matière grasse du lait est composée principalement de triglycérides, mais contient de faibles quantités d’acides gras libres, de phospholipides et de cholestérol. La teneur en acides gras du lait varie en fonction de la nature du régime alimentaire et de l’origine des animaux (Kowalska et Bielanski 2004).
Il convient d’en retenir la forte proportion d’acides gras à chaîne courte (C8 : 0 – C10 : 0) dont le total peut dépasser la moitié des acides gras totaux (Lebas 2002). Aussi, la composition chimique du lait varie durant la lactation selon les résultats de deux auteurs synthétisés par Lebas (2002). Ce dernier rapporte qu’à partir de la quatrième semaine de lactation, le lait de lapine s’enrichit en protéines et surtout en lipides, par contre sa teneur en lactose déjà faible, diminue encore pour devenir quasi nulle au delà du 30ème jour de lactation. Il est à souligner la richesse relative et absolue en calcium et en phosphore du lait de lapine (Lebas 2002).
La lapine locale se caractérise par une bonne réceptivité et une prolificité moyenne. Si elle est soumise au rythme de reproduction intensif (saillie 2 jours après la mise bas), elle privilégie la production laitière plutôt que le développement fœtal durant lequel il y a utilisation plus intense des métabolites énergétiques. La croissance des lapereaux ne semble pas être affectée par le rythme de reproduction mais un âge au sevrage précoce augmente sensiblement la susceptibilité des lapereaux aux troubles digestifs. Il serait donc pertinent de préciser les besoins nutritionnels des lapereaux sevrés précocement afin de pouvoir leur proposer une alimentation spécifique dés le sevrage. Enfin, une modification du rythme de reproduction par application de différents intervalles (4, 5 jours post-partum) peuvent être envisagés. Ceci induit une réduction de la durée de lactation et de l’âge de sevrage, permettant de diminuer les besoins de la femelle de façon sensible et d’améliorer sa longévité.
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Received 7 March 2009; Accepted 13 June 2009; Published 5 August 2009