Livestock Research for Rural Development 20 (3) 2008 Guide for preparation of papers LRRD News

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Effets de la complémentation sur l’ingestion chez la brebis au pâturage dans le Sud-est de l’Algérie

M Chemmam, N Moujahed*, R Ouzrout et C Kayouli*

Institut des sciences vétérinaires, BP 73 El-Tarf 36000, Algérie
chem_mbk@yahoo.fr
*Institut National Agronomique de Tunis, 43 avenue Charles Nicole, 1082 Tunis Mahrajène, Tunisie

Résumé

L'ingestion volontaire de matière sèche  (MSI), les coefficients de digestibilité de la matière organique (MO), des matières azotée totales (MAT) et de la paroi totale (Neutral Détergent Fibre : NDF) de la ration ingérée, ont été évalués. Pour chaque essai, 3 lots de 5 brebis de race Ouled Djellal équipées d'harnais ont été utilisés: (0:sans supplément; 1:250g; 2:500g). Les cendres insolubles dans l'acide chlorhydrique (AIA: Acid insoluble Ash), dosés dans l'herbe, le concentré et les fèces sont utilisées comme marqueur interne pour estimer la digestibilité et ensuite l'ingestion. L'essai est effectué durant deux saisons (printemps et été).  

 

Les ingestions de MS et de MAT sont plus élevées au printemps (P<0.001). L'ingestion de MS et de MAT augmentent (P<0.01) avec l'apport de supplément. L'apport de supplément réduit (P<0.01) l'ingestion de NDF. L'ingestion du pâturage seul diminue (P<0.001) avec l'apport de supplément. La digestibilité des composants de la MS ingérée diminue (P<0.01) entre le printemps et l'été. L'apport de supplément améliore (P<0.001) la digestibilité de la MO et des MAT. Les quantités de MO et de MAT digestibles ingérées augmentent avec l'apport de supplément.

 

Il est à conclure que dans la région étudiée, l'ingestion et la digestion au pâturage varient avec la saison et l'apport de concentré. 

Mots clés: AIA, concentré, digestibilité, saison



Effects of supplementation on pasture intake by ewes in South-eastern of Algeria

Abstract

Dry matter intake (DMI) and digestibility coefficients of organic matter (OM), crude protein (CP) and neutral detergent fibre (NDF) in pasture intake were evaluated using 3 groups of 5 Ouled Djellal breed ewes: (0: no supplemented, 1: 250g, 2: 500g). Acid insoluble ash (AIA) as an internal marker in faeces, in pasture biomass and added concentrate was used to estimate digestibility and therefore intake. The experiment was repeated through two seasons (spring and summer).

 

DM and CP intake were higher (P<0.001) in spring than in summer. The DM and CP intake were higher (P<0.01) in supplemented ewes. NDF intake was lower (P<0.001) in supplemented ewes.  The pasture DM intake decreased (P<0.001) with added supplement. The digestibility for all the intake components decreased (P<0.001) as the grazing season advanced from spring to summer. The supplement improved (P<0.001) the OM and CP digestibility. Digestible OM and CP intakes were higher in supplemented ewes.

 

It was concluded that in the studied region, grazing pasture intake and digestibility varied with season and added concentrate.

Key Words: AIA, concentrate, digestibility, season


Introduction

Une grande partie des recherches nutritionnelles est réalisée sur des animaux que l'on garde à l'étable, on sait beaucoup moins de choses au sujet de la complémentation des animaux qui paissent sur des pâturages de basse qualité. Les effets produits sur les caractéristiques d'ingestion et de digestion sont souvent déduits de ceux constatés dans le cadre d'expériences effectuées sur des animaux gardés à l'étable.

 

Des effets rapportés sur la digestion et l’ingestion (Olson et al 1999; Bodine et al 2000, Chemmam et Guellati 2003) suggèrent que les réponses à l’apport supplémentaire de concentrés, dépendent du niveau d’apport protéique supplémentaire. Donner aux ruminants un supplément riche en énergie et riche en protéine s'est avéré plus profitable qu'un supplément riche en énergie et pauvre en protéine (Hennessy et al 1983). L'effet négatif de la baisse de N ruminal a été annulé par le N complémentaire fourni par la protéine.

Cette expérimentation se concentre sur la complémentation avec un mélange d'aliments protéique et énergétique, étant donné que ces deux éléments semblent être les principaux suppléments donnés aux animaux élevés dans des conditions alimentaires marginales.

L’objectif de cette expérimentation est d’estimer les effets de la saison et de l'apport de supplément concentré sur les variations de l'ingestion et de la digestion des composants des régimes ingérés par des brebis au pâturage au printemps et en été.      

 

Matériels et méthodes 

Animaux  et  alimentation 

 

Pour les différents essais, 15 brebis de la race "Ouled Djellel" (PV kg0.75 de 15 kg) ont été retenues. Pour chaque saison, les 15 brebis ont été réparties en 3 lots de 5 brebis chacun. Chaque brebis a été équipée d’un harnais pour la collecte des fèces. Les brebis sont alimentées sur un pâturage naturel de la région de Sedrata (sud-est de l’Algérie). Les deux périodes alimentaires retenues sont: mars et juin. Pour chacune des deux périodes alimentaires, 3 régimes différents sont consommés par les 3 lots: 0: non supplémenté; 1: 250 g, 2: 500 g (Tableau 1). Un complément minéral et vitaminé est incorporé au mélange au taux de 1%. Les animaux accèdent librement à l'abreuvement. La distribution à lieu le soir en bergerie, les refus par lot sont pesés après chaque distribution. La période d’adaptation au régime s’est étalée sur 21 jours.

 

Collecte et prélèvements 

 

Après adaptation au port des harnais durant 2 jours,  les fèces sont collectées deux fois par jour,  le matin à 7 h et le soir à 19 h, sur une période de 5 jours. Les quantités de fèces par brebis et par lot sont pesées et conservées pour les analyses ultérieures. De même, une série de prélèvements aléatoires est effectuée sur chaque aliment et régime, pour constituer des échantillons représentatifs sur lesquels se feront les analyses chimiques. Sur le pâturage la collecte des échantillons d’aliments a été basée sur le principe de simulation afin de se rapprocher le plus possible des prises de l’animal.

 

Analyses chimiques 

           

Les composants chimiques des échantillons d'aliments (pâturage et concentré) et des matières sèches  fécales (MSF) sont analysés conformément aux méthodes standard de l'AOAC (1990). Les composants de la paroi cellulaire (NDF, ADF et ADL) sont déterminés selon la méthode décrite par  Goering et Van Soest (1970). Les cendres insolubles dans l'Acide chlorhydrique  (AIA: acid insoluble ash) sont dosées avec la procédure décrite par Van Keulen et Young (1977). Les échantillons sont broyés sur une grille de 1 mm avant analyse.

 

Analyses statistiques

             

Après les calculs préalables et le traitement des données de l'analyse chimique, les résultats moyens de l’ingestion ainsi que la digestibilité des différents composants des régimes ingérés sont comparés par une analyse de la variance (SAS 2007).


Tableau 1.   Composition chimique des aliments par saison (par kg de MS)

Aliments

%AIA

%MS

MO

MAT

CB

NDF

ADF

ADL

Cendres

Orge

0.11

88

980

140

42

214

93

26

20

Tx Soja

0.18

88

942

480

35

99

50

40

58

Printemps

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Pâturage seul

1.68

25

962

130

210

480

300

40

38

Supplément 1

0.13

88

969

242

31

179

79

30

31

Supplément 2

0.13

88

969

242

31

179

79

30

31

Eté

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Pâturage seul

2.34

35

928

63

280

560

400

70

72

Supplément 1

0.13

88

969

242

31

179

79

30

31

Supplément 2

0.13

88

969

242

31

179

79

30

31


 Résultats 

Composition chimique de la ration ingérée

 

Les résultats moyens de la composition chimique de la ration totale ingérée par saison et niveau de supplémentation sont représentés au tableau 2. A l'exception de l'apport d'NDF, ils existent des différences significatives (P<0.01) pour tous les composants des rations totales ingérées entre les deux saisons (P: printemps et E: été). La quantité totale de MS ingérée (MST) est plus élevée (P<0.01) au printemps par rapport à l’été (1332 vs 1171 g / brebis / j, respectivement pour P et E). L’apport de supplément augmente significativement (P<0.01) l’ingestion totale de matière sèche (1161, 1266 et 1328 g/ brebis / j,  respectivement pour les traitements 0, 1 et 2). L'apport protéique total (MAT) des rations ingérées est plus élevé (p<0,001) au printemps par rapport à l'été (197 vs 112 g / brebis / j, respectivement). Les brebis supplémentées ont ingérées plus de MAT (0.001) par rapport aux brebis non supplémentées (115, 156, et 193 g / brebis / j, respectivement pour les traitements 0, 1 et 2). L'augmentation dans l'ingestion totale des MAT est beaucoup plus importante en été, l'interaction saison*niveau de supplémentation est significative (P<0.01). Les brebis supplémentées ont ingéré moins de NDF (P<0.01) que les brebis non supplémentées (599, 583 et 541 g / brebis / j, respectivement pour les traitements 0, 1 et 2)


Tableau 2.   Effets de la saison (P: printemps, E: été) et du niveau de supplémentation (0: sans supplément, 1: 250 g, 2: 500 g) sur la composition chimique de la ration totale ingérée (en grammes / brebis / jour).

 

Saison

Niveau de supplémentation

Saison * Niveau de supplémentation

P

E

ETM

P<

0

1

2

ETM

P<

P0

P1

P2

E0

E1

E2

ETM

P<

MSC

213

216

-

-

0

212

432

-

-

0

205

435

0

219

430

-

-

MST

1332a

1171b

36.4

*

1161a

1266b

1328b

28.1

***

1266a

1341a

1389b

1056a

1191b

1267b

39.8

ns

MMT

49a

75b

1.8

***

62a

63a

62a

1.5

ns

48a

49a

51a

76a

77a

74a

2.1

ns

MOT

1282a

1096b

34.7

*

1099a

1203b

1266b

26.8

***

1218a

1291a

1338b

979a

1114a

1193b

37.9

ns

MAT

197a

112b

4.5

***

115a

156b

193c

3.3

***

165a

197b

229c

66a

114b

157c

4.6

*

CBT

241a

274b

8.0

*

281a

262b

231c

6.5

***

266a

245ba

214b

296a

279a

248b

9.2

ns

NDFT

575a

573a

17.8

ns

599a

583a

541b

14.1

*

608a

582a

536a

591a

584a

546b

20.0

ns

ADFT

352a

399b

11.4

*

401a

382a

345b

9.3

***

380a

357a

321b

422a

406a

369b

13.2

ns

Les résultats de la même ligne de chaque bloc de colonnes suivis de lettres distinctes (a, b, c) sont significativement différentes : ns: non significatif; *: P<0.05; **: P<0.01; ***: P<0.001

ETM: Erreur type moyenne

                                     

Les résultats moyens de l'ingestion de pâturage seul par saison et niveau de supplémentation sont représentés au tableau 3. Les quantités de pâturage ingérées (MSP) sont plus élevées (P<0.01) au printemps par rapport à l’été (1119 vs 955 g / brebis / j, respectivement). Les brebis supplémentées ont ingéré moins de pâturage (MSP) (P<0.001) que les brebis non supplémentées (1161, 1054 et 896 g / brebis / j, respectivement pour les traitements 0, 1 et 2). Les apports protéiques du pâturage de printemps (MATP) sont nettement plus élevés (P<0.001) que ceux du pâturage d'été (145 vs 60 g / brebis / j, respectivement). L’apport de supplément réduit l’apport protéique du pâturage. Cette réduction est significative pour le traitement 2 (115, 104 et 88 g / brebis / j, respectivement pour les traitements 0, 1 et 2).

 

L’apport de supplément réduit significativement (P<0.001) l'apport en fibres (NDFP) du pâturage (599, 545  et 463 g / brebis / j, respectivement pour les traitement 0, 1 et 2).

 

Le taux de substitution moyen augmente  avec la quantité de concentré apportée. Pour les deux saisons, la substitution moyenne dans l'ingestion de pâturage par kg de concentré apporté est de 0.50 et 0.61 kg, respectivement pour les traitements 1 et 2.  Au printemps la substitution est plus élevée par rapport à l'été  (0.63 et 0.71 vs 0.38 et 0.51 kg, respectivement et pour les traitements 1 et 2).


 Tableau 3. Effets de la saison (P: printemps, E: été) et du niveau de supplémentation (0: sans supplément, 1: 250 g, 2: 500 g) sur la composition chimique du pâturage ingéré (en grammes / brebis / jour)

 

Saison

Niveau de supplémentation

Saison *N iveau de supplémentation

P

E

ETM

P<

0

1

2

ETM

P<

P0

P1

P2

E0

E1

E2

ETM

P<

MSP

1119a

955b

36.4

*

1161a

1054b

896c

28.1

***

1266a

1136ab

954b

1056a

972ab

837b

39.7

ns

MMP

43a

69b

1.8

**

62a

57b

49c

1.5

***

48a

43ab

38b

76a

70b

60c

2.1

ns

MOP

1076a

886b

34.7

*

1099a

997b

846c

26.7

***

1218a

1093a

916b

979a

902b

777c

37.8

ns

NDFP

537a

535a

17.8

ns

599a

545b

463c

14.1

***

608a

545b

458c

591a

544a

469b

20.0

ns

ADFP

336a

382b

11.4

*

401a

365b

310c

9.3

***

380a

341b

286c

422a

389a

335b

13.2

ns

MATP

145a

60b

4.5

***

115a

104b

88b

3.2

***

164a

148b

124c

66a

61ab

53b

4.6

*

CBP

235a

267b

8

*

281a

255b

217c

6.5

***

266a

238b

200c

295a

272a

234b

9.2

ns

ADLP

45a

67b

1.6

***

62a

57b

48c

1.4

***

51a

45a

38b

74a

68b

58c

2.0

ns

Les résultats de la même ligne de chaque bloc de colonnes suivis de lettres distinctes (a, b, c) sont significativement différentes : ns: non significatif; *: P<0.05; **: P<0.01; ***: P<0.001

ETM: Erreur type moyenn.


 

Digestibilité totale des composants des rations ingérées

 

Les résultats moyens de la digestibilité totale des composants des rations ingérées par saison et niveau de supplémentation sont représentés au tableau 4. A l'exception de la digestibilité des ADF, les coefficients de digestibilité des composants chimiques des rations totales ingérées au printemps sont significativement (P<0.001) plus élevées au printemps. L’apport de supplément améliore la digestibilité de tous les composants chimiques de la ration totale ingérée (P<0.001).  Les brebis supplémentées ont mieux (P<0.001) digéré la MO et les MAT par rapport aux brebis non supplémentées (60.6, 63.5 et 67.0 % - 58, 62.2 et 64.5 % respectivement pour la MO, les MAT et pour les traitements 0, 1 et 2). Cette amélioration de la digestibilité de la MO est plus importante en été, l'interaction saison*niveau de supplémentation est significative (P<0.01).

 

L’apport de supplément améliore significativement (P<0.001) la digestibilité des NDF de la matière sèche totale ingérée (44.0, 51.6 et 54.5 %, respectivement pour les traitements 0, 1 et 2).  


Tableau 4.  Effets de la saison (P: printemps, E: été) et du niveau de supplémentation (0: sans supplément, 1: 250 g, 2: 500 g) sur la digestibilité (Da) des composants de la ration totale ingérée (en grammes / brebis / jour)

 

Saison

Niveau de supplémentation

Saison * Niveau de supplémentation

P

E

ETM

P<

0

1

2

ETM

P<

P0

P1

P2

E0

E1

E2

ETM

P<

DaMST

66.8a

56.5b

0.73

***

58.3a

61.4b

65.3c

0.68

***

64.5a

66.9ab

69.1b

52.1a

55.9b

61.5c

0.96

*

DaMOT

68.7a

58.6b

0.78

***

60.6a

63.5b

67.0c

0.70

***

67.0a

68.6ab

70.7b

54.3a

58.4b

63.2c

0.99

*

DaNDFT

54.3a

45.8b

0.71

*

44.0a

51.6b

54.5c

0.61

***

48.0a

55.5b

59.3b

40.0a

47.8ab

49.8b

0.86

ns

DaADFT

38.6a

33.7b

0.50

ns

32.5a

35.0b

40.9c

0.43

***

35.0a

38.1b

42.8c

30.0a

32.0b

38.9c

0.61

ns

DaMAT

66.2a

57.0b

0.80

***

58.0a

62.2b

64.5c

0.59

***

63.5a

67.0b

68.1b

52.3a

57.6b

61.0c

0.84

ns

DaCBT

59.1a

46.6b

0.72

***

47.1a

53.0b

58.3c

0.64

***

54.0a

59.6b

63.7c

40.3a

46.5b

52.9c

0.91

ns

Les résultats de la même ligne de chaque bloc de colonnes suivis de lettres distinctes (a, b, c) sont significativement différentes : ns: non significatif; *: P<0.05; **: P<0.01; ***: P<0.001

ETM: Erreur type moyenne


Les quantités moyennes de matière digestible ingérée  par saison et par niveau de supplémentation sont présentées au tableau 5. Les quantités de MO  digestibles  (MOD) ingérées sont beaucoup plus élevées au printemps (P<0,01) par rapport à l'été (885 vs 648 g / brebis / j, respectivement). L'apport de supplément améliore significativement l'ingestion totale de MOD (682, 769 et 848 g / brebis / j, respectivement pour le traitement 0, 1 et 2). De même les quantités de MATD ingérées sont beaucoup plus élevées (P<0.001) au printemps par rapport à l'été  (131 vs 65 g / brebis / j, respectivement. Les brebis supplémentées ont ingéré plus (P<0.001) de MAT digestibles (MATD) par rapport aux brebis non supplémentées (70, 99 et 126 g / brebis / j, respectivement pour le traitement 0, 1 et 2). 


Tableau 5.  Effets de la saison (P: printemps, E: été) et du niveau de supplémentation (0: sans supplément, 1: 250 g, 2: 500 g) sur les quantités de MO et de MAT digestibles ingérées  en (g / brebis /j) et (g / kg0.75 /j).

 

Saison

Niveau de supplémentation

Saison*Niveau de supplémentation

P

E

ETM

P<

0

1

2

ETM

P<

P0

P1

P2

E0

E1

E2

ETM

P<

MOD

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 Brebis

885b

648b

27.7

**

682a

769b

848c

20.6

***

826a

885ab

944b

538a

653b

752c

29.1

ns

 kg0.75

59.0

43.2

-

-

 

 

 

 

 

55.0

59.0

66.3

35.9

43.5

50.1

 

 

MATD

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Brebis

131b

65b

3.6

***

70a

99b

126c

2.3

***

105.7a

132.0b

155.7c

35.1a

65.6b

95.5c

3.2

ns

 kg0.75

8.7

4.3

-

-

 

 

 

 

 

7.0

8.8

10.4

2.3

4.4

6.3

 

 

Les résultats de la même ligne de chaque bloc de colonnes suivis de lettres distinctes (a, b, c) sont significativement différentes : ns: non significatif; *: P<0.05; **: P<0.01; ***: P<0.001

ETM: Erreur type moyenne


Discussion

Effets des apports de concentrés sur l’ingestion

 

Dans les expérimentations réalisées, l’apport de supplément améliore l'ingestion totale, ces résultats sont en adéquation avec ceux trouvés par de nombreux auteurs. En effet, sur des bovins (Gekara et al 2001 ; Mathis et al 2000 ; Reis et Combst 2000, Arroquy et al 2004) et sur des ovins, (Kabir et al 2004 ; Triphati et al 2006) ont notés une augmentation de l'ingestion totale chez les animaux supplémentés. Dans les conditions expérimentales rencontrés, cette augmentation de l’ingestion totale de la matière sèche chez les animaux supplémentés peut être attribuée à l’augmentation de l’apport de matière organique digestible du concentré dans la ration ingérée (Rico-Gomez et Faverdin 2001 ; Chemmam et Guellati 2003, Rokomatu et Aregheore  2006). En plus, dans ces conditions expérimentales, les apports simultanés d’énergie et de protéines digestibles, améliorent la digestion des fibres et le transit digestif (Bodine et al 2000 ; Arroquy et al 2004). Ces effets se trouvent réunis dans les concentrés utilisés dans nos essais, un mélange à base d’orge et de tourteaux de soja.

Seul un nombre limité d'expériences a démontré l'augmentation prévisible de l'ingestion de fourrage, en réponse à la supplémentation protéique. Dans les essais réalisés il a été observé que, pour chaque kg de concentré consommé l'ingestion du pâturage est respectivement réduite de 0.50 et 0.61 kg, pour les apports de 250 et 500 g.  Ces résultats concordent avec ceux de Kellaway et Leibholz (1993), qui rapportent qu’en général l’ingestion de matière sèche au pâturage diminue de 0.5 à 0.9 kg pour 1 kg de concentré consommé. Reis et Combst (2000), qui ont expérimenté deux niveaux de suppléments dans des proportions similaires ont trouvé en moyenne une augmentation de 0.6 kg dans l’ingestion totale et une réduction de 0.4 kg dans l’ingestion du pâturage.

 

Avondo et al (2002), ont suggéré que le meilleur paramètre pour l'appréciation de la supplémentation est le gramme de protéines brutes, apporté par animal. Sur des brebis supplémentées, ces mêmes auteurs observent que pour chaque gramme de MAT apporté en supplément, la réduction dans l’ingestion de matière sèche du pâturage est de 1.24 g dans de bonnes conditions alimentaires et seulement de 0.56 g dans des conditions pauvres. Dans les conditions alimentaires de cette expérimentation, la réduction dans l’ingestion du pâturage  est de 2.6 vs 3 g au printemps et de 1.6 vs 2 g de MS / g de protéine brute en été, pour l'apport de 250 et 500g de concentré. Si l'on considère que les conditions alimentaires durant le printemps sont meilleures que celles de l'été, ces résultats semblent en adéquation avec cette tendance et celles de Milne et al (1981) Orsini, (1990), D’Urso et al (1993), Corbett et Feer (1995), Avondo et al (2002) et de Gekara et al (2001), qui soutiennent l’hypothèse que plus la qualité du pâturage augmente plus le taux de substitution augmente.

 

Effets des apports de concentrés sur la digestibilité de la ration ingérée

 

Il est supposé que la supplémentation protéique a un effet positif sur la digestion de l'alimentation des ruminants. Cela signifierait : une digestibilité plus élevée et / ou des vitesses de passage et de digestion supérieures, des temps de rétention ruminale plus brefs et des concentrations plus élevées en NH3 et en acide gras (AGV) dans la panse. La plupart des résultats issus des publications confirment ces hypothèses. Généralement parlant, la structure des résultats est similaire pour les bovins, les ovins et les caprins, qu'ils soient gardés à l'étable ou en libre pâture.

 

Dans les conditions expérimentales de l'essai de printemps, la proportion de matière sèche dégradée, est nettement supérieure à celle de l'été.  Des résultats similaires ont été rapportés par Barnes et al (2003), qui notent que les herbes de la saison de pâturage accumulent des niveaux plus élevés d’hydrate de carbone non structural, facilement digestible, lorsque les conditions de croissance des plantes sont favorables. Ces mêmes auteurs rapportent, qu’en général les herbes de saison de pâturage ont une digestibilité plus élevée que celle des herbes de saison chaude, cette différence est estimée à 13%. Dans la région étudiée la différence est estimée à 28 %, ce qui peut s'expliquer par l'amplitude et le changement brusque de la température entre les deux saisons étudiées.

 

Les coefficients de digestibilité de la MS totale et de ces composants : MAT, NDF, ADF et CB, augmentent avec l’apport de supplément. Ces résultats sont en accord avec ceux de nombreux auteurs (Cotta et Russel 1982 ; Gorosito et al 1985 ; Heldt 1999a et 1999b; Chemmam et Guellati 2003 ; Hossain et al 2003 ; Arroquy et al 2004; Triphati et al 2006).

Les apports de 250 et de 500 g de supplément concentré améliorent la digestibilité apparente de la de la MO (4.5 et 11%, respectivement). Ces résultats ont la même tendance dans l'augmentation que ceux rapportés  par Reis et Combst (2000). Ces auteurs ont observé la même tendance chez des bovins supplémentés avec deux niveaux de concentré énegético-protéique à base de maïs dans des proportions comparables à celles expérimentées (5 et 10 kg). Lorsque les brebis ne sont pas supplémentées, seuls les apports digestibles du pâturage de printemps sont adéquats pour couvrir les besoins énergétiques d'une brebis à l'entretien, estimés à 720 g de MOD (Tissier et Theriez 1978). Les apports digestibles sont convenables au printemps avec ou sans l'apport de supplément pour assurer la couverture des besoins de base, par contre en été seul les brebis ayant reçu 500 g de concentré ont leurs besoins de base couverts.

 

Conclusions

 

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Received 26 October 2007; Accepted 19 December 2007; Published 1 March 2008

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