Livestock Research for Rural Development 18 (12) 2006 | Guidelines to authors | LRRD News | Citation of this paper |
Les effets de la consommation de la boue d'huile sur les performances zootechniques et économiques des poulets de chair ont été examinés par les auteurs. L'essai a porté sur 384 poussins de souche Arbor acres âgés de 30jours. Douze lots de 32 poussins ont été affectés par choix aléatoire aux quatre régimes alimentaires contenant 0%, 3%, 5% et 7% de boue d'huile de palme, avec 3 répétitions par traitement pendant 21jours.
Les résultats ont montré une amélioration des performances avec le niveau croissant d'incorporation de la boue d'huile dans les rations. Les poulets qui ont reçu les aliments contenant 7% de boue d'huile ont consommé des quantités d'aliment significativement plus élevées (3285,7 ± 115,4 g) que ceux soumis au régime témoin (2631,6 ± 144,3 g) ; une différence significative (p<0,05) a été observée pour le gain de poids : 1468,2 ± 100,0 g et 1041,2 ± 23,8 g respectivement pour le régime à 7 % et 0 % de boue d'huile de palme. Le dépôt de gras 2,18 ±0,10% chez les poulets soumis au traitement BH7 (7% boue d'huile) a été significativement plus élevé, comparé au traitement témoin (1,67 ±0,13%) ; le rendement en carcasse a été de 78,2±0,8% (BH0) et 77,4 ±0,5% (BH7). Le foie et le gésier ont été plus développés (2,07±0,07% et 2,126±0,11%) par rapport à la norme indiquée pour la souche, traduisant une intense activité de ces organes. Le meilleur indice de consommation (2,24±0,07) a été observé chez les poulets soumis au régime BH7.
L'utilisation de 7% de boue d'huile de palme réduit d'environ 17% le coût alimentaire de production des poulets de chair en phase de finition comparé au témoin ; cette nouvelle source d'alimentation des poulets de chair pourrait être une solution au coût élevé des aliments des volailles en zone de forêt ou la production d'importantes quantités d'huile de palme liée au développement des plantations de palmier à huile libère des grandes quantités de déchets ; Il apparaît nécessaire de déterminer le temps de stockage et les différentes méthodes de conservation des aliments contenant au moins 7% de boue d'huile de palme car, leur teneur en eau et en matière grasse, facteurs favorables à l'oxydation est très élevée.
Mots clés: aliment, boue d'huile de palme, carcasse, coût alimentaire de production, performances, poulets de chair
The effects of feeding palm oil residue on the productive and economical performances of broiler chickens have been investigated. A total of 384 broiler chicks of Arbor commercial strain aged 30 days were used in this trial. Twelve replicates of 32 chicks were randomly assigned to four dietary treatments containing respectively 0, 3, 5 and 7 % palm oil residue for 21days period.
The results showed an improvement in performances with increasing levels of palm oil residue incorporation in the diets. Chicks fed diets containing 7 % palm oil residue consumed significantly more (3215 ± 115,4 g) than those fed the control diet (2631 ± 144,3g). A significant difference (p<0,05) was found in weight gain between chicks fed 7 % palm oil residue(1468,2 ± 100 g) and those on the control diet (1042,2 ±23,8 g). Fat deposit with chicks fed 7 % palm oil residue was significantly higher (2,18 ± 0,10 %) when compared to that of birds on the control diet (1,67± 0,13 %). Carcass return weight was 78.2 ± 0,8 % and 77,4 ± 0,5 % respectively for he basal and 7 % palm oil residue diets. The liver and the gizzard were more developed ( 2.07 ± 0.07 % and 2.126 ±0.11 %) than the standard value shown for the strain, thus indicating an intense activity of this organs. Birds fed the 7 % palm oil residue diet had the best feed conversion ( 2,24 ± 0,07 %).
The use of 7 % palm oil residue in diet results in 17% reduction of the cost production of broiler chicks when compared to the production cost of the control birds. This new feed resource for broiler chicks could be alternative to high cost of poultry feeds in the forest zone, where the production of large quantity of palm oil from increasing palm oil plantations releases large amount of residues. Even though , feeds containing at least 7 % palm oil residue are quite palatable, it is necessary to study the conservation methods, because of their high moisture and fat contents.
Key words: broiler chicks, carcass, feed, feeding cost of production, palm oil residue, performances
La production avicole au Cameroun souffre des coûts élevés des aliments qui représentent environ 60 à 70% des coûts de production (Smith 1992). A cet effet, il devient urgent de rechercher des nouvelles sources d'alimentation peu coûteuses, non conventionnelles et non consommées par l'homme, telles qu'il en existe en zone de forêt. Dans le cadre de l'optimisation de nouvelles ressources alimentaires pour volailles, notre attention a porté sur la boue d'huile de palme compte tenu de sa disponibilité. Il s'agit d'un résidu de la clarification de l'huile de palme dans les unités de production, de nature graisseuse et de couleur jaunâtre, qui est actuellement déversé dans la nature et constitue une source de pollution.
Ocampo (1994) a montré que les sous produits du palmier à huile utilisés comme aliment de base pour l'engraissement des porcs à raison de 500 et 800 g/porc/jour en croissance et en finition respectivement, a donné un gain de poids de 0,722kg/j et un indice de consommation de 1,8. La boue d'huile de palme peut entrer dans les rations des ruminants à raison de 40 % , sans effet négatif (Loa 1988).
Les essais sur l'utilisation de la boue d'huile de palme dans l'alimentation des volailles sont limités, voire inexistants au Cameroun. Or, le développement des plantations de palmier à huile en zone forestière du Cameroun conduit à une production d'importantes quantités d'huile de palme: 8750 tonnes dans le Centre, (Agri-Stat 1999) et, par conséquent d'énormes quantités de déchets (boue d'huile, fibres, coques de palmiste…) peu ou non valorisés.
Suite aux résultats de l'analyse bromatologique de la boue d'huile de palme, réalisée au laboratoire de nutrition de la faculté des sciences agricoles de Dschang , et du test de digestibilité chez les coqs adultes, conduit à la ferme d'expérimentation et de démonstration de l'IRAD de Nkolbisson au Cameroun, selon le procédé énoncé par Picard (1986) cet ingrédient présente un intérêt non négligeable. Le maïs ou l'huile de palme qui entrent dans les rations des volailles comme principales sources d'énergie et dont l'utilisation est limitée par leur forte demande aussi bien en alimentation humaine qu'animale ( Fomunyam et al 1990) , pourrait enfin être substitués en partie par la boue d'huile de palme.
L'objectif de cette étude est donc d'évaluer les effets de la boue d'huile de palme dans les rations sur l'ingéré alimentaire, le gain de poids, l'efficacité alimentaire, le rendement en carcasse et les performances économiques des poulets de chair en phase de finition.
Un total de 384 poussins (50 % mâles et 50 % femelles) âgés de 30 jours, de souche Arbor acres, démarrés à la ferme expérimentale de Nkolbisson à Yaoundé au Cameroun, au mois de Novembre 2005, où la température moyenne était de 28°c et l'humidité relative de 75% (Ndindang et al 2006), ont été utilisés dans cet essai. Ces poussins ont reçu une couverture sanitaire en vigueur dans la zone pendant la phase de démarrage ; il s'agit des vaccinations contre les maladies virales telles que: la maladie de Gumboro, la pseudo peste aviaire, la bronchite infectieuse et les traitements préventifs contre la coccidiose.
La boue d'huile de palme a été obtenue de l'unité de production d'huile de palme d'Otélé dans le département du Nyong et Kellé, situé dans la Province du Centre au Cameroun.
L'analyse bromatologique de la boue d'huile a concerné la détermination de l'azote total par la méthode de Kjeldhal, la cellulose brute par la méthode de Sheerer, la matière grasse par la méthode de Soxlet. Toutes ces analyses ont été faites selon la procédure décrite par AOAC (1990). L'énergie métabolisable a été estimée grâce à l'équation de régression (Larbier et Leclercq 1992)
EM = 3951+ 54,4MG -88,7CB-40,8CE
où
MG = matière grasse
CB = cellulose brute
CE = cendres totales
La boue d'huile à teneur en matière sèche faible (20,9%), a subit un séchage à l'étuve à 100°C pendant une nuit en vue de la détermination de la matière sèche. Cependant elle a été utilisée à l'état brute dans le test d'alimentation.
Les poussins répartis au hasard dans 12 loges sur litière de copeaux de bois, ont reçu un abreuvement à volonté et ont été soumis à 4 traitements correspondant aux rations contenant 0,3, 5 et 7% de la boue d'huile de palme. Chaque traitement comprenait 3 répétitions de 32 poussins chacune (1/2 mâles et 1/2 femelles). Les rations expérimentales étaient iso-protéiques (environ 22% de protéine brute), avec des niveaux d'énergie métabolisable qui variaient de 3051 à 3264 kcal/kg (Tableau 2). Les caractéristiques chimiques des rations ont été calculées (Tableau 3) à partir de la composition chimique des matières premières contenue dans les tables de l'INRA 1989 et de la composition chimique de la boue d'huile de palme. Les valeurs en lysine, méthionine, calcium et phosphore non mesurées de la boue d'huile de palme ont été estimées négligeables, car il s'agit surtout d'une source d'énergie.
Avant le début de l'essai, une période d'adaptation de 3 jours pendant laquelle les poulets consommaient les aliments de l'essai et de l'eau potable a été observée. L'alimentation s'est faite à volonté pendant les périodes d'éclairage naturel au cours de l'essai. Des pesées hebdomadaires ont été adoptées à compter du premier jour en ce qui concerne les poussins, les aliment et les refus. Les mortalités ont été enregistrées tous les jours.
Au terme de l'essai, 4 poulets choisis au hasard (2 mâles et 2 femelles) dans chaque répétition ont été abattus après 24 heures de jeûne pour déterminer les caractéristiques de la carcasse. L'accent a été mis sur le gras abdominal, le gésier, le foie, le cœur, la carcasse plumée, la carcasse vidée et la carcasse refroidie. Tous ces paramètres ont été exprimés en pourcentage du poids vif.
Le prix du kg d'aliment a été déterminé à partir du prix des matières premières disponibles sur le marché local. Le coût alimentaire du kg de poids vif du poulet a été estimé en multipliant le prix du kg d'aliment par l'indice de consommation défini comme le rapport aliment consommé sur gain de poids.
Les différentes matières premières utilisées pour la fabrication des rations expérimentales sont représentées au tableau 1, exprimées en pourcentage d'incorporation. La ration témoin, BH0 ne contient pas de boue d'huile de palme ; les rations de l'essai (BH3, BH5, BH7), contiennent des taux croissants de boue d'huile de palme, 3 %, 5 %, 7 %, respectivement.
Tableau 1. Composition des rations expérimentales (kg/100kg) |
||||
Ingrédient |
BH0 |
BH3 |
BH5 |
BH7 |
Maïs |
62 |
57 |
55 |
52 |
T.coton |
12 |
13 |
13 |
14 |
T.soja |
15 |
15 |
15 |
15 |
F.poisson |
5 |
5 |
5 |
5 |
F.os |
2 |
2 |
2 |
2 |
BH |
- |
3 |
5 |
7 |
Son de blé |
4 |
5 |
5 |
5 |
Total |
100 |
100 |
100 |
100 |
T : tourteaux ; F : farine ; BH : boue d’huile |
Les caractéristiques des différentes rations (BH0, BH3, BH5, BH7) sont représentées au tableau 2.
Tableau 2. Composition chimique calculée des rations expérimentales |
||||
Caractéristiques |
BH0 |
BH3 |
BH5 |
BH7 |
EM, kcal/kg |
3051 |
3136 |
3204 |
3264 |
PB, % |
22 |
22 |
22 |
22 |
MS, % |
86 |
84 |
82 |
81 |
Cellulose, % |
5 |
5 |
5 |
5 |
MG, % |
4 |
6 |
7 |
8 |
Lysine, % |
1,1 |
1,1 |
1,1 |
1,1 |
Méthionine, % |
0,4 |
0,4 |
0,4 |
0,4 |
Ca, % |
1 |
1 |
1 |
1 |
P, % |
1 |
1 |
1 |
1 |
EM : énergie métabolisable ; PB : protéine brute ; MS :matière sèche ; MG : matière grasse ; Ca : calcium ; P :phosphore Données de INRA (1989) utilisées pour les calculs |
Le tableau 3 présente les coûts des différentes rations expérimentales. La ration BH7 contenant le taux le plus élevé de boue d'huile de palme a le coût le plus faible.
Tableau 3. Coût/kg d’aliment (FCFA) |
|
Ration |
Coût |
BH0 |
218 |
BH3 |
212 |
BH5 |
208 |
BH7 |
205 |
FCFA : franc de la communauté financière d’Afrique |
Les données collectées au cours de l'essai ont été soumises à l'analyse de variance en utilisant le logiciel de statistique SAS V.8. Les moyennes ont été séparées avec le test de Newmans Keuls au seuil de 5 %.
Les caractéristiques chimiques de la boue d'huile sont
représentées au tableau 4. La teneur en lipide est supérieur à celle du
maïs et assez proche de celle de l'huile
de palme
mais sa teneur en cellulose est supérieure à celle du
maïs; sa teneur en matière
sèche est très faible par
rapport à celle du maïs.
Tableau 4. Analyse chimique de la boue d’huile de palme |
|||||||||
Ingrédient |
MO, %MS |
MS, |
CE, %MS |
PB, %MS |
LI, %MS |
Cel, %MS |
NDF, |
EM, Kcal/kg MS |
EB, Kcal/kg MS |
BH |
100,0 |
20,9 |
0,0 |
3,9 |
70,7 |
12,6 |
- |
6681 |
8011 |
MO : matière organique ;MS :matière sèche ; PB :protéine brute ;LI : lipides ; Cel : cellulose ;EM : énergie métabolisable ; EB :énergie brute ; BH : boue d’huile. |
Le gain de poids total est passé de 1041 ± 24 g pour la ration témoin à 1468 ± 100 g pour la ration à 7% de boue d'huile de palme, avec des valeurs significativement plus élevées à partir de 5% d'incorporation. Cette différence de croissance pondérale est liée à une consommation alimentaire significativement (p<0,05) élevée à partir de 3% d'incorporation de boue d'huile de palme dans la ration; quel que soit le niveau d'incorporation, l'utilisation des rations contenant la boue d'huile de palme résulte en un gain de poids supérieur comparé au témoin. (Tableau 5)
Tableau 5. Gain de poids(g), consommation alimentaire (g), indice de consommation, coût de production /kg de poids vif (FCFA) des poulets de chair nourris aux rations contenant la boue d’huile de palme, de 30 à 51 jours |
||||||
Ration |
pmi |
pmf |
gpm |
Cons. Alm |
IC |
Coût /kgpv |
BH0(0%BH) |
558±19,9a |
1629±33,4c |
1041±23,8c |
2631,6±144,3b |
2,5±1a |
551,4±33,7a |
BH3(3%BH) |
595±8,9a |
1828,2±15b |
1233,5±9,5b |
3014,9±93,2ab |
2,4±0 ,1a |
517,1±14,9a |
BH5(5%BH) |
577±20,8a |
1992,8±31a |
1415,7±13a |
3203±18,2a |
2,3±0b |
470,3±3,5b |
BH7(7%BH) |
571±23,7a |
2039,2±20,9a |
1468,2±100a |
3285,7±115a |
2,2±0,1b |
458,6±12,2b |
Pmi :poids moyen initial ;pmf : poids moyen final ; gpm : gain de poids moyen ; cons.Alm : consommation alimentaire moyenne ; coût/kgpv : coût de production par kg de poids vif ; BH : boue d’huile de palme IC : indice de consommation Les moyennes séparées dans les colonnes par le test de Student Newman Keuls au seuil de probabilité 5% et les chiffres suivis de la même lettre a,b,c dans une même colonne ne sont pas significativement différents ; ± est l’erreur standard de la moyenne. |
Les indices de consommation des poulets soumis aux régimes contenant 5 et 7 % de boue d'huile de palme ont été significativement (p<0,05) meilleurs que ceux des poulets soumis aux rations contenant 0 et 3 % de boue d'huile de palme (Tableau 5)
Le coût alimentaire de production d'un kilogramme de poids vif a diminué progressivement de la ration témoin à la ration contenant 7 % de boue d'huile de palme, avec des valeurs significativement inférieures à partir de la ration contenant 5 % de boue d'huile de palme (Tableau 5).
Aucune différence significative (p < 0,05) n'a été observée ni sur le rendement en carcasse, ni sur les organes internes mesurés. Toutefois, le dépôt de gras abdominal des poulets ayant consommé la ration à 7% de boue d'huile de palme a été significativement plus élevé que celui enregistré chez ceux soumis aux autres traitements (Tableau 6)
Tableau 6. Rendement en carcasse et proportions de quelques parties de la carcasse (%PV) des poulets de chair à 51 jours, nourris aux rations contenant la boue d’huile |
|||||||
Ration |
pmp |
pmr |
pmvde |
c |
f |
g |
gab |
BH0(0%BH) |
92,6±0,4a |
92,1±0,3a |
78,2±0,8a |
0,5±0,0a |
2,1±0,2a |
1,95±0,2a |
1,7±0,1b |
BH3(3%BH) |
92,3±0,6a |
91,3±0,8a |
78,4±0,5a |
0,5±0,0a |
1,9±0,1a |
2,0±0,0a |
1,7±0,1b |
BH5(5%BH) |
93±0,4a |
92,1±0,4a |
76,4±1,7a |
0,5±0,1a |
2,1±0,4a |
2,1±0,1a |
1,9±0,2b |
BH7(7%BH) |
91,8±0,6a |
91,1±0,6a |
77,4±0,6a |
0,5±0,0a |
2,1±0,7a |
2,1±0 ,1a |
2,2±0,1a |
Pmp : poids moyen plumé ; pmvde : poids moyen vidé ; c : cœur ; f : foie ; g : gésier ; gab : gras abdominal ; %PV : pourcentage du poids vif. Les moyennes séparées dans les colonnes par le test de Student Newman Keuls au seuil de probabilité 5% et les chiffres suivis de la même lettre a,b,c, dans une colonne ne sont pas significativement différents ; ± est l’erreur standard de la moyenne. |
Le gain de poids au terme de l'essai a été significativement plus élevé chez les poulets soumis à la ration contenant 7% de boue d'huile de palme comparé au témoin. Ce résultat s'explique par une grande consommation de cet aliment qui semblait plus appétant; cependant la différence entre le lot témoin et BH3n'était pas significative en ce qui concerne le gain de poids ; le gain de poids est faible chez les poulets du traitement BH0 (1041g) et BH3 (1234 g) par rapport aux suggestions concernant la souche Arbor acres (1408g) en phase de finition (Jourdain 1980). Quand aux poulets soumis au traitement BH5 et BH7, les gains de poids à la septième semaine se situent au tour de cette valeur.
La ration BH7 a été significativement plus consommée, comparée au témoin. La consommation journalière de 125g pour le témoin a été inférieure à la consommation de (157-190g/jour) rapportée par Jourdain (1980) pour la souche Arbor acres en phase de finition; par contre les résultats de BH7 (156,5g/j) concernant la consommation alimentaire avoisinent les valeurs suggérées pour la souche Arbor acres, traduisant un avantage certain à utiliser la boue d'huile de palme dans la ration des poulets de chair pendant cette phase de croissance.
Il est connu que le niveau énergétique (énergie métabolisable) de la ration intervient sur la consommation spontanée de l'animal ; l'animal a tendance à réguler sa consommation sur le niveau énergétique, IEMVT (1991). On constate que l'ingéré alimentaire dans le cadre de cet essai augmente (125 à 157g/j) avec l'augmentation du taux de boue d'huile de palme dans la ration (0 à 7 %) . L'énergie métabolisable s'accroît également (3051 à 3264 kcal/kg), avec les niveaux d'incorporation de la boue d'huile de palme dans les rations. Il est à noter qu'en pays tropicaux, on admet généralement que pour maintenir l'indice de consommation à un niveau satisfaisant, les aliments finition ne doivent pas contenir moins de 3200 kcal/kg d'énergie métabolisable IEMVT (1991). Dans ces conditions, il est évident que la ration à 7 % de boue d'huile de palme, contenant 3264kcal/kg d'énergie métabolisable soit significativement (p < 0,05) plus consommée que la ration témoin à 0 % de boue d'huile de palme contenant 3051kcal/kg. En effet, l'accroissement du niveau énergétique (énergie métabolisable) a un effet perceptible sur l'amélioration des performances zootechniques, INRA (1989). Cela se confirme sur les performances des poulets ayant consommé des rations contenant une énergie métabolisable de 3051 et 3264 kcal/kg respectivement pour des rations à 0 % et 7 % de boue d'huile de palme.
Une appétence remarquable a été observée pendant l'expérimentation chez les oiseaux soumis aux rations à 5 et 7 % de boue d'huile de palme, contenant 7 et 8 % de matière grasse, pourtant il est connu que le taux élevé de matière grasse influence négativement la consommation alimentaire et se traduit par une diminution de l'ingéré, Tchakounté et al (2006). En effet, il est recommandé de ne pas dépasser le taux de 5 % de matière grasse dans aliments à cause de leur faible digestibilité Larbier et Leclecq (1992). La saveur de la boue d'huile de palme et le teneur en eau de ces aliments (18 et 19 %) contre (14 %) pour la ration témoin, auraient influencé positivement la consommation ; on note par ailleurs une consommation en terme de matière sèche de 127g/j, du régime à 7 % de boue d'huile de palme significativement plus élevée que celle de la ration à 0 % de ce sous produit (108g/j). La boue d'huile de palme dans la ration aurait eu un effet stimulateur de l'appétit chez les poulets. La meilleure efficacité alimentaire a été observée chez les poulets qui ont consommé 7% de boue d'huile. L'indice de consommation le moins bon a été observé chez ceux qui ont consommé l'aliment BH0; cela peut être dû à la qualité de cet l'aliment moins performant à cause de son énergie métabolisable plus faible: 3051 kcal/kg, par rapport à celle de la ration BH7 (3264 kcal/kg) .
Les proportions des carcasses vidées et du cœur dans tous les traitements (76 à 78 %) et (0,48 à, 0,52 %) du poids vif respectivement, sont meilleures par rapport aux proportions suggérées pour la souche concernée, qui sont de 63,92 % et 0,4 3%, Jourdain (1980) Ce résultat indique la nécessité de recourir à ce sous-produit en vue de sa valorisation dans les élevages des volailles. Les proportions du gésier (2 %) et du foie (2 %), sont légèrement plus élevées par rapport à la norme indiquée (1,15 %) ; cela peut être lié à une intense activité de ces organes qui se traduit par des performances meilleures. Le dépôt de gras se situe autour de 2 % tel que préconisé pour la souche, surtout pour les poulets soumis au traitement BH7.
Aucun effet de toxicité n'a été observé chez les poulets dans tous les traitements; cependant, une épidémie de gumboro a occasionné la perte de 8% des poulets dans le lot BH7, 15 % dans le lot BH0, 10 % dans le lot BH5 et 0 % dans le lot BH3.
On note une diminution du coût alimentaire de production du kg de poids vif de l'ordre de 17 % entre le témoin et BH7; ceci s'explique par le coût presque nul de la boue d'huile qui est déversé dans la nature et dont le coût se limite aux frais de transport pour acquisition.
L'incorporation de 7% de boue d'huile de palme dans les rations des poulets de chair en phase de finition se traduit par un plus grand gain de poids comparé au témoin .Cette nouvelle source d'alimentation réduit considérablement le coût alimentaire de production des poulets de chair en phase de finition (environ 17%), et pourrait être exploitée avec beaucoup de succès pendant les périodes où le maïs qui est la principale source d'énergie dans les rations des volailles coûte très cher. C'est aussi un moyen de préserver cette céréale pour réduire la concurrence entre l'homme et les volailles pour son utilisation.
Toutefois les problèmes pratiques liés à l'incorporation de ce résidu très riche en eau subsistent. La conservation des aliments contenant un pourcentage élevé de boue d'huile s'avère difficile.
Il dévient impératif de déterminer le temps et les différentes méthodes de conservation des aliments contenant au moins 7% de boue d'huile de palme dans la perspective d'éviter de servir aux poulets des aliments moisis qui pourraient être une source d'intoxication.
Nous remercions sincèrement l'Institut de Recherche Agricole pour le Développement (IRAD) pour nous avoir donné l'opportunité de faire ce travail. Les activités de ce travail ont été soutenues financièrement par le projet PNVRA/FAD et par le projet de Renforcement de Partenariat pour la Recherche Agricole au Cameroun (REPARAC). Nos remerciements sont également adressés au Dr; kouonmenioc Jean pour ses conseils et à Monsieur Kemnang Désiré pour le suivi des animaux.
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Received 31 March 2006; Accepted 6 November 2006; Published 6 December 2006