Livestock Research for Rural Development 20 (6) 2008 Guide for preparation of papers LRRD News

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Etude de la composition chimique des rebuts de dattes et des principales variétés de dattes communes à faibles valeurs marchandes, en vue de leur utilisation en alimentation du bétail

L Boudechiche*, A Araba**, A Chehma***, R Ouzrout* et A Tahar****

* Institut d’Agronomie, Centre Universitaire d’El Tarf, B.P 73, 36000. Algérie
boudechiche_lamia@yahoo.fr
** Département des productions animales, Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II, Rabat - Instituts, Maroc
a.araba@gmail.com
*** Laboratoire de recherche, Protection des écosystèmes en zones arides et semi-arides, Université de Ouargla, Algérie
madjidchehma@yahoo.fr
**** Département de Biologie, Université Badji Mokhtar, Annaba, Algérie

Résumé

L’évaluation de la composition chimique des rebuts de dattes et des variétés communes algériennes n’a fait l’objet que de peu de travaux. L’étude présentée a pour but de recenser d’une part les dattes communes, représentatives du patrimoine phoenicicole algérien, et d’autre part d’évaluer les qualités nutritionnelles liées surtout à leur teneur en sucres permettant ainsi d’ouvrir la voie vers une valorisation en alimentation animale et une amélioration de la valeur marchande de ces variétés menacées d’érosion génétique.Pour ce faire, vingt cultivars (variétés et rebuts confondus), échantillonnés au niveau de trois sites du sud-est algérien ont été choisis suite aux enquêtes qui ont été réalisées au niveau de trente et une exploitations réparties à travers ces sites.

 

Les différences significatives entre les variétés des: matières sèches, matières azotées totales, sucres totaux et fibres (avec P< 0,001) témoignent d’une grande diversité variétale. 95% des variétés présentent des teneurs en sucres totaux supérieures à 60% dont la plupart sont des sucres hydrosolubles, facilement fermentés par la population microbienne du rumen et générant de ce fait une énergie profitable à l’animal. Mis à part le groupe constitué de la variété Litima qui a présenté le taux d’humidité le plus élevé, toutes les autres variétés se prêteraient facilement à la conservation par séchage à l’air libre. Enfin les fibres, qui maintiennent l’activité microbienne à bon niveau, calculées à partir des pourcentage des: NDF, ADF et ADL, témoignant de la digestibilité d’un aliment, sont présentes en quantité assez faible (max 17%) d’où l’intérêt d’associer une source fourragère dans la ration. En fait, quelque soit leur teneur, la seule présence de ces fibres prouve que ces dattes sont des aliments ligno–cellulosiques  pouvant être valorisées par les ruminants. Enfin Sich de la variété Deglet nour, appelée ainsi en milieu oasien, a enregistré le taux le plus élevé en protéines (4,07%). Les dattes étant très pauvres en cet élément doivent être corrigées par un apport azoté.

 

Les caractéristiques des variétés étudiées peuvent s’avérer utiles pour la consommation animale, surtout dans les régions où ces ressources sont disponibles

Mots clés: alimentation, Algérie, dattes, productions animales, qualité, variétés



Study of chemical composition of date wastes and main common varieties of low market value, for use in animal feed

Abstract

The evaluation of the chemical composition of scrap dates and varieties common Algerian has been very little studied. The present study aims to identify a common share dates, representative of phoenicicole Algerian heritage, and secondly to evaluate the nutritional qualities linked primarily to their sugar content thus paving the way for a recovery in animal feed and an improvement in the market value of these varieties threatened by genetic erosion.
To do this, twenty cultivars (varieties and scrap together), sampled at three sites in the south-east of Algeria were chosen following the investigations that have been carried out at thirty-one farms across these sites.


The significant differences between varieties of: solids, total nitrogen, total sugars and fibers (P <0001) show great varietal diversity. 95% of varieties present levels of total sugars greater than 60%, most of which are water-soluble sugars, fermented easily by the rumen microbial population and thereby generating an energy benefit to the animal. Apart from the group consisting of the variety Litima who introduced the humidity higher, all other varieties would lend themselves easily to conservation by drying in the open air. Finally fibres, which retain microbial activity at the right level, calculated from the percentage of: NDF, ADF and ADL, reflecting the digestibility of a feed, are present in relatively small quantities (max 17%) where the importance of associating a source forages in the diet. In fact, whatever their content, the mere presence of these fibers proves that these dates are foods ligno-cellulosic that can be valued by ruminants. Finally Sich, the Deglet Noor variety, named in the oasis, has recorded the highest rate of protein (4.07%). The dates that are very poor in this component should be corrected by a nitrogen supply.


The characteristics of the varieties studied can be useful for animal consumption, especially in areas where these resources are available.

Keywords: Algeria, dates, food, livestock farming, quality, variety


Introduction

La réflexion que nous ambitionnons de développer part d’un constat inquiétant à savoir qu’à la sous nutrition d’une partie importante de la population (près de 40% ne disposent que de moins de deux dollars par jour) s’ajoute la malnutrition de franges de plus en plus larges. Cette malnutrition est entre autre visible au travers de la destructuration de la ration alimentaire de l’algérien moyen et particulièrement au travers de la diminution  tendancielle de l’apport protéique d’origine animale dans cette ration avec tout son chapelet de dommages collatéraux sur la santé des populations.

 

Or la nécessité devenue impérieuse d’une réduction de ce déficit alimentaire passe par une vigoureuse politique préalable d’intensification des performances productives du cheptel national, le succès de cette dernière est conditionné lui-même par, entre autres facteurs (conduite des élevages, amélioration génétique, …) par une non moins vigoureuse et révolutionnaire politique de développement d’une alimentation animale en rapport avec des besoins immenses, conformes aux normes nutritionnelles, disponible et surtout accessible en terme de prix à toutes les catégories sociales d’éleveurs. C’est précisément ce dernier point qui sera l’objet de ce présent travail qui vise à engager une réflexion sur la possibilité, la faisabilité et la pertinence d’une reformulation de la confection de l’alimentation animale industrielle en y intégrant, en proportions à étudier, des matières premières et sous produits locaux, afin à la fois d’améliorer la valeur ajoutée en amont des fournisseurs de ces constituants et de parvenir à une compression des coûts financiers de l’alimentation actuelle, qui sont prohibitifs, ses éléments constitutifs étant entièrement importés. En effet, l’Algérie importe près de 460 000 T de résidus et aliments préparés pour animaux à raison de 111 500 USD (CNIS 2005). Ainsi par le biais des objectifs cités, c’est le secteur fournisseur de cette matière première, qui place l’Algérie au 7ème rang des productions mondiales, qui connaîtra un essor  par la constitution d’un débouché appréciable. En effet, l’Algérie produit près de 500 000T de dattes (ONS 2006) dont 55 % est constitué de dattes nobles de variété « Deglet nour », le reste englobe des dattes communes, faiblement commercialisables sur les marchés intérieurs car ne trouvant pas preneurs (faible demande solvable) et nullement appréciées sur les marchés extérieurs du fait, d’une part, de la concurrence par des variétés élites et d’autre part un manque de professionnalisme en matière de courtage sur un marché international très monopolisé et très contraignant sur les normes et calibrages de produits. En effet, les problèmes de commercialisation des dattes algériennes sont le résultat d’un certain nombre de contraintes dont les principales sont: présentation peu satisfaisante des fruits, due principalement au mode traditionnel de récolte, de stockage et de conditionnement, des difficultés de conservation liées en particulier à l’importance des dattes molles et à l’absence de traitement des dattes aussi bien avant qu’après la récolte. Tous ces facteurs engendrent une dépréciation et une mévente de ces variétés communes qualifiées de faible valeur marchande dont 25% de dattes sèches et 20% de dattes molles. De ces dernières, une infime partie est destinée à la transformation agro alimentaire (pâte de datte) et à l’autoconsommation. Les dattes sèches comptabilisent, à elles seules, près de 125 000 T, variables en fonction des conditions agro climatiques. A cela s’ajoute les rebuts de dattes qui sont en chiffre croissant proportionnellement à l’augmentation de la production dattière puisqu’ils ont été estimés à  67 500 T en 2000 (Chehma et al 2000)  et à 100 000 tonnes en 2006 (Chehma et al 2007), constitués principalement par « Hachef » qu’on destine à l’alimentation du bétail.

 

Matériel et méthodes

Matériel végétal

 

Vingt variétés de dattes, dont cinq rebuts, provenant de sites oasiens enquêtés, ont été retenues pour cette étude, il s’agit de: Tinicine (Tin), Arechti (Arche), Takemust (Tak), Tafzaouin (Tfz), Kahlaya (Kah), El Aoula (Aou), Litima (ltm), El mahkmouj (Mkh), Tantabacht (Tbch), Mech degla beida (Mdg), Ksiba (Ksb), Hachef degla (Hdg), Hamraya (Ham), M’farouia (Fra), El Hora (Hra), Echemroukh (Ech), Bouhlasse (Bhs), hachef ghars (Hgh), Messouhi (Dbe), Sich de Deglet nour (Dn).

 

Hachef degla, hachef ghars sont deux rebuts, ce sont des dattes sèches avariées, n’ayant pas atteint la date de maturation, tandis que la Deglet nour est un rebut dont les fruits sont parthénocarpiques, c.a.d. issus de fleurs non fécondées, appelés en milieu oasien « Sich ». Quant à El Mahkmouj et M’farouia, ce sont des rebuts issus de dattes piquées et donc déclassées.

 

Enquêtes sur les conditions d’utilisation des dattes et leurs déchets en milieu oasien

 

Trente et une exploitations oasiennes  se situant au niveau de  trois sites du sud-est algérien, à savoir: Biskra, El oued et Ouargla ont été enquêtées. En effet, ces zones phoenicicoles générant 77 % de la production dattière enregistrent à elles seules 384 929 Tonnes (OND 2006) réparties en 150 000 Tonnes pour la région seule d’El oued. Quant à la part de ces dattes de faible valeur marchande, elle serait de 115 478 Tonnes pour ces trois régions.

 

Le but de ces enquêtes étant de se rapprocher des « savoirs locaux »immémoriaux des milieux oasiens, grands utilisateurs traditionnels des dattes et leurs déchets dans l’alimentation traditionnelle de leurs troupeaux. Il importait aussi de dénombrer et d’identifier les variétés de dattes les plus couramment utilisées par ces éleveurs traditionnels et leur mode d’utilisation.

L’exploitation de ces enquêtes permettra de déterminer et sélectionner les variétés les plus couramment utilisées dans ces milieux qui seront finalement éligibles aux analyses de la composition chimique.

 

Méthodes analytiques

 

Les analyses classiques effectuées sur les échantillons ont été réalisés au Département des Productions Animales de l’Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II, Rabat, Maroc, et ont concerné les teneurs en matière sèche et en matières azotées totales qui ont été déterminées selon les méthodes AOAC (1990).

La détermination des sucres  totaux  a été caractérisée par deux étapes:

- Une extraction des glucides hydrosolubles;

- Un dosage des sucres totaux par la méthode Phénol - acide sulfurique selon Dubois et al (1956).

La détermination des constituants pariétaux (NDF, ADF et ADL) par traitement aux détergents neutre et acide et à l’acide sulfurique respectivement a été réalisée selon Van Soest et Winne (1967).

 

Analyse statistique des données

 

Des analyses de la variance à un seul critère de classification où les variétés de dattes constituent le seul facteur étudié, ont été réalisées pour chacun des paramètres par le logiciel MINITAB (version 13.31.fr).  Une analyse de la variance multivariée a aussi été réalisée afin de comparer les six paramètres entre eux.

 

La méthode de la p.p.d.s (la plus petite différence significative), a permis après rejet de l’hypothèse d’égalité des moyennes de rechercher, paramètre par paramètre les groupes homogènes de moyennes. Une analyse en composantes principales a été réalisée pour étudier les structures des corrélations entre les paramètres étudiés.

 

Résultats et discussion

Résultats des enquêtes

 

Disponibilité des rebuts de dattes

 

Selon les enquêtes effectuées, la part des rebuts de dattes varie annuellement. De 0,2 Tonne  pour les petites exploitations à 1,5 Tonne pour les grandes, pour une production de dattes oscillant de 0,1 Tonne à 70 Tonnes. En outre, selon les agriculteurs, les rebuts apportent aux populations un revenu appréciable supérieur à celui de certaines cultures pratiquées dans ces  zones arides. Ce qui mène à conclure que les rebuts de dattes qui sont présents en quantités non négligeables dans les zones phoenicicoles s’avèrent être un important débouché rémunérateur.

 

Mode d’utilisation des rebuts et variétés communes par le bétail

 

Il s’est avéré, selon ces enquêtes, que 77,4% des agriculteurs utilisent ces rebuts et variétés pour l’alimentation de leur cheptel constitué en majeure partie d’ovins et ceci à raison de  82,4% du cheptel. Quant au mode d’utilisation; 75% les distribuent en l’état d’autant plus que les variétés sont sèches.

 

Périodes d’utilisation des rebuts et variétés communes dans l’alimentation animale

 

Les dattes communes et les rebuts sont utilisés comme aliment pour les animaux d’élevage durant toute l’année. Par ailleurs, 35% des gens enquêtés utilisent ces ressources, plus fréquemment, durant la période hivernale caractérisée par la rareté d’herbe. Cette distinction des périodes d’utilisation est due aux variations des disponibilités de l’herbe sur les parcours pastoraux, des quantités stockées d’aliments de bétail qui est à leur disposition et des quantités récoltées en une saison. En effet, les éleveurs ayant une importante récolte en dattes communes et en rebuts, qui ont un stock alimentaire faible ou qui n’ont pas accès aux parcours riches en espèces pastorales, ont plus de tendance à utiliser ces ressources pendant une plus longue période.

 

Quantités distribuées

 

Une fois les dattes et rebuts récoltés, ils sont distribués aux animaux. Pour 80% des éleveurs enquêtés, les quantités ne doivent excéder les 2 Kg (CV=15%) par tête et par jour pour les ovins et les caprins, cette restriction est due à leur richesse en sucres pouvant être à l’origine d’une acidose à cause du transit rapide de l’aliment. Cette situation étant parfaitement décrite par les éleveurs.

 

Par ailleurs, les dattes et rebuts sont donnés seuls ou mélangés à d’autres ingrédients, notamment de la paille et du son dans la ration journalière, ceci étant valable pour les ovins, les caprins ou les bovins.

 

Résultats de la composition chimique

 

Pour chacun des paramètres: matière sèche, matière azotée totale, fibres et sucres totaux, les différences entre les vingt variétés sont apparues très hautement significatives (p< 0,001), ce qui prouve que ces variations témoignent d’une grande diversité variétale.

 

Matière sèche

 

Les variétés les plus sèches sont: Tafzaouin (94,69%) formant un groupe à part, El Makhmouj (91,45%), Mech degla beida (91,44%) et El Hora (91,27%) qui forment pour leur part un groupe significativement différent des autres de part leur pourcentage de matière sèche élevé, opposent avec le 1er groupe, celui des variétés les plus humides, constitué de la variété Litima (74,45%) (Figure 1). Ce résultat est proche de celui publié par Belguedj (2000) (71,75%).  De ce fait, mis à part la variété humide Litima, toutes les autres présentent des pourcentages en matière sèche élevés, d’où leur utilisation en l’état, sans séchage.



Figure 1.
 Matières sèches des principales variétés de dattes  communes algériennes


Matières azotées totales

 

Les teneurs en matières azotées totales varient de 1,38% à 4,07% (Figure 2) avec des chevauchements importants entre les groupes homogènes de moyennes. Les teneurs les plus élevées sont enregistrées pour Sich de la variété Deglet nour  (4,07%), Tafzaouin (3,84%) et Litima (3,49%) formant un groupe homogène de moyennes. Par contre celui constitué par: Messouhi, El Aoula, Ksiba, Mech Degla Beida, M’Farouia et Kahlaya dont les taux de matières azotées totales sont de: 1,38%, 1,71%, 1,84%, 1,97%, 2,00% et 2,01% respectivement pour chacune d’entre elles, présente les valeurs les plus faibles significativement.



Figure 2.
 Matières azotées totales des principales variétés de dattes communes algériennes (en % MS)


En comparaison à vingt variétés de dattes marocaines dont les teneurs en protéines varient de 1,8% à 4,22% et à cinquante cinq variétés de dattes saoudiennes dont les teneurs en protéines varient de 1,8% à 2,9%, les dattes algériennes sont plus proches, du point de vue teneur en protéines des dattes marocaines et plus riches que les variétés saoudiennes.

 

Cependant, toutes les variétés qui ont fait l’objet  de plusieurs études par différents auteurs dans divers pays ont prouvé que les dattes étaient déficientes en protéines et devraient être complétées par un apport azoté. Cependant, leur digestibilité est très variable; elle passe d’une digestibilité nulle pour Rihani et Guessous (1985) à 69,42% pour Chehma et al (2000); ces différences enregistrées seraient entre autre surtout d’ordre variétal.  Le potentiel d’utilisation des dattes reste limité du fait de leur faiblesse en matières azotées (Hegazi et Salem 1971). Il est donc nécessaire de corriger ce déficit protéique afin de valoriser les dattes et leurs rebuts en alimentation animale en les mélangeant à des denrées permettant de combler ce déficit (Estanove 1990).

 

Les sucres totaux

 

Les teneurs les plus élevées en sucres totaux sont observées pour Litima (76,18%) et Tinicine (73,97%) formant un groupe homogène distinct (Figure 3).



Figure 3.
  Sucres totaux des principales variétés de dattes communes algériennes (en % MS)


El Hora (59,70%), Hamraya (61,09%), Tafzaouin (62,52%), Messouhi (62,13%), El Makhmouj (62,61%) et Hachef ghars (62,93%) ont par contre présenté des taux de sucre significativement inférieurs à ceux des autres variétés. Les résultats sont identiques à ceux trouvés par Hegazi et Salem (1971) (72,52%) pour des variétés égyptiennes.

 

Le pourcentage en sucres totaux est corrélé négativement avec celui de la matière sèche (avec R² = 54,7%; P=0,0001, ST=126,052-0,68 MS (Figure 4).



Figure 4.
 Sucres totaux et matières sèches des principales variétés de dattes communes algériennes


Du fait de leur teneur importante en sucres totaux, ces dattes communes peuvent constituer un concentré de haute valeur énergétique, ce qui encourage leur incorporation en alimentation animale.

Sachant que la fraction glucidique des dattes est constituée essentiellement de glucose, fructose et saccharose (Cook et Furr 1952) avec de fortes proportions de glucose et de fructose (Harrak et al 2005) ceci peut constituer un atout majeur car les glucides hydrosolubles sont totalement fermentés dans le rumen (Andrieu et al 1981) ce qui justifie leur utilisation en alimentation animale.

 

Les composés pariétaux: NDF, ADF et ADL (Neutral Detergent Fiber, Acid Detregent Fiber et Acid Detergent Lignin)

 

Les paramètres NDF, ADF et ADL, témoins du taux de fibres, sont corrélés positivement entre eux:

NDF et ADF: R² = 74,9 %; P= 0,0001, NDF=1,37 + 1,26 ADF (Figure 5);

NDF et ADL: R² = 49,7%; P=0,001;

ADF et  ADL: R²=85,5%; P=0,0001.



Figure 5.  
Variation des paramètres NDF et ADF des principales  variétés de dattes  communes algériennes (en % MS)


Il en résulte que nous retrouvons en toute logique les mêmes variétés de dattes ayant les taux les plus élevés en ces paramètres, à savoir Hamraya, Hachef ghars et Bouhlasse qui forment un groupe homogène se distinguant des autres variétés (tableau 1).


Table 1.  Composition en fibres des principales variétés de dattes  (% MS)

Variétés

NDF

ADF

ADL

Bouhlasse

17,45±0,39

10,75±0,24

6,23±0,13

Hachef ghars

15,21±0,70

11,18±0,34

6,98±0,34

Hamraya

13,80 ±1,37

9,95±0,48

6,75±0,32


La teneur NDF du cultivar Bouhlasse est la seule à se rapprocher de celle avancée par Rihani et Guessous (1985) (19%) pour des variétés marocaines. Du fait de leur faible teneur en lignine (<7%) selon Khal (1982) les dattes enregistrent une bonne digestibilité de la cellulose brute estimée à  50,27% (Chehma et al 2000). Vu leur fibrosité, les dattes communes peuvent être considérées comme produit ligno – cellulosique pouvant être, majoritairement, valorisé par les ruminants. Les dattes communes analysées ont présenté pour la plupart des pourcentages faibles en composés pariétaux; exception faite pour la variété Bouhlasse, ce qui inciterait un apport en  fourrages grossiers, qui sont riches en cellulose brute, dans les rations proposées aux ruminants si celles- ci s’avèrent pauvres en fibres.

 

L’analyse en composantes principales

 

L’analyse en composantes principales des six paramètres étudiés permet de retenir que le premier axe, qui explique 46% de la variabilité totale est lié aux teneurs en fibres (NDF, ADF et ADL), corrélés fortement entre eux. A l’extrême droite de cet axe, on retrouve Hachef ghars, Bouhlasse et Hamraya qui forment un groupe homogène. Le second axe, qui explique 30% de la variabilité totale, oppose le taux en sucres totaux à celui de la matière sèche, corrélés négativement entre eux (r = - 74%). En haut de cet axe, on retrouve les variétés de la catégorie de dattes humides dont le taux en sucres totaux est élevé et dont la matière sèche est faible (représenté par Litima et Tinicine) et en bas du même axe, on retrouve les variétés rattachées au groupe de dattes sèches qui possèdent les caractéristiques inverses.

 

Le 3ème axe, qui explique 16% de la variabilité totale est lié aux teneurs en matières azotées totales. En haut de cet axe, on distingue le groupe homogène de dattes ayant les taux les plus élevés en protéines et qui est représenté par deux variétés (Tafzaouin et Litima) ainsi que par un rebut de la variété Deglet nour (Sich) (Figures 6 et 7).




Figure 6.
 Analyse en composantes principales: projections des vingt variétés de dattes dans les axes 1 et 2




 Figure 7.  Analyse en composantes principales: projections des vingt variétés de dattes dans les axes 2 et 3


Conclusion

Notre travail qui se propose d’incorporer des matières premières relativement abondantes que sont les dattes communes (avec plus de 125 000T annuellement) ainsi que les rebuts de dattes (estimés à plus de 100 000 T) permettra de donner un essor au secteur de la datte qui est en grave crise accentuée par la mévente des dattes de faible valeur marchande. C’est ainsi que leur valorisation passe par une meilleure connaissance de leur matière première et à partir de là des possibilités d’exploitation si celles-ci en valent la peine. Cette étude a pris comme point de départ l’évaluation de la composition chimique de ces dattes permettant de mettre en évidence des différences très hautement significatives entre: les taux d’humidité, le pourcentage des sucres totaux, des fibres et des protéines de ces vingt variétés de dattes communes algériennes (rebuts et dattes confondus) ce qui témoigne d’une grande diversité variétale.

 

La particularité de cette composition réside dans leur teneur en sucres totaux, leur procurant un pouvoir énergétique élevé, favorable à l’engraissement et permettant de raccourcir et d’intensifier le cycle de production des ruminants. Toutefois, ceci pénalise leur utilisation en quantités importantes et impose une certaine restriction face au problème d’acidose qu’ils peuvent provoquer.

Cependant, ces dattes demeurent déficitaires en protéines, ce qui peut être corrigé par un simple apport protéique les rendant ainsi intéressantes pour l’incorporation dans l’aliment du bétail.

 

L’utilisation de ces ressources peut être envisageable surtout dans les régions phoenicicoles et durant les périodes d’indisponibilités alimentaires en remplacement de tout ou d’une partie du concentré importé se répercutant à la fois bénéfiquement sur l’économie nationale et permettant de constituer un débouché pour le secteur de la datte.

 

Remerciements

Les plus vifs remerciements s’adressent au Professeur A. Araba pour sa contribution au suivi du travail, ainsi qu’à Mme E Dahbi et aux techniciens du Département des Productions Animales de l’Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II, Rabat, Maroc, pour leurs aide et collaboration techniques.

 

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Received 18 February 2008, Accepted 27 March 2008; Published 10 June 2008

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