Livestock Research for Rural Development 20 (1) 2008 Guide for preparation of papers LRRD News

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Substitution de la farine de poisson par celle d’escargot (Achatina fulica) dans l’alimentation des poules pondeuses en Côte d’Ivoire

M Diomandé, V Allou Kippré*, M Koussémon** et A Kaménan

Laboratoire de Biochimie et Technologie des Aliments, Unité de Formation et de Recherche de Sciences et Technologie des Aliments, Université d'Abobo-Adjamé, 02 BP 801 Abidjan 02
diomassey@yahoo.fr
*Laboratoire Central de Nutrition Animale, Ministère de la Production Animale et des Ressources Halieutiques.
06 BP 989 Abidjan 06
**Laboratoire de Microbiologie, Unité de Formation et de Recherche des Sciences et Technologie des Aliments,
Université d'Abobo-Adjamé. 02 BP 801 Abidjan 02

Résumé

La farine d’escargot Achatina fulica a été évaluée pour sa valeur nutritive et utilisée par des poules pondeuses. Elle a été introduite à différents taux (0, 1, 2, 3, 4, 5 et 6 %) dans les régimes alimentaires de poules pondeuses Isabrown de 16 semaines d’âge en substitution de la farine de poisson pendant 14 semaines d’expérimentation.  La farine d’escargot a été plus riche en protéines (62,4 contre 58,2 %), en cendres (22,7 contre 20,0 %) et en calcium (7,7 contre 7,0 %) que la farine de poisson. Par contre la farine d’escargot a été plus pauvre en matières grasses (4,3 contre 10,0 %) que celle de poisson. Les taux de matières sèches des deux farines ont été identiques. L’analyse chimique des régimes alimentaires a montré que les taux de protéines augmentaient avec les teneurs croissantes de farine d’escargot. En revanche, ces régimes ont été de plus en plus pauvres en phosphore et en matières grasses lorsque leurs taux de farine d’escargot augmentaient. Les autres composantes chimiques (sucres, calcium, cendres) ont été identiques à celles du régime témoin ne contenant pas de farine d’escargot (RT). Par ailleurs, le prix de revient  des régimes a diminué avec l’augmentation du taux de farine d’escargot dans ces régimes.  

 

L’étude des performances zootechniques des poules a montré que les taux de ponte, les poids des œufs et les indices de consommation ont été significativement (p<0,05) influencés par les taux d’incorporation de la farine d’escargot dans les différents régimes. Ces paramètres ont été meilleurs pour le régime (R3) contenant autant de farine d’escargot que de poisson ( 65,4 % pour le taux de ponte; 57,5 g pour le poids des œufs et 1,3 pour l’indice de consommation).  Les caractéristiques de l’œuf notamment l’épaisseur de coquille des oeufs, la coloration du vitellus, la hauteur de l’albumen frais et la forme des œufs n’ont pas varié selon le niveau d’incorporation de la farine d’escargot dans les régimes alimentaires des poules. La hauteur de l’albumen a été influencée par la température et la durée de conservation des œufs. La mortalité n’a pas été corrélée avec les teneurs de farine d’escargot des régimes alimentaires des poules. 

 

Ainsi la farine d’escargot Achatina fulica, espèce d’escargot très répandue en Côte d’Ivoire,  peut être valablement incorporée dans l’alimentation des poules pondeuses sans risque de modifier la production des poules et les caractéristiques des œufs. De plus, cette farine réduit le coût de l’alimentation des pondeuses. 

Mots clés: analyse chimique, farine d’escargot Achatina fulica, performances zootechniques, poules, régimes alimentaires



Substitution of fish meal by snail meal (Achatina fulica) in the diet of layers in Côte d’Ivoire

Abstract

Achatina fulica snail  meal was assessed for its nutritive value and utilization in layers. It was including at different rates (0, 1, 2, 3, 4, 5 and 6% ) in diets of Isabrown layers at 16 weeks of age in substitution of fish meal during 14 weeks of experiment. 

 

Snail meal was higher in proteins (62.4 vs. 58.2 %), ash (22.7 vs. 20.0 %), and calcium (7.7 vs. 7.0 %) than fish meal. On the other hand, snail meal was lower in fat (4.3 vs. 10.0 %) than fish meal. The dry matter was similar in snail and fish meals. The chemical analysis of diets showed that the protein of the diets increased with increasing levels of snail meal. In contrast, these diets were poorer in phosphorus and  fat when the snail meal level increased. The other chemical components of the diets (sugars, calcium and ash) were similar to those of  the reference diet without snail meal (RT). In other respects, the feed costs decreased with increasing levels of snail meal. 

 

Egg laying rate, egg weight and  feed intake were significantly affected by dietary snail meal. These parameters were best for the diet R3 containing the same level of snail and fish meals (65.4% for laying rate; 57.5g for egg weight and 1.3 for feed consumption index). Egg characteristics in terms of shell thickness, yolk colour, albumen height and egg shape due to various levels of snail meal were similar  to those of the reference diet. Albumen height was affected by temperature and duration of egg storage. The mortality was not related to the level of snail meal.  

 

The Achatina fulica snails, which are many in Côte d’Ivoire, can be used in layer’s diet to replace fish meal, with no loss of production and egg characteristics. Use of snail meal reduced the feed cost. 

Key words: chemical analysis, diets, layers, Achatina fulica snail meal, zootechnical performances


Introduction

Ces dernières années, différentes matières premières non utilisées habituellement par l’homme ont été introduites dans les rations alimentaires pour volaille vivant sous les tropiques (Bassuel 1983; Gicogna 1992; Gualtiéri et Rapaccini 1990; Hardouin et Stiévenart 1991; Kamatali 1996; Munyuli et Balezi 2002). En effet, les farines de poisson et de viande couramment utilisées comme sources protéiques dans les rations sont d’un prix élevé et obligent les fabricants d’aliments ou les aviculteurs notamment en Côte d’Ivoire à recourir à l’importation de ces matières premières. Il paraît donc judicieux d’envisager l’utilisation de ressources de protéines animales disponibles localement et d’un moindre coût. Ainsi, Agbédé et al (1994) ont effectué des essais avec des volailles nourries avec des régimes alimentaires contenant 3,6 % de farine de ver de terre (Edrillus engeniae), en comparaison avec des poulets nourris avec un régime contenant 5 % de farine de viande. Ces travaux ont montré que les poulets nourris avec la farine de ver de terre présentent les mêmes consommations alimentaires journalières moyennes et les mêmes gains de poids que ceux nourris avec la farine de viande.

 

Par ailleurs, l’introduction de la farine d’escargot ou de viande d’escargot dans l’alimentation de volailles a été étudiée par différentes équipes de recherche. Barcelos et Barcello (1991) ont déterminé la composition chimique des farines d’escargot doré (Pila leopoldoilleusis) cru et cuit puis ces farines ont été données à des poulets de chair. Les résultats comparés à ceux obtenus avec des poulets de chair nourris avec la farine de poisson, ont montré d’une part, que la farine d’escargot cuit est plus consommée par les poulets que celle d’escargot cru, et d’autre part que les gains de poids sont identiques entre les poulets nourris avec la farine de poisson et ceux nourris avec la farine d’escargot. June et al (1991) ont également réalisé une expérience d’alimentation de poulets de chair à partir de farine d’escargot Pomecea caniculata comparée à la farine de poisson et à celle de viande.

 

Ces expériences ont souligné que la farine d’escargot, moins coûteuse que celle du poisson et de viande , peut valablement remplacer ces dernières dans les régimes alimentaires des volailles. Ainsi, l’escargot qui est une denrée alimentaire très courante en Côte d’Ivoire peut être utilisée dans l’alimentation des volailles dans le but de réduire le coût de cette alimentation.

 

Le présent travail, qui s’inscrit dans cette optique, a pour but de déterminer le meilleur taux d’incorporation de la farine de l’espèce d’escargot Achatina fulica, source importante de protéines et denrée peu coûteuse en Côte d’Ivoire (Aboua 1990; Aboua 1995, Gicogna 1992). De plus l’impact de cette farine sur les performances  de ponte des poules et les qualités physiques des œufs sera évalué.

 

Matériel et méthodes  

 
Matériel

 

Six cent trente poules pondeuses de 16 semaines d’âge d’un poids allant de 1,2 à 1,5 kg, toutes issues de la souche IsaBrown, ont été reparties en sept lots à raison de quatre vingt dix poules par lot avec trois répétitions. L’espèce d’escargot Achatina fulica a été utilisée pour la production de farine d’escargot introduite dans les régimes alimentaires des poules.

 
Obtention de la farine d’escargot

 

Les escargots, ramassés dans la commune d’Anyama (banlieue d’Abidjan, Côte d’Ivoire), ont été extraits de leurs coquilles à l’aide d’une tige en fer. La chair ainsi obtenue a été déposée sur des sachets en plastique perforés, pressée à l’aide  d’un presseur puis découpée en lamelles. Ces dernières ont alors été posées dans des plateaux en aluminium et l’ensemble a été  déposé à l’étuve  à 70° C. Après 48 heures, les lamelles d’escargot séchées ont été broyées à l’aide d’un broyeur muni de grilles de séparation et de plusieurs hélices. La farine ainsi obtenue a été incorporée aux régimes alimentaires des poules. 

 
Composition chimique des farines d’escargot et de poisson

 

Cinq échantillons de la farine d’escargot obtenue et cinq échantillons de farine de poisson provenant d’une entreprise locale, de 100 g  chacun ont été analysés avec trois essais par échantillon. Les teneurs de ces échantillons en matières sèches, protéines, sucres totaux, matières grasses, cellulose brute, cendres, calcium et phosphore ont été déterminées selon la méthode AOAC (1980).

 

Formulation des régimes

 

Sept régimes alimentaires différents ont été élaborés (RT, R1, R2, R3, R4, R5, R6) puis distribués quotidiennement aux poules des sept lots, à raison d’un régime par lot. Le régime témoin (RT) était celui contenant 0 % de farine d’escargot et 6 % de farine de poisson tandis que les régimes R1, R2, R3, R4, R5 et R6 contenaient respectivement 1, 2, 3, 4, 5 et 6 % de farine d’escargot et respectivement 6, 5, 4, 3, 2 et 1 % de farine de poisson. Les autres constituants des régimes alimentaires ont été maintenus constants pour tous les régimes à savoir: de la farine de maïs (62 %), du son de blé (12,2 %), du tourteau de coton (10 %), des coquillages (9 %), de la lysine (0,06 %), de la méthionine (0,1 %), du prémix  (0,25 %) et du sel (0,3 %). 

 

Après formulation, un échantillon de 100 g de chaque régime a été analysé. Cette analyse a  porté sur la détermination des teneurs en matières sèches, protéines, sucres totaux, matières grasses, cellulose brute, cendres, calcium et phosphore selon la méthode AOAC (1980).  

L’énergie métabolisable des régimes a été calculée selon la formule suivante (Larbier et Lecclerq 1992): 

 

EM= 3951+ 54,4MG- 88,7CB- 40,8CE

Avec:

EM= Energie Métabolisable,

MG= Matières Grasses,

CB= Cellulose Brute,

CE= cendres                    

 
Evaluation des performances zootechniques des poules

 

Les coûts des différents régimes ont été calculés en tenant compte des proportions respectives de chaque ingrédient, du prix moyen des matières premières et du coût relatif à la collecte et à la  transformation, notamment pour la farine d’escargot.

 

Pendant 14 semaines les indices de consommation (IC) des poules pour chaque régime alimentaire ont été calculés selon la formule suivante:

 

Avec : 

IC= Indice de consommation,
QI = QF- QR, avec
QI = Quantité d’aliment ingéré,

QF = Quantité d’aliment fournie en début de journée,
QR = Quantité d’aliment restante en fin de journée,
P= Poids des œufs.

 

Le nombre de poules mortes a été enregistré par lot durant  toute l’expérimentation. Les taux de mortalité pour chaque lot ont été calculés en rapportant le nombre de poules mortes par le nombre total de poules par lot (90) selon la formule suivante :
 

T M = N M x100/90

avec

T M : taux de mortalité,

N M : nombre total de poules mortes par lot.

 

Le taux hebdomadaire de ponte des poules (% ponte hebdomadaire) de chaque lot a été calculé selon la formule suivante :

 

% ponte hebdomadaire = total œufs  pondus x 100 / EDS x 7,

 

Avec: EDS= effectif des poules pondeuses en début de Semaine.

 

Après la collecte des œufs pondus par les poules de chaque lot, les œufs ont été pesés et leur poids moyen a été déterminé  par lot. Les mesures de l’indice de forme, la hauteur du blanc épais, la coloration du vitellus et l’épaisseur de coquille des œufs pondus par les poules, ont été effectuées sur des œufs conservés à la température ambiante (34 ± 3°C) et au réfrigérateur  (4± 2°C), ceci une fois par semaine pendant  quatre semaines. La longueur et le grand diamètre des œufs ont été  mesurés à l’aide d’une règle de pierre à coulisse puis les valeurs obtenues ont permis de calculer les indices de formes des œufs  selon la formule suivante :

 

Avec:

IF= indice de forme,

GD = Grand Diamètre de l’œuf et 

L= Longueur de l’œuf.

 

La hauteur du blanc épais de chaque œuf a été mesurée à l’aide d’un trépied gradué après avoir cassé l’œuf sur un miroir.  La coloration du vitellus (jaune d’œuf) a été comparée à celle de l’éventail de Roche variant du jaune clair au jaune orange foncé dans l’ordre croissant des chiffres correspondant aux couleurs. L’épaisseur des coquilles a également été mesurée grâce à la règle de pierre à coulisse micrométrique après avoir cassé et vidé les  coquilles des œufs.  

 

Analyse statistique

 

L’analyse statistique des données obtenues pour les paramètres zootechniques a été faite par la méthode des moindres carrés en utilisant le modèle linéaire généralisé (GLM) du logiciel SAS/STAT (1996). Chaque fois qu’un facteur de variation s’est révélé significatif, un test de comparaison des moyennes ajustées a été effectué en utilisant l’option Pdiff de la procédure GLM.

 

Résultats

 
Composition chimique des farines d’escargot, de poisson et des régimes alimentaires 

 

La farine d’escargot a été plus riche en protéine, en cendres et en calcium que celle de poisson. Elle a été par contre plus pauvre en matières grasses que la farine de poisson. Les taux de matière sèche des farines ont été sensiblement identiques (Tableau 1).


Tableau 1.  Coût et Composition chimique de farines d’escargot (Achatina fulica) et de poisson
Cost price and chemical composition of snail meal and fish meal

 

Coût,
fcfa/kg

M S,
 %

Protéine,
%MS

M G,
%MS

Cendres,
%MS

Calcium,
%MS

Farine d’escargot

130

88,0

62,4

4,3

22,7

7,7

Farine de poisson

240

88,0

58,2

10,0

20,0

7,0

MS: Matière Sèche,  M G: matières grasses


L’analyse chimique des régimes alimentaires a montré que le taux de matières sèches a été sensiblement le même que celui du régime témoin (RT). Il en a été de même pour les teneurs en sucres totaux, en cendres, en cellulose brute et en calcium. Quant à la teneur en protéine elle a augmentée avec les taux croissants de farine d’escargot dans les régimes. Les teneurs en phosphore et en matières grasses ont diminué avec l’augmentation du taux de farine d’escargot dans l’aliment des poules. Le taux de cendres a été plus élevé pour les régimes R3 et R4 et plus faible pour les autres. L’énergie métabolisable a été plus élevée pour les régimes R1, R2 et R6 et faible pour les autres régimes (Tableau 2).


Tableau 2.  Composition chimique, énergie métabolisable et coût des régimes de poules pondeuses (% MS)
Chemical composition, metabolizable energy and cost price of layer’s diets (p.100/dry matter)

Régimes alimentaires

RT

R1

R2

R3

R4

R5

R6

M S, %

90

89

89

90

89

90

89

Protéines, %

17,5

17,5

17,7

17,8

18,0

18,3

18,6

Sucres totaux, %

1,0

0,9

0,9

1,0

0,9

1,0

0,9

Matières grasses, %

4,5

4,4

4,4

4,4

4,3

4,3

4,2

Cellulose brute, %

4,6

4,5

4,4

4,5

4,4

4,4

4,5

Cendres, %

14,7

13,8

14,5

15,1

15,0

14,6

13,9

Calcium, %

3,4

3,3

3,3

3,2

3,1

3,1

3,0

Phosphore, %

0,5

0,5

0,5

0,4

0,4

0,4

0,4

Energie métabolisable, kcal/kg

3188

3228

3208

3175

3185

3198

3213

Coût, F CFA/kg

132,7

130,5

128,3

126,1

124,1

122,7

119,4

RT : Régime témoin, MS : Matière Sèche


Le coût de la farine de poisson a été plus élevé que celui de la farine d’escargot (Tableau 1). En outre, les prix de revient des différents régimes ont diminué avec les taux croissants de farine d’escargot incorporés à ces régimes (Tableau 2).

 

Performances zootechniques des poules

 

Les indices de consommation ont été faibles pour les poules ayant consommées les régimes R2, R3 et R4 tandis qu’ils ont été légèrement plus élevés pour les poules nourries aux régimes R1, R5 et R6.

 

Des cas de mortalité ont été enregistrés  pour les lots RT, R2, R3, R5 et R6 tandis qu’aucun cas n’a été relevé pour les lots R1 et R4 (Tableau 3).


Tableau 3.  Effet du régime alimentaire sur les performances de ponte des poules
Effect of diet on the laying production performance

Régimes alimentaires

RT

R1

R2

R3

R4

R5

R6

Taux de ponte, %

51,9 a

56,9 b

58,6 c

65,4 e

60,6 d

53,7 ab

57,4 b

P M O, g)

56,4 b

55,2 a

57,2 c

57,51 c

56,7 b

56,3 b

56,0 b

Consommation, g/poule/j

84,6 c

82,8 c

74,4 a

74,7 a

85,2 c

90,1 d

78,4 b

IC, g d’aliment/g d’œuf

1,5 c

1,5 c

1,3 a

1,3 a

1,5 c

1,6 d

1,4 b

T M, %

11,1

0,0

11,1

11,1

0,0

11,1

11,1

Les valeurs affectées par la même lettre horizontalement ne sont pas statistiquement différentes (P< 0,05).

P M O : Poids moyen des œufs,  IC: Indice de consommation,  T M: Taux de mortalité


Le taux moyen de ponte des poules  le plus  élevé a été obtenu avec le régime R3 contenant des parts égales de farines de poisson et d’escargot (3 % farine de poisson +3 % farine d’escargot) (Figure 1).



Figure 1.
 Effet de la consommation de la farine d’escargot sur le taux de ponte des poules


En outre, les poids moyens des œufs ont été plus élevés pour les régimes R2  et R3 (Tableau 3). Les colorations du vitellus sont restées sensiblement constantes pour tous les œufs.  Il en a été de même pour les épaisseurs des coquilles et les indices de forme quelque soit la température de conservation et le taux d’incorporation de farine d’escargot dans les régimes des poules (Tableau 4).
 


Tableau 4.  Effet du régime sur la coloration du  vitellus, épaisseur de coquille et la forme de l’œuf à 34± 3°C et à 4± 2°C
Effect of diet on the yolk coulor , shell thickness and egg-shap at 34± 3°C et à 4± 2°C

Régimes alimentaires

RT

R1

R2

R3

R4

R5

R6

34± 3°C     C V (u a)

4,8 c

4,8 c

4,9 c

5,2 c

4,9 c

4,9 c

4,7 c

E C, mm

0,3 a

0,3 a

0,4 a

0,3 a

0,4 a

0,4 a

0,3 a

I F

0,7 b

0,7 b

0,8 b

0,8 b

0,7 b

0,7 b

0,7 b

4± 2°C     C V (u a)

4,4 c

4,7 c

5,8 c

5,1 c

4,8 c

4,6 c

4,4 c

E C, mm

0,3 a

0,3 a

0,3 a

0,3 a

0,3 a

0,3 a

0,3 a

I F

0,8 b

0,7 b

0,7 b

0,8 b

0,7 b

0,7 b

0,8 b

Les valeurs affectées par la même lettre horizontalement ne sont pas statistiquement différentes (P< 0,05).
C V: Couleur du vitellus,  E C: Epaisseur de la coquille,   I F: Indice de forme


Au cours de la conservation des œufs à 34± 3° C et 4± 2° C,  la hauteur de l’albumen des œufs du jour a diminué en fonction de la durée et des conditions de stockage. La diminution a été  plus rapide à 34± 3° C tandis qu’elle a été plus lente à  4± 2° C (Tableau 5 et 6).
 


Tableau 5.  Evolution de la hauteur de l’albumen de l’œuf au cours de la conservation à 4± 2°C
Advance of albumin height during egg storage at 4± 2°C

Temps, semaines

0

1

2

3

4

Régimes alimentaires

RT

103,0

94,0

89,6

88,5

83,0

R1

103,4

92,8

91,8

89,2

84,6

R2

101,5

95,5

90,3

87,5

86,3

R3

105,5

96,8

92,1

87,0

85,5

R4

103,4

94,6

91,7

88,7

86,8

R5

105,9

93,5

89,7

88,4

87,6

R6

100,2

97,1

91,7

89,1

88,1



Tableau 6.  Evolution de la  hauteur de l’albumen de l’œuf au cours de la conservation à 34± 3°C
Advance of albumin height during egg storage at 34± 3°C

 

Temps, semaines

0

1

2

3

4

Régimes alimentaires

RT

102,8

86,0

73,5

66,0

42,8

R1

103,1

80,3

74,2

70,5

63,6

R2

103,6

72,9

65,1

48,3

40,4

R3

104,2

82,7

70,8

60,0

51,6

R4

105,0

81,5

69,5

64,6

61,0

R5

101,1

84,8

65,1

64,0

61,1

R6

105,1

80,8

75,0

70,2

64,0


Discussion

 

La farine d’Achatina fulica a constitué une bonne source de protéines pour les poules. En effet elle a été plus riche en protéines que celle du poisson et celle de l’espèce d’escargot Pila leopoldoilleusis qui est comprise entre 52,0 et 53,2 % (Barcelos et Barcello 1991). Les travaux de cette étude confirment donc ceux d’Aboua (1990) qui ont indiqué que l’escargot Achatina fulica était riche en protéines.

 

Ainsi, les taux d’incorporation de la farine d’Achatina fulica dans les régimes alimentaires des poules pondeuses ont influencé significativement la teneur en protéine de ces régimes. En effet, la teneur en protéines des régimes a augmenté avec l’augmentation du taux d’incorporation de la farine d’Achatina fulica. Cependant, l’incorporation de la farine  d’escargot dans les régimes alimentaires n’a pas influencé  les autres composantes chimiques des régimes (matières sèches, sucres totaux, cellulose brute, calcium) qui ont donné des valeurs quasiment identiques pour tous les régimes excepté le taux en phosphore qui a diminué avec l’augmentation du taux de farine d’escargot. Ce dernier résultat suggère que la farine d’escargot était plus pauvre en phosphore que celle du poisson.

 

Le coût des régimes des poules a diminué avec les taux croissants d’incorporation de farine d’escargot. En effet, ce coût est passé de 132 ,7 FCFA/Kg sans farine d’escargot incorporée (RT) à 119,4 FCFA/Kg avec un taux de 6 % de farine d’escargot (R6). Ainsi, l’incorporation de farine d’escargot a réduit considérablement le coût de l’alimentation des poules, ce qui constitue un avantage à exploiter pour les aviculteurs des pays tropicaux.

 

La mortalité n’a été quant à elle pas corrélée avec l’augmentation du taux de farine d’escargot dans l’alimentation des poules. Les taux de mortalité étaient en effet de 11,1% pour les régimes RT, R2, R3, R5, R6 et de 0% pour les régimes R1 et R4. les poules sont mortes de maladies de Newcastle et de bronchite infectieuse.

 

Les meilleurs indices de consommation obtenus pour les poules ayant consommé les régimes R2, R3 et R4 ont été en accord avec les meilleurs taux de ponte obtenus pour ces mêmes poules. Ainsi, les régimes R2, R3 et R4 contenant respectivement 2, 3 et 4 % de farine d’escargot ont présenté une bonne qualité nutritionnelle.

 

Les plus forts taux de ponte obtenus au cours de cette étude sont cependant inférieurs à ceux rapportés par d’autres auteurs pour des poules de la souche Isabrown de même âge (Galea et al 2003, Madiot et al 2005). Ces différences pourraient être attribuées à l’alimentation des poules, aux conditions d’expérimentation et au climat.

 

Au cours de cette étude, le meilleur taux de ponte (65,4 %) a été obtenu avec les poules nourries au  régime R3, régime contenant des parts égales de farines d’escargot et de poisson (3 %). Un tel résultat suggère que le mélange des farines d’escargot et de poisson à parts égales dans l’aliment des poules a accru la valeur biologique de ce dernier. Cet effet de synergie de différentes sources protéiques a déjà été souligné par Smith (1992) qui a montré que bien des sources variées de protéines entraînent de meilleures performances de ponte des poules. A l’instar du taux de ponte, la masse moyenne des œufs a été la plus élevée (57,5 g) pour les poules nourries au régime R3, indiquant ainsi que ce régime a favorisé une bonne conversion alimentaire. Cette  masse d’œufs est inférieure à celles obtenues par Galea et al (60,6g) par Madiot et al ( 62,0g) lors de leurs travaux sur des poules de la souche Isabrown (Galea et al 2003, Madiot et al 2005).

 

L’incorporation de la farine d’escargot n’a cependant eu aucun effet sur certains paramètres zootechniques, notamment la coloration du vitellus, l’indice de forme et l’épaisseur de coquille des œufs. En effet tous ces paramètres ont donné des valeurs statistiquement identiques pour les œufs issus de toutes les poules quelque soit le régime alimentaire de ces dernières. Quant à la hauteur de l’albumen des œufs, elle a été influencée par la durée et la température de conservation de ces œufs. En effet, à 34±3°C, l’affaissement du blanc épais a été beaucoup plus rapide qu’à 4±2°C.

 

Ceci pourrait s’expliquer par la dégradation du complexe ovomucine-lysosyme de l’œuf, dégradation qui serait plus importante à des températures autour de 37° C comme l’ont souligné les travaux de Sauveur (1967) et ceux de Poirel (1983).
 

Conclusion

 

 

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Received 28 July 2007; Accepted 29 November 2007; Published 1 January 2008

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