Livestock Research for Rural Development 21 (12) 2009 | Guide for preparation of papers | LRRD News | Citation of this paper |
L’utilisation des différentes variétés de maïs grains cultivées en Algérie dans l’alimentation des ruminants est assujettie à la détermination de leurs valeurs nutritives. Le milieu, les techniques culturales et le niveau de fertilisation, influencent la valeur nutritive des matières premières récoltées. Les maïs importés dont les valeurs nutritives sont mentionnées dans les tables européennes, ont des taux inférieurs en matières azotées totales (3 points) et en lignine (0,3 points) par rapport à ceux produits localement. Les teneurs en unités fourragères sont faibles pour les variétés locales mais les taux de protéines digestibles intestinales sont plus importants. Leurs emplois pour l’établissement des formules alimentaires et leurs valeurs nutritives, permettront de mieux cerner les productions escomptées et d’être plus précis dans le calcul des rations du cheptel local.
Mots clés: alimentation, composition chimique, maïs, valeur énergétique et protéique
The use of the various varieties of maize cultivated in Algeria in the food of the ruminants is subjugated with the determination of its food value. The environment, the cultivation techniques and the level of fertilization, influenced the nutritional value of raw materials harvested. The imported maize whose nutritional values are listed in the European tables, have lower rates in total nitrogenous materials (3 points) and of lignine (0,3 points) with regard to those produced locally. The levels of fodder units are low for local varieties but the rate of intestinal digestible proteins are more important. Their uses for the establishment of the food formulae and their nutritive values, will allow to encircle better the expected productions and to be more precise in the calculation of the rations of the local livestock.
Key words: chemical composition, corn, energy and protein value, feed
La croissance démographique accrue, les conditions climatiques difficiles caractérisées par des précipitations qui accusent une grande variabilité mensuelle et surtout annuelle (Djellouli 1990), ont contribué à diminuer fortement l’autosuffisance alimentaire, entraînant une surexploitation des ressources génétiques naturelles. Cette situation a conduit à l’importation de produits agricoles (espèces et variétés) à haut potentiel génétique dans leur pays d’origine, qui n’ont pas toujours donné les rendements escomptés mais ont surtout contribué à la négligence voire l’oubli des variétés locales. Le cas du maïs est un exemple parmi tant d’autres, sauf que son utilisation dans le cadre de l’alimentation du bétail n’a pas pu être soutenue du fait d’être une plante sarclée qui demande des apports hydriques pas toujours disponibles en Algérie par manque de mobilisation de l’eau. Estimé à 3,5 millions d’unités gros bétail (UGB), le cheptel algérien est tributaire de l’importation des céréales notamment du maïs. L’importation des semences à haut rendement n’a pas résolu le déficit en grains de maïs du fait de la non maîtrise des techniques culturales et de l’indisponibilité en eau d’irrigation. Leurs valeurs nutritives une fois récoltés, restent tributaire du milieu dans lequel ils ont été semés.
L’utilisation des variétés de maïs locales, adaptées au milieu donc moins exigeantes en eau, peut être conçue à travers leurs intégrations dans les formules alimentaires de nos ruminants après caractérisation de leurs valeurs nutritives. De ce fait, elles contribueront même partiellement à diminuer la part des importations des produits alimentaires (viandes rouges et lait), en assurant un coût de revient des productions animales plus accessible aux consommateurs. De part un manque de débouché, la culture du maïs n’a été pratiquée que de façon traditionnelle sur des petites surfaces avec des rendements avoisinant 12qx /hectare (I.T.G.C 1995) sans technique culturale appropriée.
Les grains de maïs étudiés sont les variétés Cosmic, Filou, Atalis et Agora. Le nombre d’échantillons utilisés est de 10 par région et par variétés avec une contenance de 1000g que nous avons homogénéisé avant de prélever la quantité à analyser (200g). Ils ont été prélevés au niveau des Coopératives de Céréales et Légumes Secs (CCLS) localisées à travers l’Est du pays au cours de la même année de récolte. Les régions touchées sont celles des wilayas de Skikda, Tébessa, Souk Ahras, Constantine, Guelma et Batna. Ces dernières pratiquent en générale les mêmes conditions.
La composition chimique a été déterminée selon les méthodes de l’AOAC (1990) avec une répétitivité de 03. Les analyses ont portés sur la matière sèche, la matière azotée totale, la cellulose brute, la matière grasse et la matière minérale dont Ca et P. Les composés pariétaux ont été déterminés par la méthode de Van Soest et Wine (1967). La digestibilité in vitro de la matière organique a été déterminée par la méthode de Aufrère et Graviou (1996) dont l’équation est : DMO= 0,699DcellMO + 22,6 pour les aliments concentrés. Pour la dégradabilité théorique (DT) de la matière azotée, la méthode d’Aufrère et Cartailler (1988) a été employée avec comme équation DT= 0,91DE1 +15,10.
L’énergie brute a été déterminée par calorimétrie adiabatique.
Ils ont pour base les équations proposées par Sauvant et al (2004) pour le calcul des valeurs nutritives pour les ruminants.
Ces analyses ont été effectuées à l'aide du programme Statistica 6.0 ( StatSoft Inc. 2001)
La teneur en matière sèche de nos échantillons varie entre 90,6% (variété Agora) et 92% (variété Filou) (tableau 1).
Tableau 1. Composition chimique des grains des différentes variétés de maïs |
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Désignation |
MS % |
MAT |
CB |
MG |
MM |
Ca |
P |
91,5a ± 0,6 |
13,8a±0,9 |
2,8a±0,6 |
4,7a±0,6 |
1,7a±0, 2 |
0,2a±0,03 |
0,2a±0,07 |
|
Filou |
92,0b ± 0,9 |
13,5b±1,1 |
2,3b±0,4 |
4,3b±0,8 |
2,1b±0,5 |
0,1b±0,05 |
0,3a±0,05 |
Atalis |
91,6a ± 0,4 |
11,6c±1,3 |
2,6a±0,9 |
3,8c±0,3 |
1,4c±0,8 |
0,2a±0,02 |
0,2a±0,03 |
Agora |
90,6c ± 0,8 |
13,4b±0,8 |
2,9a±0,3 |
4,6a±0,9 |
1,5c±0,1 |
0,2a±0,08 |
0,3a±0,02 |
Moyenne |
91,4 ± 0,5 |
13,09±0,8 |
2,65±0,2 |
4,35±0,3 |
1,7±0,3 |
0,17±0,04 |
0,2±0,05 |
MS : matière sèche, MAT : matière azotée totale en % de MS, CB : cellulose brute en % de MS, MG : matière grasse en % de MS, MM : matière minérale en % de MS, Ca : calcium en % de MS, P : phosphore en % de MS |
La moyenne est de 91,4%.Cette teneur en matière sèche est influencée par le mode de conservation et les techniques de stockage. Le taux de matière grasse est le plus important de l’ensemble des autres céréales. Il est en moyenne de 4,35% de MS résultat qui se rapproche de ceux de Jarrige (1988) (4,7% de MS), Sauvant et al (2004) (4,2% de MS) et Levesque et al (2006) (4,2% de MS). Le taux de matière minérale fluctue entre 1,4% de MS (variété Atalis) et 2,1% de MS (variété Filou) avec une moyenne de 1,7% de MS qui est supérieure aux valeurs trouvées par Skiba et al (2005) (1,47 et 1,55% de MS). La teneur moyenne en phosphore faible (0,2% de MS) reflète le niveau de fertilisation inexistant mais le taux de calcium important (0,17% de MS) révèle la nature alcaline des sols algériens. Le taux de cellulose brute est identique à la valeur obtenue par Jarrige (1988) (2,7% de MS) et varie de 2,48 à 3,07% de MS (Levesque et al 2006).Le taux de matière azotée totale moyen (13,09% de MS) domine les résultats de plusieurs auteurs exprimés en % de MS (10,1% Jarrige 1988, 11,1 à 12,3% Skiba et al 2005, 7,91 à 9,05% Levesque et al 2006 et 9,4% Sauvant et al 2004).
La valeur moyenne en NDF (14,9% de MS) est fluctuante en fonction des variétés (tableau 2).
Tableau 2. Composés pariétaux des grains des différentes variétés de maïs en % de MS |
|||
Désignation |
NDF |
ADF |
lignine |
13,6a ±1,6 |
3,8a ±0,8 |
0,9a±0,3 |
|
Filou |
15,3c± 1,4 |
4,1 a±1,1 |
0,5b±0,5 |
Atalis |
16,6b ±0,9 |
3,9 a±0,6 |
0,7a±0,1 |
Agora |
14,1a±1,3 |
3,6 b±1,2 |
1,1c±0,9 |
Moyenne |
14,9 ±1,2 |
3,8 ±0,2 |
0,8±0,2 |
NDF : neutral detergent fiber ; ADF : acid detergent fiber |
La variabilité est forte entre 9,4 et 24,3 pour Skiba et al (2005). Les valeurs en ADF avec un maximal de 4,1% de MS (variété Filou) et un minimal de 3,6% de MS (variété Agora) prennent une moyenne de 3,8% de MS, laquelle rejoint la valeur exprimée par Jarrige (1988) (3,5%), mais sont moins importantes que les valeurs avancées par Levesque et al (2006) (4,3 à 4,6%). Ces valeurs sont fonction des variétés étudiées (Skiba et al 2005) (1,99 à 5,54% de MS). La teneur en lignine qui influence la digestibilité de la matière organique est en moyenne de 0,8% de MS. Cette valeur importante pour nos échantillons est une des conséquences de leurs cultures dans la zone semi aride. Les valeurs des maïs européens en lignine ne dépassant pas 0,5% de MS (Skiba et al 2005 et Levesque et al 2006).
La digestibilité moyenne de la matière organique (87,7%) est inférieure aux résultats de Jarrige (1988) (90%) et de Sauvant et al (2004) (89%) (tableau 3).
Tableau 3. Dégradabilité théorique de la matière protéique (%), digestibilité de la matière organique (%) et teneurs en énergie brute (kcal/kg de MS) des grains des différentes variétés de maïs |
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Désignation |
DT |
DMO |
E B |
Cosmic |
47,6±0,5 |
88,3±1,1 |
4488±32,2 |
Filou |
48,3±0,8 |
86,4±0,7 |
4440±28,3 |
Atalis |
49,6±0,6 |
87,1 ±0,4 |
4420±25,6 |
Agora |
49,1±1,1 |
89,1±0,9 |
4486±31,2 |
Moyenne |
48,6±0,8 |
87,7±1,0 |
4459±29,4 |
DT : dégradabilité théorique de l’azote ; DMO : digestibilité de la matière organique ; EB : énergie brute |
La dégradabilité théorique moyenne des protéines (48,6%) rejoint la valeur exprimée par Sauvant et al (2004) (49,7%). Le taux d’énergie brute moyenne (4458g/kg de MS) est inférieur aux données de Jarrige (1988) (4510g/kg de MS) et de Skiba et al (2005) (4526 à 4667g/kg de MS) mais rejoint la valeur formulée par Sauvant et al (2004) (4467g/kg de MS).
La valeur UFL moyenne (1,19/kg de MS) est comprise entre un maximal de 1,22/kg de MS (variété Agora) et un minimal de 1,16/kg de MS (variété Filou) (tableau 4).
Tableau 4. Teneurs en UFL et UFV (/kg de MS) des grains des différentes variétés de maïs |
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Désignation |
UFL |
UFV |
Cosmic |
1,21±0,03 |
1,21±0,06 |
Filou |
1,16±0,05 |
1,16±0,08 |
Atalis |
1,17±0,08 |
1,17±0,02 |
Agora |
1,22±0,06 |
1,23±0,07 |
Moyenne |
1,19±0,02 |
1,19±0,03 |
UFL : unité fourragère pour la lactation ; UFV : unité fourragère pour la viande |
Ces données sont inférieures à la valeur trouvée par Jarrige (1988) (1,27/kg de MS). La valeur UFV moyenne (1,19/kg de MS) est au deçà de la valeur exprimée par Sauvant et al (2004) (1,23/kg de MS) et celle de Jarrige (1988) (1,29/kg de MS)
Sur l’ensemble des variétés étudiées, les valeurs en PDI sont plus importantes pour la variété Cosmic (tableau 5).
Tableau 5. Teneurs en PDI en g/kg de MS des grains des différentes variétés de maïs |
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Désignation |
PDIA |
PDIN |
PDIE |
Cosmic |
70,8 ±7,2 |
104 ± 6,9 |
142 ± 3,18 |
Filou |
68,2±6,3 |
1014±7,3 |
138 ± 5,2 |
Atalis |
56,8±5,4 |
86,3±6,1 |
129 ± 3,21 |
Agora |
66,6±7,8 |
100±5,8 |
139 ± 5,1 |
Moyenne |
65,6 ±5,3 |
98,0±6,9 |
137 ± 4,88 |
PDIA : Protéines digestibles dans l’intestin d’origine alimentaire ; PDIE : protéines digestibles dans l’intestin permises pour l’énergie ; PDIN : protéines digestibles dans l’intestin permises pour l’azote. |
La variété la moins pourvue est Atalis. Les valeurs moyennes de différentes variétés en PDIA, PDIN et PDIE sont plus importantes que les valeurs avancées par Jarrige(1988) (61, 82 et 120g/kg de MS respectivement) et Sauvant et al (2004) (53, 74 et 97,2g/kg de MS respectivement).
La valeur nutritive moyenne des variétés de maïs grains cultivées en Algérie révèle une faiblesse dans la teneur en unités fourragères tant en lait qu’en viande mais une supériorité en PDI par rapport aux variétés cultivées en Europe. On note à travers la composition chimique une meilleure teneur en MAT qui est liée à la valeur génotypique de nos variétés. Le taux élevé de cellulose brute et surtout de lignine est probablement lié au milieu semi aride dans lequel elles sont cultivées.
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Sauvant D, Perez J M et Tran G 2004 Table de composition et de valeur nutritive des matières premières destinées aux animaux d’élevage. INRA édition. 2ème édition revue et corrigée p 301
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Received 13 August 2009; Accepted 20 October 2009; Published 3 December 2009